Petit coup de fatigue
Comme Sidney et Jérémie, nos tandems n’ont pas beaucoup dormi ces dernières 48 heures. A la vacation de l’après-midi, leurs voix trahissaient sans peine la fatigue ou le stress. Certes, quelques instants de plénitude ou de légèreté viennent parfois ponctuer la régate pure : les surfs nocturnes sous la pleine lune, la navigation à 15 nouds de moyenne sous le soleil, ou encore la préparation de poissons volants à la tahitienne (recette signée Veolia Environnement). Mais pour profiter au mieux de ces alizés porteurs et tirer toute la quintessence des bateaux, les marins se relaient à la barre jour et nuit, sous grand-voile haute et grand spi, reportant à plus tard le moment d’aller s’allonger sur la bannette.
Cap au sud pour franchir le pot au noir
Car une course de vitesse vers le pot au noir s’est engagée. Après le passage de l’archipel portugais, les équipages ont empanné et se sont placés, chacun sur sa voie, pour traverser au mieux – dès demain – la fameuse ‘zone de convergence intertropicale’. Cette zone située au niveau de l’équateur constitue une transition entre les alizés de l’atlantique nord (de secteur nord-est) et ceux de l’atlantique sud (de secteur sud-est). Les marins l’appréhendent toujours car il s’agit d’un champ très perturbé où calmes et grains orageux violents peuvent se succéder en l’espace de quelques minutes. A bord de Paprec-Virbac 2, on s’y préparait déjà : « préparez savon, gant de toilette et serviette, ça va être son et lumière ! C’est pas que l’on attend cela avec impatience, mais il faut passer par là ». Heureusement, ce pot au noir s’annonce peu actif. La flotte ne devrait donc pas y rester engluée trop longtemps.
Chacun sa voie
Toujours aux commandes de la course depuis le passage de Gibraltar, Dick et Foxall seront-ils les premiers au sortir du pot ? Aujourd’hui, en tout cas, chacun a choisi son camp. Sur PRB, Vincent Riou et Sébastien Josse ( 2e à 50,8 milles des leaders au classement de 16h00) sont les concurrents les plus à l’ouest. A l’opposé, Delta Dore (4e à 178 milles) est le candidat le plus oriental, une position qui faisait douter Sidney Gavignet, joint à la vacation du jour : « on ne peut pas dire que nous soyons très à l’aise là où nous sommes. Il faudrait que le vent tourne un peu à droite. En ce moment, le stress ne vient pas des conditions de navigation, mais de notre route, de notre stratégie. On n’a pas très envie de prendre des milles dans la figure !». 100 milles d’écart latéral séparent ces deux extrêmes. Entre les deux, Veolia Environnement (3e à 110 milles) et Paprec-Virbac 2, sont parfaitement positionnés pour contrôler leurs adversaires.
Derrière ce quatuor, les écarts ne sont pas encore rédhibitoires d’autant qu’un nouveau ‘passage à niveau’ pourrait avoir lieu demain dans le pot au noir. Cela permettrait peut-être aux hommes d’Estrella Damm (8e à 317 milles), visiblement éprouvés par de multiples avaries en série (générateur en panne et drisses cassées), de revenir dans le match. A l’arrière de la flotte, Servane Escoffier révélait aussi que leur grand spi avait explosé. Educacion Sin Fronteras (à 650 milles de la tête de course) n’atteindra le Cap Vert que dans la journée de dimanche.
Les positons du 24/11/07 à 16h00
1 PAPREC-VIRBAC 2 à 22102,9 milles de l’arrivée
2 PRB à 50,8 milles du leader
3 VEOLIA ENVIRONNEMENT à 110,7 milles
4 DELTA DORE à 178,2 milles
5 HUGO BOSS à 230,3 milles
6 MUTUA MADRILENA à 261,7 milles
7 TEMENOS 2 à 291,1 milles
8 ESTRELLA DAMM à 317,1 milles
9 EDUCACION SIN FRONTERAS à 650,8 milles