Les VO 70 et leurs équipages sont attendus dans l´état du Kerala une petite vingtaine de jours plus tard, début décembre. Cette 2ème étape de large (et 3ème manche) marque un véritable tournant dans l´histoire de cette course autour du monde en équipage avec escales, créé en 1973 sous le nom de Whitbread Around the World. Ce sera en effet la première fois que la flotte s´arrêtera dans de grandes villes asiatiques, Cochin, Singapour et Qingdao en Chine, explorant ainsi de nouvelles voies pour des voiliers en course, même si ces routes maritimes sont bien connues des navires de commerce. Pour l´Inde, c´est un moment particulièrement marquant puisque ce sera la première fois qu´un événement Voile international fera escale dans l´un de ses ports.
Cette étape dans l´Océan Indien, après l´escale de Cape Town, rime traditionnellement avec icebergs, 40èmes Rugissants et 50èmes Hurlants, combinaisons étanches, montagnes d´eau salée et froid glacial, puisque jusqu´à présent le terme de cette seconde étape était soit l´Australie, soit la Nouvelle-Zélande. Aujourd´hui, après une rapide descente pour doubler le cap de Bonne Espérance, et un bref moment dans les 40èmes, la flotte sera obligée de remonter vers le nord pour passer la porte de l´île Maurice, située sur le 58° méridien Est et empocher les points dus à chacun selon son rang de passage. Pour cette étape, deux restrictions majeures : passer au nord de l´Antarctique et au sud de l´ile Maurice.
Sur cette route vers l´Inde se sont d´autres dangers qui planent sur la flotte. A part une mer également très formée le long de la côte sud-est de l´Afrique à cause du fameux courant descendant des Anguilles, le rail de la navigation de commerce, les myriades de petits bateaux de pêche mal signalés et les nouvelles formes de piraterie qui règne le long des côtes est africaine sont autant de sources de stress pour les équipages dans cette seconde étape de large. Au point que Bouwe Bekking, le skipper de Telefónica Blue en était à regretter en riant que les icebergs ne soient plus au menu !
A propos de piraterie, une zone particulièrement dangereuse, au nord -ouest de l´Ile Maurice a été clairement délimitée par l´organisation avec interdiction aux concurrents d´y pénétrer. Avant les gigantesques cargos qui croisent sur zone, ce sont surtout les très nombreuses petites unités de pêche locales mal signalées qui préoccupent les équipages, comme l´a souligné le skipper de Puma, Ken Reed, lors du briefing des skippers mercredi : “Dans certains endroits, il y a tellement de bateaux qu´on pourrait presque marcher sur l´eau d´une côte à l´autre sans se mouiller les pieds. Nous entrons dans un territoire de course à la voile totalement inconnu. Il faudra être malins, utiliser notre sens commun et bien comprendre que nous devons agir en tant que groupe affrontant la même difficulté. Si une situation à risque se présente pour l´un d´entre nous, nous devons nous mettre d´accord pour partager cette information avec le reste de la flotte. »
Il reste donc à peine 24 heures aux équipages pour peaufiner leurs préparatifs, notamment pour ceux qui viennent d´être remis à l´eau ; en effet, pour ces derniers, il y aura bien peu de temps pour valider les différents travaux faits au cours de cette brève escale de 11 jours. Et dire au revoir aux familles.
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Interview de Laurent Pagès, chef de quart sur Telefónica Blue
Comment s´est passé cette escale à Cape Town ?
LP : Très vite. Trop vite. Nous n´avons pas eu beaucoup de temps sur place. Heureusement, nous n´avons pas eu de casses importantes sur le bateau et donc pas beaucoup de gros travail à faire pendant ces 10 jours d´escale. Nous avons fait simplement un check up de routine, avec un peu de travail sur les voiles. Reste qu´il a fallu recharger le bateau, remâter, et remettre à l´eau, ce qui a été un peu compliqué ces derniers jours avec le mauvais temps qui a régné sur Cape Town depuis mardi. Bref, on n´a pas eu trop de temps de profiter des charmes de l´Afrique du Sud. Juste deux jours le week-end dernier.
Que pensez-vous du parcours inédit en course au large, entre l´Afrique du Sud et L´Inde ?
LP : Effectivement, il y a très peu de données sur ce type de parcours pour des voiliers de course. Mais c´est cependant une route de commerce maritime très fréquentée et les données météo sont bien connues. On sait qu´on va partir avec un peu de vent et des courants contraires très puissants après Bonne Espérance, notamment dans le sud de Madagascar, où la mer devrait être très forte, avec des vagues dont on dit qu´elles sont « monstrueuses ». Cela ne devrait pas durer très longtemps, mais cela devrait être assez impressionnant. Après, cela se calme et la deuxième partie du parcours devrait se disputer dans des conditions beaucoup plus clémentes. Au-delà du vent, la plus grosse difficulté sera probablement la chaleur.
C´est difficile de repartir après une escale si brève ?
LP : Oui. C´est difficile parce qu´on le sentiment d´être juste arrivés et d´avoir à repartir immédiatement. Et puis, on doit à nouveau quitter sa famille, sachant que pour beaucoup d´entre nous, elles ne nous rejoindront pas en Inde, mais seulement à Noël, à Singapour. Le point vraiment difficile, c´est de les laisser derrière nous encore une fois.
Classement général provisoire après 2 manches sur 17
1 Ericsson 4 14 pts
2 PUMA 13 pts
3 Green Dragon 11 pts
4 Telefonica Blue 10 pts
5 Telefonica Black 6 pts
6 Ericsson 3 5 pts
7 Delta Lloyd 4 pts
8 Team Russia 4 pts



















