SOF : un grand millésime pour la quarantième

SOF 2008
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A quatre mois des Jeux Olympiques, cette 40ème édition de la SOF aura été marquée par la diversité de la météo et l’impressionnante palette des nations récompensées par un podium. Du vent fort des deux premiers jours aux brises thermiques légères des deux derniers en passant par du medium mercredi, la SOF aura réclamé avant tout de la polyvalence de ses lauréats 2008. Des lauréats qui confirment donc à la fois l’universalité de la voile olympique mais aussi le brassage grandissant de ses champions puisque pas moins de 18 pays issus de cinq continents montent sur les podiums ! Des grandes nations de voile comme la Grande-Bretagne voient du coup leur moisson habituelle légèrement amoindrie puisque si elle garde son rang de meilleure nation, ce « n’est » cette fois qu’avec trois médailles dont une d’or.

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Des lauréats qui cumulent des titres mondiaux et olympiques
Pas de révolution non plus pour cette épreuve née en 1968 : le palmarès de cette 40ème édition indique le respect des hiérarchies établies. Autrement dit, la SOF ne se donne qu’aux grands champions. Pas d’exception à la règle, l’énumération est impressionnante : en 49er les espagnols Iker Martinez et Javier Fernandez sont champions olympiques et deux fois champions du monde ; en Yngling le podium compte carrément deux championnes olympiques 2004, la norvégienne Siren Sundby (qui avait remporté sa médaille en dériveur « Europe » avant de se spécialiser sur le quillard féminin) sur la plus haute marche et la britannique Sarah Ayton (elle était l’équipière de Shirley Robertson à Athènes) sur la 3ème ; en Tornado, les australiens Darren Bundock et Glenn Ashby dominent la ranking list ISAF depuis des années (qui est à la voile ce qu’est le classement mondial ATP au tennis) et ont décroché l’argent aux JO 2000 ; même place sur le podium mais à Athènes plus un titre mondial en 2005 pour les lauréats britanniques en 470 hommes, Nick Rogers et Joe Glanfield ; palmarès quasi identique pour le brésilien Ricardo Santos en RS :X, médaillé d’argent en 2004 avant de remporter plus récemment, en 2007, le titre mondial à Cascais tout comme son homologue féminine la polonaise Zofia Klepacka qui a survolé l’épreuve chez les filles ; en Finn, le danois Jonas Hoegh-Christensen est n°1 de la ranking list et champion du monde 2006 et si en Laser l’australienne Sarah Blanck n’a pas été championne du monde de sa spécialité, on se rassure vite en apprenant qu’elle vient elle aussi de l’ex-dériveur olympique qu’est l’Europe sur lequel elle avait décroché le titre mondial en 2002. Quant aux deux lauréats de la SOF qui ne sont ni champions du monde, ni médaillés aux Jeux, ils n’en sont pas moins considérés comme des favoris des JO que ce soit les japonaises Ai Kondo et Naoko Kamata en 470 femmes, 2ème de la ranking list Isaf ou le canadien Michael Leigh en Laser, 3ème du championnat d’Europe 2007.

Un podium, quatorze places de finalistes et deux victoires en Medal race pour les français
Malgré de tous petits airs et un vent thermique basculant de quasiment 180° en moins d’une heure, les comités de course auront réussi à donner le départ de toutes les Medal races prévues (finales opposant les dix meilleurs sur des parcours courts et comptant double). Des conditions difficiles pour les régatiers qui ont occasionné pas mal de rebondissements mais qui pourraient bien préfigurer les finales qui auront lieu dans le petit temps instable de Qingdao. Un exercice donc intéressant en vue des JO où les français ont plutôt brillé dans l’ensemble. En terminant 2ème, Julien Bontemps est allé décrocher la même place au général en RS :X. Il signe ainsi la meilleure performance française en série olympique et montre une grosse progression dans le petit temps. Charline Picon fait presqu’aussi bien en gagnant une Medal race d’anthologie qui l’a fait mourir à un petit point du podium. Des résultats qui, cumulés aux entrées dans le Top Pen du jeune Antoine Cordonnier (3ème de la Medal race) et de Pauline Perrin, confirment la bonne santé de la planche française. Spécialité également tricolore, le Tornado est bien présent avec l’impeccable victoire dans la manche finale de Xavier Revil et Christophe Espagnon qui les hisse à la 5ème place au général sans oublier la 10ème du duo Morvan/Vandame. La Medal race a bien failli également sourire aux français en 470 Hommes. A quelques centaines de mètres, les frères Bonnaud suivis de Nicolas Charbonnier et Olivier Bausset, étaient en passe de nous offrir un doublé. L’affaire aurait rapporté la 2ème place de l’épreuve à nos sélectionnés pour les Jeux. Hélas, le vent a alors changé du tout au tout et renversé la hiérarchie établie. Du coup, le duo Charbonnier/Bausset perd la 3ème place d’un rien en ne la concédant aux Néo-zélandais qu’au nombre de victoires de manche. Comme en planche, la 5ème place des Bonnaud et la 9ème de Pierre Leboucher et Vincent Garos confirment le haut niveau du 470 français.
Si les médal races leur ont moins souri, elles n’atténuent pas pour autant la bonne performance de nos autres finalistes. On pense surtout à la 6ème place d’Anne-Claire Leberre, Alice Ponsar et Marion Deplanque en Yngling qui renouent ainsi avec leur place du Mondial 2008. En Finn, Guillaume Florent, dont on sait qu’il a fait son retour en janvier dernier après une longue interruption, avait inscrit l’entrée en Medal race comme objectif de la SOF : le challenge est réussi. En Laser Hommes, Jean-Baptiste Bernaz avait à cœur d’effacer les résultats moyens des laseristes français pendant l’ultime période de sélection. Lui aussi a atteint son objectif avec une 10ème place même s’il regrette une medal race manquée qui lui fait perdre 4 places au général. Solenne Brain termine au même rang chez les filles. Tout comme Manu Dyen et Yann Rocherieux en 49er : un résultat positif si on veut bien se rappeler qu’une sinusite a handicapé le barreur pendant les trois premières journées.
Avec 14 finalistes dans neuf des dix séries olympiques, un podium et deux autres ratés d’un rien, deux victoires en Medal race et, surtout, de très bonnes performances d’ensemble dans les deux journées de petit temps, conditions pour laquelle se prépare spécifiquement notre sélection pour les Jeux, la Direction technique Nationale juge positivement le résultat des tricolores à Hyères.

Damien Séguin signe la seule victoire française de la SOF en 2.4

Enfin, on ne quittera pas la SOF sans oublier la plus belle performance française de cette 40ème édition. Il s’agit d’un habitué puisque Damien Séguin signe ainsi en 2.4 un triplé sans doute historique. A cinq mois des Jeux Paralympiques, le médaillé d’or d’Athènes est en forme. Grâce à lui, la Marseillaise aura retenti cet après-midi à Hyères.

Interviews

Olivier Bausset (470)
" Nous terminons quatrième de la SOF à trois mois des JO, donc c’est positif. Aujourd’hui, à la bouée au vent, nous étions 2ème mais le bord de portant a redistribué les cartes. Nous avions par ailleurs un mauvais spi et il nous a manqué un petit peu de vitesse pour faire mieux, surtout que l’on aime bien les medal races ainsi que le petit temps. Cette semaine, nous avons bien avancé sur l’adaptation du matériel à la brise, et nous n’avons par perdu notre vitesse dans le petit temps. On a été présents même si on regrette quelques erreurs tactiques qui nous auraient permis de monter sur le podium. En plus, nous avons fait une belle journée hier dans des conditions de petit temps proches de celles prévues aux JO. Nos prochaines régates seront le championnat d’Europe au lac de Garde ainsi que la Semaine de Medemblick. En dehors des compétitions, nous avons également prévu des entraînements personnels avec Ingrid et Nadège ainsi qu’avec Pierre Leboucher et Vincent Garos."

Guillaume Florent (FINN)
" Le bilan est largement positif, même si la medal race s’est un peu achevée en eau de boudin parce que je suis vraiment parti du mauvais côté. Je suis dans le coup. Cette année, j’ai fait 21 au mondial et 15eme à Palma et maintenant 10 ici alors que j’ai repris le Finn début janvier, c’est pas mal. Surtout que je n’ai pas eu une réussite désinvolte en début de SOF. Pour gagner quelques places, il me faudrait être un peu plus constant et être plus agressif dans les départs. Je vais maintenant participer à l’Européen dans 10 jours et je serai sur la semaine de Medemblick. Il faut que je perde encore 2 ou 3 kilos, mais ce ne sera pas un problème, je vois où je peux les perdre."

Charline Picon (RS:X)
« Cette medal race a été super chaude et très physique. Elle s’est terminée au finish. J’ai su gérer le truc à la bouée au vent alors que j’étais physiquement à court. J’étais à deux mètres de la Chinoise lors du slalom. Elle se tuait devant et j’avais un dernier truc à tenter, c’était de plonger sous le vent et je suis passée à deux centimètres de l’arrivée. C’est ma plus belle medal race depuis que je fais de la RS :X. Cette SOF m’a remis en confiance dans le petit temps. Je dois faire un petit bilan pour effacer quelques erreurs stratégiques avant le championnat d’Europe mais je suis en confiance. »

Françoise Le Courtois (entraineur RS:X)
"Charline a fait une medal race d’anthologie. Elle a eu une excellente gestion de cette course en sachant placer l’attaque au bon moment. Elle savait que la Chinoise ne lâchait rien. Elle a su la fatiguer en restant dans sa vague ce qui lui a permis de garder de l’énergie pour attaquer au bon moment. Elle a donné tout ce qu’elle avait et a su faire preuve de clairvoyance en termes de timing et de placement d’attaque. Pour elle, c’est une belle SOF. Le podium s’est joué à rien du tout mais ce n’est pas grave. Elle a prouvé sa polyvalence et sa maturité par rapport à sa gestion de la course. Julien attendais cette SOF avec impatience. Il y a eu une longue période sans régate après le mondial. Il a navigué avec ses partenaires d’entraînements mais il n’a pas eu d’épreuves pour évaluer le travail technique réalisé. Il est carrément rassuré sur ses progrès dans le petit temps et confirme sa polyvalence. On a pu voir aujourd’hui encore qu’il est à l’aise dans le petit temps."

Pascal Chaullet (entraineur RS:X)
" C’est très intéressant pour Julien car depuis le mondial, nous avons mis en place un programme avec ses partenaires d’entraînement afin de lui donner quelques billes pour la Chine et effacer quelques lacunes. Ces aspects techniques peuvent se travailler avec quelques coureurs à l’entraînement et pas en régate car il y a une vraie qualité des échanges avec les autres Français. Ils le connaissent bien et peuvent lui faire des retours efficaces."

Julien Bontemps (RS :X)
"C’est une très bonne épreuve, surtout dans le petit temps où je fais 2 et 1, comme le vainqueur Ricardo Santos. C’est ce qui m’intéressait le plus en venant ici. J’ai une bonne vitesse ainsi qu’une marge de manœuvre importante. En plus, ça m’a permis de voir les concurrents que j’aurais en Chine dans le petit temps. Notamment le Brésilien qui vient de gagner ici et qui a déjà gagné la médaille d’argent à Athènes. Globalement, je suis dans une progression normale. A l’Européen, s’il y a du petit temps, j’aurais un objectif de podium, si c’est de la brise, je chercherais à travailler des points perfectibles. "

Xavier Revil (Tornado)
"C’est bien, on a travaillé les axes que l’on avait prévu. Après la brise qui a été un peu difficile, on a assuré dans le petit temps et on finit en gagnant la medal race. C’était une belle manche où il n’y a pas eu de conditions tordues et pas de coup de Trafalgar. Nous l’avons menée de bout en bout. Nous irons à Medemblick ainsi que sur le championnat d’Europe en juin mais avant ça, nous allons nous reposer. A partir de la semaine de Medemblick, nous n’aurons plus de break jusqu’aux JO et nous ne nous sommes pas vraiment arrêtés ces derniers temps."

Manu Dyen (49er)
Sur la Medal race :
«Au départ on voulait partir à gauche et bilan on a passé la ligne avant le coup de canon. Donc on a du repasser la ligne et partir bons derniers. Ensuite on est revenus progressivement mais on a raté un coup sur le dernier bord »

Sur la SOF :
« Elle est positive si on veut bien se rappeler dans quelle condition physique j’ai commencé la SOF. Ma sinusite nous a vraiment handicapés et au début on a surtout limité les dégâts. Ce qui est vraiment bien c’est que c’est comme à Melbourne. Nous sommes montés en régime et avons réussi de bonnes performances dans les phases finales quand on s’est retrouvé avec les meilleurs. C’est rassurant car ce sera comme cela aux JO avec une flotte plus resserrée »

Philippe Michel (entraîneur des 470) :
« Le bilan est très satisfaisant chez les garçons. Notamment pour l’équipage sélectionné. Ce qui est notable c’est que Nicolas et Olivier ont commencé dans des conditions qui ne sont pas leur fort (brise) et ils ont fait mieux que limiter les dégâts avec des manches dans les sept. Et dans le petit temps ils ont marqué des points avec notamment une victoire de manche et une 4ème place. C’est frustrant car en medal race ils étaient 2ème à 200 mètres de l’arrivé été le vent a complètement tourné. C’est le jeu mais ils n’y sont pour rien. Il faut aussi noter le bon résultat des Bonnaud et de Leboucher/Garos. Chez les filles c’est davantage partagé. Dans la brise elles étaient en tête et ont eu ensuite un problème de vitesse. Comme cela a été dit hier, Ingrid et Nadège doivent conserver les bons souvenirs de la première moitié et tirer les enseignements de la seconde. Nous allons travailler tout cela lors de stages prévus dans le sud avec les trois équipages partenaires que sont les deux sélectionnés hommes et femmes et Pierre et Vincent ».

Jean-Pierre Champion, Président de la FFvoile sur cette 40ème édition : « C’est l’édition de la plénitude. On dit que c’est l’âge de la maturité chez les hommes et les femmes, c’est en tous les cas vrai pour la SOF. Nous devons maintenant nous tourner vers l’avenir. Soit en continuant sur le même schéma, soit en se donnant les moyens d’un nouvel élan afin que la SOF acquiert tout le succès populaire et médiatique que ses qualités sportives et techniques méritent ».

Bernard Bonneau, coordinateur général de la SOF : « C’est une magnifique édition qui se termine par une superbe et émouvante cérémonie de clôture – explique Bernard visiblement ému – Tous les podiums sont dignes des JO. Cela a été une édition compliquée avec tous les types de vent. Nous avons eu quasiment quatre saisons en une semaine ! Cela a donc nécessité beaucoup de réactivité, des décisions à prendre vite comme le fait de prolonger des régates tard le soir et un engagement de tous. C’est aussi l’histoire d’une équipe soudée et liée. C’est une de mes plus belles éditions »

Claire Fountaine, directrice de l’équipe de France : « Le bilan est très positif. Presque tous les sélectionnés présents se sont qualifiés pour les finales, sauf en Yngling et 470 femmes. Julien Bontemps en planche, Xavier Revil et Christophe Espagnon en Tornado ont vraiment bien terminé l’épreuve. Nicolas Charbonnier et Olivier Bausset aussi si on considère que c’est la variation brutale du vent qui les a privés du podium dans la Medal Race. Nous sommes aussi très satisfaits des résultats de Guillaume en Finn, Jean-Baptiste Bernaz en Laser, Manu Dyen et Yann Rocherieux en 49er. Autre enseignement : le bon bilan des remplaçants et partenaires des sélectionnés pour les jeux qui ont montré leur présence. C’est le cas de l’équipage d’Anne-Claire Leberre en Yngling, de Charline Picon en planche qui finit superbement et de Solenne Brain en Laser. Si on ajoute qu’il manquait trois des leaders incontestables de l’équipe avec les absences de Sarah Steyeart et Faustine Merret et de Xavier Rohart et Pascal Rambeau en Star, soit autant de médaillables en puissance, nous pouvons dire que c’est une bonne SOF pour nous ».