Jérémie Beyou et Morgan Lagravière ont franchi les premiers la ligne d’arrivée des IMOCA en baie de Fort-de-France pour la 17ème édition de la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie. Jérémie remporte sa première transatlantique depuis cinq ans et Morgan devient le premier skipper en IMOCA à s’être imposé à trois reprises consécutivement.
Le temps de course de Charal est de 11 jours, 19 heures, 45 minutes et 18 secondes. Il a effectué les 4 285 milles du parcours entre Le Havre et Fort-de-France à la vitesse de 15,10 nœuds sur l’orthodromie (route directe). Il a en réalité parcouru 5 467,42 milles à la vitesse moyenne de 19,27 nœuds (sur l’eau).
Il la tient enfin. Pour la première fois depuis la mise à l’eau en 2023 et pour la première fois depuis 5 ans, Jérémie Beyou remporte une transatlantique. Le skipper de Charal, si souvent placé lors des précédentes courses, peut enfin exulter. Sa victoire doit beaucoup à l’abnégation de l’équipe qui a patiemment travaillé pour développer Charal2. L’hiver dernier, l’IMOCA a d’ailleurs été doté de nouveaux safrans dessinés en collaboration avec Martin Fischer et VPLP. En parallèle, il a convaincu son ami Morgan Lagravière, skipper hors pair, de le retrouver. Le duo a fait des étincelles d’entrée, en menant notamment du golfe de Gascogne jusqu’à l’approche de Madère. Mais c’est surtout leur bataille tactique au niveau des Canaries qui aura été décisive : ils ont été les premiers à toucher les alizés avant de s’évertuer à creuser l’écart. Jérémie peut enfin exulter pendant que Morgan entre dans l’histoire en devenant le premier skipper en monocoque à remporter trois fois consécutivement la TRANSAT CAFÉ L’OR.
Ils vont avoir le temps de savourer, de goûter à l’atmosphère unique qui entoure les vainqueurs d’une course emblématique du calendrier de la course au large. Jérémie Beyou (49 ans) et Morgan Lagravière (38 ans) ont réussi un grand tour de force au fil de cette aventure de treize jours à travers l’Atlantique. Leur succès, c’est avant tout celui d’un duo qui ne lâche rien en étant en permanence acteur de la course.
Une course parfaitement maîtrisée
Le binôme de Charal a en effet occupé la position de leader à de nombreuses reprises, dès les premières heures de course puis du golfe de Gascogne jusqu’à l’approche de Madère. Ensuite, il a fallu batailler lors du regroupement général provoqué par le passage d’une dorsale anticyclonique et surtout réussir à s’en sortir en tricotant à proximité des côtes africaines. Jérémie et Morgan ont tenu bon et ont trouvé le bon point d’empannage pour filer vers l’ouest. Premiers à bénéficier des alizés, ils ont repris dès lors la tête de course dimanche dernier et ils ne l’ont plus jamais quittée jusqu’à ce vendredi matin.
Le travail de tout un projet récompensé
Les raisons du succès ne se trouvent pas uniquement dans ce marathon aux allures de sprint. Elles se nichent surtout dans un travail bien plus conséquent à l’abri des regards. Il implique la confiance et le soutien en toutes circonstances de Charal ainsi que l’investissement sans faille de toute l’équipe technique. Depuis la mise à l’eau de Charal2 en juillet 2022, tous se sont employés pour réussir sa montée en puissance, le fiabiliser, l’optimiser et le rendre performant dans toutes les conditions.
Ce travail s’est d’ailleurs poursuivi au fil de l’exploitation du bateau et notamment lors de chaque chantier réalisé. Pendant le dernier au début d’année, l’équipe a allégé l’IMOCA au maximum, a amélioré le pilote automatique et installé un nouveau jeu de voiles. Surtout, Charal2 a été doté de safrans de nouvelle génération pour faciliter le vol et améliorer sa stabilité.
De son côté, Jérémie Beyou a su bien récupérer après le Vendée Globe. Lors du tour du monde, il avait réussi à s’offrir l’incroyable match des poursuivants (4e) malgré des conditions bien plus drastiques que celles rencontrées par les trois hommes de tête. Pour cette nouvelle saison, il avait à cœur de s’ouvrir à un nouveau regard, une autre manière d’appréhender la performance. Une volonté qu’incarne Morgan Lagravière. « Il a un feeling hors pair, du recul et une sacrée expérience », assure Jérémie. Morgan, lui, se réjouit du challenge et se dit impressionné « par la qualité du travail d’optimisation et de réflexion au sein de l’équipe ».
Pendant la saison, ils font leur gamme en équipage à la Course des Caps (5e) puis à la Rolex Fastnet Race (2e). À bord, il y a eu Lou Berthomieu, Nicolas Andrieu, Tom Dolan. Tous louent l’état d’esprit affiché par les deux marins et les prémices de leur complicité. En double, Jérémie s’attache à la météo, à la stratégie et à la tactique, Morgan se focalise sur les performances du bateau, les réglages, les détails. « Ce qui est impressionnant chez Charal, c’est la volonté forte qui les anime pour aller au bout et gagner », disait Morgan juste avant le départ. Les deux skippers savent que les actes comptent beaucoup plus que les mots en course au large. Alors ils ont redoublé d’efforts.
Une victoire déjà dans l’histoire
Ensemble, ils offrent à Charal2 la plus belle victoire du monocoque depuis sa mise à l’eau il y a trois ans. 3e à la Transat Jacques Vabre (2021), 3e à la Route du Rhum (2022), 2e à Retour à la Base (2023), 3e à New-York – Vendée (2024), 4e au Vendée Globe (2025), Jérémie fait preuve de son côté d’une incroyable constance au plus haut niveau de la discipline. Il s’impose pour la 2e fois à la Transat Café L’Or, lui qui l’avait déjà emporté en 2011 avec Jean-Pierre Dick. Morgan Lagravière aussi peut exulter : c’est sa 3e victoire consécutive sur la transatlantique, ce qu’aucun marin n’avait accompli avant lui en IMOCA.
Cette victoire de prestige va permettre à Jérémie et à l’ensemble de l’équipe de se projeter sur un autre monument de la course au large : la Route du Rhum qui aura lieu dans un an, en novembre 2026. Un nouvel objectif vers lequel ils vont progressivement basculer, avec la certitude que leur travail, leur méthode et leur état d’esprit sont leurs meilleurs atouts pour briller à nouveau.
LEUR RÉACTION À CHAUD
Jérémie Beyou : « On a tout donné pour arriver à ce résultat et à cet écart. Jusqu’à la dernière nuit, on voulait avancer vite et ça a été un grand kiff du début jusqu’à la fin. Avant le départ, nous savions qu’on avait un potentiel à exploiter mais on ne se focalisait pas sur les statistiques, la 2e victoire à aller chercher pour moi et la 3e pour Morgan. Nous sommes restés concentrés, sereins et on a fait une course complète. C’est vrai que ça faisait quelque temps que je tournais autour. Mais je savais que ça allait revenir. Il fallait que les planètes s’alignent, le bon bateau, le bon coéquipier et c’est arrivé là. Je savais que c’était en moi, en l’équipe et on n’a jamais renoncé. Cette victoire est vraiment belle. »
Morgan Lagravière : « Chaque victoire est une aventure différente. Le parcours a toujours ses spécificités et le binôme aussi. C’était le début d’une nouvelle histoire avec Jérémie et c’est chouette de vivre ensemble. Je suis heureux d’avoir participé à cette course et cette belle dynamique au sein de l’équipe Charal. Lors du regroupement aux Canaries, c’était un peu dur mentalement. Mais on savait qu’on avait les armes pour être performants dans les alizés ensuite et on s’est rassuré comme ça. Nous savions qu’on pouvait au moins rivaliser, voire faire mieux que les autres. Et on ne s’est pas trompés. »




















