Retour sur la troisième étape

Michel Desjoyeaux (Géant)
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Nicolas Troussel (Financo), 2e de l’étape, 3e au général provisoire : « Ca fait du bien d’être arrivé, car c’était dur sur la fin et je commençais à faire des bêtises. Quand on voit le classement, on oublie le reste mais on en a quand même bavé. J’ai fait ma course tout seul. Je n’ai pas trop mangé ni bu. Je ne sais pas vraiment si j’ai dormi. De toute façon, ça bougeait tellement dans le bateau…. C’était sport, humide. On s’est fait rincer tout le temps. Je me suis maudit d’avoir laissé ma combinaison sèche dans le camion. Et puis c’était des changements de voiles incessants, toute la garde robe y est passée : 1 ris, 2 ris, 1 ris dans le foc, génois, solent, tourmentin. On a même fini par mettre le spi sur la fin, dans les douze derniers milles ! La nuit, je ne barrais pas parce qu’on ne voyait pas les vagues, en revanche, je barrais toute la journée, de longues heures interminables. Il fallait faire attention au matériel, être vigilant, même dans les manœuvres, épuisant. Il y a eu des moments de lassitude… »

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Michel Desjoyeaux (Foncia), 3e de l’étape, leader au général provisoire: « On a été bien servis ! C’est gentil de nous avoir emmené faire ça. C’était animé toute cette manche : du près, du portant, de la castagne. C’était beau, de belles déferlantes dans la lumière du soir. J’ai été un peu devant, un peu derrière… La dernière journée, je n’avais plus de contact avec personne. A l’arrivée, c’était la pochette surprise. C’est con, car je pense que j’ai perdu les leaders dans l’après-midi dans un contre bord inutile à cause d’un manque de lucidité et de patience… J’étais allé bien assez loin comme ça au large, j’ai fait une erreur d’y retourner. La mer a été forte à un moment. Pour des Figaro, ça commençait à causer. On a fait quelques beaux sauts de vagues avec tout le bateau qui sort de l’eau. Le bateau arrive à huit nœuds sur la vague et se retrouve devant un grand trou, puis ça retombe et ça fait un grand ‘baaamm’. Ca tape très fort et ça peut être comme ça une fois par minute. C’est le tarif. Pas très agréable, surtout quand on est à l’intérieur du bateau. »

Liz Wardley (Sojasun), 21e de l’étape: « Dans un saut de vague, je me suis fait éjectée et je me suis retrouvée sous les filières, sous l’eau accrochée par mon harnais. C’est la même vague qui m’a remise dans le bateau. J’ai eu très peur. Après ça, je me suis assise dans le cockpit, j’ai pleuré pendant 10 minutes, j’ai crié. Puis j’ai fini par repartir pour me remettre dans la course. C’était pas très cool. Au final, j’ai pris cher au général mais je suis assez contente de la manière dont j’ai navigué. Ce n’est pas fini, il reste encore une étape. »

Jean-Paul Mouren (M@rseillEntreprises), 11e de l’étape: « Je retiens de cette étape que la mer, c’est souvent la vraie guerre dans le sens primitif du terme et je trouve que le prix du poisson n’est pas assez cher quand je vois ces chalutiers qui se font chahuter dans des endroits épouvantables à longueur d’année, je suis en admiration devant le métier de marin pêcheur. Les gens qui vont sur la mer sont des gens très spéciaux, c’est un peu comme ceux qui vont dans l’espace, c’est une sorte de 4e dimension. La nature vous remue les tripes, au sens propre et figuré. La mer est d’une puissance terrible, c’est elle qui vous éjecte du jeu si elle veut. On voit bien la précarité et la limite de notre libre arbitre et on se retrouve à gérer son petit patrimoine individuel avec beaucoup d’attention. »

Christopher Pratt (Espoir Crédit Agricole), 13e de l’étape : « J’ai raté le coche une fois de plus. Je suis un peu déçu car j’étais avec le bon paquet (Douguet et Mahé) jusqu’à la dernière nuit. J’ai un peu manqué de lucidité au moment ou j’ai eu pas mal d’avaries. J’ai déchiré la GV au niveau du deuxième ris, ensuite, j’ai cassé l’aérien,donc plus d’info sur le vent et plus de mode vent sur le pilote. Pendant toute l’étape je me suis dit : « qu’est ce que c’est dur ». Je crois que j’ai jamais fait un truc aussi dur de ma vie. Par contre ce qui est fou, c’est qu’une fois arrivé à terre, 2 secondes après, tu as tout oublié. Je n’arrive plus à me dire que j’ai passé un mauvais moment. Car c’était quand même une étape d’anthologie : 5 jours et 5 nuits de mer avec tout de A à Z, de la pétole, de la baston, le mouillage, le deuxième ris, le ris dans le solent, ça a été une étape extraordinaire. »

Nicolas Lunven (Bostik), 9e de l’étape: « Je ne savais pas trop que j’avais fait une belle course car je n’avais pas de vacation VHF. C’était assez sportif mais tant qu’on n’a pas d’ennui avec le bateau, ça se passe toujours mieux. Souvent, c’est une petite galère qui en amène une autre puis une autre et là ça devient vite l’enfer. Mais moi, ça n’a pas été le cas. J’ai eu de la chance. On a peut-être pas eu tous les mêmes conditions selon notre position. Moi je n’ai jamais eu plus de 40 nœuds de vent… D’autres en ont eu plus. Par contre, il y avait pas mal de mer. »

Frédéric Duthil (Distinxion), 8e de l’étape: « J’ai bien vu que j’avais perdu le fil de la course hier soir alors que j’étais remonté en tête de la flotte… J’étais crevé, il fallait continuer au nord-ouest. Mais je me suis dit, il y a une petite bascule à exploiter. Je me suis enflammé tout de suite sans trop réfléchir. C’était pas très intéressant ces conditions de navigation. C’était du ‘bourrinage’ au près dans 45 nœuds de vent. Je me disais : il va y avoir des gens en vrac parce qu’il y avait vraiment du vent, mais heureusement, tout va bien. J’ai eu des soucis techniques : mes antennes sont tombées, mon solent est mort. C’est casse bateau, casse bonhomme et à la fin tu ne fais plus trop attention à la stratégie. Ca a été plus de la survie, mais bon, voilà, on l’a fait. »

Thierry Chabagny (Brossard), 17e de l’étape « Pendant les dernières heures de course, je me suis cru au front, avec les sacs de sable et ma mitrailleuse, à me prendre un tas d’obus sur la gueule. Pour ne pas me faire éjecter par les vagues quand j’étais à la barre, je m’étais ceinturé avec la longe du harnais. Mais malheureusement, j’ai fait un manque à virer et je me suis retrouvé sous le vent, attaché, en moitié dans l’eau…je me suis fait une grosse frayeur.. »

Franck Le Gal (Lenze), 14e de l’étape : « Au Raz de Sein, dans la pétole, je me suis fait dépasser par tout un paquet. J’ai cravaché pour revenir à la BXA. J’étais revenu dans le match et ensuite, on s’est préparé au mauvais temps. J’ai mis ma combinaison sèche, et on eu ce qui était prévu. C’était vraiment dur. J’étais bien dans le match mais à la fin, mentalement, j’ai complètement craqué. Il y avait un ras le bol général. A la vidéo, je le raconte bien : je mène la course mais que je vais m’abriter à la côte parce que je n’en peut plus.Ca a été une grosse erreur stratégique. Mais c’est vraiment la tête qui lâché. Le fait de se faire rincer, de prendre des vagues en permanence. C’est l’accumulation physique qui fait que mentalement j’ai décroché. Je le paye cher, dommage. Je ne fais pas une bonne opération au général. »