Propos de skippers d’avant départ

    A quelques heures du départ de la dernière étape de la solitaire, quelques réactions des skippers sur cette étape "énorme" selon les mots de Jeanne Grégoire. Morceaux choisis :

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    Laurent Gouezigoux (Boistech, 22e) : « Entre deux participations à La Solitaire, j’ai embarqué à la pêche pendant 10 mois sur l’Indomptable, le chalutier de Tanguy Lagadeuc de Dahouet, dans la baie de St Brieuc, qui était aussi mon entraîneur de voile quand j’étais petit. Avec lui, j’ai pris des vents de 50 et même 60 nœuds, des creux de 8 mètres dans le sud Irlande et le plus souvent, on continuait à bosser… J’ai beaucoup appris, sur la météo entre autres, pendant cette expérience. Avec Tanguy, on s’est appelé au téléphone pour qu’il me briefe sur le parcours de cette 3e étape, toute la remontée de la mer Celtique et du canal St Georges, où il y a des courants forts, parfois de la brume, de la mer formée et surtout du trafic de cargos, de pétroliers, de pêcheurs. On a listé avec lui les endroits où il faut savoir se reposer et ceux où il ne faut surtout pas dormir. Et le coup de fil a duré une heure et demi… c’est qu’il y avait beaucoup de choses à dire ! »
     
    Jeanne Grégoire (Banque Populaire, 6e) : « une étape énorme »
    « A priori on va avoir beaucoup de changements de voiles à faire sur cette 3e étape, dès le début ça peut enchaîner génois, solent, spi, petit  spi, tout va y passer, ça va être un rythme assez intense avec peut-être 35 nœuds en sortie de La Manche. On va débouler, ça va être assez sollicitant et il faudra trouver les moments pour aller dormir. Cette étape est énorme, tellement énorme que le classement général peut encore être bouleversé. Je suis 6e à 20 minutes du 3e, c’est pas mal mais je me méfie car l’an dernier aussi j’étais bien placée et j’avais tout perdu sur la dernière étape. Un autre petit problème est que le 3e s’appelle Erwan T (le surnom d’Erwan Tabarly dans le milieu, ndr) et que vu comme il navigue, toujours devant, ça ne va pas être simple de lui reprendre du temps… »
     
    Antonio-Pedro Da Cruz, (Baïko, 33e) qui fête aujourd’hui ses 42 printemps
    « Je vais affiner la météo cet après-midi, mais disons qu’en résumé, il va y avoir du vent quasiment tout le temps et ça c’est une bonne nouvelle car plus de 800 milles, c’est long… presque une demi traversée de l’Atlantique à certains endroits. Par exemple, du Cap Vert aux Antilles il y a 2000 milles. Moi j’aime bien la longueur, il va y avoir du jeu et je pense que cette dernière étape peut encore creuser des écarts énormes. Heureusement, l’escale de Cherbourg nous a permis de bien récupérer. Tant mieux, car l’endurance va jouer un grand rôle sur ce dernier parcours. »
     
    Romain Attanasio, (DCNS 62, 11e à 9h34) : « ça repart de là ! »
    « On va partir dans 15 nœuds, mais après on aura un front avec une bascule sud-ouest au moment du virage à droite après les Scilly où le vent va monter jusqu’à 30 nœuds, voire plus, en basculant sud-ouest… le changement génois/solent va être humide ! A priori c’est du portant, donc on va aller vite jusqu’à l’île de Man, ensuite les modèles météo sont loin et il faut s’en méfier. Je redécouvre La Solitaire après deux années d’absence et je suis vraiment super content d’être dans le coup. Pour moi, entrer dans les dix premiers serait génial… et pour ça je suis à 2 secondes de mon copain Thierry Chabagny ! Le problème c’est que ça pousse derrière aussi et qu’il n’y a que des gros bras dans cette zone du classement. Alors, c’est sûr qu’il va y avoir du jeu, du 2e au 18e, quasiment tout est possible. Et on n’est qu’à la moitié du parcours, alors comme on dit : « ça repart de là ». La distance ne me dérange pas, j’ai plutôt une formation de coureur au large, mais on est forcément un peu tendus car on n’est pas beaucoup à connaître ce fameux canal St George. Il faudra par exemple faire très attention au trafic. »
     
    Isabelle Joschke (Synergie), 42e, au sujet de la 3e étape :
    « Le parcours est super chouette. Il est très long et tous les figaristes seront déroutés, pas seulement les bizuths. S’il y a du gros temps, comme ce sera peut-être le cas, je ne vais peut-être pas me refaire une santé au classement général, mais cela complétera mon expérience, j’aurais alors vu énormément de choses sur cette course et commis toutes les erreurs à commettre. »