L’équipage de Sopra a le sens marin avant tout

    Alors qu’il s’accrochait de Brossard à pleine vitesse, cette nuit, Sopra a soudain fait demi-tour. L’équipage des deux jeunes marins a aussitôt affalé les voiles et rejoint la zone où Grégory Gendron, alors à la barre, avait aperçu le feu d’une fusée de détresse. Ils ont ensuite sillonné cette zone dans tous les sens. En vain. Ils ne trouveront pas d’explication à ce signal qui les a conduit à ne pas se poser de question pour apporter leur éventuel secours…
     
    La progression du trimaran Sopra n’a pas manqué de lever des inquiétudes en approche des côtes brésiliennes dans la nuit de mardi à mercredi. Le duo du bord, lancé dans une course-poursuite d’une haute intensité à 25 nœuds de moyenne avec Brossard, a en effet soudainement mis un coup de frein et les écarts se sont aussi vite creusés.
     
    Joint à la mi journée, Gregory Gendron revient sur  les événements de cette nuit qui ont sévèrement entamé leur position au classement et leur moral.

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    Greg Gendron :
    "J’étais à la barre et je ne sais pas pourquoi mais mon instinct m’a fait me retourner et c’est là que j’ai vu un signal de détresse dans le sillage, une fusée parachute. Le temps de percuter, j’ai tout arrêté, et je suis allé prévenir antoine.
    Antoine a affiché la position sur l’ordinateur et on a affalé la gv parce qu’on ne pouvait pas empanner comme ça. Nous avons transmis l’alerte au cross et on a fait demi tour pour revenir sur la zone du signal.
    Et là on a passé près de 5 h sur zone en vain, à chercher, chercher, chercher.
    On a quadrillé  tant qu’on a pu. On est passés plusieurs fois sur la position estimée et rien. En plus il y avait plein d’étoiles et des reflets partout donc on scrutait chaque reflet, chaque signe éventuel et puis rien, ce n’était pas ça.
    À la fin on était vraiment déçus après avoir cherché tout ce temps en se disant qu’il y avait peut-être un mec avec le cul dans l’eau ou un bateau dans la mouise mais le Cross étant prévenu, ils allaient pouvoir prévenir des bateaux plus gros que le nôtre et mieux équipés pour les recherches, donc on a pris la décision de quitter la zone. Pas facile. On était complètement KO, là il a fallu renvoyer la GV et s’y remettre.
    On va digérer un peu la nuit et essayer de se remettre dans le rythme mais c’est dur parce qu’hier on était vraiment bien, ça allait vite et on revenait bien sur Brossard mais qu’est ce que tu veux, on ne s’est même pas posé de question : y’avait pas d’autre choix.»
     
    De son côté, Argos est formel. Au relevé de 12 heures, Sopra, qui cavalait à une vingtaine de milles dans le sillage de Brossard, affiche environ 210 milles de retard. Au même moment, le duo Koch-Gendron, dans le Nord-Ouest de Fernando de Noronha progresse à 8 nœuds, quand le speedo de la paire Bourgnon-Vincent flirte avec les 27 nœuds. A 12 heures, les deux jeunes complices ont retrouvé de la vitesse : les voilà de nouveau flashés à 23 nœuds sur la route de Bahia. Mais le mal est fait : Sopra accuse 210 milles de retard. Le moral du  bord est touché. Eprouvés, fatigués, Antoine et Greg, qui ont fait honneur à l’esprit de solidarité des gens de mer et prouvé que ce n’est pas un vain mot, ont repris leur route en direction de Salvador de Bahia. Ils sont attendus jeudi, dans la soirée.