Halvard Mabire (Campagne2France) est actuellement en douzième place en Class40 avec une avance ce matin de 6 milles sur Jean-Christophe Caso (Picoty). Les deux solitaires naviguent ensemble depuis un bon moment. Si cela crée de l’émulation, force est de constater que cela a également ses désavantages, comme nous l’explique Halvard Mabire. “Il y a maintenant une séparation de quelques milles. Ce que la convivialité y perd, la sécurité y gagne un peu, car durant les dernières 48 heures nous étions parfois si proches l’un de l’autre en fonction des fluctuations du vent, qu’il fallait vraiment faire gaffe à la collision entre nous deux. Franchement, en plein milieu de l’Atlantique, qui ne manque pourtant pas de place, cela aurait fait un peu désordre. J’imagine la gueule du constat amiable. Nous étions obligés de nous prévenir mutuellement chaque fois que nous voulions travailler à la table à carte ou même faire une petite sieste (hélas pas assez souvent) pour que l’un veille quand l’autre ne pouvait le faire.”
Comme toujours, le skipper de Campagne2France profite de ce temps en mer pour réfléchir sur sa situation et sur des questions qui vont au-delà de sa course. Il a souvent navigué en double avec l’Anglaise, Miranda Merron, qui se trouve d’ailleurs à la huitième place ce matin sur Campagne de France, mais nous précise qu’il y a aussi des avantages lorsque l’on navigue en solitaire. “Par exemple on sait qui fait quoi. Les conneries, ce qui arrive très souvent, on sait qui les fait ; les coups de génie, ce qui arrive très rarement, on sait aussi qui les fait. Cela ne parait peut-être rien, mais le nombre de fois où j’ai constaté à terre qu’on ne sait plus qui fait quoi, que c’est drôlement agréable que de revenir à des fondamentaux comme ça. Autre avantage, la liberté. Les petites libertés : on ne s’embête pas trop avec les conventions sociales. Heures des repas, façon de s’habiller, rasé ou pas rasé, cravate ou pas… tout ça on fait comme on veut. Mais la vraie liberté ne se résume pas qu’à faire que ce que l’on veut. La liberté c’est d’agir en toute logique et selon son libre arbitre pour faire face à des situations données. En d’autres termes, c’est synonyme de bon sens, avec tout de même les contraintes de ne pas faire quoi que ce soit qui puisse nuire à autrui et dans notre cas à la marche du navire et à son environnement. La navigation en solitaire, c’est encore une liberté que l’on ne nous a pas enlevée. Profitons en pendant que c’est encore possible, car il y a beaucoup trop de gens “responsables” qui appellent notre espace de liberté un “espace de non droit” et qui sont en train de pondre plein de règles et réglements, pour que vraiment, sur terre comme sur mer, l’individu ne puisse plus être ce qu’il est et pleinement maître de son destin.”









