« Il faut ramener le bateau à la maison »

    Coville
    Coville

    Actuellement freiné à 2400 milles du but dans les tentacules de l’anticyclone des Açores qui s’étale du Portugal aux Bermudes, le skipper de Sodebo explique aujourd’hui : « Dans d’autres sports, le vélo, la course à pied, quand tu arrêtes, ça s’arrête, dans notre sport, ça ne s’arrête pas, il faut ramener le bateau à la maison. Je vais avoir encore une journée délicate pour traverser cette dorsale avec des vents turbulents. Je gagne vers le Nord pour avancer et je ressens déjà la houle résiduelle des dépressions qui passent au-dessus."

    - Publicité -

    Thomas ne cache pas sa déception de ne pas avoir la récompense finale de battre le record de son voisin trinitain, Francis Joyon. "Je serais mortifié si j’avais fait une grosse bêtise, là, je m’en voudrais, mais ce n’est pas le cas. Jusqu’à la dépression orageuse au large du Brésil, tout paraissait encore possible avec une météo classique." A la différence de la régate, quand vous vous attaquez à un record, vous n’avez pas d’adversaire avec vous sur le plan d’eau qui est confronté aux mêmes conditions et vous permet de vous jauger dans l’instant. "Peu de gens s’attaquent aux records car ils ne veulent pas se confronter à cet aléatoire. Quand tu t’engages, tu sais que ça peut ne pas marcher. La probabilité est même remise à zéro à chaque fois puisque tu t’exposes aux aléas de la nature. C’est aussi ce qui donne une certaine esthétique et une vraie liberté à notre démarche," ajoute-t-il.

    Attendu en Bretagne la semaine prochaine, le skipper pense maintenant au bonheur de retrouver les siens. "Les départs et les arrivés sont des moments magiques. Quand je vais voir mon petit bonhomme sur le ponton ou sur l’eau, ma fille, tout va s’effacer c’est sûr, c’est comme une ardoise magique ! "