Reste que si, sur le papier, l´avantage n´est pas négligeable, les équipages des deux ABN AMRO ne doivent certainement pas se sentir à l´abri. Leurs plans Kouyoumdjian sont, on le sait désormais, peu performants dans du vent faible… et les derniers modèles météo montrent un flux modéré à l´approche des côtes.
Ce matin à 5h (Paris), alors qu’ABN AMRO ONE filait en route presque directe sur Cape Town à près de 15 noeuds, son « petit frère », ABN AMRO TWO, à 140 milles dans son sillage, piquait au sud à la recherche de vents plus favorables pour aborder l’arrivée, prévue demain matin.
Au relevé de ce matin, le VO 70 de Sébastien Josse marchait deux nœuds plus vite que le leader de la flotte. Quatre heures plus tard, à 11h Paris, les stratégies s’étaient inversées : ABN AMRO ONE descendait un peu plus Sud et ABN AMRO TWO reprenait une route plus Est, dans des vents de nord-ouest 20 nœuds.
Dans une course comme la Volvo Ocean Race, où le marquage est souvent inscrit dans les gènes des skippers et des navigateurs-tacticiens, il est assez rare, que des concurrents prennent ce type de risque, surtout à 24 heures de l’arrivée avec, de surcroît, un troisième concurrent en embuscade à 100 milles derrière, comme est Brasil 1 en ce moment. (Torben Grael et sa navigatrice, Adrienne Cahalan, sont très certainement en train de faire tourner la “machine à tactique”” à plein régime. )
Sans doute la culture Figaro et Vendée Globe de Sébastien Josse a-t-elle joué dans cette décision prise la nuit dernière. Une liberté d’analyse que partage complètement le navigateur du bord, le Britannique Simon Fisher et qui a, peut-être, poussé l’équipage de Mike Sanderson à se remettre en question.
Au regard des performances de ces derniers jours, ABN AMRO TWO n’a jamais baissé sa garde envers son « aîné »…. et vice et versa… Le mot d’ordre sur les deux bateaux de tête est à la concentration maximum pour les prochaines 24h.
Neal MacDonald, victime d´un souci de quille sur Ericsson se trouvait pour sa part à 823 milles de Cape Town lors du dernier relevé.
“”Mon pire cauchemar est devenu réalité””, écrivait le skipper britannique, “”la quille se baladait librement d´un bord sur l´autre (…) J´étais à la barre, en pleine nuit, lorsqu´un méchant ´bang´ nous a pris par surprise. Ceux qui dormaient à l´intérieur ont été réveillés en sursaut (…) Après une brève inspection (sans rien remarquer de spécial, ndlr), nous sommes repartis de plus belle, mais là le bateau a pris un coup de gîte énorme et a failli chavirer. C´est là que nous nous sommes rendus compte de l´étendue des dégâts””. Richard Mason, spécialiste des problèmes de quille du team Ericsson, a trouvé une solution afin de bloquer l´appendice dans l´axe… Naturellement, en termes de performances, ce n´est pas idéal, mais aujourd´hui, MacDonald et ses troupes filaient néanmoins à 15 nœuds, contre 16,5 pour les leaders.
Les Australiens de Sunergy & Friends, suite à leur erscale technique, accusent un retard considérable (2398 milles du port !). Du côté de Movistar, la décision a été prise de mettre le bateau sur un cargo – plus question de faire voile vers Cape Town – où le VO70 espagnol devrait arriver vers Noël. Les réparations ont été menées “”en un temps record””, note le skipper Bouwe Bekking, qui a pu compter sur le soutien technique du syndicat ibérique engagé dans l´America´s Cup. Pour Paul Cayard et ses pirates, le trajet aura été nettement moins long puisque la Black Pearl a rejoint le départ de la seconde étape en avion cargo.
JB (sources ABN AMRO / Team Ericsson)
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