« Franchement, Xavier est impérial, il navigue super bien et ça ne va pas être facile de le battre sur cette étape ». C’est Vincent Biarnès (Guyot environnement), revenu du diable vauvert hier et 3ème au pointage de 5 heures, qui rendait hommage à la vacation ce matin au Skipper Hérault. Une phonétique qui colle décidément à la peau de Xavier Macaire depuis le départ de Torbay. Après avoir vu son avance de 7 milles fondre complètement en deux heures, stoppé net au pied du cap de Start Point, certains se seraient lamentés sur leur sort, d’autres auraient craqué. Solide, le Montpelliérain a accepté ce revers et su prendre le train, attelé à la locomotive d’Adrien Hardy venu faire le plein de charbon à la côte. Ces deux-là ne se sont pas lâchés, navigant au nord d’une flotte reconstituée. Avec un peu plus de pression et de bons recalages à terre, toujours en phase avec les petites bascules et le courant, ils viennent de passer avec 4 petites minutes d’écart la bouée Owers au lever du jour. Le courant a renversé et porte désormais à l’Ouest ; il va ralentir encore un peu la progression des suiveurs, bref tendre encore l’élastique.
Dire que certains se sont refaits la cerise à Start Point est un euphémisme. Chance ou réussite ? Peu importe, c’est le jeu d’une navigation estivale en Manche où vent et courant rebattent les cartes parfois à grandes brassées. C’est ainsi les Biarnès (Guyot environnement), Richomme (Skipper Macif 2014), Dutreux (Team Vendée), ou le brillant Anglais Alan Roberts (Magma Structures) sont passés comme des fleurs. Plus compliquée fût la progression de Yann Eliès (Groupe Quéguiner – Leucémie Espoir) et Charlie Dalin (Skipper Macif 2015) qui ont choisi de se marquer et de rester plus au large, progressant jusqu’à 0,5 nœuds moins vite que les leaders cette nuit. Muets à la vacation, les deux patrons de cette 46ème Solitaire du Figaro doivent commencer à trouver détestable le scénario de cette dernière étape qui s’annonce indécise jusqu’au bout. Le vent d’Ouest/Sud-Ouest pourrait bien tenir pour la traversée de la Manche au reaching. Mais une petite cellule anticyclonique centrée sur le Cotentin peut encore ouvrir le jeu jusqu’à l’arrivée à Dieppe, distante de 47 milles après l’atterrissage à Antifer.
Difficile dans ces conditions de faire une ETA. Dans 2 à 3 nœuds de vent, un Figaro Bénéteau est quasiment arrêté. Avec un petit thermique de 6 à 8 nœuds, il marche quasiment à la vitesse du vent s’il n’est pas pile dans l’axe. Autant dire que les skippers vont s’appliquer à récupérer par petites siestes ce matin sous pilote bien réglé en mode vent, en prévision d’un final homérique. C’est à quelques mètres que peut se jouer le classement final. Si Adrien Hardy ne peut prétendre qu’à la victoire d’étape pour finir en beauté (il est 23ème au général), les paris entre Yann, Charlie et Xavier pour le général sont ouverts.
Ils ont dit :
Adrien Hardy (Agir Recouvrement) : « On est en approche de la bouée Owers, on y sera dans 4 milles. C’est sympa de voir la fin de ce tronçon assez long. On a passé la nuit ensemble avec Xavier Macaire (Skipper Hérault), dans un quart d’heure il y a la renverse mais il ne faudrait pas que ça mollisse de suite par rapport à ceux de derrière. Les écarts se sont fait hier soir, on était devant, on a bien pris la bascule, depuis hier soir j’ai l’impression que les écarts sont stables. C’était mieux d’être un peu plus dedans, côté terre, il y avait un peu plus de vent je pense. La dorsale est entre le Havre et Dieppe donc je ne sais pas si nous aurons du vent jusqu’au bout, on devrait marcher au près. C’est relativement simple là, on est sur un seul bord au près, mais sur la traversée de Manche il faut bien jouer avec le courant et bien se laisser porter. »
Yoann Richomme (Skipper Macif 2014) : « Hier cela aurait pu être mieux, j’étais axé avec Team Vendée (Benjamin Dutreux) et j’aurais pu être devant avec les deux autres. Je me suis bien refait, donc je suis content d’être de retour devant et on verra pour la suite. On va passer la bouée Owers le plus vite possible et ensuite c’est un peu vague, je pense que l’on va traverser sur un bord en tribord et ensuite cela dépendra de la position de la dorsale. On commence à être contre le courant. Les deux premiers vont passer la bouée avec moins de courant, ça va allonger encore un peu du coup. Ce « matelas » n’est pas très confortable et puis là, tout est sur le point d’être chamboulé pour le classement général. »
Vincent Biarnès (Guyot Environnement) : « On arrive à la bouée Owers et puis après il n’y aura plus que la traversée de la Manche à finir. Je reviens de loin pourtant tout avait bien commencé. Je suis sorti en tête de la baie de Torbay mais après j’ai eu beaucoup de galères pendant la remontée au près avec des ballasts qui fuyaient, donc j’ai navigué 24h avec la pompe de cale allumée toutes les dix minutes. C’était pénible et depuis que l’on a mis le spi tout va mieux. J’ai fait un joli coup à Start Point, je suis passé comme une fleur dans le bon timing, je suis arrivé à la renverse et je suis bien allé le chercher ! Je pense que j’ai bien navigué. Des écarts se sont crées et Xavier Macaire (Skipper Hérault) est toujours aussi impérial, même si Adrien Hardy (Agir Recouvrement) a fait un super coup Xavier navigue extrêmement bien. Adrien va devoir faire attention à lui. Tant que l’on est devant tant mieux, avec la dorsale cela peut encore évoluer. Il y aura peu de vent à l’arrivée et le moindre mètre de gagné est important. »
Classement de 8h
1 AGIR RECOUVREMENT Adrien Hardy à 109,86 milles
2 SKIPPER HERAULT Xavier Macaire à 0,42 milles
3 GUYOT Environnement Vincent Biarnes à 2,42 milles
4 TEAM VENDEE Benjamin Dutreux à 2,58 milles
5 SKIPPER MACIF 2014 Yoann Richomme à 4,48 milles
6 MAGMA STRUCTURES Alan Roberts à 4,69 milles
7 SKIPPER MACIF 2015 Charlie Dalin à 4,74 milles
8 QUALICONFORT – THE BEAUTIFUL WATCH Gildas Mahé à 4,74 milles
9 GROUPE QUEGUINER – LEUCEMIE ESPOIR Yann Eliès à 5,28 milles
10 SOFINTHER – UN MAILLOT POUR LA VIE Corentin Douguet à 5,47 milles