Le classement général est établi d’après les temps cumulés sur chaque étape et c’est celui qui aura passé le moins d’heures sur l’eau qui sortira grand vainqueur. Sur cette première étape mouvementée, les choix stratégiques et l’écroulement du vent sur la fin du parcours ont diablement creusé les écarts. Si ce genre de scénario reste légion sur La Solitaire, il demeure sans doute plus difficile à avaler sur l’entame de l’épreuve.
Disons le tout net, l’option ouest de Corentin Horeau (Bretagne – Crédit Mutuel Performance), Gildas Mahé et Adrien Hardy fut fatidique. Avec 4 heures et 22 minutes de retard sur Thierry Chabagny, Corentin Horeau fait une très mauvaise opération. D’autant que les huit premiers ne sont pas des bleus sur le circuit. Un Yann Eliès (Groupe Queguiner-Leucémie Espoir), un Charlie Dalin (Skipper Macif) ou encore un Jérémie Beyou (Maître Coq) mettra tout en œuvre pour ne pas finir dans les profondeurs du classement. Si tout est possible, si tout peut arriver, force est de constater que les ténors sont tout de même aux avant-postes. Dur, dur de se refaire avec quatre heures de retard même s’il reste encore trois actes. Adrien Hardy reste cependant ultra positif : « Il reste encore des choses à faire au classement général.»
Inutile de dire que la deuxième étape sera plus que disputée ! Plusieurs skippers vont commencer à se contrôler pour arriver devant et tenter de grappiller des places au classement. Jugez plutôt : entre Alain Gautier (Generali 40 – 14e de l’étape) et Benjamin Dutreux (Team Vendée – 21e), il n’y a que 22 minutes ! Le jeune bizuth de l’île d’Yeu peut encore gagner 7 places en une seule étape…Dans le groupe de tête également, les places seront chères, car comme dirait Thierry Chabagny vainqueur entre Bordeaux et Sanxenxo : « 15 mn d’écart avec Yann Eliès, ce n’est rien. ».
Ils sont douze à faire leur entrée sur La Solitaire du Figaro. Le premier bizuth de l’étape sort tout droit de l’Artemis Offshore Academy. Robin Elsey (Artemis 43) prend la tête du classement des bleus devant Benoit Mariette (Entrepose) et Benjamin Dutreux (Team Vendée).
Deux abandons
Encalminés en fin de matinée à l’entrée de la baie de Sanxenxo, Marc Pouydebat et Tolga Ekrem Pamir ont signifié leur abandon à la direction de course pour cette première étape. L’écart s’accumulant d’heure en heure, et de fait, le temps de récupération avant de prendre le départ de la deuxième étape s’amenuisant, ils ont tout deux décidé de rentrer au port de Sanxenxo afin de se reposer et se préparer.
Ils ont dit :
Gildas Mahé : « Je n’ai pas compris ce qu’il s’est passé, comment les autres sont passés plus bas à la côte. On était un peu dans le vague total avec mes deux acolytes de route. C’était l’incertitude, on n’avait plus de météo, plus de pointages, plus rien, donc ce n’était pas facile. Quand je fais des conneries, je ne les fais pas à moitié ! J’ai la niaque, sous spi je voyais les autres mettre des ris, mais pas moi. Mon vieux spi a bien tenu, j’étais énervé, j’allais vite. C’était la foire à l’arrivée effectivement, mais quand cela ne veut, cela ne veut pas… J’ai mal navigué au début, mais c’est cher payé. »
Tolga Ekrem Pamir : « Ce fut une étape très compliquée, on avait le choix entre le Sud ou l’Ouest dès le début. En sortant de la Gironde, je voyais tout le monde partir au Sud, je voulais faire pareil mais je ne l’ai pas fait. Je n’arrivais pas à m’écouter pour prendre les décisions. Je m’engueulais tout seul ! Ce doit être un manque de confiance en moi, dans la course au large l’expérience est importante. Donc j’ai suivi la course comme des moutons. J’ai pris la décision d’abandonner car je n’avais pas envie de passer une autre journée en mer. »
Jérémie Beyou : « Les arrivées comme ça, ce n’est pas bien, mais c’est pareil pour tout le monde. Déjà, bravo à Thierry (Chabagny), il mérite de la gagner. Il a beaucoup mieux navigué que nous sur le bord de portant à l’arrivée. Il a osé aller empanner dans le vent fort, là où nous sommes revenus, petits bras, à l’intérieur de la courbure pour trouver moins de vent. Moi, j’ai fait une course sans relief, un peu terne, du petit positionnement, du gagne-petit et finalement du gagne rien du tout. Ca se solde avec un peu plus de retard que ce que je pensais, donc ce n’est pas génial, mais ce n’est pas mort non plus. »
Adrien Hardy : « J’en ai fait un paquet d’étapes, mais là, c’était vraiment dur. La fin, c’était hyper long. L’étape a été un peu le cauchemar, ce n’est pas évident, surtout qu’il n’y avait pas grand chose à faire pour revenir. Forcément, je suis hyper déçu de cette étape. Quand j’ai vu qu’on était trois-quatre bateaux, je me suis dit que c’était bien, d’autant plus que ce sont des gars qui vont plutôt vite. C’était sympa de naviguer avec eux. Mais en fait, tu ne sais pas si tu es devant, si tu es derrière, tu ne sais pas grand chose. Cela ne me semblait pas complètement débile au vu de la météo, mais tactiquement par rapport à la grande majorité, ce n’était pas une bonne idée. »