Si l’impatience de laisser le Grand Sud dans son sillage commence à l’emporter, Bruno et Willy Garcia ne baissent pas la garde, bien au contraire. Vigilance et prudence sont les maîtres mots du jour pour les deux frères de la flotte. A bord de We are Water, ils progressent ac tuellement dans un fort régime de nord-nord-ouest en bordure d’un système dépressionnaire, qui les précède en direction du cap Horn. A 16-17 nœuds de vitesse, ils savent qu’ils n’ont pas le droit à l’erreur à ce passage délicat.
Dans leur sillage, les deux complices de One Planet, One Ocean & Pharmaton poussent toujours les feux de leur machine, l’ancien bateau d’Ellen Mac Arthur, avec lequel ils ont déjà battu des records de vitesse. 120 milles environ séparent ces deux duos de bizuths des mers australes qui s’apprêtent, l’un comme l’autre, à décrocher leur nouveau grade de cap-hornier. Une distinction bien méritée après une traversée du Pacifique de cinq semaines environ et 57 jours de course depuis le départ de Barcelone.
Ces deux bateaux sont eux-mêmes suivis par Renault Captur, qui a dû franchement se dérouter au nord pour garder de la pression et éviter le centre du système dépressionnaire se déplaçant actuellement vers le cap Horn. Jorg Riechers et Sébastien Audigane vont désormais redescendre en direction de la Terre de Feu. Ils sont attendus dans la journée de lundi pour saluer à leur tour le rocher noir. Leur passage au large du cap Horn aura tout de la délivrance, il sonnera comme un nouveau départ vers des latitudes plus clémentes.
Si les conditions s’améliorent rapidement dans la remontée de l’Atlantique Sud, elles n’en peuvent pas moins se révéler suffisamment complexes et aléatoires pour offrir de nouveaux rebondissements. Bernard Stamm ne dit en tout cas pas le contraire à bord du solide chef de flotte, Cheminées Poujoulat. Bien qu’à l’abri des menaces d’un retour de ses plus proches poursuivants, il se méfie des pièges et des embûches que lui réserve la remontée vers l’hémisphère nord, jalonnée de zones sans vent et propice aux caprices du pot au noir. Pour autant, ce matin aux côtés de Jean Le Cam, il peut se réjouir d’avoir attrapé des vents d’alizés dans ses voiles. Un régime pas très puissant, qui doit néanmoins lui permettre de faire route directe vers l’équateur qu’il devrait rallier dans la journée de mardi prochain. A ce rythme, Cheminées Poujoulat afficherait alors environ cinq jours d’avance sur le tableau de marche de Neutrogena et GAES Centros Auditivos, contre trois au passage du cap Horn.
Ils ont dit :
Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) : « Dans les jours qui viennent, on devrait toucher des vents un peu plus stables, qui vont nous permettre d’avancer. On devrait pouvoir rejoindre l’équateur dans 4-5 jours. Il a des zones de molles un peu partout. On surveille, il y a moyen de se faire piéger même en restant concentré, il ne faut pas lâcher les choses. Avec de tels écarts, la course est forcément différente, on ne régate pas. Mais cela reste une course, et ce n’est pas parce qu’on a de l’avance comme ça qu’on a gagné. Le danger, c’est de se dire qu’il n’y a plus qu’à rentrer à la maison, que c est fait… Je pense que ce serait une grosse erreur. »
Willy Garcia (We are Water) : « Nous sommes à 540 milles du cap Horn. Nous sommes vraiment ravis d’être là, pour nous c’est la première fois. Mais, en même temps, nous restons très prudents, parce qu’aujourd’hui nous avons des vents forts de nord-nord-ouest. On attend des conditions favorables par la suite, mais on reste vigilant. On veut aussi se reposer un peu en vue de ces changements de vents qui nous attendent là-bas. Après cinq semaines de Grand Sud, on se sent plutôt bien physiquement. Un peu de chaleur et des vents moins forts seront les bienvenus ! »
Classement de 15h
Cheminées Poujoulat (B Stamm – J Le Cam) à 4 089 milles de l’arrivée
Neutrogena (G Altadill – J Muñoz) à 1 254 milles
GAES Centros Auditivos (A Corbella – G Marin) à 1 332 milles
We Are Water (B Garcia – W Garcia) à 3 248 milles
One Planet One Ocean & Pharmaton (A Gelabert – D Costa) à 3 362milles
Renault Captur (J Riechers – S Audigane) à 4 019 milles
Spirit of Hungary (N Fa – C Colman) à 5 747 milles