Yann Eliès conforte son leadership

Arrivée Eliès Gijon
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Il fallait être lucide jusqu’au bout et c’est bien la difficulté d’une telle étape où les écarts se sont creusés dès la première nuit quand le petit front peu actif est passé sur la flotte assez rapidement. Derrière, le ciel s’est bouché par brume et bruine mais la brise est restée calée au secteur Ouest entre 5 et 8 nœuds. Et comme les 41 solitaires s’étaient séparés en deux clans, au large avec Jérémie Beyou (Maître CoQ) en tête à l’issue du parcours préliminaire devant Porto, et à terre avec Gildas Morvan (Cercle Vert), il y avait du jeu en perspective…

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Après une première nuit peu propulsive, le ” géant vert ” prenait l’ascendant en rasant (à le toucher !), le cap Finisterre tandis que les partisans d’une route plus au large peinaient à deux milles derrière. La visibilité s’améliorait progressivement lorsque la brise prenait une composante Sud-Ouest et par effet de compression sur les falaises espagnoles, elle était plus soutenue le long des rives.

Au cap Vilano, Gildas Morvan qui fut l’un des premiers à envoyer le spinnaker, grappillait encore des mètres sur ses poursuivants, Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls) au premier chef, suivi par Simon Troël (Les Recycleurs bretons). Mais comme la brise prenait du souffle, leurs poursuivants revenaient fort sur la tête de course avec Jérémie Beyou, Adrien Hardy (Agir recouvrement), Yoann Richomme (DLBC), Morgan Lagravière (Vendée), Michel Desjoyeaux (TBS), Yann Eliès (Groupe Quéguiner-Leucémie espoir), Anthony Marchand (Bretagne-Crédit Mutuel Performance)…

Mais très au large déjà, Armel Le Cléac’h traçait son chemin… Et le vent de Sud-Ouest tournait à l’Ouest en forcissant à 15-18 nœuds, voire plus de 20 nœuds à l’approche des pointes : îles Sisargas, cap Ortegal, pointe Estaca de Barès. Ce dernier promontoire était le point névralgique de cette étape raccourcie à 298 milles : derrière cette pointe, il fallait s’attendre à ce que le vent mollisse grandement…

Prendre le large

Finalement, la brise se maintenait presque toute la nuit de dimanche à lundi au-dessus de douze voire plus au large. C’est grâce à ce flux septentrional plus puissant qu’Armel Le Cléac’h emmenait un groupe qui était loin de viser l’arrivée à Gijon : il préférait rester une dizaine de milles au-dessus du peloton en attendant la rotation du vent. Grand bien leur fit puisque la brise commença à mollir à terre, là où s’étaient retrouvés Gildas Morvan, Jean-Pierre Nicol, Thomas Ruyant (Destination Dunkerque)…

Puis le souffle dégringola à une dizaine de nœuds de Sud-Sud Est-ce qui permit aux partisans du Nord de se recaler vers la pointe Penas, dernier obstacle avant l’arrivée. Et comme le flux prenait de plus en plus de gauche pour s’orienter vers l’Est, ceux qui avaient opté pour la route à terre se voyaient reléguer très (trop) loin pour espérer revenir.

Le match se jouait donc entre sept prétendants qui étaient tout de même contraints de tirer des bords pour en finir. Étant le plus à l’Est, Armel Le Cléac’h pouvait assurer sa victoire d’étape malgré la pression de Morgan Lagravière avec qui il dut jouer du match-race pour le contenir jusqu’à la ligne d’arrivée.

Derrière, Anthony Marchand n’était pas loin mais devait surveiller deux anciens vainqueurs, Jérémie Beyou et Yann Eliès ainsi que Yoann Richomme. Une dizaine de solitaires suivaient ensuite à moins d’une heure et dans ce groupe émergeait la ” bleue ” Claire Pruvot (Port de Caen Ouistreham) qui, intégrée à ce groupe leader, revenait au classement ” bizuth ” cumulé sur deux étapes à 5 minutes du leader britannique, Jackson Bouttell (Artemis 77).

La victoire d’Armel Le Cléac’h et surtout la petite contre-performance de Frédéric Duthil (Sepalumic) 10ème à 21 minutes, de Xavier Macaire (Skipper Hérault) 17ème à 52 minutes, et surtout celle de Jean-Pierre Nicol, 25ème à 1h 46 minutes, propulse le vainqueur de la deuxième étape à la 6ème place au classement cumulé. Mais aussi Yann Eliès conforte son leadership avec 57 minutes de marge sur Frédéric Duthil et 1h 44′ sur Alexis Loison (Groupe Fiva). Et derrière lui, ça compresse puisqu’ils sont huit en un quart d’heure…

La troisième étape qui partira de Gijon jeudi 13 juin à 13h pour Roscoff soit 436 milles via l’île d’Yeu, va donc offrir l’occasion de redistribuer les cartes car cette deuxième étape démontre que la hiérarchie est loin d’être acquise, même pour un leader qui cumule les dizaines de minutes d’avance. La contre-performance de Jean-Pierre Nicol ou de Gildas Morvan, longtemps leader de cette deuxième manche, est là pour le démontrer…

Classement général après 2 étapes
1 GROUPE QUEGUINER – LEUCEMIE ESPOIR Yann Elies 5 jours, 6h 23m 11s
2 SEPALUMIC Frédéric Duthil à 0h 57m 06s
3 GROUPE FIVA Alexis Loison à 1h 44m 01s
4 SKIPPER HERAULT Xavier Macaire à 1h 50m 00s
5 VENDEE Morgan Lagravière à 1h 53m 36s