Un peu plus de 700 milles en trois jours ! L’entrée en matière de cette sixième étape entre le Brésil et la Floride est plutôt laborieuse car les voiliers ne cessent d’alterner les bonnes glissades au vent de travers à près de 17 nœuds de moyenne et les ralentissements prolongés à peine à 7 nœuds… Bref depuis le départ de Itajai dimanche, les conditions de navigation sont plutôt paisibles sous un soleil pas encore trop agressif et une mer plutôt belle balancée par une longue houle.
Avant même de quitter les pontons brésiliens, les navigateurs savaient que le contournement du cap Frio ne serait pas la zone la plus facile à négocier : beaucoup d’instabilité due à un anticyclone de Sainte-Hélène repoussé vers l’Afrique et à une dépression en formation au Sud de Itajaï. Les côtes brésiliennes sont donc soumises à un régime aléatoire puisqu’un front orageux s’est invité au large de Sao Mateus, une masse nuageuse que les cinq VO-70 vont devoir traverser ce mercredi. Car du côté méridional de cette barrière météorologique, la brise s’est orientée au secteur Sud-Est d’une douzaine de nœuds et sur le côté septentrional, un régime de secteur Nord souffle légèrement à moins de six nœuds.
Et le grand soleil tropical qui règne des deux côtés de cette bande va laisser place à une accumulation de grains plus ou moins marqués mais qui vont rendre la progression vers le Nord assez chaotique. Certains nuages vont bloquer les équipages dans un calme prolongé, d’autres vont larguer une bouffée d’air portante, d’autres encore un faible zéphyr contraire… Prévue pour ce mercredi après-midi, la traversée de ce système météorologique peu consistant va imposer nombre de manœuvres et surtout une adaptation constante de la route pour passer d’un grain à l’autre sans s’arrêter : il faut trouver les veines car il n’y a pas d’artère !
Des alizés souffreteux
Ce phénomène orageux s’étend très au large du Brésil et il n’y a pas d’autre solution que de le traverser perpendiculairement. C’est pourquoi les routes tendent à converger et les deux options qui avaient scindé la flotte en deux groupes dès mardi matin, devraient fusionner la nuit prochaine au gré des louvoyages qui vont caractériser ces prochaines heures. Mais si les écarts latéraux qui atteignent une cinquantaine de milles entre les partisans de la terre (Camper, Abu Dhabi) et les tenants du large (Puma, Telefonica, Groupama 4) vont se réduire très sensiblement, qu’en sera-t-il des deltas longitudinaux ?
Difficile d’anticiper car les conditions locales peuvent être très différentes à quelques milles près : tout va dépendre des masses nuageuses plus ou moins denses que vont devoir négocier les équipages. Le premier à s’extirper de ce piège pourrait toutefois s’échapper rapidement et surtout bénéficier d’un renforcement progressif de la brise d’Est au fur et à mesure qu’il gagnera dans le Nord : au large de Salvador de Bahia, ce sont plutôt une quinzaine de nœuds qui balayent le plan d’eau et devant Recife, une bonne vingtaine de nœuds ! L’accélération va donc se faire par devant et les écarts ne feront qu’augmenter si l’un ou plusieurs des poursuivants peinent à sortir du front. Cela pourrait entraîner des deltas aux conséquences importantes puisqu’il n’y aura pratiquement pas d’options possibles jusqu’aux Caraïbes !
Pointage à 15h
1/ Puma à 4035 milles de l’arrivée à Miami
2/ Camper à 5,7 milles du leader
3/ Abu Dhabi à 12,1 milles du leader
4/ Telefonica à 21,1 milles du leader
5/ Groupama 4 à 37,9 milles du leader




















