Beyou premier au phare de Wolf Rock

BPI départ Irlande
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Comme à l’aller, sur la deuxième étape, Jérémie Beyou décroche le titre GMF… celui de Grand Maître de la Flotte. Ou celui de meilleur peintre impressionniste. Depuis le départ de Dún Laoghaire dimanche à midi, le skipper de BPI a su adapter sa trajectoire au millimètre, à coup de « toutes petites touches » successives, alternant un trait de pinceau sous spi, un autre sous génois. C’est en ces termes que Jérémie analysait sa prise de contrôle sur une flotte un peu béate devant tant d’aisance.

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A 15h38, dans un vent de Sud-Ouest d’une dizaine de nœuds et un ciel grisâtre, « Jerem’ » franchissait au près la pointe de la Cornouaille, loin devant ses poursuivants. Il faut en effet égrener 13 bonnes minutes pour voir arriver le deuxième Nicolas Lunven (Generali), et encore 7 minutes de plus pour le passage du 3e Fabien Delahaye (Port de Caen Ouistreham). Si ce tiercé ne vous évoque rien, sachez qu’il s’agit tout « simplement » des trois premiers du classement général provisoire après deux étapes. Dans le top 10 à la porte GMF Assistance, on trouve d’autres clients du même gabarit avec dans l’ordre Erwan Tabarly (Nacarat), Laurent Pellecuer (Atelier d’Architecture Jean-Pierre Monier), Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls) revenu du Diable Vauvert après un départ en dernière position, Thierry Chabagny (Gedimat), Romain Attanasio (Savéol), Yoann Richomme (DLBC) ou encore l’impressionnant bizuth britannique Phil Sharp (The Spirit of Independence).

Les 46 solitaires entament à présent leur traversée de la Manche : 95 milles jusqu’au phare de Men Korn, tout près d’Ouessant, qu’il s’agira de laisser à tribord. Ce nouveau tronçon s’apparente à un grand tout droit au près sur un seul bord. Pas aussi simple qu’il n’y paraît. Comme en mer d’Irlande, il s’agira de se placer idéalement pour cet atterrissage sur la pointe de la Bretagne (Fromveur ou chenal du Four) où le principal écueil s’appelle le courant. A partir d’une heure du matin, la marée commencera à contrarier la progression des Figaro Bénéteau. Le leader Jérémie Beyou devrait être le premier à buter dedans. On peut donc s’attendre à un léger tassement des écarts demain au petit matin. Pour le plus grand plaisir des retardataires car la flotte s’étire désormais sur plus de 10 milles, Arnaud Godart-Philippe (Senoble) fermant la marche.

Ils ont dit :
Jérémie Beyou (BPI), premier à Wolf Rock : «Cette nuit, j’avais la bonne trajectoire et la bonne carbu donc je leur ai mis un petit peu… Il fallait envoyer le spi au bon moment et l’affaler au bon moment, c’était primordial. Il fallait choisir l’heure, j’avais noté ça sur le carnet. J’ai affalé le spi avant tout le monde et je pense que c’était vraiment bien. Il ne fallait pas trop s’emballer non plus à trop monter. Lunven était à mes fesses depuis le départ quasiment. J’aurai pu choisir de le marquer mais finalement, j’ai fait mon truc. Maintenant, on va gérer la trajectoire pour l’arrivée sur Ouessant et le Four.»

Nicolas Lunven (Generali) : « Superbes conditions cette nuit avec une pleine lune, les dauphins, au largue serré sous spi. J’approche de Land’s End. On a beau être en compétition, c’est toujours mieux avec de bonnes conditions pour naviguer que sous des trombes d’eau ! Pas beaucoup de sommeil, un peu ce matin : sauf que le vent a molli, donc ce sera plus tard. Maintenant, il faut bien gérer le passage de Land’s End : entre le large et la côte, on ne sait jamais ce qu’il peut se passer. Après, quel est le scénario qui se profile ?L’atterrissage sur la mer d’Iroise s’annonce assez compliqué mardi matin… »

Fabien Delahaye (Port de Caen-Ouistreham) : « La course est encore longue, mais c’est bien d’être revenu dans le paquet leader avec Nicolas et Jérémie. La première nuit était conforme à ce que nous attendions : j’étais bien parti, mais ensuite on s’est fait doubler de tous les côtés. J’étais le premier à envoyer le spi et à l’affaler, ce qui m’a permis de reprendre du terrain. La traversée de la Manche devrait se faire avec un vent de Sud-Ouest, un peu plus fort que ce que nous avons maintenant. On devrait pouvoir se reposer : ce sera essentiellement de la conduite, du réglage de pilote et de la vitesse. »

Thierry Chabagny (Gedimat) : « En Irlande, c’était aussi intense que d’habitude, avec un départ un peu folklorique dans un vent très instable. Il valait mieux être à la côte ensuite : pas mal de navigation sous spinnaker serré. Maintenant, on approche de la pointe de l’Angleterre : c’est un carrefour et il y a forcément des effets de côte, avec des passages nuageux. Ce n’est pas le moment de dormir ! Je suis encore un peu énervé de ne pas être devant, mais Jérémie est vraiment impressionnant : il nous l’a fait à la Armel Le Cléac’h… Attention, il faut s’accrocher maintenant parce que les premiers auront l’avantage à l’atterrissage sur Ouessant. »

Classement à 16h30
1 Jérémie Beyou BPI à 275.90 nm de l’arrivée
2 Nicolas Lunven GENERALI à 1.40 nm
3 Fabien Delahaye PORT DE CAEN OUISTREHAM à 1.90 nm
4 Erwan Tabarly NACARAT à 2.00 nm
5 Thierry Chabagny GEDIMAT à 2.30 nm
6 Laurent Pellecuer ATELIER D’ARCHITECTURE JEAN PIERRE MONIER à 2.30 nm
7 Romain Attanasio SAVEOL à 2.40 nm
8 Jean-Pierre Nicol BERNARD CONTROLS à 2.40 nm
9 B Phil Sharp THE SPIRIT OF INDEPENDENCE à 2.60 nm
10 Yoann Richomme DLBC à 2.70 nm