Une quatrième étape sous haute tension

Ralliement dieppe saint quai
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A la bouée de dégagement, mouillée à 1 mille dans le 350, Nantes Saint-Nazaire E. Leclerc prend la tête devant Iskareen, Ile de la Réunion-Ville du Port et Courrier Dunkerque. Bretagne Crédit Mutuel Elite et Ile de France sont 5ème et 6ème.
Les quinze équipages s’enfoncent ensuite dans la nuit à 10 noeuds sous spi, dans un flux de Nord-Ouest de 10-12 noeuds. A la côte, Nantes Saint-Nazaire E. Leclerc mène le groupe composé de Bretagne Crédit Mutuel Elite, d’Ile de La Réunion-Ville du Port, de Toulon Provence Méditerranée et de BAE Systems. Les autres bateaux partent au large en quête d’un courant portant plus fort. Dans la nuit, la flotte s’étale en latéral jusqu’à 20 milles nautiques !

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Au lever du soleil, le moral des équipiers tombe, tout comme le vent. Les bateaux affalent le spi et ne peuvent compter que sur le courant favorable pour continuer leur progression vers la Pointe du Cotentin. Interviewés par VHF vers 7h ce matin, les équipages n’ont qu’une idée en tête : rejoindre le plus vite possible la pointe du Cotentin avant la renverse. Il ne leur reste alors seulement qu’une heure et demie de courant portant ! Les équipages, totalement empétolés, envisageaient même de mouiller dans les cailloux de Barfleur en attendant la prochaine renverse de courant à 18h.

Mais bonheur ! Vers 8h00, le flux de Sud refait son apparition et regonfle les voiles. Les bateaux entrevoient alors la possibilité de passer le Raz Blanchard en début d’après-midi. A 13h10, Nantes Saint-Nazaire E.Leclerc est le premier M34 à s’engager dans le célèbre et redoutable Raz Blanchard. Afin de se protéger du courant, Corentin Douguet et ses équipiers prennent un maximum de risques en jouant les rase-cailloux entre le Phare et la côte. Ironie du sort : juste après avoir dépassé le phare, le vent leur fait faux bond. Ils affalent le spi et progressent au ralenti. Ile de la Réunion Ville du Port, 2nd derrière Nantes Saint-Nazaire E. Leclerc, a au contraire opté pour la route classique en laissant le phare à bâbord. Toulon Provence Méditerranée et BAE Systems ont pris la même voie. Les trois bateaux ont immédiatement empanné pour tenter de contourner la molle qui s’abat alors à la sortie du Raz-Blanchard. Le reste de la flotte a ensuite réussi à franchir le Raz à temps avant que le courant ne se transforme en tapis roulant infranchissable.

La route est encore longue. A 14h30, le vent décide de quitter la zone une nouvelle fois. Les équipages, déjà éprouvés par une première nuit à la belle étoile, doivent rester concentrés pour avancer à pas de loup dans la pétole, cap sur les Iles Anglo-Normandes et la cardinale Ouest Desormes où sera effectué un pointage officiel. Ils ont désormais le courant avec eux. De 1,2 nœuds à 16h, il doit se renforcer pour atteindre 2,4 nœuds deux heures plus tard. A 17h00, les bateaux sont à 15 milles de Desormes. Nantes Saint Nazaire E. Leclerc mène toujours la flotte devant un groupe composé de Courrier Dunkerque, TPM et Bretagne Crédit Mutuel Elite, leader du classement général provisoire avant cette course. Ils pourraient arriver à Saint-Quay en début de nuit.

Ils ont dit (à la VHF ce matin) :

Christophe Gaumont, directeur de course :
« les bateaux ont avancé très vite toute la nuit sous spi. Les équipages ont pris des options tactiques très différentes. La flotte a été étalée en latéral jusqu’à 20 milles ! Actuellement (07h00), le vent est tombé et les bateaux avancent essentiellement avec le courant. La flotte devrait se resserrer vers la pointe du Cotentin dans les heures qui viennent. »

Corentin Douguet, skipper de Nantes Saint-Nazaire E.Leclerc :
« ça a très bien commencé pour nous. Mais on a perdu un peu de notre avance à cause des algues. Au coucher du soleil, nous avons dû affaler le spi et faire marche arrière pour les enlever. Là, ça n’avance pas fort, mais le vent devrait augmenter avec la renverse du courant. »

Gabriel Jean-Albert, co-skipper d’Ile de La Réunion-Ville du Port :
« nous avons eu de l’air jusqu’à la fin de la nuit et nous avons bien avancé sous le vent des autres. Maintenant le vent est complètement tombé. Il faudrait qu’il revienne sinon nous allons faire marche-arrière avec la renverse du courant ! Il va falloir rester concentré et garder de l’énergie car les heures à venir vont être difficiles. »

Sébastien Audigane, navigateur sur Martinique Centrale Paris HEC :
« le courant va encore nous pousser sur la route pendant 1h30. Nous espérons pouvoir nous planquer à temps dans les cailloux de Barfleur. Si le vent de revient pas, nous devront mouiller et attendre la prochaine renverse de courant pour passer le Raz-Blanchard. Mais tout peut encore changer ! La situation est compliquée et c’est bien pour ça qu’elle est intéressante ! ».