C’est une Méditerranée conforme à sa légende qui a cueilli les navigateurs de la Barcelona World Race pour le passage à l’an 2011. Petits airs, vents instables, il ne fallait pas musarder sur la route de Gibraltar. Et tous les navigateurs en convenaient à la vacation de midi : ce genre de conditions n’est guère propice au sommeil. Au final, les sept premiers se trouvent groupés en moins de huit milles au classement de 14h30 heure française. Au sein du groupe de tête, seuls Jean Le Cam et Bruno Garcia (Président) avaient joué crânement leur chance à terre. Une option payante puisqu’elle leur permettait de s’emparer de la tête de course à la mi-journée.
Ces premières vingt-quatre heures ont, en tout état de cause, démontré les vertus de l’expérience. Les équipages bizuths du tour du monde affichaient tous des voix fatiguées à la première vacation. L’apprentissage de la gestion du sommeil n’explique pas tout. Bien souvent, ces navigateurs ne disposent pas des machines dernier cri et doivent d’autant plus lutter pour ne pas prendre trop de retard dès les premiers milles. Ryan Breymaier (Neutrogena), tout comme Juan Mederiz (Central Lechera Asturiana), avouait une fatigue d’autant plus légitime que l’émotion d’un premier départ est source d’une grande perte d’énergie.
Les deux jours à venir devraient réserver des conditions fort semblables aux navigateurs : petit temps, ciel couvert, les renversements de situations ne devraient pas manquer jusqu’au passage du rocher de Gibraltar, voire jusqu’à la latitude des Canaries.
Ils ont dit :
Michel Desjoyeaux, Foncia : « Ce début d’année est un peu dur pour les nerfs quand même. La mer est lisse avec quelques petites rides éparses, le ciel est gris avec parfois quelques gouttes, on a cinq nœuds de vent mais guère plus. Depuis le lever du jour, on est à nouveau très proches les uns des autres, il y a cinq ou six bateaux avec nous. Mais ce n’est qu’un tout petit bout du parcours… ça reste aléatoire et ce n’est pas facile de trouver son chemin dans les calmes méditerranéens.»
Juan Merediz, Central Lechera Asturiana : « Nous sommes épuisés. C’est la somme de toute la fatigue accumulée ce dernier mois pendant lequel nous nous sommes battus pour faire face à notre démâtage et être prêts pour le départ. C’était épuisant et aujourd’hui nous le payons. Je ne compte plus le nombre de manœuvres! Les conditions sont très instables avec peu de vent et des oscillations constantes. La visibilité très mauvaise nous empêche de voir les conditions sur l’eau.»
Kito de Pavant, Groupe Bel : « Notre première nuit en mer n’a pas été très facile, pas très simple. Il n’y a pas eu beaucoup de vent, voire pas du tout à certains moments. Comme on était en tête, on est tombé les premiers dans la pétole et du coup toute la flotte est revenue. Il peut se passer plein de choses. C’est assez rigolo. La mer est lisse, ça glisse bien et tout le monde joue sur l‘eau, c’est assez sympa. »
Andy Meiklejohn(NZL),Hugo Boss : « Nous sommes plutôt contents de notre position actuelle. Le reste de la flotte est avec nous, ils se sont positionnés un peu plus tôt, donc nous sommes satisfaits des événements. Toutes les manœuvres doivent se faire à deux, mais je connais le bateau un peu mieux que Wouter (Verbraak, le remplaçant d’Alex Thomson), donc j’ai tendance à tout mettre en place tandis qu’il s’occupe davantage de la météo.»
Classement de 16h
1 Jean le Cam – Bruno Garcia PRESIDENT à 24 420,2 milles de l’arrivée
2 Michel Desjoyeaux – Francois Gabart FONCIA à 1,4 milles
3 Iker Martinez – Xabi Fernandez MAPFRE à 3,4milles
4 Jean Pierre Dick – Loick Peyron VIRBAC-PAPREC à 3,5 milles
5 Kito de Pavant – Sebastien Audigane GROUPE BEL à 5,3 milles
6 Alex Pella – Pepe Ribes ESTRELLA DAMM Sailing Team à 6 milles
7 Dominique Wavre – Michele Paret MIRABAUD à 7,5 milles
8 Dee Caffari – Anna Corbella GAES CENTROS AUDITIVOS à 14,4 milles
9 Jaume Mumbru – Cali Sanmarti WE ARE WATER à 17,3 milles
10 Boris Herrmann – Ryan Breymaier NEUTROGENA à 22,4 milles