Une complicité d´hommes et de marins

Groupe Bel préparation Barcelona World Race
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Pour Kito de Pavant, les Espagnols mettent toujours des moyens adaptés avec leur sens de l’organisation et de la fête. Mais il avoue qu’il manque peut-être un peu de popularité par rapport à l’engouement du public français. Son co-équiper, Sébastien Audigane confirme que tout le monde est bien accueilli et se réjouit de l’internationalisation du sport, « Personne n’est lésé, il y en a pour tout le monde que l’on soit anglais, français, espagnol ou autre d’ailleurs ! »

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Kito avoue une appréhension naturelle, mais a hâte de partir. « Cela me parait très long un mois dans l’inconnu mais le Grand Sud, on s’en imprègne aussi des marins qui l’ont fait avant nous. Je me souviens des premiers Vendée Globe où les gars ne voulaient plus y retourner. Aujourd’hui, les navigateurs se font beaucoup plus plaisir là-bas, c’est un signe. Nous nous sommes adaptés grâce aux progrès en matière de communication ou d’équipement comme les vêtements par exemple ! Ce n’est pas tout à fait la même aventure mais je reste néanmoins impatient d’aller voir.»

Le Grand Sud reste effectivement un voyage exceptionnel. Sébastien Audigane en a déjà fait l’expérience mais avec un équipage : « C’est curieux, quand tu ne l’as jamais fait, tu es dans la légende. Je me souviens d’Olivier de Kersauson qui me demandait « tu as déjà été dans le Sud ? », ces quelques mots étaient lourds de sens. Cela semblait être le lieu de tous les dangers. Comme j’aime naviguer dans la brise au portant et les longues glissades sans fin, ces régions m’attirent. J’y suis allé deux fois et l’entrée dans les mers du Sud m’a marquée. A la perpendiculaire de Bonne Espérance, un matin tu te lèves, tu sais que tu approches du 38ème Sud, et les premiers Albatros apparaissent, la température baisse, ça accélère et c’est parti ! On ne peut pas s’imaginer à quel point le plafond est bas, à quel point tu es minuscule sur l’océan. Le plus dur, c’est le froid. Et dans l’Indien, la mer est démontée. Tu ne peux pas faire ce que tu veux, un vrai chaos ! C’est aussi dangereux dans le bateau que sur le pont mais c’est tellement magique, ce sentiment de liberté absolue… »

A la différence du Vendée Globe avec l’homme seul à bord de son IMOCA 60 pieds et du Trophée Jules Verne où on se trouve avec un équipage sur un multi, il y a quand même une différence lorsque l’on navigue en double. Kito de Pavant : « Ma priorité est d’être en phase tous les deux, que l’on se comprenne à chaque fois que l’on fait un geste. J’ai totalement confiance en Seb. Je sais que lorsqu’il est sur le pont, le bateau est bien réglé ! »

Un avis partagé par Sébastien Audigane : « Entre Kito et moi, c’est à la fois une complicité d’hommes et de marins. En ce moment, c’est particulier, je sens que la pression monte mine de rien. Elle va s’intensifier jusqu’au départ et je n’aime pas trop ça. J’ai l’impression de tourner en rond. Je suis impatient d’être au 31 et en même temps ce n’est pas n’importe quel départ, on en prend pour 90 jours ! Je pense qu’en ce moment, on a tous les deux la même chose dans la tête mais on ne se le dit pas forcément, on se prépare à une longue période de « mi-solitude » en tête à tête. L’une des principales différences, c’est qu’avant un départ, Kito a besoin d’être entouré, de sa famille, de son équipe tandis que moi, je suis plus solitaire. Paradoxalement, je serais plutôt du genre à m’isoler. »