Retour sur la première semaine de mer de Groupama 3

Franck Cammas Groupama 3 février 2010
DR

Groupama 3 s’est élancé dimanche 31 janvier après-midi alors qu’un flux de Nord d’une dizaine de noeuds s’établissait à peine sur Ouessant. Le vent de Nord glacial s’est rapidement renforcé puisque moins d’une heure après leur départ, Franck Cammas et son équipage naviguaient déjà dans vingt noeuds de vent (puis 26/28 nds en début de soirée).

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Le temps est compté pour rejoindre le cap Finisterre puisqu’un anticyclone est prévu sur zone lundi matin. C’est sur un seul bord en bâbord amure que Groupama 3 parvient à sortir du golfe de Gascogne quelques heures seulement avant que le passage ne se ferme derrière son sillage. Un empannage en bordure Sud de l’anticyclone lundi matin permet à Franck Cammas et son équipage de ne pas se faire rattraper par les vents très faibles plus au Nord. Plusieurs empannages sont nécessaires (lundi 1er février) au large de la Galice pour rejoindre des vents restés soutenus plus au Sud. C’est une dépression orageuse présente au Sud-Ouest des Canaries depuis de nombreux jours qui produit ces vents d’Est à Nord-Est soutenus (18/24 nds) sur sa bordure Nord.

En exploitant à la fois les vents portants et le mouvement vers le Nord-Est de cette dépression en phase de comblement, Groupama 3 la contourne par l’Ouest. Puis le trimaran géant quitte ce système à la faveur d’un empannage dans des vents de Nord assez forts (25/30nds) au Sud-Ouest de l’île de Madère (mardi 2 février).

Le flux résiduel de secteur Nord permet à Groupama 3 de doubler rapidement les Canaries en se positionnant pour aborder le troisième système à négocier dans l’Atlantique Nord : une dorsale associée à l’anticyclone situé très au Sud des Açores. Cette dorsale s’étend vers l’Afrique et tend à occuper l’espace laissé libre par la dépression que Groupama 3 vient de contourner. L’objectif est de parvenir à rejoindre les alizés présents sur la bordure Sud de la dorsale. Trois empannages seront nécessaires pour réussir (mercredi 3 février), mais l’équipage est largement récompensé des nombreux efforts consentis jusque-là : les alizés assez timides au début se renforcent lentement pour atteindre 17/19nds et permettre au trimaran géant d’atteindre des vitesses moyennes fréquemment au-dessus de 30 noeuds.

La direction des alizés permet à Franck Cammas et son équipage de doubler l’archipel des îles du Cap-Vert (jeudi 4 février) très rapidement et de se positionner ainsi pour aborder (vendredi 5 février) la dernière difficulté de l’Atlantique Nord : la zone de convergence intertropicale. Le Pot au noir fidèle a sa réputation a été capricieux. En effet alors que jusqu’à vendredi après-midi les conditions plutôt clémentes permettaient d’envisager une traversée de cette zone délicate plutôt simple et rapide, il n’en fut rien. Franck Cammas et son équipage entrent dans le Pot au noir vers 4 degrés de longitude Nord où ils subissent leur premier grain. Après deux petites averses et une zone de calmes rapidement (30 minutes) évacuée, les prémices des alizés de Sud-Est se font sentir. Groupama 3 reprend alors de la vitesse et semble tiré d’affaire. Mais la zone de convergence intertropicale qu’il vient de franchir se désorganise puis s’organise à nouveau plus au Sud. Il faudra donc recommencer le franchissement mais cette fois avec des grains beaucoup plus actifs. La sortie ne sera effective que samedi 6 au matin au niveau de l’équateur après un peu plus de 5j et 19 h de mer depuis le départ.

Un long bord vers le Brésil commence alors (dimanche 7 février) et les vitesses varient entre 20 et 30nds au gré des fluctuations des alizés de Sud-Est (12 et 19nds) et de la traversée de plusieurs lignes de grains. Ce bord débute au près au niveau de l’équateur, puis le vent revient lentement à partir de la latitude de Recife pour s’établir Est puis Nord-Est (lundi 8 février) en allant vers le Sud. Le bord s’est prolongé donc au portant le long des côtes brésiliennes dans des vents mollissants.