« C’est incroyable, je pense qu’on n’a jamais vu ça sur La Solitaire du Figaro : le vent a refusé et est tombé, mais il y en a davantage dans l’Ouest. Ceux qui étaient derrière et dans l’ouest vont plus vite et sont donc probablement en train de faire un joli coup. Je pense que le classement peut exploser. Et si les leaders ne s’en sont peut-être pas encore rendu compte, si ça continue, ça peut faire très mal. » Jacques Caraës, directeur de course, annonce la couleur à 4h30 ce matin : les 50 derniers milles vers Dieppe vont être insoutenables. Pour résumer : rien ne va plus mais les jeux sont loin, très loin d’être faits ! Les attaques fusent et il n’y a plus aucune certitude… rien que des doutes au menu.
Diabolique
En bordure d’une petite cellule anticyclonique, le vent est en effet complètement tombé vers 3h cette nuit, au beau milieu de la Manche. Les vitesses des bateaux ont chuté de manière vertigineuse : le groupe de tête par exemple n’avance plus qu’à 2 noeuds de moyenne. Surtout, certains ont déjà viré pour se décaler dans l’ouest… et ils vont au moins un nœud plus vite comme Laurent Pellecuer (Arnolfini.fr), Corentin Douguet (E.Leclerc Mobile) ou encore Eric Drouglazet (Luisina), entre autres. De plus ceux-là, à l’inverse du groupe de tête – toujours composé dans l’ordre de Frédéric Duthil (Bbox Bouygues Telecom), Charles Caudrelier Benac (Bostik 2e à 0,8 mille), Michel Desjoyeaux (Foncia, 3e à 1,3 milles), Yann Eliès (Generali, 4e à 1,5 milles) et Nicolas Lunven (CGPI, 5e à 2,3 milles) – espéraient éviter d’avoir à virer pour parer le DST, le rail des cargos qui est marque de parcours. « On n’est pas loin de remettre les compteurs à zéro et de refaire comme un nouveau départ pour les 50 derniers milles vers Dieppe », estime encore Jacques Caraës…
Si dehors c’est la pétole au milieu du trafic des cargos, sous les crânes des marins, c’est donc une violente tempête qui commence à s’agiter. « Pour l’instant, on ne passe pas le DST », juge très directement Michel Desjoyeaux, « il va peut être y avoir des bords à tirer pour aller vers Dieppe et ça risque de semer la zizanie dans le bazar ; ça va être drôle… »
Bien malin dans ces conditions qui pourra donner le podium de cette dernière manche et a fortiori le classement général final de cette 40e édition d’une Solitaire décidément diabolique. L’adjectif « drôle » employé par Michel Desjoyeaux risque fort de ne pas être partagé par tous… Il faudra en tous cas surveiller de très près l’évolution des pointages ce matin et bien plus encore les trajectoires des bateaux. Les premières arrivées sont plutôt prévues en tout début d’après-midi, mais là encore, prudence… il est urgent d’attendre. Une seule chose est certaine : tout va se jouer dans cette dernière matinée de course. Cardiaques s’abstenir.
Incroyable suspense pour le final de la Solitaire
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