Le vent ne devrait pas cesser de basculer vers l’ouest, c’est donc parti pour une grande course de vitesse en direction du Fastnet. A la vacation du matin, les concurrents se réjouissaient tous de ne pas avoir rencontré de vraies zones de calme aux abords de l’anticyclone. Cela dit, le vent reste très instable en force et en direction, comme en témoignent les caps et les vitesses très disparates des bateaux.
S’il n’y a pas de grande stratégie à l’horizon après ce virement de la nuit, il faut donc continuer à veiller sur le pont pour adapter en permanence la route ou les réglages. Or, la fatigue se fait sentir pour quelques-uns des solitaires qui luttent depuis le départ pour revenir au contact des leaders. Mais avec un vent qui varie entre 5 et 9 nœuds et qui fait tourner les girouettes, ce n’est pas le moment de faiblir ! Heureusement, la nuit a été claire, l’obscurité adoucie par la lune et les étoiles… des conditions idéales pour traverser les deux rails de cargo à l’entrée de la Manche.
Côté classement, cette deuxième nuit en mer a un peu redistribué les cartes. Les écarts semblent s’être passablement creusés mais ils doivent être pondérés par l’écart latéral important qui sépare les concurrents les plus au vent (Laurent Pellecuer sur Arnolfini.fr notamment), de ceux qui ont déclenché leur virement plus tôt. Ces derniers se retrouvent ce matin sous le vent de la flotte et sont très bien servis au classement : Armel Tripon (Gedimat), Frédéric Duthil (Bbox Bouygues Telecom), Antoine Koch (Sopra Group) et Yann Eliès (Generali) sont dans l’ordre les nouveaux poursuivants direct de Charles Caudrelier Benac. Le skipper de Bostik, qui flirte avec la tête de course depuis le lancement de cette 40e Solitaire, avait pris une bonne résolution avant le départ de cette 3e étape : être agressif de bout en bout. Et gagner. En pointe, au milieu du peloton, Charles est-il en train de mettre son plan à exécution ?
C.El
Les échos de la mer
Frédéric Duthil (Bbox Bouygues Telecom, 3e au pointage de 4h30) : « C’est la pagaille côté direction et intensité du vent. Ce n’est pas facile de savoir où on en est. Il faut faire avancer le bateau dans la bonne direction ! J’ai fait des mauvais choix au début de l’étape, tout s’est enchaîné mais hier après-midi, je me suis bien refait la cerise. »
Gildas Morvan (Cercle Vert, 19e) : « Le vent a basculé à l’ouest, et nous avons eu la chance de ne pas avoir eu trop de pétole. Je n’étais pas bien parti de Saint Gilles mais après Cap Caval, j’ai réussi à revenir dans le paquet, donc je suis content. J’ai dormi hier dans la journée, mais là je vais attendre que le vent soit plus régulier et plus fort pour aller faire une sieste. Désormais cela va être une course de vitesse jusqu’ à Dingle. Il y aura sûrement plus de jeu à l’approche des côtes. »
Eric Drouglazet (Luisina, 27e): « Je profite du vent frais pour dormir un peu. Il y a des bateaux un peu partout, et on se bataille pour être dans le nord-ouest le plus vite possible. Depuis La Sablaire, j’essaye de recoller au paquet. Il y a encore de la route, la dernière fois que je suis venu à Dingle, je suis rentré 22e dans la baie et j’ai fini 2e de l’étape à 10 secondes du premier, donc rien est fait. On fait marcher, je suis bien reposé, on s’alimente et on s’accroche… »
Aymeric Belloir (Cap 56, 35e) : « Un moment clé de la course est en train de se jouer donc il faut être dessus pour se rattraper. Il ne faut pas fermer l’œil. Il n’y a pas beaucoup de créneau pour se reposer, j’ai dormi avant de virer de bord, mais globalement je me sens bien. En ce moment, c’est le pilote qui barre, j’enchaîne les réglages. A priori, la dorsale se rétracte dans les prochaines 24h, je dois donc repartir au plus proche de la route directe. C’est sympa d’avoir des lumières autour de soi et d’évoluer en flotte. Cela veut dire qu’il n’y pas encore trop d’écart. Côté ciel, c’est un peu nébuleux, mais nous avons eu de beaux levés et couchés du soleil. »