Course au Large était partenaire média de la 8è Edition du Yacht Racing Forum qui s’est tenu à Malte rassemblant 280 personnes pour deux jours de débat et de discussion intense autour de l’avenir de la voile sportive. C’était l’occasion également de partager des idées sur les nouveaux développements en matière de conception, de matériaux et de technologie, mais aussi de débattre des risques et des implications pour la sécurité ; un domaine où le Yacht Racing Forum joue un rôle de pionnier.
Parmi les moments forts, la conférence Risk Management & Safety où le navigateur Wouter Verbraak est venu témoigner sur son spectaculaire accident lors de la dernière Volvo Ocean Race où son bateau Team Vestas Wind s’était échoué sur un récif dans l’océan Indien. Il a utilisé la scène pour attirer l’attention sur les limites des cartes électroniques et papier. «Les cartes en papier ne servent à rien pour un MOD70 lorsque vous faites 35 noeuds dans les Caraïbes», a-t-il déclaré.
Apprendre des accidents est une chose, mais anticiper c’est encore mieux. C’était le thème développé par Mike Gascoyne, directeur technique de nombreuses équipes de Formule 1. «Il faut concevoir pour l’inattendu,» dit-il. “C’est ce que nous faisons en Formule 1 et c’est ce qui devrait arriver dans la conception des bateaux. Une action préventive qui appelait également un autre débat sur la déjudiciarisation des accidents.
L’autre sujet évoqué durant ce forum touchait à l’environnement. Un thème présenté pour la première fois par le Forum en 2011. Susie Thomson de l’équipe Anglaise Land Rover Bar est venue expliquer la démarche de l’équipe pour minimiser les déchets de fibre de carbone. « Nous avons essayé de savoir ce qu’il faut faire avec les bateaux de course et les bateaux d’essai à leur fin de vie. Environ 40% des déchets de fibre de carbone sont dans le processus de fabrication. Nous avons donc pris le déchet composite et l’avons fait transformer en une lampe géante. La fibre de carbone est un matériau qui peut être utilisé de façon beaucoup plus créative. En tant que sport, la voile est au sommet de la construction en matériau composite, et nous pouvons faire du recyclage intelligent. »
Après une tentative d’appel à Alex Thomson en course sur le Vendée Globe mais qui n’a pas tenue, c’est Andy Hunt, le CEO du World Sailing qui est intervenu pour annoncer différents axes de réflexion que mène l’organisation actuellement sur le plan commercial et qu’elle souhaite développer à l’ensemble du sport. Mark Turner, le directeur de la Volvo Ocean Race est ensuite intervenu en faisant le buzz pour choisir le prochain bateau de la Volvo et en faisant voter le public sur un bateau monocoque ou multicoque, monotype ou pas. La réponse ne l’aura pas aidée puisqu’à chaque fois le public ne s’est pas départagé. Turner a profité de l’occasion pour parler d’une course au large pour le JO. Une idée qui est actuellement sur la table pour répondre aux questions posées par le CIO. “Le potentiel d’une classe offshore dans les Jeux Olympiques aiderait beaucoup la voile mondiale. » Pour illustrer son propos, il a montré une pyramide de la course au large en France qui permet de progresser naturellement de la mini transat au Vendée Globe. Ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays. « Ce serait intéressant de combler cette lacune. Les Jeux Olympiques nous forcent à innover et nous devrions y répondre en profitant de cette occasion qui s’offrent à nous ».
Le débat s’est ensuite animé avec Ed Baird “De mon point de vue en tant que compétiteur, je veux être récompensé pour ma performance globale, mais pas sur une période de 20 minutes “, at-il dit, en référence à la medal race. « Quand je regarde les Jeux Olympiques, cela me rend fou de compter voir les scores et de voir que tout se joue dans la dernière course. Les golfeurs n’accepteraient jamais cela dans leur sport. Nous ne devons pas nous faire influencer de l’extérieur. »
Le Symposium Design & Technology a mis l’accent sur les dernières innovations, y compris le défilage, l’intégration de matériaux composites dans le processus de conception, les développements dans les superyachts et les innovations dans la conception et la construction de voiles. Juan Kouyoumdjian a fait un retour bienvenu au Symposium après quelques années d’absence, pour partager ses idées sur l’avenir des grandes courses comme la création éventuelle d’une classe Super Maxi. Son discours faisait partie d’une longue discussion sur ce qui est devenu une classe follement populaire de superyachts, avec 170 bateaux concurrençant maintenant dans le monde entier avec des certificats de course de superyacht.
La prochaine édition du Yacht Racing Forum aura lieu à Aarhus au Danemark en novembre 2017.