Thierry Chabagny brille devant

Thierry Chabagny (Gedimat) lors de la 3eme etape de la Solitaire Bompard Le Figaro entre Paimpol et La Rochelle - le 03/07/2016 ~@ Alexis Courcoux

Troisième étape de la Solitaire et on retrouve les mêmes en tête de la flotte dans un ordre différent. Thierry Chabagny voulait briller sur cette étape. C’est chose faite. Il est le premier au passage de Ouessant depuis les roches de Portsall suivi par les skippers Macif, Charlie Dalin et Yoann Richomme, Nicolas Lunven, Erwan Tabarly et Gildas Morvan. Vrai passage à niveau, Ouessant a vu s’étirer la flotte restée compacte jusqu’à maintenant. Les retardataires ont du lutter contre le courant dans un vent très faible. Résultat, une dizaine de bateaux ont été stoppés dans l’immédiat Sud de l’île et quatre concurrents renvoyés en Manche. Théophile Moussion (Théo en Figaro) pointait ainsi à 31 milles du leader Thierry Chabagny. Le skipper de Gedimat a de son côté accru son avance sur le paquet de leaders, avec près de 2 milles sur les deux skippers Macif qui naviguent à touche-touche.

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Dans les 15 premiers au général, il y a aussi des batailles féroces où il est difficile de faire ses propres choix au risque d’être sanctionnés. Une différence de niveau entre les premiers et les suivants. Il y a pourtant de blles courses, de belles remontées que l’on ne voit pas. Des courses dans la course et les bonnes performances de certains comme Benjamin Dutreux (Team Vendée 13è), Martin Le Pape (12è BELLOCQ PAYSAGES), Sébastien Simon  (11e BRETAGNE – CMB PERFORMANCE)

Il y avait bel et bien une heure d’écart déjà entre le 1er et le 20ème à la fin de la première manche de cette troisième étape. Des écarts qui se sont tout spécialement creusés en fin de nuit. Lorsque certains relâchaient leur attention et piquaient peut-être du nez, les poids lourds de cette 47ème Solitaire Bompard Le Figaro naviguaient en rythme parfait, jonglant entre la renverse du côté de l’Aber Wrac’h et la bascule à droite qui a fini par arriver au lever du jour.  Résultat : Les six premiers à Ouessant n’étaient autres ce midi que les six premiers au général provisoire ! Et ils se tiennent en un mille tout rond ! Autant dire que la bagarre ne fait que commencer

Ténors intraitables

La hiérarchie est donc respectée, ce qui n’était pas le cas au départ et jusqu’à l’île de Batz en début de nuit. On pouvait notamment craindre pour Charlie Dalin (Skipper Macif 2015) à la traîne du côté de Bréhat, mais c’était mal connaître la maîtrise du louvoyage et l’insolente vitesse au près du Normand. « J’ai tiré les bons bords du côté de Batz et bien négocié les petites bascules avant d’arriver à terre. Le reste c’est la vitesse. Au près, j’avance bien ! »
Parmi les bons coups de la nuit, à noter aussi la bonne remontée de Sébastien Simon (Bretagne CMB Performance) et surtout de Benjamin Dutreux (Team Vendée) qui pointait à la 7ème place à 11 heures, juste derrière Corentin Douguet (Sofinther – Un Maillot pour la Vie). Côté bizuths, Justine Mettraux (TeamWork), brulait la politesse aux deux leaders au général provisoire, Will Harris (Artemis 77) et Pierre Quiroga (Skipper Espoir CEM) qui malgré pas mal de soucis techniques à bord tenait la cadence.

Avec la franche bascule du vent à droite ce matin, les spis étaient de sortie avant même d’avoir fini de contourner Ouessant. Tous en file indienne dans la grande veine de courant descendant, les solitaires ont du sérieusement douter de l’option de Gildas Morvan (Cercle Vert), en retard sur la tête de flotte et seul à raser l’île et ses écueils. Une heure plus tard, force était de constater que le Géant Vert avait vu juste ! 14ème au pointage de  11 heures, Cercle Vert remontait à la sixième place sur ce coup, assez osé il faut le dire. Car sur le papier, si la route était certes plus courte, le courant y était moins favorable et surtout la renverse plus prompte à venir. La preuve que la tactique n’est pas une science exacte, et heureusement pour la beauté de la course !

Soleil et sommeil réparateurs

Encore soutenu au Nord de l’île, le vent a rapidement baissé en début d’après-midi. La 47ème Solitaire Bompard Le Figaro se montre maintenant sous un visage inédit : soleil, hautes pressions, mer émeraude, un vrai temps estival !  Dans ces conditions, les clefs à molettes sont de sortie pour détendre les haubans et redresser le mât, banané toute la nuit. Et surtout, les chapeaux remplacent les bonnets et les cirés sont mis à sécher sur le pont.
Une dizaine de nœuds seulement accompagne maintenant les solitaires, avec quand même un fond de houle croisée bien peu propice à stabiliser les spis et laisser la barre au pilote. On aurait pu croire que ce bord obligatoire jusqu’à l’Occidentale de Sein aurait été propice au sommeil, il faudra sans doute attendre la baie d’Audierne…

Les skippers n’avouaient ce matin que quelques petites tranches de sommeil voire une nuit blanche et il va bien falloir emmagasiner un peu de repos avant la dorsale qui attend la course demain, quelque part au milieu de la côte Atlantique jusqu’à BXA. Il reste plus de 250 milles à courir vers la bouée BXA et l’heure de vérité de cette troisième étape n’a pas encore sonné.

Ils ont dit en mer :

Benjamin Dutreux (Team Vendée) : « Le vent est de 20 nœuds, il y a quelques rayons de soleil entre les nuages, des vagues croisées. C’est difficile de passer, le bateau tape. On arrive dans à peu près deux heures à Ouessant. Cette nuit je me suis reposé un peu, j’ai quand même été pas mal sur le pont, mais dès que je pouvais je me reposais. Après ma plongée, j’ai perdu pas mal d’énergie. J’avais quelque chose de coincé et j’ai du plonger. Je me suis amarré à une bouée de chenal pour pouvoir plonger pour aller décoincer quelque chose dans l’hélice. Ensuite, ça a refusé un peu pour moi, du coup j’ai préféré virer pour aller le plus près possible de la route afin d’avoir deux options qui s’offrent à moi en fonction. Je préfère rester pas trop loin de la route et voir avec les oscillations ce que je peux faire. J’ai pris un peu plus large que tout le monde, je ne suis pas aussi à l’aise que Gildas Morvan dans les cailloux. Je ne suis pas trop content parce que j’étais bien revenu mais j’étais cramé et j’ai fait deux trois bords à l’anglaise. Tant pis c’est comme ça ».

Arthur Prat (Les Perles de Saint-Barth) : « J’ai été un peu contraint de faire cette option parce que j’ai eu un souci avec ma guillotine. J’ai un peu hésité à aller jouer dans les cailloux sachant qu’il fallait enchaîner les virements. Je me suis dit que c’était mieux pour moi de partir au large. Le problème n’est pas vraiment solutionné mais j’espère pouvoir le régler. Pour le moment j’arrive à avoir mon ballast rempli au vent mais à chaque virement c’est compliqué. J’ai entre 15 et 20 nœuds avec une mer qui remue pas mal. On se rapproche de l’île de Ouessant et il va falloir bien gérer avec la renverse de courant. J’ai pu me reposer parce que j’ai fait un long bord, j’ai pu faire plusieurs siestes, c’est plutôt pas mal pour la suite des évènements ».  

Xavier Macaire (Chemins d’Océans) : « On est entrain de contourner l’ile de Ouessant, 18 à 20 nœuds de vent, une mer assez démontée et le courant nous ralenti. Le premier bateau vient de passer de 8 nœuds à 6 nœuds et là, ça y est, je suis contre le courant. Il y a toujours du match, je suis dans les dixièmes. J’aimerais bien encore jouer aux avant-postes, ce sont un peu toujours les mêmes qui sont devant. J’aimerais bien aller jouer avec eux dans la journée, dans la nuit ou demain. Pour la dorsale, je n’ai pas encore vraiment évalué la situation. Là, je suis juste entrain de gérer le passage de Ouessant qui est un peu délicat. Une fois que ce sera fait, j’aurais un peu plus de temps pour réfléchir à la suite. J’ai dormi deux trois fois un quart d’heure depuis le début de la course. Ce n’est pas beaucoup mais c’est déjà ça de pris ».