C’est la dernière épreuve du Championnat de France Elite de Course au Large en Solitaire qui partira ce 27 août à 14h.
Une porte au Portugal
Sur les pontons de Tréboul, les coureurs sont quasiment tous prêts et focalisent toute leur attention sur les routages météo et les pièges qu’il faudra éviter dans la traversée du golfe de Gascogne puis le long des côtes du Portugal, compte tenu de la porte supplémentaire ajoutée par la direction de course. 40°N 12°W, c’est la position du point le plus occidental de la porte orientée est – ouest à près de 150 milles dans l’ouest du Portugal, à mi-route entre Porto et Lisbonne. Large de deux de milles, elle sera le point ultime de la décision de la direction de course de laisser la flotte filer librement vers Horta ou d’imposer un nouveau way-point si la dépression Gaston menaçait encore d’impacter la flotte. Avertis par un avenant officiel, les coureurs ont été conviés à un briefing d’information pour faire un dernier point sur la situation météorologique et ses conséquences en terme d’organisation et de dispositif de pointage à la porte du Portugal.
Au-delà de cette porte, c’est encore la bouteille à l’encre. La situation météorologique, pour les quelque 800 milles qui resteront à parcourir, reste très dépendante de la trajectoire de la tempête tropicale Gaston. Tous les scénarios sont encore possibles depuis la rencontre d’une zone de vents très forts sur l’archipel des Açores, jusqu’à un comblement rapide de la dépression. A priori, la flotte devrait atteindre la porte portugaise trois à quatre jours après le départ, ce qui donne une marge supplémentaire pour analyser la dangerosité éventuelle du phénomène. Au pire, un classement intermédiaire sera établi à cette porte, ce qui permettra de valider la première course aller, quelques soient les circonstances ultérieures.
Dans les têtes, des sentiments contradictoires se bousculent : d’un côté, les coureurs font confiance au processus de décision de la direction de course qui devrait permettre d’associer sport et sécurité. De l’autre, il est difficile d’empêcher une inquiétude diffuse de sourdre quant il s’agit d’aller se coltiner avec un phénomène brutal dont les trajectoires ne sont pas toujours d’une lisibilité limpide. Vieux routiers du large ou bizuths, au-delà d’une certaine limite, c’est toujours la mer qui corrige les devoirs.
Bouée spectacle
Avant de prendre le large, les concurrents auront à boucler un petit parcours côtier en baie de Douarnenez avec notamment la bouée spectacle « Valdys Resort » mouillée face à la plage des Sables Blancs. Ensuite, il ne leur restera qu’à doubler la tourelle de La Plate dans le raz de Sein avant le grand large. Enfin seuls…
Informations pratiques
Départ de la Douarnenez – Horta Solo à 14h (TU+2)
Les bateaux doivent être en configuration de course avec skipper à bord à partir de 11h30
Départ des bateaux du ponton de Tréboul à partir de 12h15
Ils ont dit
Nicolas Lunven (Generali) : « D’installer cette porte, c’est une décision raisonnable. D’autant plus que ce détour ne devrait pas nous rallonger beaucoup la route en temps. Jusqu’ici les routages sont à peu près clairs jusqu’au large du Portugal. Ensuite, c’est vraiment trop tôt pour savoir ce qu’il sera judicieux de faire. C’est bien, le jeu reste ouvert. »
Pierre Quiroga ( Skipper CEM) : « Pour nous qui sommes des bizuths du large, c’est toujours un peu stressant de voir une dépression comme celle-là sur notre route. Ça ne donne vraiment pas envie de s’y coltiner. Personnellement, mois il y aura de vent, mieux ce sera pour moi. Et puis descendre presque à la latitude de Lisbonne, pour un Méditerranéen comme moi, c’est bien. C’est la garantie d’avoir du soleil ! »
Le plateau
Pour la moitié des coureurs, ce sera une première. Ils vont découvrir les pièges de la navigation à l’abord de l’archipel des Açores, la spécificité de ce parcours aux conditions souvent changeantes. Savoir bien négocier les transitions sur une étape au large sera une des clés du succès. Parmi ces néophytes ont trouve l’actuel leader du classement général des bizuths, Pierre Quiroga (Skipper Espoir CEM), Sophie Faguet (Région Normandie) ou Théo Moussion (#theoenfigaro) pour qui ce sera aussi la découverte du grand large en course en solitaire. Pour tous ces navigateurs, il va falloir découvrir un autre rythme de course, essayer de planifier une stratégie sur quelques jours, savoir doser ses options entre audace et sagesse. La récompense, ce sera l’arrivée sur les Açores, la découverte des îles volcaniques, d’une faune foisonnante avant l’accueil exceptionnel des gens de Horta.
Ceux pour qui les Açores seront une première :
Aymeric Decroocq (Bretagne Crédit Mutuel Espoir) – Corentin Douguet (Sofinther – Un Maillot pour la Vie) – Sophie Faguet (Région Normandie) – Arnaud Godart-Philippe (Faun Environnement) – Martin Le Pape (Bellocq Paysages) – Nicolas Lunven (Generali) – Théo Moussion (#THEOENFIGARO) – Pierre Quiroga (Skipper Espoir CEM)
Les récidivistes : en Figaro ou en Mini
Ils ont déjà pu apprécier l’escale açorienne, les levers de soleil sur le Pico, plus haut sommet du Portugal, les incursions chez Peter Café Sport. Ils connaissent les pièges de l’atterrage sur l’archipel quand il faut garder toute sa lucidité pour éviter les dévents des îles. Certains ont découvert le parcours sur Les Sables – Les Açores – Les Sables en Mini 6,50. C’est le cas de Damien Cloarec (Saferail), Tanguy Le Turquais (Lizmer Capitole Finance) ou bien encore Justine Mettraux (Network). D’autres ont pu participer à la première édition de la course la Lorient Horta Solo, tels Anthony Marchand (Ovimpex Secours Populaire), Gildas Morvan (Cercle Vert), Yoann Richomme (Skipper MACIF 2014) ou Sébastien Simon (Bretagne Crédit Mutuel Performance). Enfin, ils sont deux à avoir découvert le parcours en Mini, puis confirmé sur le circuit Figaro, Charlie Dalin (Skipper MACIF 2015) et Xavier Macaire (Chemins d’Océans).
Alexis Loison, actuel 4e du Championnat de France Elite de Course au Large en Solitaire a été contraint de déclarer forfait sur avis médical et Benjamin Augereau qui, lors de son convoyage, est entré en collision avec un bateau de pêche dans le raz de Sein, a endommagé gravement son voilier. Enfin, on notera l’absence du contingent des coureurs britanniques qui s’illustraient dans le circuit depuis quelques années, avant que leur sponsor titre ne décide de mettre la clé sous la porte brutalement, à l’issue de la Solitaire Eric Bompard Le Figaro. Ce sont donc six ou sept coureurs qui auraient pu compléter un plateau déjà bien garni.