Une remontée difficile

@idec

La remontée vers l’Equateur s’annonce compliquée pour les deux trimarans. Yann Guichard s’est préparé mentalement à perdre toute son avance après son passage du Cap Horn. Elle est encore de 250 milles mais Banque Populaire remonte vite à plus de 30 noeuds sur une trajectoire presque rectiligne.

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Du côté d’IDEC, l’équipe a pris un sérieux coup au moral en restant bloquée devant le Cap Horn et en concédant plus de trois heures de retard. Cela ne représente pas grand chose en milles mais la pression de Banque Populaire va s’accentuer.

Côté stratégique et compte tenu de leur position, les choix tactiques sont dors et déjà différents entre les deux trimarans qui n’évoluent plus dans les mêmes systèmes. Spindrift est parti pour longer les côtes de l’Argentine et IDEC devrait plutôt passer au large proche de la route directe mais en devant faire face à des zones sans vent.

Les prochains jours s’annoncent difficiles pour les deux trimarans. A hauteur du Brésil et du Cap Frio, il sera temps de regarder un peu plus loin pour voir si le Record peut être battu.

L’analyse stratégique pour Spindrift
Depuis que Spindrift 2 a franchi le troisième cap mythique de son tour du monde, les vents sont particulièrement instables en force et en direction. La situation météorologique sur l’Atlantique Sud est en effet complexe et volage : le trimaran noir et or va devoir s’adapter en permanence à des changements de rythme au moins jusqu’au cap Frio, à la hauteur de Rio de Janeiro…

Il va falloir broder ! Point de croix, point de bouclette, point d’œillet, point d’épine, point de feston, point avant, point de chaînette… Car après avoir débordé le cap Horn mardi à 9h 09’ (heure française), Yann Guichard, Dona Bertarelli et leurs douze équipiers ont certes pu souffler un peu et profiter de la beauté sauvage de la Terre de Feu, mais ont dû remettre sur le métier l’ouvrage. D’abord pour embouquer le détroit de Le Maire avec ses forts courants et ses petites brises contraires qui ont imposé plusieurs virements de bord pour laisser sur tribord l’île des États afin de retrouver un océan Atlantique ouvert.

Du travail sur le pont

Car une grosse cellule sans beaucoup de vent s’est installée sur la pointe de l’Amérique du Sud en se scindant en plusieurs bulles qui se propagent aléatoirement comme une eau gazeuse… Ainsi au large de l’archipel des Malouines (Falkland) paré ce mercredi matin, Spindrift 2 alterne les accélérations à plus de vingt nœuds et les coups de frein à dix nœuds ! L’objectif du jour est d’attraper un front en déliquescence au Nord de ces îles australes pour accrocher ensuite une dépression argentine au large du golfe de San Jorge : cette journée de mercredi s’annonce donc animée sur le pont pour avaler le plus vite possible ces 200 milles qui permettront ensuite de retrouver des moyennes plus conformes au potentiel du trimaran noir et or…

Mais si la veille de Noël devrait permettre à l’équipage d’aligner une bonne journée sur la route directe vers l’équateur, la suite semble plus obscure : de petites dépressions sans gradient et peu actives vont s’incruster sur la trajectoire de Spindrift 2 au large de Mar del Plata et de Porto Alegre. Il est donc très difficile de se projeter sur les trois jours à venir car Yann Guichard, Dona Bertarelli et leur équipage vont devoir tricoter entre ces systèmes météorologiques peu marqués, donc difficiles à cerner, passer d’un flux portant à une légère brise contraire, zigzaguer entre les zones de calmes, éviter les fronts orageux… Et ce jusqu’au Cabo Frio, à la latitude de Rio de Janerio, soit à un peu plus de 1 500 milles.

De fait, une grande partie de l’avance accumulée au cap Horn en temps (18h 11’) et en distance (530 milles) va progressivement fondre jusqu’au soleil des tropiques… C’est la capacité à profiter de chaque souffle d’air, à changer de cap selon les bulles, à rester concentré, à observer les contrastes nuageux qui va déterminer l’importance de l’hémorragie de milles jusqu’à agripper les alizés de l’anticyclone de Sainte-Hélène. L’équipage de Spindrift 2 anticipe qu’il va perdre du terrain ces deux prochains jours, mais n’en sait pas encore la valeur intrinsèque. Cela n’entame en rien les chances de battre le record du Trophée Jules Verne, mais ce réveillon de Noël s’annonce comme le plus sollicitant nerveusement pour les quatorze équipiers du trimaran noir et or.

Distances parcourues en 24h : depuis son départ de Ouessant le 22 novembre, Spindrift 2 a rarement aligné moins de 300 milles quotidiens, et paradoxalement c’est dans l’océan Pacifique qu’il a été le plus ralenti !​

Avance-retard sur le temps de référence : pour la première fois depuis la création du Trophée Jules Verne en 1993, un prétendant au record alterne depuis son départ jusqu’au cap Horn avances et retards au gré de conditions météorologiques très variées dans les mers du Sud.

 

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