Une journée très bizarre

Telephonica Blue
DR

Cette nuit les mails envoyés des participants à la Volvo Ocean Race révèlent des avis très contrastés mais une chose est certaine, cette transat n’est pas tout à fait conforme à l’image que l’on fait de l’Atlantique Nord car pour le moment les équipages naviguent plutôt au près et les tempêtes associées avec les dépressions sont encore loin de leurs préoccupations.
Au milieu de la nuit, Telefonica Black, en tête de la flotte de la Volvo Ocean Race a contourné la pointe sud-ouest de la zone d’exclusion mise en place pour éloigner les bateaux de la glace. A trois heures du matin, Roger Nilson, navigateur sur le bateau noir a envoyé un mail parlant des conditions rencontrées pendant cette navigation au sud de la zone. "On se retrouve régulièrement enveloppé dans un brouillard qui nous entoure comme une couverture froide et le vent de sud-est est très instable. On serre le vent tribord amures sur une trajectoire vers l’est à la limite sud de la zone de glace. D’un coup nous avons retrouvé les effets du Gulf Stream, avec un courant de deux noeuds nous entraînant vers l’est et l’eau est montée à 16 degrés. Pendant deux heures c’était l’été avec un ciel dégagé et une chaleur sous l’effet d’un vent de sud qui réchauffait nos visages gelés. Et puis rapidement nous voilà de retour sous le brouillard et la température de l’eau chute à 10 degrés. Une journée très bizarre car on a l’impression d’avoir basculé de l’été en hiver et de l’hiver en été à cinq ou six reprises. Le moindre bord vers le sud et le brouillard se dissipe et le vent tourne à droite… un bord vers le nord et le brouillard givrant est de retour avec un vent qui bascule à gauche."

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A l’arrière de la flotte l’équipage sur Ericsson 3 a d’autres soucis que la température,  Gustav Morin: "Nous vivons des moments de frustration sur Ericsson 3. Nous ne pouvons pas oublier que nous étions en tête et puis une collision avec un cétacé a fait que tout bascule pour nous. Nous avons perdu trois places à la porte à points et encore plus depuis. Hier nous avons effectué notre premier virement de bord depuis l’incident. Nous avons soulevé la dérive bâbord pour l’examiner et avons découvert qu’elle est très endommagée. Cela a dû nous ralentir énormément. Heureusement, nous avons une dérive de secours à bord – une décision du dernier moment –et il a fallu une heure pour la changer. Il y a des dégâts aussi sur le bord du bulbe qui ne sont peut-être pas très importants mais nous aident certainement pas non plus. Le temps nous déprime car il fait un brouillard épais et le ciel est tout gris. Nous sommes actuellement dans la zone où le Titanic a coulé lors de son premier voyage de Southampton à New York. Le temps calme par ici me surprend car je m’étais préparé à une transat agitée. Nous avons perdu de nouveau du terrain à tout le monde et notre navigateur, Aksel Magdahl, n’est pas très content! Ce qui me déprime c’est qu’il nous a dit que cela n’a pas l’air terrible pour nous. J’espère que c’est parce qu’il était fatigué et grognon seulement…"

Classement de 9h (heure française)
Telefonica Black à 1680 milles de l’arrivée
Ericsson 4 à 6 milles
Delta Lloyd à 16 milles
Telefonica Blue à 17 milles
PUMA à 19 milles
Green Dragon à 34 milles
Ericsson 3 à 44 milles