Un train d’enfer! Une nuit géniale, surtout maintenant que le vent s’est calmé! Nous n’étions jamais allé aussi vite, 25, 27, 30 noeuds. Ce rythme correspond à celui de multicoques. Malheureusement (bien que l’on apprécie le repos) le vent n’a pas tenu assez longtemps car nous étions bien au dessus du rythme de record des 24 heures. Les heures passées à la barre furent superbes, une sensation d’avaler les milles. La vie était moins rose pour les régleurs et wincheurs, en permanence sous l’eau et devant se cramponner pour ne pas se faire éjecter. Nous sommes à la latitude du Cap Horn et bien que n’ayant pas vue de glace la température de l’eau n’est pas des plus agréables. Nous n’avons plus rien de sec, les cires sont autant trempées à l’intérieur qu’à l’extérieur, nous sommes maintenant plusieurs à porter les combinaisons de survie. A l’intérieur, les cloisons et la coque ruissellent de condensation, il est impossible de faire sécher quoi que ce soit.
Apres avoir été bien “cramponnés” par nos adversaires, nous avons finis par leur “coller” les milles qu’ils méritent! Cette nuit, tout le monde n’a pas rigolé, Ericsson a fait un empannage malheureux, probablement à vive allure. Dans ces cas là, il faut imaginer le bateau couché avec le mat dans l’eau, les équipiers dormants doivent escalader leur bannette pour en sortir car ils se retrouvent dessous le matelas, etc…Il faut un certain temps pour récupérer d’un tel looping, je parle en connaissance de cause pour l’avoir vécu il y a 4 ans dans la même course!
Nous sommes à 4 jours du Horn, en route directe, et si tout va bien nous devrions y être accueillis par un bon vent de 40 noeuds. Black Betty est toujours en bonne santé et le moral des troupes en hausse au fur et à mesure de notre rapprochement du Horn. D’ici le Horn, le vent doit progressivement remonter nous permettant de rallonger la foulée.
A bientôt, aux alentours du Cap, si les conditions permettent d’écrire.
Sidney Gavignet
























