La fin de l’océan Indien approche. Il ne s’arrête pas exactement à la longitude du cap Leeuwin mais, sur le parcours d’un tour du monde, son passage est annonciateur de la transmission de témoin avec l’océan Pacifique. Et fige déjà les pensées vers la prochaine marque, le cap Horn. Dans ces territoires-là, même sans tempête, les conditions de navigation restent extrêmes. Et les glaces qui sont apparues un peu au sud de la bordure de la zone d’exclusion viennent le rappeler. Les marins veulent vivre au moins une fois cette inconnue des mers du Sud. Une fois qu’ils y sont, bizuths comme vieux briscards sont pressés de la laisser derrière eux. D’en finir avec ces quelques 14500 milles courus au milieu de nulle part, dans les éléments le plus souvent déchaînés.
En tête de procession, Cheminées Poujoulat et Neutrogena savent sans doute mieux gérer cet exercice d’équilibriste et creusent l’écart avec leurs poursuivants. Anna Corbella et Gerard Marin (GAES Centros Auditivos) n’ont pas le même vécu sur ces océans. S’ils affichent une ambition plus marquée de cavaler aux avant-postes, elle est quelque peu rafraichie par la nécessité impérieuse de préserver la monture.
Plus de 3000 milles à l’arrière des leaders, cette obligation ne peut qu’obséder Nandor Fa et Conrad Colman. Spirit of Hungary a connu plus qu’à son tour son lot de soucis jusqu’ici et, face à l’opposition brutale des vents de sud-est et des vagues, ses vitesses ont accusé le coup cet après-midi. One Planet One Ocean & Pharmaton endure des conditions similaires, qui devraient durer samedi matin.
Ils ont dit :
Bruno Garcia (We are Water) : « Nous commençons à prendre le rythme des océans du Sud. Le bateau est à nouveau chahuté mais nous avons eu deux jours de trêve, tranquilles, c’était bien car nous avons eu le temps de tout réparer à bord. Les prochains jours, nous allons devoir négocier avec le passage d’un front actif qui bouge plus que prévu, cela va être divertissant : beaucoup de vent, beaucoup de vagues…»
Gerard Marin (GAES Centros Auditivos) : « Les conditions ont vraiment changé.Nous sommes plus sereins, plus relâchés. Ces dernières 24 heures, nous avons eu des vents forts et nous avons pu avancer rapidement, c’est stressant et nous accumulons un peu la fatigue. Je suppose que nous allons doucement prendre le rythme et on ne s’attend pas à ce qu’il baisse. Aujourd’hui, ce que nous devons faire est de progresser encore plus vite, essayer d’attaquer les bateaux devant nous et contrôler Renault Captur, qui n’est pas si loin. Nous avons toujours dit que ce que nous recherchions, c’était de faire une belle course mais prudente. Les leaders sont de très bons marins, ils sont 1000 milles devant nous et les rattraper serait très difficile. »
Classement à 15h00
Cheminées Poujoulat (B Stamm – J Le Cam) à 13 914 milles de l’arrivée
Neutrogena (G Altadill – J Muñoz) à 189,5 milles
GAES Centros Auditivos (A Corbella – G Marin) à 1145,2 milles
Renault Captur (J Riechers – S Audigane) à 1432,7 milles
We Are Water (B Garcia – W Garcia) à 2014,5 milles
One Planet One Ocean & Pharmaton (A Gelabert – D Costa) à 2660,1 milles
Spirit of Hungary (N Fa – C Colman) à 3126,6 milles