Scénario idéal pour Cammas et son équipage

Groupama 3 - Franck Cammas
DR

Le transfert Nord-Sud s’est plutôt bien passé pour le trimaran géant. L’équipage de Franck Cammas n’a pas traîné après le Pot au Noir, pour accélérer de nouveau sur le 4° Sud à plus de vingt nœuds dans une brise de secteur Sud-Est d’une quinzaine de nœuds. Mais le changement a été encore plus radical dès le lever du jour (7° Sud), lorsque la brise a adonné (tourné favorablement) au secteur Est. Cela a permis à Groupama 3 de se retrouver vent de travers (et non plus au près) avec en sus une intensité du vent qui montait jusqu’à 18-20 nœuds. D’un seul coup, les vitesses moyennes ont franchi le cap des trente nœuds et l’avance sur Orange II bondissait à plus de 500 milles… Sachant que ces conditions météorologiques s’annoncent stables pour au moins deux jours, il faut s’attendre à un grand trait sur la carte à l’orée du deuxième week-end de navigation !
« Dans deux jours, nous serons assez Sud pour trouver un front qui se décale vers l’Ouest et qui nous permettra de « prendre le virage » pour nous approcher du Cap de Bonne Espérance. C’est presque un scénario idéal même s’il faudra aller assez Sud, donc un peu à l’extérieur de la route de Orange II. Nous aurons la chance d’avoir un front qui va traverser l’Anticyclone de Sainte Hélène au niveau de Tristan da Cunha…. Nous avons encore de la marge aujourd’hui pour viser le point le plus favorable afin d’accrocher la dépression, en glissant plus ou moins. Il sera important, ce moment où nous enverrons le gennaker pour ajuster l’endroit où nous allons rencontrer le front argentin. Nous ménageons Groupama 3 en relevant un peu le foil et en remontant la dérive. Depuis le passage de l’équateur, il n’y a pas eu trop de manœuvres et l’équipage a pu se reposer, faire un peu de lessive, rincer le matériel, faire sa toilette… » racontait Franck Cammas à la vacation de midi.

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Clignotant à gauche dès Trinidade

Toutefois, "l’avance sur Orange II de 480 milles ne va pas être facile à conserver car il avait eu de bonnes conditions autour de Sainte Hélène. Il sera difficile de ne pas perdre quelques heures avant de passer la longitude du Cap de Bonne Espérance… » précisait le skipper de Groupama 3.
L’équipage se montrait en pleine forme malgré la chaleur équatoriale et ne semblait pas avoir souffert des manœuvres à répétition qu’il avait eu à enchaîner pour arriver jusqu’à l’équateur. Surtout, le renforcement du vent sous un grain montrait bien que Groupama 3 accélérait sans effort sur une mer très maniable et que le bateau n’avait pas été sollicité après une semaine de navigation. De fait, le navigateur Yves Parlier va pouvoir incurver la trajectoire du trimaran géant au fil des milles gagnés dans le Sud. Le bateau va, en effet, suivre la bordure de l’Anticyclone de Sainte Hélène, de son Nord-Ouest à son Sud-Est sur une courbe régulière pour contourner le centre des hautes pressions. Bruno Peyron et son équipage avaient mis 7 jours 5 heures 22 minutes pour effectuer les quelques 3 500 milles séparant l’équateur du Cap de Bonne Espérance : Franck Cammas et ses neuf hommes arriveront-ils à bénéficier de conditions similaires pour ne pas perdre trop de temps?

Ils ont dit

Franck Cammas, skipper de Groupama 3 : « Nous n’avons pas eu énormément de vent depuis 24 heures (10-14 nœuds) mais nous accélérons depuis ce jeudi matin régulièrement dans une brise plus soutenue (18-20 nœuds) qui tourne vers la gauche. Nous commençons à bien gagner dans le Sud, à près de trente nœuds de moyenne ce midi sous grand voile haute et foc solent. Steve Ravussin est à la barre. Nous sommes au large des côtes du Brésil et la mer est plate parce qu’il n’y a pas beaucoup de vent dans l’Est. Groupama 3 va toujours très vite, même avec du petit temps. Il y a un très gros anticyclone sur notre gauche et la mer n’a pas eu le temps de se former. Des conditions idéales pour faire glisser le bateau. On accumule le maximum de chaleur et de calories pour la suite… »


Sylvain Mondon (Météo France), expert météo à terre de Groupama 3 : « Ce que nous imaginions au départ de Ouessant, s’est réalisé : des conditions anticycloniques jusqu’au cap Finisterre, puis un passage perturbé plus complexe autour des Canaries et du Cap Vert. L’équipage a eu pas mal de manœuvres à faire dans ce système… Pour le Pot au Noir, nous n’avions pas d’attente particulière parce qu’il est impossible de faire des prévisions à une semaine d’intervalle sur cette zone. A contrario, pour l’Atlantique Sud, on visait une configuration favorable. Et le scénario attendu se confirme, à savoir que l’Anticyclone de Sainte Hélène est repoussé dans l’Est par une dépression assez active qui se décale dans l’Atlantique Sud : les alizés sont en plus orientés à l’Est en fraîchissant. La situation porterait Groupama 3 jusqu’aux 40èmes assez vite… Et un couloir permettrait d’espérer une entrée dans l’Océan Indien en début de semaine prochaine ! Nous avons été assez surpris dans les petits airs quant aux performances du trimaran : il est capable d’aller deux fois plus vite que la force du vent ! »

Repères :
*De Ouessant à l’équateur : 6 jours 6 heures 24 minutes pour Groupama 3en 2008.
*Avance sur le passage à l’équateur de Orange II en 2005 (7j 02h 56′) : 20 heures et 32 minutes

(source Groupama)