Sanderson intouchable ?

ABN AMRO 2
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Pour Sébastien Josse, après six jours de course, les jeux sont pourtant pratiquement faits, même si un tassement de la flotte à l’approche de la pointe de l’Angleterre est envisageable avec la nouvelle dépression qui s’annonce sur leur terrain de jeu à l’approche du Cap Lizard. Josse  voit cependant mal comment  Sanderson pourrait être détrôné de sa position de leader alors que ce dernier navigue dans un système météo presque différent.  Mais  il reste encore aujourd’hui de bonnes présomptions pour que Movistar ait tiré la bonne carte. Rendez-vous au Cap Lizard pour le verdict.
 
Jeudi soir ou vendredi matin, les premiers VO 70 devront sans doute lever un peu le pied s’ils veulent préserver leur machine dans les rafales de 45 à 50 nœuds attendues sur zone et arriver sains et saufs à Portsmouth, terme de cette 12ème manche.

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Que pensez-vous de cette traversée Ouest-Est  de l’Atlantique Nord ?
D’abord qu’elle est très froide. Je m’y attendais depuis mon expérience dans la Transat Anglaise. Mais le froid est vraiment saisissant. Sans doute à cause des vents de nord. Pourtant, nous sommes à la latitude de Sarragosse et de Rome ! Ce n’est pas très très agréable. Mais, ce qui est très étrange ici, c’est l’intensité de la vie rendue possible par les courants chauds du Golf Stream. Dans les mers du sud, il fait vraiment froid et la vie marine est pratiquement réduite à zéro. Ici Il fait froid, peut-être même plus froid que dans le Sud, mais la vie grouille autour de nous. Nous avons vu près de 50 dauphins ces derniers jours. Mais, nous sur le pont, on se caille. Nous avons deux paires de gants, des bonnets, des polaires, des bottes, des cirés… Il y a aussi pas mal d’eau sur le pont. Contrairement à ce que l’on pense, on prend plus d’eau dans la figure quand ces bateaux foncent dans la vague à 20 nœuds au portant, que quand nous sommes à 10 nœuds au près.
 
 
Et la partie d’échecs qui se joue actuellement ?
Je ne vois pas comment Mike Sanderson va pouvoir être inquiété. Peut-être par Ericsson qui est à peu près dans le même système météo et encore. Mais au vu des cartes météo, j’ai du mal à imaginer Movistar en tête au Cap Lizard. C’est possible, comme tout peut l’être sur l’eau. La casse par exemple car on va en prendre plein la figure dans quelques jours à l’arrivée sur la pointe de l’Angleterre. Notre groupe, avec Pirates, Brunel et Brasil 1, est dans une position intermédiaire, mais avec un cran de retard sur ABN AMRO ONE. Et ce cran va être difficile à surmonter. Nous ne bénéficions pas tout à fait des mêmes conditions météo qu’ABN AMRO ONE. Notre groupe est toujours dans les effets de la première dépression qui est en train de mourir sur nous. Eux vont bientôt rencontrer une seconde dépression, très grosse, qui descend le long de la côte ouest de l’Ecosse. Cela peut faire mal. On se prépare à faire le dos rond.
 
L’équipage va bien ?
Oui, nous sommes gelés mais en pleine forme. Et très motivés. Contrairement à l’étape précédente, nous n’avons rien cassé pour l’instant. Mais il va falloir rester vigilants avec ce qui nous attend devant. La dépression qui arrive est vraiment grosse et la mer va sûrement se former. Les secousses risquent d’être dangereuses pour nos bateaux. Mais notre équipage de « jeunes » est devenu très à l’aise dans la brafougne, plus que dans le petit temps. En un mot, plus à l’aise dans la bagarre que dans la négociation. Moins patients sans doute que les vieux de la vielle. Cela tombe bien. Dès jeudi soir ils vont être servis ! Sinon, je suis épaté par leurs progrès. Ils font vraiment un super boulot et s’améliorent d’étape en étape. Et toujours dans une super ambiance et avec beaucoup d’enthousiasme.
 
L’enjeu de cette étape ?
Il est clair pour tous, ce sont les deux places restantes sur le podium à l’arrivée à Göteborg. ABN AMRO ONE est intouchable, mais on peut encore se battre avec Pirates, Brasil 1, Movistar et même Ericsson qui fait une superbe manche en ce moment. On a parlé de record de traversée ou des 24h sur cette étape. Pour moi, ce n’est pas la priorité. C’est possible, vu les conditions météo, mais ce n’est pas l’enjeu du moment. A chaque jour suffit sa peine. Pour l’instant, on se concentre sur la seule chose importante, « aller vite, au bon moment et au bon endroit ».  Et croyez moi, c’est pas facile.
 
Potin du large… Un mot sur Dee Caffari, la jeune navigatrice anglaise qui bouclera son tour du monde à l’envers dans quelques jours ?
C’est amusant, on est parti presque en même temps d’Europe, nous le 12 novembre 2005 d’Espagne et elle le 21 d’Angleterre, et nous arrivons pratiquement ensemble en Angleterre. Nous, après un tour du monde qui compte de longues escales et elle en solo, non stop, contre les vents dominants. Les gens ne se rendent pas vraiment compte de ce que c’est de faire le tour du monde à l’envers. Ce que vient de faire Dee est un vrai exploit. Plus de 170 jours en mer dans ces conditions. Chapeau bas.
 
Source ABN AMRO