Bien décidés à prendre cette fenêtre qui s’ouvrait devant leurs étraves en fin de semaine dernière, Pascal Bidégorry et l’ensemble de la cellule météo du Maxi Banque Populaire V avaient affiné jusqu’au dernier moment l’heure de départ au large de Ouessant. Au centre de leurs préoccupations, une dépression canarienne et ses dommages collatéraux, à commencer par une désertion des Alizés à l’approche de l’équateur. Force est de constater, au regard des compteurs du jour, que les craintes et les hésitations étaient avérées. Ainsi depuis hier soir, le grand trimaran ne bénéficie-t-il plus que d’un flux de Nord Est soufflant autour de 15 nœuds la nuit et faiblissant à 10 le jour.
Avec "seulement" 424,8 milles parcourus en 24 heures, les moyennes s’en ressentent mais n’ont rien pour affoler Pascal Bidégorry : "La nuit dernière était super agréable parce qu’on avait davantage de vent. En moyenne avec le réchauffement des températures, les alizés ont tendance à se casser un peu la figure en milieu d’après midi et dès qu’arrive la tombée de la nuit. Dès que ça se rafraîchit un peu, tout ça se réactive. Du coup c’est plus agréable parce qu’on arrive à aller plus vite. Il y a des moments où avec 15 nœuds de vent, on marche à 30 nœuds. On sait très bien qu’on ne va pas gagner du temps aujourd’hui, mais on savait en partant que les alizés seraient très faibles. On a essayé d’ajuster notre fenêtre météo par rapport à ça, en essayant d’en avoir un maximum dans le minimum ! On sait très bien qu’on est dans une partie délicate mais on fait avec ce qu’on a et on est bien content d’être là ! Avec la hausse des températures, la chaleur tropicale s’invite à l’intérieur du bateau et s’empare des cellules de vie. Situé sur l’arrière de la coque centrale, le centre stratégique du Maxi Trimaran, la table à cartes, n’échappe pas à la règle de la surchauffe… loin de là ! A la table à cartes il fait chaud, on est moins ventilé qu’à l’avant du bateau et on est assis sur le parc batteries. Quand il fait froid, c’est derrière qu’il fait le plus froid et quand il faut chaud, c’est là qu’il fait le plus chaud."
Un inconfort qui n’empêche pas les marins de se livrer à l’appréciation du spectacle offert par ces nuits au large de l’Afrique : "Cette nuit c’était super, très beau. Le ciel était très étoilé. C’était sympa parce qu’avec 15 nœuds de vent on a quand même des conditions de barre qui sont agréables. "
Profitant du repos
L’optimisme est de rigueur pour le skipper comme pour l’équipage qui prend le moment avec philosophie et finalement un certain plaisir, ainsi que le confirmait Kévin Escoffier ce midi : "Cette nuit c’était vraiment superbe à barrer. C’était mer plate, le bateau était bien équilibré. On a eu jusqu’à 18 nœuds de vent donc ça glissait vraiment bien. On a eu une entrée en matière beaucoup plus virile, c’est bien ça a mis tout le monde dans le bain. Là on est content, on retrouve le soleil, ça permet à tout le monde de se reposer un petit peu. On en profite pour nettoyer le bateau, vérifier que tout va bien et profiter de barrer dans des conditions plus calmes que lorsqu’on se prend des paquets de mer en permanence. On aimerait bien aller un petit peu plus vite mais ce sont aussi des moments où il y a moins de stress et c’est vraiment très très plaisant. Il faut en profiter !".
Avance à 16h00 : 190 milles par rapport au temps de référence




















