Après avoir annoncé qu’ils ne partiraient pas cette année à l’assaut du Jules Verne, l’écurie Spindrift racing a annoncé son programme sportif pour 2017. Et surprise, le bateau ne participera pas à The Bridge.
Alors que l’équipe fêtera ses 5 ans, Dona Bertarelli et de Yann Guichard courront sur plusieurs coques, à bord des bateaux de course aux couleurs de l’écurie Spindrift racing basée en Bretagne. Le Maxi Trimaran Spindrift 2 et le M32 seront au centre de cette saison sportive avec au programme une nouvelle participation à des circuits mondiaux : « Il s’agit d’un programme ambitieux, mais nous sommes prêts à en découdre. Nous avons navigué ces cinq dernières années en multicoques sur différents supports en nous appuyant sur une équipe solide que ce soit en mer ou à terre. Nous allons cette année encore continuer à régater contre les meilleurs marins internationaux », commente Yann Guichard.
Pour la seconde année consécutive, Yann Guichard va donc participer au circuit mondial de match racing, le Word Match Racing Tour, avec d’ores et déjà en ligne de mire la grande finale du championnat du monde en juillet. Les noirs et or vont pouvoir affronter une fois de plus l’élite de coureurs mondiaux lors de 5 grands rendez-vous. « Nous étions novices car nous découvrions cette discipline l’an dernier et je suis content du résultat obtenu à l’issu de cette première participation. Cette année nous allons mettre en pratique ce que nous avons appris et tenter de maîtriser aux mieux les exigences de cette discipline qu’est le match racing afin de tenter d’accrocher le podium sur chaque événement », ajoute Yann Guichard.
Suite au succès rencontré lors du championnat lémanique des D35 en 2016 avec une double victoire du circuit et du Bol d’Or Mirabaud, Ladycat powered by Spindrift racing sera présente en 2017 pour défendre son titre. La tâche restera difficile face à une concurrence toujours plus forte.
Enfin, le bateau amiral de Spindrift racing, le Maxi Trimaran Spindrift 2, sera lui aussi au cœur de la saison avec une nouvelle tentative de record du Trophée Jules Verne pendant l’hiver 2017-2018. « Avant ce grand rendez-vous, nous avions à l’origine prévu de courir THE BRIDGE, course transatlantique entre Saint-Nazaire et New-York. Malheureusement l’avis de course (pre notice of race) sorti récemment restreint le nombre d’équipiers à bord à 6 dans la catégorie Ultime ouverte à tous les grands multicoques, nous empêchant ainsi de participer avec Spindrift 2, un bateau optimisé pour 12 à 14 personnes en vue de la prochaine tentative de Trophée Jules Verne. Dans cette configuration, en équipage réduit, hormis les questions de sécurité qui se posent, il y a celle de la performance. Nous ne pourrons pas exploiter tout le potentiel sportif de Spindrift 2 pour tenter de battre le Queen Mary II. Ainsi cette année nous ne ferons pas de Transatlantique mais des records européens (comme le Tour des Iles Britanniques, record de la Manche, Tour de l’Irlande etc.) dans le cadre de notre campagne d’entraînement au Trophée Jules Verne », conclut Yann Guichard.
Spindrift racing va également poursuivre son programme Spindrift for Schools, avec en prévision le lancement en janvier 2017 d’une nouvelle série de modules pédagogiques à destination de plus de 500 écoles impliquées et intégrées au programme.
Programme du maxi-trimaran Spindrift 2 :
Mars : remise à l’eau de Spindrift 2.
Avril-mai : entraînements à bord de Spindrift 2.
Mai-juin-juillet-septembre-octobre : tentatives de records en Europe et entraînements à bord de Spindrift 2.
Août : Chantier de Spindrift 2.
Début novembre : Stand by Trophée Jules Verne.
Dans moins de 48h00 COMMEUNSEULHOMME quittera le ponton pour remonter le chenal des Sables, précédé par Spirit of Hungary et suivi par Spirit of Yukoh. C’est le moment tant attendu de ce Vendée Globe, celui de larguer les amarres, mais ces quelques heures avant de prendre le large sont loin d’être anodines. « Le départ m’inquiète plus que les mers du sud » souligne Éric. Il faut dire que c’est la première fois qu’il s’élance sur une course en solitaire. La prudence et la concentration sont donc à l’ordre du jour et c’est aussi pour trouver ses marques que l’équipe est sortie en mer mercredi dernier. « L’objectif est de faire baisser le stress » expliquait le skipper même si pour l’heure, le stress semble lui glisser dessus sans trouver prise. « Ça reste du bateau à voile » relativise t’il. Interview.
Où en es-tu de ta préparation ?
Depuis qu’on est arrivé, le bateau est en chantier. Il y avait plein de choses à traiter mais ça s’affine. On est maintenant sur de petites choses. Il y a à bord mes lunettes, mes casquettes, ça va être ma maison pendant trois mois. Alizée a déposé toutes les petites affaires qui vont faire ma vie de tous les jours et les gars sont dans le détail. Je ne suis pas tellement à bord mais l’équipe est là pour ça. Elle termine son marathon alors que moi, je commence à me reposer. Ce moment de village comble mes attentes. Ça fait rêver les gens, je m’imagine tellement à leur place.
Comment se déroulent tes journées ?
Je fais la météo, je réponds aux médias et je me prépare. Je regarde les premières heures de course et le dégolfage (la sortie du Golfe de Gascogne, ndr). Ça influence beaucoup mon état d’esprit. On va avoir du vent fort mais, à bord de nos bateaux, ce sont des conditions maniables. On va partir tout schuss vers le sud et on sera vite sous la latitude de Lisbonne. C’est à partir de ce moment que ça devient plus sécurisant.
Quelle est l’ambiance avec les autres marins ?
Il y a une ambiance sympa avec certains skippers. J’ai diné avec Rich Wilson et Alan Roura, ce sont des gens dont je me sens proche. Je suis un peu nostalgique de l’époque Auguin et Autissier qui partaient sur une énorme aventure. Aujourd’hui, c’est une compétition et on n’est moins invités sur les bateaux les uns des autres. Je voudrais tous les voir, ils sont tellement différents.
Tu as eu Isabelle Autissier au téléphone ?
Isabelle Autissier m’a dit que j’allais faire un premier mille, puis un deuxième et un jour, je me réveillerais et j’en aurais fait 23 000. Elle m’a dit qu’il ne fallait pas que je m’en fasse une montagne. Ça reste du bateau à voile et je ne veux pas trop le prendre au sérieux. Je ne ferais sans doute pas d’autre Vendée Gobe donc je dois prendre du plaisir. Je veux tout savourer en me disant que c’est la dernière fois. Si je dois m’arrêter et demander de l’assistance, je veux tout de même aller au bout, même hors course.
Isa me dit de raconter l’histoire, ce que je ressens, y compris mes faiblesses. Mener ce bateau, c’est un truc de fou. Tout est une question de rythme, je veux y aller à ma façon. Je veux me libérer de ce que pensent les autres. C’est facile de vouloir impressionner les gens du milieu. Avec la fatigue, ce sont les coups de folie que je peux avoir. Je sais faire avancer le bateau vite mais pas forcément longtemps. Je ne veux pas naviguer en étant angoissé.
Qu’est-ce qui compte le plus à tes yeux, la compétition ou l’aventure ?
J’ai tout fait dans le respect de la compétition. Je me suis fait entourer par Mer Agitée, on a tout fait pour la compétition. Je veux vivre le truc à fond mais la première raison de mon départ n’est pas la compétition. Je veux tirer le maximum du bateau. Le bateau est fort mais c’est moi le maillon faible. C’est moi le handicap !
Avec 12 bateaux sur les 29 qui prennent le départ, dimanche 6 novembre, du Vendée Globe, VPLP design est le cabinet d’architecte le plus représenté dans la flotte de cette 8e édition – à égalité avec team Verdier, bien sûr ! Retour sur une saga architecturale hors du commun avec Vincent Lauriot-Prévost.
Comment en vient-on, quand on est un cabinet spécialisé dans les multicoques, à dessiner des monocoques pour le Vendée Globe ?
Vincent Lauriot-Prévost : c’est un processus qui part d’un constat pragmatique. A la moitié des années 2000, on voit bien, après Groupama 2 et avec le déclin de l’Orma, que c’est la fin d’un cycle et on décide de se recentrer vers l’Imoca. Nous étions en contact avec Guillaume Verdier, que nous avions eu en stage et qui travaillait sur l’Hydraplanneur d’Yves Parlier après être passé par Finot-Conq, la référence en monocoque à l’époque. On se disait qu’on dessinerait bien un Imoca, mais ni lui, ni nous, n’avions assez de crédibilité séparément. Et pourtant, en 2006, vous décrochez ensemble la commande de Safran…
Vincent Lauriot-Prévost : nous avions réfléchi à un projet d’Ultime pour Florence Arthaud, proposé à Safran. Puis, quand Safran a choisi l’Imoca, nous avons travaillé sur le dossier de Marc Guillemot, qui était candidat au poste de skipper. Quand il a été retenu par Safran, nous avons embarqué avec lui. Et le sponsor n’était pas contre être à l’origine d’une rupture architecturale. Quelle a été cette rupture architecturale ?
Vincent Lauriot-Prévost : jusque-là, on faisait des bateaux lourds ET puissants ; nous, nous pensions que, comme en multicoque, on pouvait faire des monocoques puissants MAIS légers. Nous avons donc mené une chasse au poids drastique. Quant à la puissance, nous l’avons obtenue par des plans de forme plus carrés, avec des bouchains très marqués, tout le long de la carène. En même temps, on a reculé les gréements, avec des bômes plus courtes et des pentes d’étai plus importantes, qui permettaient de sortir les étraves de l’eau. On a beaucoup travaillé le tilt de la quille (son angle d’attaque) en l’augmentant fortement, on a développé des dérives courbes pour favoriser l’allégement dynamique, on a simplifié les efforts. Tout cela a donné, dès la première génération d’Imoca, des bateaux au comportement plus nerveux, plus véloce, plus facile. Nos premiers Imoca pesaient 1 à 1,5 tonnes de moins que la concurrence ! Les foils représentent-ils une nouvelle rupture architecturale ?
Vincent Lauriot-Prévost : avant, quand on allégeait le bateau, on perdait du couple de redressement – et on l’acceptait. Aujourd’hui, on est capable, grâce aux foils, d’alléger un bateau sans perdre du couple, c’est la principale évolution de cette décennie, oui ! Et le tilt de quille, lui, est passé de 2 à 7 degrés, entraînant plus de lift et de portance dynamique. A 22-25 noeuds, un Imoca à foils divise presque par deux son déplacement, sans perte de puissance… Le problème, c’est que les foils sont plus gênants qu’efficaces dans le petit temps et au près...
Vincent Lauriot-Prévost : les premières versions des foils n’étaient pas abouties, c’est vrai. Mais les V2 ont gommé une bonne partie des imperfections. Nous avions conçu des shafts asymétriques pour générer de la force verticale, mais à la gite, nous nous sommes aperçus qu’ils fonctionnaient à l’envers : en fait, c’est le coude entre le tip et le shaft qui délivre la force verticale. Nous avons donc dessiné des shafts symétriques, les plus neutres possible, et les V2 ont beaucoup gagné en stabilité. Comment s’annonce la prochaine génération d’Imoca ?
Vincent Lauriot-Prévost : sauf en cas de Bérézina, la jauge ne devrait pas radicalement évoluer. Nous avons suggéré de réfléchir à l’équité entre anciens et nouveaux bateaux, les premiers étant très favorisés par l’actuelle jauge : ils peuvent garder leurs mâts et le renforcer, alors que les nouveaux Imoca sont clairement limités par leur mâts monotypes. Côté design, nous allons réfléchir à une évolution des formes de coques, qui pourraient, par exemple, être plus étroites ; il ne faut pas oublier que toutes les équipes nous avaient demandé des carènes prévues pour revenir aux dérives, au cas où les foils ne fonctionneraient pas ! Mais, pour l’instant, personne ne nous l’a demandé…
VERDIER + VPLP = DUO GAGNANT : “Avec Guillaume, nous partageons une vision globale et des convictions communes, tout en ayant des façons de résoudre les problèmes très différentes. Au début, chacun avait son domaine de compétence – carènes et structures pour lui ; le reste pour nous. Puis, au fil du temps, nos deux équipes ont travaillé sur l’ensemble des projets, avec une prédilection pour les structures, qui restent sa spécialité. C’est une association assez vertueuse qui donne des résultats, je crois ! Ce qui ne nous empêche pas de mener aussi des projets en solo, le Figaro 3, par exemple, pour nous, ou les Class40 pour lui.”
Aerial image bank of the IMOCA boat "LA MIE CALINE", skipper Arnaud Boissieres, in La Rochelle, on august 09, 2016 - Photo Olivier Blanchet / La Mie Caline
Arnaud Boissière peut battre un record sur le Vendée Globe. Celui du nombre de Vendée Globe terminé… comme Armel Le Cleac’h. Un défi à sa mesure sur une course où il ne compte pas jouer les figurants.
Les derniers fichiers semblent s’accorder pour prédire une météo clémente pour l’entame de ce 8ème Vendée Globe. Du portant faible à medium, quoi de mieux pour démarrer sereinement une course de fond que personne ne veut voir hypothéquée sur l’autel d’une dépression, comme celle qui avait décimé la flotte en 2008 ? «Je suis surtout content pour mon entourage, les sponsors, les proches, ça crée un climat un peu plus léger même s’il y a toujours du stress. Et puis si ça peut préserver la flotte le plus longtemps possible, tant mieux…» nous déclarait Arnaud.
Génération 2008
Si l’on y regarde d’un peu près, cette flotte de 29 bateaux peut se classer en trois catégories. Il y a d’un côté six à sept couples skippers/bateaux qui ont sur le papier les atouts pour l’emporter. A l’opposé, une dizaine de concurrents part d’abord pour terminer sans pouvoir afficher d’ambition sportive pour cause de bateau trop ancien et/ou d’expérience trop maigre. Au milieu, une meute de douze concurrents a la particularité de s’élancer sur des plans de même génération, construits pour le Vendée Globe 2008. Une course dans la course où Arnaud aura fort à faire sur La Mie Câline. Il devra se bagarrer avec par ordre alphabétique, Fabrice Amédéo (Newrest-Matmut), Eric Bellion (Comme un seul homme), Bertrand de Broc (MACSF), Louis Burton (Bureau Vallée), Yann Eliès (Queguiner-Leucémie Espoir), Tanguy de Lamotte (Inititatives Cœur), Jean Le Cam (Finistère Mer Vent), Stéphane Le Diraison (Compagnie du lit), Enda O’Coineen (Kilcullen Voyager-Team Ireland), Thomas Ruyant (Le Souffle du Nord) et enfin Kojiro Shiraishi (Spirit of Yukoh)
« Dans le lot, Yann Eliès et Thomas Ruyant sont sans doute un cran au-dessus. Avec Jean Le Cam, ce seront sans doute les éclaireurs. Après tout le monde peut bien faire, y compris des skippers nouveaux sur le circuit comme Fabrice Amédéo par exemple. C’est très ouvert et on risque de naviguer à vue un bon petit moment ! » commente Arnaud avec gourmandise.
Dans les starting blocks !
C’est bien cet aspect sportif d’une régate planétaire sans équivalent qui excite le skipper de La Mie Câline. Quand journalistes ou badauds lui promettent de rentrer dans l’histoire s’il termine sans encombre son troisième Vendée Globe consécutif (seul Armel Le Cléac’h peut prétendre à la même régularité), Arnaud n’élude pas mais se marre bien : « Je ne pars pas pour rentrer dans le Guinness book, ça n’a pas de sens ! De toute façon, il n’y a eu que 7 Vendée Globe à ce jour. Alors que vaut la statistique sur un si petit nombre ? »
Concentré et serein à quatre jours du départ, le skipper de La Mie Câline constatait que le bon travail de son équipe lui a permis de bien se préserver et qu’il partira reposé.
Quant à la stratégie, c’est encore tôt pour en parler. « Pour faire un routage sérieux, il faut faire tourner le logiciel à 80 %, 100% et 120% de la polaire du bateau. En comparant les différents modèles météo (l’américain GFS, celui du Centre Européen de Prévision et Arôme de Météo France), c’est six heures de travail derrière l’écran. Ça ne sert à rien de s’y épuiser 5 jours avant le départ. A partir de vendredi, ça aura vraiment du sens ». Réponse donc dans notre communiqué de samedi !
L’IMOCA One Planet One Ocean est sorti une dernière fois en mer mardi 1er novembre, pour une navigation qui confirme le bon fonctionnement de tous les appareils du bord.
La mobilisation du public a été déterminante pour financer le matériel électronique endommagé par la foudre.
Plus que quatre jours avant le départ du Vendée Globe, le bateau de Didac Costa One Planet One Ocean est quasiment prêt pour entreprendre le tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance. Après deux semaines de travail intense, l’électronique du bord est rétabli. La dernière sortie en mer lui a permis de valider les réparations et de répéter les manoeuvres à effectuer le jour du départ.
Il ne reste plus qu’à charger l’avitaillement pour la centaine de jours estimés pour réaliser ce tour du monde. Didac avait bouclé son premier tour du monde sur One Planet One Ocean en compagnie d’Aleix Gelabert en 98 jours au départ et à l’arrivée de Barcelone.
Le pompier de Barcelone est “très reconnaissant” de la mobilisation du public suite à son appel aux dons sous la forme d’un crowdfunding. En un peu moins de deux semaines, ils ont permis de couvrir les frais de réparation du matériel électronique endommagé par la foudre ainsi que l’achat d’appareils de réception des informations météorologiques. En outre, des entreprises ont répondu positivement à l’appel lancé et sont devenues partenaires d’un projet de plus en plus collectif, une expérience inédite en Espagne.
Même si Didac a aujourd’hui recueilli plus de 25 000 euros sous la forme de dons allant de 10 à 2 000 euros, le crowdfunding continue. Il manque aujourd’hui au skipper 11 000 euros pour financer les transmissions satellites (vidéos, photos etc.) qui lui permettront de partager son aventure avec des milliers de supporters.
Didac Costa : “Les messages de soutien que j’ai reçu sont aussi précieux que l’argent que nous avons récolté” Ces messages ne font que motiver encore plus le skipper pour honorer son public en devenant le deuxième espagnol à boucler le Vendée Globe.
Illustration SMA, skipper Paul Meilhat (FRA) at pontoons during prestart of the Vendee Globe, in Les Sables d'Olonne, France on October 28th, 2016 - Photo Vincent Curutchet / DPPI / Vendée Globe
Illustration de SMA, skipper Paul Meilhat (FRA), aux pontons du Vendée Globe, aux Sables d'Olonne le 28 Octobre 2016 - Photo Vincent Curutchet / DPPI / Vendée Globe
Le départ du Vendée Globe sera donné dimanche à 13h02. La ville des Sables d’Olonne sera tournée entièrement vers ce moment magique de la sortie du chenal pour accompagner les skippers. Pour suivre en direct ce départ une couverture médiatique importante sera faite.
A TERRE
Pour le public présent sur le site de Port-Olona, rendez-vous sur le village du Vendée Globe pour assister au départ des marins (à noter que les pontons ne seront plus accessibles au public à partir de vendredi 4 novembre, 20 heures). Dès 8h50, Didac Costa (One Planet One Ocean) sera le premier à larguer les amarres. Puis, toutes les 4 minutes un nouveau concurrent appareillera. Vincent Riou (PRB) sera le dernier à larguer les amarres à 10h42. Le chenal et la plage du remblai seront ensuite les lieux privilégiés pour assister à la parade des bateaux.
DISPOSITIF TV DÉPART
Un dispositif exceptionnel, à terre et en mer, permettra de suivre le départ du Vendée Globe dans les meilleures conditions. Une réalisation multi-caméras (3 caméras hélico, 2 cameras sur l’eau, 2 cameras à terre et 5 caméras embarquées à bord des bateaux), permettra de suivre le départ de la course sous tous les angles, y compris depuis les bateaux de cinq skippers : Paul Meilhat, Thomas Ruyant, Sébastien Josse, Fabrice Amedeo et Vincent Riou.
Couverture TV en France et à l’international
Le direct du départ sera retransmis en direct sur toutes les chaînes nationales françaises avec des « Spéciales Vendée Globe » sur France TV, TF1/LCI, BFM TV/ BFM Sport, I-Télé, Infosport+, L’Equipe.
A noter une couverture internationale exceptionnelle et la présence sur site de nombreuses équipes de télévision étrangères.
Quelques chiffres TV à l’international :
– 190 Pays couverts pour l’ensemble des programmes du Vendée Globe
– 87 chaînes TV (vs 65 chaines en 2012-2013)
– 33 chaînes TV diffuseront le Direct Départ dans 147 Pays (vs 18 Chaines TV en 2012-2013) dont 9 chaînes françaises et 24 chaînes internationales : Premier Sports (Grande-Bretagne + Irlande), Mediaset Premium (Italie), AMC (Hongrie-Slovaquie-République Tchèque), ERA TV (Macédoine), TV Maritim Norge (Norvège), Canal + (Pologne), Sportklub (Pologne), Ocean TV (Russie-Ukraine-Kazakhstan-Moldavie-Biélorussie), Sportklub (Serbie-Macédoine-Monténégro-Slovénie-Croatie-Bosnie), SRG (Suisse) – Plateforme Web, NTV Sport (Turquie), Sport TV (Turquie), Fox Europe (Turquie-Chypre-Grèce-Malte-Israël), Eurosport Player (53 Pays d’Europe), Supersport (52 pays d’Afrique), Startimes (20 pays d’Afrique), OSN (23 pays du Moyen-Orient), TV Asahi (Japon), LeTV (Chine), Mai TV (Fidji), Sky TV (Nouvelle Zélande), Nautical Channel (52 Pays Monde, dont 29 en Europe), France 24 (Monde).
France TV
– France 3 Pays de Loire, Bretagne et Normandie, proposeront un streaming dès 8h50 sur leur site internet.
– De 9h30 à 11h30 France 3 Pays de Loire, Bretagne, Normandie, seront en direct.
– A 12h50 France 3 National proposera une émission spéciale départ de 26′, présentée par Virginie Charbonneau, Anthony Brulez et François Gabart.
– L’émission STADE 2 sera diffusée en direct des Sables d’Olonne à 17h00.
LCI, La Chaîne Info met en place un dispositif en direct pour le départ, qui commencera par un plateau de 8h à 14h en direct des Sables d’Olonne avec Louis Bodin et Yann Hovine.
LA CHAÎNE L’EQUIPE
La chaîne TV du Quotidien L’Equipe diffusera également le direct de départ, entre 12h00 à 14h00.
i-Télé sera en direct pour le départ toute la journée du dimanche
INFOSPORT+ suivra le départ en direct.
BFM TV – BFM Sports seront également en live pour le départ, avec notamment une émission spéciale Vendée Globe de 9h00 à 11h00 pour la sortie du chenal et à partir de 12h00 pour suivre le départ.
RADIOS
Toutes les grandes radio nationales, France INFO, EUROPE 1, RMC, RTL seront en direct pour suivre le départ du Vendée Globe.
A noter la présence de Michel Desjoyaux en direct sur RMC.
SITE OFFICIEL, APPLI ET RÉSEAUX SOCIAUX
Suivez le départ en direct de 8h45 à 11h00, puis de 12h30 à 13h30 sur le site officiel www.vendeeglobe.org, avec Pascal Bidégorry et Pierre-Louis Castelli pour les commentaires. Depuis le départ des pontons, la sortie du chenal, puis le coup d’envoi du 8e Vendée Globe et les premières minutes de course. Ce direct sera diffusé également sur l’appli mobile Vendée Globe, Facebook LIVE, les chaines Dailymotion (en langues française et anglaise) et Youtube (en langue anglaise).
PRÉCAUTIONS EN MER
En plus d’être suivi à terre par des milliers de personnes, le départ du Vendée Globe sera vécu au plus près, en mer.
Attention, le chenal et le port seront interdits à la navigation de 8h à 12h. Une information grand public sera diffusée sur le Canal 01 des VHF Marine pour suivre les procédures de départ, cela à partir de 08h30.
Pour les plaisanciers qui souhaitent assister au départ en mer, rendez-vous sur le canal VHF 1 pour toutes les infos et consignes utiles (et double veille sur le 16). Une fois sur le plan d’eau, les plaisanciers devront respecter la zone de sécurité mise en place par la Direction de Course, matérialisée par des bouées tétraédriques rouges.
Training for the maxi tri SODEBO, skipper Thomas Coville, prior to his solo circumnavigation record attempt, off Belle Ile, on october 12, 2016 - Photo Jean-Marie Liot / DPPI / SODEBO
Le trimaran SODEBO Ultim de 32 mètres est amarré au Port du Château à Brest dans l’attente de la bonne fenêtre météo.
Dès que les conditions météo sembleront favorables, le skipper de SODEBO ULTIM’ s’élancera pour la 5ème fois à l’assaut du temps absolu du tour du monde en solitaire avec comme objectif de faire tomber le record magnifique que Francis Joyon détient depuis 2008.
C’est sans doute le défi le plus ultime aujourd’hui. A 47 ans et après des centaines de milles parcourus sur toutes les mers du monde, Thomas Coville va tenter de tourner en solitaire autour de la planète en moins de 57 jours, 13 heures et 34 minutes.
Plus récent que l’ancien IDEC sur lequel Francis Joyon a établi le temps de référence actuel, SODEBO ULTIM’ affiche sur le papier des vitesses supérieures.
Derrière l’ordinateur pour guider Sodebo Ultim’ tout au long de ce défi, un quatuor de cadors de la météo et du routage qui connaissent bien le skipper et c’est important. Aux manettes, on retrouve donc Jean-Luc Nélias qui sera entouré de Thierry Douillard, Thierry Briend et de Samantha Davies, qui a participé au routage de Sodebo Ultim’ lors de The Transat.
Entretien avec Thomas Coville…
Descendre sous les 57 jours de Francis Joyon.
« J’ai bouclé deux fois ce tour du monde en solitaire, une fois en 59 jours et la deuxième fois en 60 jours, et j’ai dû renoncer deux fois. Ce tour du monde en trimaran, nous sommes trois à l’avoir tenté et réalisé sans escale en mode record (NDLR / Ellen MacArthur, Francis Joyon et Thomas Coville). Cette année, je vais chercher à descendre en dessous des 57 jours pour établir le 5ème temps tout confondu (record autour du monde à la voile en équipage et en solitaire).»
Sodebo Ultim’, un bateau taillé pour ce record
« Sodebo Ultim’ a été conçu pour ce record et profite de toute la nouvelle technologie. Même si ce n’est pas une assurance tout risque, il doit pouvoir permettre de s’extraire de l’aléatoire météo. Sodebo Ultim’ est 10 à 15% plus rapide que mon ancien bateau. Je serai donc mieux armé. Avec ce bateau, on est dans le bon timing cette année pour tenter de battre ce record. On a un peu la pression de saisir cette opportunité et d’obtenir ce résultat. Après, il y aura d’autres bateaux de nouvelle génération qui sont là pour la relève…»
Record vs course ?
Un record, ça peut être tellement difficile à battre et il peut se passer plusieurs années avant de le faire évoluer. Pendant 10 ans, le sauteur à la perche, Serge Bubka a détenu le record des 6,14m. Quand tu arrives à battre un record, c’est magique. Tu as l’impression de faire quelque chose d’unique. Le record donne une perspective historique. C’est ce que je vais chercher. »
La spécificité d’un record : se battre contre le chrono et compter sur la météo
« Quand tu étudies le parcours, bien évidemment on peut l’améliorer et Sodebo Ultim’ a été conçu pour ce record. Deux jours soit 48 heures, c’est l’avance ou le retard que l’on peut avoir. Cette année, je vise les 55 jours. Tout se jouera à la jonction entre l’Atlantique Nord et l’Atlantique Sud. Cette jonction est capitale au moment de la remontée dans l’hémisphère nord. Il faut espérer être dans le bon train.
J’ai vécu cette expérience en 2013 lors de ma dernière tentative. Pendant la remontée de l’Atlantique après le Cap Horn, j’étais en avance sur Francis Joyon jusqu’au Brésil. Mais je n’avais pas assez de marge et je suis arrivé avec deux jours de retard.
Grosso modo, si tu n’as pas deux jours d’avance en arrivant en Atlantique Nord, c’est risqué et tu subis l’aléatoire de la météo. On l’a vu l’an dernier, Spindrift a manqué le record de deux jours et Idec de quatre jours alors qu’ils étaient dans le timing au début. »
Les routages tournent à plein régime
« On fait tourner les routages avec les différents scénarios. Nous regardons surtout le passage de l’Equateur et l’entrée dans l’Atlantique Sud. Je suis impatient de partir, je n’ai pas envie d’attendre trop longtemps… J’ai hâte de voir ce que cela donne.
En climatologie, les tentatives qui fonctionnent sont celles qui partent mi-novembre. Il faut être synchro entre les glaces dans le Sud et le retour dans l’hémisphère Nord. Le bateau est prêt. Avec l’équipe, nous sommes tous en astreinte pour réagir dès qu’une fenêtre se profile. »
La pression va commencer à monter pour Jérémie Beyou comme pour les autres concurrents au fur à mesure que le départ approche. Sommeil, alimentation, avitaillement, le skipper de l’IMOCA 60’ Maître CoQ n’a rien laissé au hasard.
Présent depuis mi-octobre aux Sables d’Olonne, Jérémie Beyou s’apprête à vivre une dernière semaine pendant laquelle l’effervescence autour de la course, en même temps, que la pression, va monter crescendo. Pour avoir déjà vécu deux départs, le skipper de Maître CoQ sait très bien à quoi s’attendre et il s’est préparé en conséquence, puisqu’il a prévu de rentrer peu à peu dans sa bulle pour être fin prêt dimanche 6 novembre lorsque sera donné le départ de la huitième édition du Vendée Globe. D’un coup, il passera alors de centaine de milliers de personnes autour de lui à une solitude qui sera son quotidien pendant près de trois mois. « Je n’ai pas l’appréhension de la solitude sur la durée, même si je n’ai jamais passé autant de temps seul, explique-t-il. L’appréhension vient plus des tous premiers jours de course. Je suis conscient qu’après les trois semaines de pause aux Sables, il faut tout de suite être dans le match, bien gérer l’entame du Vendée Globe qui est très importante. Donc je suis vraiment concentré sur les premiers gestes, les premières manœuvres, les premiers choix tactiques, je suis focalisé sur le rythme que je vais mettre d’entrée. La durée, ça viendra tout seul. »
Jérémie Beyou le reconnaît aisément : en mode compétition, il a du mal à se résoudre à dormir et à s’alimenter régulièrement. « Un bilan établi en 2014 avec Virginie Auffret, la nutritionniste qui me suit, a montré que je me mettais facilement en carence parce que j’étais happé par la compétition. Or, se priver des éléments essentiels nutritifs induit des pertes de performances mentales et physiques, je ne peux pas me le permettre sur le Vendée Globe », commente le skipper de Maître CoQ. Du coup, plutôt que de le forcer à manger, ce qu’il aura par exemple sans doute du mal à faire lors des premiers jours de course, sa nutritionniste lui a préconisé des produits de compensation pour éviter qu’il se retrouve « à la rue ». Cela va de compléments alimentaires à des pâtes de fruits en passant par des noisettes ou des gels nutritifs qu’il a facilement à portée de main dans le cockpit ou à la table à cartes. « J’aime bien avoir un plat de lasagnes pour tenir les 24-36 premières heures », explique aussi Jérémie qui, lors des premiers jours, aura également à disposition des fruits frais.
Après quoi, il passera à une alimentation plus régulière, à raison de trois sacs quotidiens minutieusement préparés en amont avec son équipe. « J’emmène 85 jours de nourriture, j’ai essayé de faire light, il n’y a rien de superflu, hormis la petite bouteille de champagne Castelnau pour l’équateur et le Cap Horn, et le rôti de chapon aux cèpes Maître CoQ pour les fêtes… » Côté sommeil, pas vraiment de règle, si ce n’est de dormir environ 5 heures par 24 heures, souvent par tranches de 20 minutes, la plupart du temps face à la table à cartes dans le siège spécialement conçu pour lui pour ce Vendée Globe. Dans ce domaine, le skipper de Maître CoQ a appris à s’auto-gérer et n’éprouve pas le besoin d’avoir une minuterie ou une alarme.
Chasse au poids oblige, Jérémie Beyou n’emmène à bord que ce qui est strictement nécessaire. Une trousse médicale et un sac de survie d’une dizaine de kilos chacun, un sac de sécurité de 25 kilos, 65 kilos de matériel de spare (rechange), avec notamment deux hydro-générateurs, un dessalinisateur, deux bouteilles de camping gaz et un pilote automatique. Les deux sacs de vêtements pèsent 30 kilos en tout, comprenant une centaine de produits adaptés à toutes les conditions qu’il rencontrera au cours de son tour du monde. Rien d’autre dans la valise ? Le skipper de Maître CoQ, peu superstitieux, n’est pas du genre « grigris », il a cependant fait une petite entorse à la règle pour ce Vendée Globe : « En octobre, je suis allé dans la classe de CM1 de mon deuxième garçon, Jacques, ils m’ont fait un magnifique cahier relié dans lequel ils ont collé des dessins, si bien que je l’ai embarqué, j’aurai plaisir à regarder tous les dessins quand je serai en mer. »
Training for the maxi tri SODEBO, skipper Thomas Coville, prior to his solo circumnavigation record attempt, off Belle Ile, on october 12, 2016 - Photo Jean-Marie Liot / DPPI / SODEBO
Thomas Coville est en standby avec son Sodebo Ultim’ pour une 5e tentative de record autour du monde en solitaire, le seul temps de référence qu’il n’a jamais accroché à son palmarès. Un objectif majeur qui servira aussi de galop d’essai en vue de cette fameuse course planétaire en Ultime, prévue en 2019. Rencontre.
En tenant un rythme infernal avec François Gabart sur The Transat, vous semblez avoir encore repousséles limites sur ces trimarans de 30 m. Oui, on disait la même chose en 2007 quand, avec Francis Joyon, nous avons fait construire nos trimarans de 30 m après les Orma. Partir autour du monde sur ces bateaux une fois et demie plus puissants que les Orma ne semblait pas raisonnable. En fait c’est l’inverse. Naviguer en Orma en solo était vraiment chaud. Aujourd’hui, nos bateaux nous permettent d’accéder à des vitesses très élevées en étant finalement beaucoup plus en sécurité. La largeur nous assure une vraie stabilité. Je me sens beaucoup plus à l’aise aujourd’hui à bord de Sodebo Ultim’ qu’en Orma, ou même sur l’ancien Sodebo qui est devenu l’Actual d’Yves Le Blevec.
On pourrait pourtant penser l’inverse… Oui, de l’extérieur, quand on voit ces maxi trimarans à quai, on peut se dire que nous sommes partis dans la démesure. Il est vrai que cela demande des équipes techniques rôdées et des bateaux très bien conçus, où il n’y a pas d’embrouilles. Le moindre grain de sable peut tout enrayer et engendrer des situations dangereuses. Mais lors des transats effectuées récemment, je ne me suis pas mis dans ce cas de figure. Le bateau est très sain. Quand les manœuvres se déroulent proprement c’est très agréable. Je me sens dans le bon timing grâce à l’expérience acquise auparavant. Or, ce qui est difficile à mettre au point dans une carrière d’athlète, c’est justement le timing dans lequel tu vas être par rapport à l’évolution de ton sport, à l’évolution technique. Le circuit des Ultime se met en place et on commence à avoir de l’expérience avec Sodebo pour pouvoir maîtriser ce type de bateau. Mon trimaran enchaîne les transatlantiques, ce qui prouve sa fiabilité.
Sur la route du retour de The Transat, tu as battu le record des 24 heures, devenant le premier marin de l’histoire à passer la barre des 700 milles en solo (715 milles contre 668 pour Francis Joyon, l’ancien détenteur du record)… À la base, je voulais tenter d’améliorer le record de l’Atlantique nord. Mais le timing était un peu serré pour le standby à New York. Je suis parti en faisant une route un peu sud qui échappait aux glaces, et surtout me mettait sur une rampe devant une tempête tropicale. Cela m’obligeait à faire 600 milles de plus que l’orthodromie, ce qui ne permettait pas de battre le record de l’Atlantique. Mon routeur, Jean-Luc Nélias, a alors eu l’intelligence de tracer une ligne droite pour tenter de se rabattre sur le record des 24 heures. Nous avons saisi l’opportunité. Cette dépression tropicale générait des vents de 25 à 40 nds, avec un peu trop de mer pour faire le temps idéal. Pour autant, la dépression se déplaçait pratiquement à ma vitesse. J’ai donc réussi à garder le même angle pendant presque 1 000 milles. Sur ces 1 000 milles, j’en ai parcouru 715 en 24 heures. C’était jouissif de rester ainsi en avant du même système dépressionnaire. J’étais assez toilé, avec des angles ouverts, à environ 135 à 140° du vent. C’était intense et il y a eu quelques plantés virils. Cette belle perf’ fait du bien, pour moi et pour toute l’équipe. C’est de bon augure pour le record du tour du monde que nous allons tenter cet hiver. Pousser le bateau de telle manière permet aussi de savoir jusqu’où on peut aller en termes d’engagement.
Tu n’étais déjà pas passé loin de ce record pendant The Transat, avec 673 milles parcourus en 24 heures. Oui, et c’est la preuve que nous tournons régulièrement autour de ces vitesses. Ce bateau, quand il est lancé en mode compétition, va très vite. Dans le petit temps, on s’est fait « déboîter » par François. Mais dans la brise et sur une mer formée, Sodebo se défend bien et reste très sain.
Certes. Mais tu dois quand même parfois te faire peur, à ces vitesses ? Au début, tu es dans le cockpit et tu t’organises pour avoir de quoi manger et boire autour de toi. Tu ne restes pas trop loin des écoutes et de la barre, avec la télécommande du pilote dans la main. Tu es super concentré sur les instruments. Puis au bout de quelques heures, tu vois que ça déroule, tu t’habitues à la vitesse, au bruit. Tu vois que le bateau se comporte bien, même dans les rafales et les accélérations. Tu rentres alors un peu à l’intérieur, tu t’autorises une première sieste et tu vas à la table à la carte. De temps en temps, tu as une poussée d’adrénaline car pour tenir 29,9 nds de moyenne, il y a des moments où tu es à 36-37 nds. Mais ça se gère. J’aurais été plus tendu nerveusement si j’avais fait le parcours à 90° du vent, car aux allures de reaching, le bateau est plus aérien.
Sodebo Ultim’ est entré en chantier cet été, avant la tentative de record autour du monde. En quoi cela a-t-il consisté ? Nous avons fait une maintenance globale du gréement courant, de l’accastillage, etc. L’idée était de repartir avec des balles neuves. Un tour du monde, c’est l’enchaînement de 9 transats. D’où l’importance de prendre le départ avec du matériel neuf. Nous avons apporté des optimisations au niveau de l’énergie. Cet aspect ne se gère forcément pas de la même manière pour un tour du monde que pour une transatlantique. Nous avons par ailleurs faire rentrer deux nouvelles voiles adaptées à ce parcours.
Ce sera ta 5e tentative de record autour du monde en solitaire. Qu’est-ce qui te pousse à y retournerune nouvelle fois ? C’est l’attitude normale d’un athlète. Je suis pugnace, travailleur. Ce record est une manière pour moi d’aller au bout d’une démarche. Quand Armel Le Cléac’h est arrivé victorieux de The Transat à New York, nous avons pris le temps de discuter. Il m’a dit, avec les larmes aux yeux : « J’espère que tu auras la même émotion que moi car ça fait dix ans que j’attendais une victoire en Imoca, et elle est arrivée. » Je suis dans la même dynamique. Dans ma carrière, j’ai battu tous les records en solitaire : les 24 heures, l’Atlantique nord, la Route de la Découverte, la Méditerranée. Le seul que je n’ai pas accroché est le plus difficile à atteindre : le tour du monde. Il n’y a que des gens d’exception comme Francis Joyon pour réussir dès la première tentative. J’ai sûrement besoin de plus de travail pour y arriver.
Le duo que vous formez, toi et ton bateau, semble en tout cas taillé pour battre les 57 jours de Joyon. Je suis très bien préparé, mais je l’étais aussi les autres fois. Après, il y a les aléas météo, techniques. La voile est un sport mécanique. Tu peux mettre toutes les chances de ton côté et quand même échouer…
Au même moment sera donné le départ du Vendée Globe, course à laquelle tu as déjà participé (6e en 2000-2001). On pourrait te revoir sur cette épreuve un jour ? J’ai tout fait pour qu’on mette en place un Vendée Globe en multicoque qui aura lieu en 2019. J’avoue être plus attiré par ce défi, qui correspond finalement à l’ADN du Vendée Globe lors de sa première édition, en 1989. À l’époque, on ne savait pas si c’était possible. Ce côté pionnier me plaît bien. Au fil des éditions, le Vendée Globe est devenu une régate, une compétition de très haut niveau entre des bateaux et des marins très affûtés. Aujourd’hui on ne se pose pas la question de savoir si c’est faisable, on se demande qui va gagner. En multicoque, l’engagement que tu mets en solo est tout autre, particulièrement autour de la planète.
Tu es donc d’accord avec Yann Eliès, qui nous disait : « Les prochains grands aventuriers seront les marins qui partiront en 2019 pour le tour du monde en solitaire en Ultime. »(Course Au Large n° 69) Je suis complètement dans cet état d’esprit, et ce n’est pas un jugement de valeur. Le prochain Vendée Globe m’intéresse beaucoup car, pour la première fois, un bateau qui n’est pas de la dernière génération pourrait l’emporter. Avec des projets financièrement un peu moins importants que les grosses écuries, des marins comme Vincent Riou et Jérémie Beyou peuvent rivaliser grâce à leur expérience, leur motivation et leurs choix techniques.
En 2019, tu seras donc au départ de la course autour du monde en Ultime. Dans cette optique, as-tu prévu de largement optimiser ton Sodebo ? Oui, mais il est encore trop tôt pour en parler de manière précise. L’expérience de l’hiver prochain va encore alimenter la réflexion sur les évolutions que nous pourrions apporter sur Sodebo.
Ne crains-tu pas la concurrence de Macif, mais aussi de Gitana et Banque Pop’ qui préparent des engins ultramodernes ? Si, bien sûr. Les budgets engagés sont conséquents et les trimarans qui sortiront seront, sur le papier, plus performants que le nôtre. C’est justement ce qui nous pousse à penser aux optimisations permettant de rester dans le match. La mise au point des bateaux sera importante. Il faudra être prêt le jour J, pas avant et pas après. Quand tu vois la révolution qu’il y a eu en trois ans dans notre sport, bien malin serait celui qui pourrait dire si ces deux bateaux seront encore au goût du jour dans trois ans… Est-ce que des nouveaux appendices qui sortiront dans quelques années ne seront pas plus décisifs que de construire des nouveaux bateaux aujourd’hui ? La voile est un sport mécanique très empirique. Je navigue en Ultime car j’estime qu’en fonction des routes et des courses, chacun a son expérience à faire valoir.
Envisages-tu cette course autour du monde comme un aboutissement ? Non, ce n’est pas un aboutissement car, sinon, je serais inquiet pour la suite ! Ce tour du monde en 2019 sera très complémentaire avec le programme de records, particulièrement celui autour du monde. L’un nourrit l’autre, et le programme est cohérent. Les records ont un côté unique. Or, dans le sport, et dans la vie en général, j’aime dégager la singularité des gens. Mais je suis un compétiteur et j’ai aussi besoin de la confrontation avec les autres. L’idéal est donc de concilier les deux exercices.
C’est ton troisième projet Vendée Globe, un projet 100% Sud que tu construis depuis 3 ans. Peux-tu nous le présenter ?
” On a construit une jolie histoire avec deux partenaires principaux, Bastide Médical à Nîmes, et Groupe HBF à Toulouse avec sa marque Otio. Et puis ce sont plus de 40 partenaires Made in Midi qui nous ont rejoints autour de ce joli projet avec toute la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée. Finalement on ramène toute la Méditerranée sur les océans. On a récupéré un très bon bateau, l’ancien IMOCA de Jean-Pierre Dick. Depuis un an on travaille sur Bastide Otio pour le rendre plus fiable, plus performant et plus cohérent avec ma façon de naviguer. Je suis devenu copain avec ce bateau, je prends du plaisir à naviguer dessus, il est à la fois performant et sage. Ce sont de bonnes qualités pour faire le Vendée Globe. Surtout la sagesse ! ”
Difficile de retrouver l’envie et l’énergie de repartir sur un nouveau projet ?
” En 2012 quand je me suis retrouvé avec le bateau cassé au Portugal je me suis dit que je n’aurais pas la chance d’y retourner. Je sais à quel point c’est difficile d’être au départ du Vendée Globe, quelle énergie il faut pour être là. Ces deux échecs ont été lourds à porter. Le Vendée Globe on n’y va pas tout seul, on embarque beaucoup de monde, des partenaires, une équipe, du public, des gens qui nous aiment et qui ont envie que ça se passe bien. Et quand ça se passe mal on est un peu seul à porter tout ce désespoir. C’est vrai que c’était difficile. ”
Qu’est ce qui t’a décidé ?
” A un moment il faut rebondir ! J’avais envie de faire du bateau, de traverser les océans, d’être sur l’eau. S’il y a un truc important pour un marin c’est d’être sur l’eau, d’être sur un joli bateau et de raconter des jolies histoires.
Quand l’opportunité s’est présentée, je me suis posé la question de savoir si j’avais envie d’y retourner, de remonter un projet avec les risques que ça suppose. Il n’y a pas plus de probabilités que ça se passe bien ou que ça se passe mal. Finalement c’est l’enthousiasme des gens qui m’ont toujours soutenu qui m’a persuadé que c’était encore possible. Et ce qui est certain c’est que j’avais toujours envie. J’ai toujours envie d’y retourner parce que cette histoire n’est pas terminée. J’ai besoin de la terminer. ”
Dans quel état d’esprit es-tu à l’approche du départ ?
” Je suis assez serein à l’approche de ce Vendée Globe. C’est mon 3e essai et le plus important. J’ai besoin de me prouver à moi même que je suis capable de boucler un tour du monde. C’est ma dernière occasion, je commence à prendre un peu d’âge. J’ai beaucoup d’expérience, j’ai fait beaucoup de choses dans ma vie. Mais la seule chose que je n’ai pas encore réussi à accomplir, c’est ce tour du monde. Il n’est jamais trop tard pour bien faire ! ”
Tout le monde a bien noté que cette année, tu la boucles ! Tu as aussi un objectif sportif ?
” Je ne me fixe pas d’objectif sportif parce que je veux finir. Je veux trouver moi-même pendant la course la bonne position des curseurs entre vitesse, stabilité, sécurité, option météo… Il y en a beaucoup sur ces bateaux qui peuvent aller très vite mais le Vendée Globe est un parcours au long cours. Il faut aller loin et j’ai envie de terminer. Pas d’exigence sportive, je veux simplement faire le tour. Alors je me connais un peu, c’est peut-être le piège, je suis un compétiteur, je n’aime pas être lent ni être derrière. Je travaille là-dessus, je sais qu’il y aura des bateaux plus rapides, notamment au début du parcours, sur la descente de l’Atlantique. Il va falloir que je sois patient et fidèle à ma philosophie pour finir ce tour du monde, le plus rapidement possible bien sûr, et on verra le résultat à l’arrivée fin janvier début février. “