Après avoir passé l’équateur hier, aux alentours de 15 heures, Yann Eliès évolue désormais dans l’hémisphère sud et profite, comme les autres leaders du Vendée Globe, des alizés de sud-est pour cavaler bon train. La bonne nouvelle, c’est que les conditions météo s’annoncent relativement favorables pour contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène. La moins bonne, c’est que dans les prochains jours, jusqu’à l’arrivée d’un front pour filer dans l’est, ce sont une nouvelle fois ceux de devant qui devraient être le mieux servis. A la clé pour le skipper de Quéguiner – Leucémie Espoir, un retard qui pourrait se porter à 350 voire 400 milles d’ici à la semaine prochaine. C’est évidemment un peu dur à accepter pour le marin qui a, on l’a déjà dit, été largement pénalisé lors des premiers jours de course par la casse de son hook de grand-voile, même s’il sait que la route est encore très longue. Reste qu’il s’accroche car la vapeur pourrait bien s’inverser une fois les latitudes 34° ou 35° sud atteintes.
Yann, comment se sont passés ces derniers jours de course ?
« On a laissé quelques plumes dans le Pot-au-Noir. On ne peut pas dire qu’il nous ait été très favorable, même si on a gagné sur ceux de derrière. En fait, on a surtout perdu sur Alex Thomson et ses quatre poursuivants les plus proches. Evidemment, c’est un peu consécutif aux premiers jours de course qui nous ont fait perdre des milles précieux à des moments clés. L’avarie de hook de grand-voile nous a, grosso-modo, fait naviguer un peu plus de huit heures sous voile d’avant seule. Forcément, ça n’a pas aidé et c’est pourquoi je ne suis finalement pas si mécontent de me retrouver là où je suis. Il n’empêche que je trouve un peu sévère le fait de compter 300 milles de retard sur la tête de flotte. Ce serait 100 de moins, ça irait mieux. »
Ce problème de hook est-il réglé à présent ?
« Oui, cependant je n’ai pas 100% confiance dans le nouveau hook installé. Clairement, je vais avoir ça au-dessus de la tête comme épée de Damoclès jusqu’à la fin de la course. J’ai installé une sécurité pour me laisser la possibilité de dé-hooker manuellement dans le cas où je n’y parviendrais pas automatiquement depuis le bas. La punition serait de devoir monter en tête de mât pour le débloquer. »
Un mot sur la suite. Quid des prochains jours ?
« Depuis hier, j’ai commencé à faire tourner les routages sur dix jours, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’ils nous amènent jusque dans le grand Sud. En gros, ils nous font arriver du côté de Gough Island située à la pointe la plus nord de la zone interdite en Atlantique sud, le 23 novembre. Avant ça, nous allons devoir faire une grande parabole pour contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène. Nous allons débuter par une longue phase de reaching serré puis enchaîner à 90° du vent jusqu’au large de Rio de Janeiro où il faudra empanner. Une fois que ce sera fait, a priori, on devrait tous arriver à attraper un front venant de l’ouest qui nous ferait descendre jusqu’34°-35° Sud. C’est le scénario prévu aujourd’hui même s’il a le temps d’évoluer. En tous les cas, on commence maintenant à adapter notre trajectoire en fonction de lui. »
Est-ce un scénario qui va continuer de rendre les riches plus riches ?
« Contrairement à certaines fois où l’on doit aller raser les côtes brésiliennes à 50 milles, cette année, on devrait plutôt passer à 150 ou 180 milles au large. Le hic c’est qu’effectivement, les conditions météo attendues sont encore à la faveur des bateaux qui sont devant. Cela signifie que je vais continuer à perdre du terrain jusqu’à ce que j’atteigne le front évoqué tout à l’heure. Je pense, malheureusement, que je vais voir mon retard augmenter jusqu’à 350, voire 400 milles sur le premier dans les prochains jours. Heureusement, la tendance pourrait bien s’inverser une fois dans le grand Sud. »
Yann Eliès : « 250 milles de retard sur le premier, c’est un peu sévère »

Le pot au noir d’Arnaud Boissières – La Mie Câline
Passé comme une fleur par le groupe de leaders, le Pot au Noir s’est montré plus tenace avec les poursuivants, dont La Mie Câline. Les IMOCA à foils ont fait clairement le break – Alex Thomson pointe à quelque 1000 milles devant Arnaud – et les bateaux de queue ont pu recoller au peloton. La course prend une nouvelle tournure. Il va falloir être patient pour grappiller de nouvelles places au général et bien aborder les mers du Sud.
« Des hauts et des bas », tel est le cycle binaire du solitaire en course. Qui s’enthousiasme et peste tour à tour. A la belle manœuvre ou au nuage négocié du bon côté succèdent le vent refusant, la petite avarie, le classement moins favorable que prévu, bref la contrariété. Aller le plus vite, c’est parvenir à lisser cette perpétuelle oscillation. Et dans ce domaine, le Pot au Noir est un défi. Il faut avoir les nerfs solides et un peu de réussite pour passer sans s’arrêter cet équateur météorologique. Mercredi, Arnaud confirmait cette instabilité permanente : « Le vent passe de 5 à 10 nœuds en quelques secondes ; j’alterne entre mon génois et le grand gennaker* mais chaque manœuvre coûte cher car le bateau s’arrête. Cette nuit, je n’ai pas du tout dormi. Deux fois, j’ai pu rester sur la bordure d’un nuage avec de la pression et j’ai recollé, mais, une autre fois, il se déplaçait si vite qu’il m’est passé dessus ! Je suis resté collé trois heures…»
Passage obligé
Avant d’avoir la satisfaction de voir s’afficher la lettre « S » comme Sud sur l’écran du GPS, il faut donc franchir d’abord cette fameuse zone de convergence où le choc des alizés des deux hémisphères se transforme en un grand n’importe quoi. Des calmes, des grains, des rotations subites, des nuages si bas qu’ils ressemblent à la fin d’un monde… « Dans le Pot au Noir, ça ne sert à rien de penser. Même avec les images satellites, on n’arrive pas à anticiper » conclue Cali …
Sympathique pour les leaders, Alex Thomson (Hugo Boss) en tête – félicité par Arnaud pour son nouveau record les Sables-Equateur -, le Pot au Noir 2016 s’est transformé en pot de pus pour les suiveurs, creusant douloureusement l’écart entre les trois premiers groupes, ; les retardataires du quatrième se voyant recoller à la troupe. Elastique par l’avant, compression par l’arrière,… il y a de quoi enrager. Conran Colman n’est plus qu’à 20 milles d’Arnaud, Louis Burton et Bertrand de Broc sont devant l’étrave, encore à portée. Après avoir repris une vingtaine de milles à ces concurrents directs depuis les Canaries, Arnaud a ainsi tout reperdu dans la soirée de mercredi, obligé même de tirer un nouveau bord à l’Est alors qu’il avait pu enfin se recaler dans le sillage de ses « éclaireurs » comme il les baptisait en visio-conférence lundi. Bonne surprise au pointage le lendemain matin, Arnaud naviguait deux fois plus vite que ses camarades depuis quatre heures, relancé dans un match sans véritables règles et assez usant il faut le dire….
Le Sud, enfin.
En atteignant l’équateur géographique cet après-midi après douze jours de course, Arnaud a enfin redémarré dans l’alizé de Sud-Est, cap sur le Brésil qu’il faudra longer pour contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène. C’est, espérons-le, la fin d’une séquence où les efforts du skipper de La Mie Câline n’ont pas été toujours payés de retour au classement.
Bien revenu avant Madère mercredi dernier suite à ses problèmes de moteur le jour du départ, Arnaud n’a eu de cesse de se recaler dans l’Ouest pour rester avec ses adversaires directs Kito de Pavant (Bastide Otio), Bertrand de Broc (MASCF) et Louis Burton (Bureau Vallée). Obligé de naviguer proche du vent arrière alors que ses concurrents positionnés plus à l’Ouest profitaient d’un meilleur angle, il a dû constater pointage après pointage que l’écart grandissait. Arnaud fait contre mauvaise fortune bon cœur et compte les points positifs de ces deux premières semaines de course. « J’aurai peut-être dû empanner pour me recaler derrière eux plus tôt mais c’était un crève-cœur. En tribord amures, je partais aux Etats-Unis ! J’ai cherché à glisser et je ne suis pas si malheureux aujourd’hui. Je démarre tous les jours le moteur selon la nouvelle procédure fournie par Julien Berthelot (BJ Marine). Le bateau est en parfait état et j’ai eu le temps de faire un check complet dans l’alizé. J’ai la forme même s’il fait très chaud. J’ai eu le temps d’échanger par mail avec quelques concurrents dont Kito et, bien sûr, Tanguy de Lamotte». C’est en effet sur l’ancien bateau d’Arnaud que le skipper de Mécénat Chirurgie Cardiaque a connu son avarie de gréement – gréement qui avait fait un tour complet de la planète il y a quatre ans entre les mains de Cali…
Dixième Pot !
Les passages de caps et changements d’hémisphère sont toujours l’occasion de faire les comptes. C’est ainsi la dixième fois qu’Arnaud franchit l’équateur en course. La première fois, c’était en 2001 en Mini 6.50, le temps a passé. «Ça va vite, rigolait le skipper de La Mie Câline. En deux Vendée Globe, je l’ai passé quatre fois ! » Rendez-vous donc dans un mois et demi environ pour un onzième franchissement, vers le Nord cette fois. D’ici-là, on espère plus de hauts que de bas.
Berrehar, Rhimbault et Thomas en finale
La sélection Challenge Bretagne – CMB continue. Il n’en reste plus que trois. Tests médicaux et physiques, entretiens individuels, , navigation dans du vent médium puis dans des conditions musclées : la semaine qui s’achève a été dense pour les six jeunes sélectionnés sur dossier pour la phase 2 du Challenge Bretagne – CMB. Une phase à l’issue de laquelle trois finalistes ont été désignés.
« Nous avons retenu Loïs Berrehar (23 ans, Carnac), Pierre Rhimbault (24 ans, La Rochelle) et Gauthier Thomas (24 ans, Douarnenez). En réalité, dès hier soir, nous disposions de suffisamment d’éléments pour prendre une décision posée et constructive. Nous avions, en effet, un point de vue déjà bien éclairé sur les capacités techniques des uns et des autres. La navigation d’hier, dans le vent fort, a réellement fait ressortir les candidats ayant une vision décentrée du bateau, des capacités à anticiper à bord et une véritable culture du large », a expliqué Christian Le Pape, Directeur du Pôle Finistère Course au Large qui a donné rendez-vous aux trois marins restant en lice entre le 28 novembre et le 2 décembre pour la finale au terme de laquelle le nouveau Skipper Espoir Bretagne – CMB sera connu.
Bertrand de Broc se déroute vers Fernando de Noronha

Bertrand de Broc a tapé quelque chose au large du Portugal et va devoir se dérouter vers Fernando de Noronha. Il est au coude à coude avec Louis Burton et ne semble pas au ralenti mais le bruit est insupportable. Il fera un état des lieux du bateau et tenter de comprendre les raisons de ce bruit.
Depuis quelques jours Bertrand de Broc sur l’IMOCA MACSF entend un bruit assez assourdissant. A l’origine de ce bruit, peut-être un choc au large du Portugal. Les chocs étant très fréquents lors d’une course, Bertrand de Broc n’y a pas prêté spécialement attention dans un premier temps. Mais le bruit s’est amplifié au fur et à mesure jusqu’à en devenir insupportable quand le bateau dépasse 14 nœuds. Plusieurs pistes sont en cours d’études avec Marc Guillemot, team Manager MACSF, pour identifier son origine. Un check complet doit être effectué sur le bateau, notamment sa coque, sa quille et ses safrans. Pour cela, Bertrand envisage une halte sans mouillage sous le vent de Fernando de Noronha, pour faire une inspection en plongée.
Nous vous informerons demain matin des résultats. Bertrand, actuellement 14ème au classement, reste dans la course.
« A bord d’un IMOCA, il y a toujours beaucoup de bruit cela fait partie de notre quotidien. Il y a les bruits connus, voire rassurants et ceux qui doivent donner l’’alerte. Je ne mets pas de casque anti-bruit lorsque je navigue pour pouvoir les entendre et les reconnaitre. Sur le long terme lorsqu’il y a un problème ceux-ci peuvent devenir insupportables. » explique Bertrand de Broc
Ça glisse à nouveau pour Jean-Pierre Dick

Jean-Pierre Dick va enfin pouvoir accélérer et remonter au classement. Son option prise il y a plusieurs jours continue de lui coûter cher au classement mais passé le pot-au-noir il peut enfin espérer des vents plus favorables pour revenir.
Ça glisse à bord de StMichel-Virbac lancé à plus de 18 nœuds dans l’alizé. Joint par téléphone ce matin, Jean-Pierre Dick avait une bonne voix malgré l’étude des fichiers météo favorables aux leaders dans la descente jusqu’à la porte des glaces. StMichel-Virbac réduit l’écart sur le neuvième, Jean Le Cam désormais à 25,2 milles de JP au classement de 12h.
Quel est ton état d’esprit et ton objectif à court terme ?
« Mon objectif est de faire glisser StMichel-Virbac au maximum pour gagner des places, cela fait toujours du bien au moral ! J’ai pu distancé Thomas Ruyant. Ma prochaine étape est de viser la neuvième place de Jean qui est maintenant à une trentaine de milles devant moi. C’est positif ! »
Quelles sont les conditions à venir ?
« Aujourd’hui la situation est encore une fois idyllique pour Alex Thomson et la tête de flotte avec une dépression qui les emmène jusqu’à la porte des glaces. Ce sont des conditions de record pour l’épreuve ! Pour la deuxième partie de la flotte, nous allons devoir jongler avec les systèmes météo après Rio pour attraper une nouvelle dépression et gérer un troisième passage à niveau. Je m’attends encore à perdre du terrain à terme mais c’est une course de très longue haleine ! »
Tu navigues au large de Recife aujourd’hui, cela te rappelle des souvenirs ?
« J’ai des souvenirs de Transat Jacques Vabre et de Barcelona World Race ici. Le pit-stop avait été un moment fort du projet lors de la Barcelona World Race 2010 avec Loïck Peyron. Cela fait partie des bons souvenirs de la course. »
Classement de 12h
1 – Alex Thompson – Hugo Boss à 20 463,6 milles de l’arrivée
2 – Armel Le Cléac’h – Banque Populaire VIII à 101,1 milles du leader
3 – Sébastien Josse – Edmond de Rothschild à 108,2 milles du leader
9 – Jean Le Cam – Finistère Mer Vent à 629,9 milles du leader
10 – Jean-Pierre Dick- StMichel-Virbac à 655,1 milles du leader
Dernier ACWS au Japon

Après le magnifique spectacle de Toulon, c’est Fukuoka qui accueille ce week-end le dernier ACWS. On connaîtra enfin le grand vainqueur de ces neuf Acts qui se sont courus depuis deux ans. Commencera alors la dernière ligne droite pour les six équipes engagées pour se perfectionner sur leur AC50 avant d’entamer la première phase de la compétition : les Qualifiers, où un challenger sera éliminé.
Chaque équipe dispose maintenant de son propre AC45 Test. Un bateau encore en mode laboratoire et qui prendra sa forme définitive fin décembre, comme l’autorise le règlement. Il suffira alors pour chaque équipe de remplacer les coques de son AC45T par celles à la bonne longueur de la jauge de l’AC50. Une opération qui ne devrait prendre que quelques jours.
Les Français et les Kiwis peuvent enfin s’adonner, depuis cet été, à la mise au point de leur AC50. Les Japonais en ont déjà un, et les Américains, les Suédois et les Anglais deux. C’est une course contre la montre pour optimiser le travail du bureau d’études, tester le maximum de configurations possibles et surtout travailler les automatismes à bord. Un travail sur un bateau extrêmement physique où il faut sans arrêt charger les batteries sur deux colonnes de winches.
Les Qualifiers commenceront le 26 mai. D’ici là, les équipes devront se rendre au Japon, à Fukuoka, pour le dernier ACWS. Celui-ci consacrera la meilleure équipe, celle qui aura marqué le plus de points sur les 9 Acts courus entre 2015 et 2016. Les Anglais, en tête du classement général, semblent bien partis. Ils devancent les Américains de 14 points et les Kiwis de 17. Si on en restait là et que les Anglais parviennent à aller jusqu’au match contre le defender Oracle, ce dernier commencerait avec -1 point la confrontation, sachant que le vainqueur est celui qui arrive à marquer 7 points. Un avantage non négligeable pour les Anglais, mais encore faut-il arriver au bout et battre les autres challengers.
En attendant, seules trois équipes sont déjà aux Bermudes : les Américains, les Suédois et les Japonais. Ils s’entraînent régulièrement ensemble. On a vu récemment les Japonais et les Américains faire des démonstrations de foiling tack, histoire de mettre la pression sur les autres challengers. Réussir cette manœuvre est capital pour espérer gagner. Les Américains y étaient parvenus avec beaucoup de difficulté lors de la dernière édition. Le niveau va donc être relevé dès les Qualifiers.
Les Français quant à eux s’installeront aux Bermudes au mois de février. Le temps de disposer de leur AC50, qui mettra un mois pour venir par mer en janvier. « Nous avons décidé de convoyer notre AC50 au mois de janvier. C’est une période où on navigue très peu aux Bermudes. C’est l’hiver là-bas aussi. On va donc naviguer autant que possible en France jusqu’au mois de décembre, pour terminer tous nos développements. On sera à nouveau opérationnels au mois de février, et cette fois-ci aux Bermudes, où nous aurons trois à quatre mois pour finaliser nos entraînements », détaille Bruno Dubois, le team manager de l’équipe.
L’équipe sort autant que possible sur son AC50. Elle navigue à la base navale de Lanvéoc-Poulmic, où elle bénéficie de meilleures conditions de vent et de sécurité pour s’entraîner. De plus, elle peut le faire à l’abri des regards. « On essaie depuis juillet d’installer un rythme dans la semaine. On se donne un jour de congé, un jour de maintenance, et le reste c’est de la navigation dès qu’on peut », explique Bruno Dubois. Le bateau sort dans le même range de vent défini par le protocole, entre 5 et 25 nds. L’équipe disposera fin décembre d’une deuxième aile, actuellement en fin de chantier. Elle a déjà construit deux paires de foils, qu’elle teste sans relâche, et lancé la construction d’une troisième. Les progrès à bord sont sensibles. « Entre le premier jour et aujourd’hui, notre progression se compte en nœuds gagnés. On est sur une courbe de progression très forte. La vitesse de ces AC45T n’a rien à voir avec les AC45, et encore moins les GC32 », s’enthousiasme Franck Cammas.
Le vent s’annonce léger et instable ce week-end. Land Rover a de bonnes chances de gagner comme Oracle ou les kiwis.
L’enjeu est important et le Defender s’est invité à la fête pour troubler la sélection des challengers. Si le Defender termine 2è cela donne un bon avantage au premier challenger qui commencera avec 2 points la compétition des Qualifiers. Mais l’intérêt du Defender sera aussi de parier pour le challenger qui ne pourra pas aller jusqu’au Match. Sinon le Defender aura un point en moins. A l’inverse, si le Defender gagne ce week-end, le Challenger commencera à -1 pour le Match. L’enjeu n’est pas si négligeable finalement.
Sébastien Josse dans le rythme
Sébastien Josse a traversé cette ligne imaginaire, matérialisée par la latitude zéro, après 9 jours 12 heures et 1 minute de mer, cinq heures (4h 59′) dans le sillage du leader Alex Thomson. Ce chrono permet au skipper de Hugo Boss de s’emparer du temps de référence entre les Sables d’Olonne et l’équateur, propriété de Jean Le Cam depuis douze ans, en l’améliorant de 1 jour et 4 heures. Ces chiffres en disent long sur le rythme imprimé par les hommes de tête sur ces premiers 3 500 milles du tour du monde. Au classement de 15h, le dernier-né des Gitana est quatrième à 79,4 milles du tableau arrière du 60 pieds britannique.
Un temps record à l’équateur
« Les chronos tombent et ça ne devrait être que le début ! » assurait Sébastien Josse. Leader de la flotte du Vendée Globe depuis quatre jours, Alex Thomson a logiquement franchi l’équateur en tête hier peu après 20h. Outre les honneurs du classement, le gallois s’offre un joli temps de référence en améliorant de 1 jour et 4 heures le chrono détenu depuis 2004 par le marin français Jean Le Cam. Quatrième solitaire dans son sillage, Sébastien Josse signe également une belle performance en entrant dans l’hémisphère Sud après seulement 9 jours 12 heures et 1 minute de course.
Au delà des temps canons, qui compte tenu des performances des nouveaux IMOCA et du niveau de perfectionnement des dernières générations ne sont en soi pas une très grande surprise, ce qui marque plus c’est bien les faibles écarts entre les cinq premiers. En effet, moins de six heures (5h 47′) séparent Hugo Boss de SMA ; des temps qui illustrent parfaitement la régate au contact que nous offrent les solitaires depuis le 6 novembre, date de départ des Sables d’Olonne. Cette émulation pousse les solitaires à se « mettre dans le rouge » pour exploiter tout le potentiel de leur machine : « je m’attendais exactement à ce rythme sur la descente de l’Atlantique ! Avec le plateau et le potentiel de nos bateaux ce n’est pas une surprise. D’être au contact est sollicitant mais vraiment intéressant, tout le monde se met dans le rouge mais personne ne lâche rien. Le Vendée Globe est une course d’endurance, il faut gérer son effort et savoir où l’on veut mettre le curseur» déclarait le skipper d’Edmond de Rothschild.
Les huit de l’hémisphère Sud
Après le Golfe de Gascogne, la traversée du Pot-au-Noir a constitué le deuxième passage à niveau de ce 8e Vendée Globe. Et à l’entame de ce onzième jour de course, une première hiérarchie est installée.
Sur les vingt-neuf concurrents en course, huit bateaux naviguent ce mercredi après-midi dans l’hémisphère Sud, avec dans l’ordre du classement Hugo Boss, Banque Populaire, PRB, Edmond de Rothschild, SMA, Maître Coq et plus loin Guéguiner Leucémie Espoir. Dans ce groupe d’ouvreurs les cinq premiers se tiennent en moins de 100 milles et ils naviguent cet après-midi bâbord amure, par le travers de l’archipel de Fernando de Noronha, dans un alizé de Sud-Est dont l’intensité varie sensiblement selon la latitude. Selon les dernières prévisions, ce flux devrait prendre du coffre dans les prochaines heures, au fur et à mesure que la flotte gagnera dans le Sud, pour atteindre les 20 nœuds dès la nuit prochaine.
Ce club des « sudistes » est parvenu à créer une rupture avec ses poursuivants. Non loin de l’équateur, Jean Le Cam est 9e et accuse 350 milles de retard.
Que leur réserve Sainte-Hélène ?
L’anticyclone de Sainte-Helène, qui doit son nom à l’île où Napoléon Ier fut envoyé en exil en 1815 et mourut en 1821, fait la pluie et le beau temps dans l’Atlantique Sud. Son positionnement et son étendu décident en effet du sort des marins qui se dirigent vers les mers du Sud.
Les premières prévisions sur la zone semble indiquer un passage plutôt intéressant pour les premiers solitaires du Vendée Globe : « Ce n’est pas encore complètement calé mais pour l’instant l’anticyclone est très Sud et plutôt étalé dans l’Est. Une dépression se forme actuellement à la latitude de Rio et si nous parvenons à nous glisser à l’avant de son front chaud nous pourrions avaler plutôt rapidement l’Atlantique Sud et faire notre entrée dans le Grand Sud d’ici une bonne semaine. Il y a un timing à ne pas louper pour pouvoir bénéficier de cet enchaînement.»
Mais en attendant les mers du Sud et leurs trains de dépressions, le skipper de l’écurie aux cinq flèches profitent de conditions tropicales pour bien glisser vent de travers au large du Brésil : « la chaleur est étouffante à bord, il fait plus de 40° C à l’intérieur du bateau et dehors impossible de rester au soleil sans protection, tu crames ! Mais on ne va pas se plaindre car bientôt ce sera le grand froid.»
Temps des cinq premiers entre les Sables d’Olonne et l’équateur
1. Alex Thomson (Hugo Boss) 9 jours 7 heures 2 minutes
2. Armel Le Cleac’h (Banque Populaire VIII) 9 jours 9 heures et 56 minutes, à 2h 54′ du leader
3. Vincent Riou (PRB) 9 jours 10 heures et 24 minutes, à 3h 22′ du leader
4. Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) 9 jours 12 heures et 1 minute, à 4h 59′ du leader
5. Paul Meilhat (SMA) 9 jours 12 heures et 49 minutes, à 5h 47′ du leader
Problèmes de pilotes pour Maitre CoQ
Jérémie Beyou reste dans la course malgré de sérieux problèmes de pilotes. Il doit impérativement trouver une solution avant les mers du sud. Après 9 jours 16 heures et 49 minutes, Jérémie Beyou a franchi mercredi matin l’équateur au terme d’une descente express de l’Atlantique Nord. Légèrement ralenti depuis le Pot-au-noir par des problèmes de pilotes automatiques, le skipper de Maître CoQ s’accroche au peloton de tête qui file vers le Brésil.
Sorti en moins de 48 heures d’un Pot-au-noir qui n’aura finalement pas trop ralenti la tête de flotte, Jérémie Beyou a franchi mercredi matin l’équateur en sixième position peu avant 5h du matin, heure française, au bout de 9 jours 16 heures et 49 minutes de mer. L’écart le séparant du leader, Alex Thomson, était de moins d’une demi-journée (9h47), preuve que, malgré les problèmes de pilotes automatiques qu’il rencontre depuis quelques jours, le skipper de Maître CoQ est loin d’être décroché de la tête de flotte. Jérémie Beyou, comme les cinq marins l’ayant précédé, est passé sous le temps de référence à l’équateur sur le Vendée Globe, détenu depuis 2004 par Jean Le Cam (10 jours et 11 heures).
Transparent, Jérémie est revenu mercredi en fin de matinée sur ces problèmes de pilotes : « J’ai eu des soucis avec mes deux premiers pilotes quasiment depuis le départ des Sables d’Olonne, ils se sont aggravés durant le passage du Pot-au-noir, me laissant sans pilote. J’utilise maintenant un troisième pilote sommaire qui me permet de passer du temps à essayer des modes de réparation. Le reste du temps est passé à la barre. Toute l’équipe m’aide à essayer de trouver une solution à cette panne d’ordre électronique. »
Ces problèmes ont forcément eu des conséquences sur la bonne marche du bateau : d’abord parce qu’ils ont perturbé sa traversée du Pot-au-noir, ensuite parce qu’ils ont obligé le skipper à passer beaucoup de temps à tenter de déceler la panne au détriment des phases de récupération. Enfin parce que le troisième pilote est moins performant que les deux autres, ce qui oblige Jérémie Beyou à davantage régler le bateau pour l’adapter aux variations du vent et surtout à beaucoup barrer, le skipper étant plus efficace que le troisième pilote.
« Bien que le classement soit pour l’instant compromis, j’essaie de rester en course car les conditions sont clémentes et que nous ne désespérons pas de trouver une solution », ajoute Jérémie, 7ème à 15h. Maître CoQ progresse au large du Brésil dans des alizés forcissant peu à peu.
Entre vents et glaces : un couloir étroit vers Bonne Espérance

Thomas Coville attaque aujourd’hui le 10ème jour du sprint dans lequel il s’est lancé le 6 novembre dernier pour battre le record du tour du monde à la voile en solitaire qui est de 57 jours 13h et 34 min.
Après un passage de l’Equateur en un temps express et record (5 jours 17h), Sodebo Ultim’ cavale aujourd’hui dans le sud de l’Atlantique Sud et contourne l’anticyclone de Sainte-Hélène pour passer le Cap de Bonne Espérance en fin de semaine.
Avec plus de 25 nœuds en vitesse moyenne depuis Ouessant, Thomas Coville affole les compteurs ! En neuf jours, Sodebo Ultim’ a parcouru plus de 6000 milles (plus de 11 110 kilomètres).
Depuis son départ le 6 novembre dernier, le skipper a tracé une ligne éblouissante et presque parfaite qui va d’Ouessant à la latitude de l’Argentine. Depuis qu’il a passé les Iles du Cap Vert, il a fait beaucoup de changement de voiles pour suivre le vent et continuer à filer à cette allure là mais il n’a pas fait le moindre virement ou empannage. Depuis le 10 novembre, Sodebo Ultim’ avance bâbord amure et à toute allure !
Entre sa position aujourd’hui et le cap de Bonne Espérance qui marque presque l’entrée dans l’Océan Indien, Thomas Coville entre dans une zone particulièrement stratégique de ce tour du monde à la voile. Et le skipper n’a pas d’autre choix que celui de la négociation, une négociation de 48 heures.
A partir de demain matin, jeudi 17 novembre jusqu’au samedi 19, le skipper va devoir enchainer les empannages pour se glisser dans un couloir étroit d’environ 80 milles de large (soit 148 kms de large). Au nord de ce couloir, une cellule anticyclonique où les vents peuvent être variables et faibles, et au sud, une zone de glaces que les routeurs de Thomas ont qualifié de NoGo Zone (cette NoGoZone est située en dessous du 43° Sud). Cette année, les satellites ont en effet repéré des champs de glaces exceptionnellement nord (45°Sud).
La carte postale du mercredi 16 novembre
« Hier j’ai eu un lever de lune incroyable. C’était la quasi pleine-lune, elle était comme un ballon devant mon flotteur bord avec une symétrie parfaite. J’étais sur le filet et pendant quelques minutes j’ai profité de cet instant, le temps s’est arrêté.
Aujourd’hui, c’est ciel bleu, la mer est relativement plate. Depuis deux jours, j’avais une houle de face qui s’est heureusement atténuée. Je suis sous grand-voile haute. Ça déboule de nouveau à 28 nœuds alors que j’ai fait une petite nuit à 22-23 nœuds. Ça glisse bien, c’est super grisant. »
La routine du matin
« J’essaie de prendre un petit déjeuner au lever du jour. Il me reste quelques fruits frais à mettre dans les mueslis, je me fais un thé. Les jours précédents, je pouvais être en terrasse mais ça s’est nettement rafraichi. Avant hier, c’était short et tee-shirt et après chaque manœuvre, j’étais en sueur.
La nuit dernière était bien fraîche. J’ai commencé à remettre le bonnet et le ciré. Depuis les Canaries, je n’avais pas besoin d’être très couvert, l’eau était chaude. Hier, c’était la vraie transition. A 40 degrés sud, c’est la rupture ! Aujourd’hui, je mets 5-10 min à m’équiper mais bientôt ça va prendre plus de temps. »
Vitesses
« 27-28 nœuds, on s’y habitue vite à l’image des personnes qui ont des grosses voitures. Quand il y a plus de mer, ça peut vite devenir impressionnant. Je n’accepte pas de descendre en dessous de 20 nœuds, 25 nœuds c’est acceptable. On fait des bonnes pointes de vitesse mais il faut faire attention au matériel et à ne pas se laisser trop prendre au jeu. Depuis le début, globalement on a du vent régulier. Pour aller à 28-30 nœuds, il faut un vent de 15-22 nœuds. C’est la réussite pour aller vite avec ces engins-là ! »
L’approche des glaces
« Toute à l’heure au radar, j’ai croisé un brise-glace. Ça donne le ton de ce qui se trouve au Sud ! Hier également, j’ai eu une alerte radar d’un super tanker. Depuis le départ, on sait que les glaces sont assez nord. Il y a un énorme amas de glaces de plusieurs dizaines de kilomètres qui s’est disloqué et forme des growlers. C’est à la fois magique et angoissant. Tout l’enjeu, c’est la tenaille entre la zone de non vent située au nord et provoquée par l’anticyclone de Sainte-Hélène et au sud la zone de glaces. Il faut que je me faufile dans ce couloir ce qui va nécessiter de faire beaucoup de manœuvres et d’empannages à priori toutes les heures et demi. Soit environ quarante empannages dans cette zone.
On ne va pas jouer au samouraï, je n’irai pas dans la zone de glace. Si l’anticyclone remonte un peu dans le nord, cela me permettra de me dégager plus vite. »
Etat d’esprit
« Une transat, c’est 7-8 jours, là je vais en faire encore 8 d’affilée. C’est un peu l’ultra-trail. J’ai bien géré le matériel depuis le départ. Le joli temps de référence à l’Equateur m’a mis en confiance. On va surement perdre un peu de temps avec Sainte-Hélène, mais ça s’équilibre avec tout de même une très bonne vitesse sur la trajectoire de Sodebo Ultim’. Je suis plutôt confiant pour la suite. »
Alex Thomson bat le record de l’Equateur sur Hugo Boss

Le skipper anglais Alex Thomson à bord de HUGO BOSS vient de battre un record sur le Vendée Globe ce soir. Alors qu’il mène la flotte depuis samedi soir, Alex vient de devenir le premier skipper étranger à atteindre l’Equateur en un temps record dans l’histoire de la course. Il a franchi le plus grand parallèle de la Terre après seulement 9 jours, 7 heures et 3 minutes de course – à 19:05 UTC – et se dirige maintenant vers l’Atlantique Sud.
Le record de l’Equateur était détenu jusqu’à présent par Jean Le Cam, également engagé dans cette édition, qui avait atteint le premier ce point stratégique du Vendée Globe en 2004 en seulement 10 jours et 11 heures.
Le Vendée Globe est la seule course de voile autour du monde en solitaire sans escale et sans assistance. La course a lieu tous les quatre ans et a, par le passé, largement été dominée par les Français. 29 Imocas étaient au départ de cette édition. La course est réputée pour être la dernière véritable grande aventure humaine de l’histoire. Seulement 71 sur les 138 partants depuis la création de la course, en 1989, ont réussi à la terminer et trois y ont laissé leurs vies.
Alex Thomson est déterminé à être le premier skipper britannique à gagner le Vendée Globe. C’est une course qui pourrait prendre jusqu’à 80 jours. Alex est clairement le favori à l’heure actuelle avec plus de 56 milles d’avance sur Armel Le Cléac’h à bord de Banque Populaire VIII.