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Tous au sud

François Gabart mène toujours cette Route du Rhum avec une parfaite maîtrise tenant à distance Francis Joyon relégué à 136 mn. L’ETA est prévue dans la nuit du dimanche à lundi heure locale avec un record à la clé. Il y a encore une incertitude quant à l’atterrissage sur la Tête à l’Anglais d’ici la fin du week-end : les alizés commencent à se réguler à plus de quinze nœuds de secteur Est et c’est donc un long bord bâbord amure qui devrait se prolonger jusqu’à ce vendredi soir au moins. Mais il faudra ensuite se recadrer par une série d’empannages à parfaitement négocier au risque de changer la hiérarchie ! Et préparer le tour de l’île qui n’est pas une sinécure après une semaine de mer plutôt active…

Une dépression à l’arrière
A l’autre bout de la flotte le décor n’est pas le même. Dans le golfe de Gascogne, une troisième « couche » vient secouer à nouveau les derniers créant une mer chaotique. Dominique Dubois sur le dernier monocoque en plein coup de vent de Sud-Ouest, affronte déjà plus de trente-cinq nœuds et cette situation va encore durer toute la journée ! Le solitaire est probablement à la cape (voilure très réduite) en attendant que ça passe… D’autres plus au Sud laissent courir pour échapper au plus fort de ce nouveau coup de chien, à l’image de Luc Coquelin ou de Wilfrid Clerton qui obliquent vers le Sud-Est.

D’autres enfin continuent leur « bonhomme » de chemin en piquant à l’Ouest afin de traverser le premier front et retrouver au plus vite une brise portante de Nord-Ouest. Tels les Class40 de Maxime Sorel, Mikael Hennesy, John Niewenhous ou Rodolphe Sepho. Malheureusement, ils vont devoir prendre leur mal en patience car cette nouvelle perturbation semble devoir durer jusqu’à dimanche ! C’est d’ailleurs l’ouverture pour tous ceux qui se sont abrités dans les ports de Bretagne : il y aura encore une mer pourrie dans le golfe de Gascogne, mais dès cette fin de week-end, la brise va normalement se calmer pour permettre de reprendre la mer.

Enfin, plusieurs solitaires ont annoncé leur intention de faire une escale technique à l’image de Claire Pruvot (Class40) en route vers Porto suite à des problèmes structurels sur la coque, ou de Jonas Gerckens (Class40) en direction de Lisbonne. Et la trajectoire de Thibaut Vauchel-Camus laisse entendre qu’un arrêt à Sao Miguel (Açores) est probable… Dans cette classe Multi50, les deux « Sudistes » n’ont pas du tout le même paysage : Armel Tripon navigue de conserve avec les premiers monocoques IMOCA entre Madère et Canaries dans un alizé en construction alors que Lalou Roucayrol tricote le long du Maroc en tentant l’extérieur…

Et pour les monocoques, la descente vers le Sud continue pour éviter de rentrer dans les hautes pressions avec en tête, un quartet compact parmi les 60 pieds (Thomson-Meilhat-Riou-Éliès) alors que Yoann Richomme a déjà plus de quarante milles de marge sur ses poursuivants de 40 pieds (Sharp-Chapellier-de Pavant). Et pour la plupart des classes, les leaders sont encore à plus de 2 500 milles de l’arc antillais : il y a de la route avant le ti-punch !

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Escale prévue aux Açores pour Erwan Le Roux

Erwan Le Roux rencontre des problèmes avec son pilote automatique sur son trimaran Multi50 FenêtréA-Mix Buffet. Il a décidé de se diriger vers les Açores. Il était 2è de la course. Leur arrivée est prévue en soirée à Ponta Delgada. L’équipe technique est déjà en route.

Une escale technique inévitable pour pouvoir donner à Erwan toutes les chances de terminer la course jusqu’à Pointe-à-Pitre.

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VDH continue sa longue route

Jean-Luc Van Den Heede a décidé de réparer son mât en mer plutôt que de s’arrêter et être classé en catégorie Chichester et de poursuivre la course jusqu’aux Sables d’Olonne.
Il a une avance de 1 500 milles sur le deuxième, le Néerlandais Mark Slats. Il a déclaré à McIntyre: “Le pire qui puisse arriver, serait que je perde mon mât et que j’ai mon gréement de fortune prêt à l’emploi.
McIntyre a ajouté: «Pour le moment, sa seule autre option est de se détourner de 2000 milles de la route vers un port chilien et d’être relégué en catégorie Chichester pour avoir fait une escale pour effectuer les réparations.” Il pense que s’il parviendra à passer le cap Horn et à se diriger vers le nord dans l’Atlantique, où il y aura davantage de ports de replis plus proches, s’il avait encore des problèmes avec le gréement de son Rustler 36 Matmut.
Don a ajouté. “Cela nous donne une vraie course jusqu’à l’arrivée. Mark Slats (Ohpen Maverick) a environ 90 jours pour le rattraper et doit maintenant faire 1 nœud de plus que Jean-Luc sur la distance restante jusqu’aux Sables d’Olonne. Cela signifie que Mark est véritablement incité à battre Matmut en fonction de ses propres moyens, alors que Jean-Luc doit pousser le bateau aussi fort que possible dans les limites de son mât endommagé».

Le message de VDH: “Voici la retranscription du message de Jean-Luc Van Den Heede récupéré grâce au réseau des radio-amateurs et du collectif Terre & Mer : #GGR2018

“J’ai largement eu le temps de réfléchir à ma situation pendant ces quatre jours de tempête en fuite en cape sèche (220 miles perdus vers le Nord). La tenue de mon mât est aujourd’hui extrêmement précaire suite à mon chavirage. Si je m’arrête faire une réparation, elle ne sera que provisoire. Pour que Matmut continue à naviguer il faudra à plus ou moins long terme changer pour un nouveau mât neuf.

J’ai donc décidé pour sauver mon âme (dixit Moitessier) de continuer ma route sans escale et de mettre le cap sur Les Sables d’Olonne.

Dès que la mer le permettra je monterai dans le mât afin de le sécuriser le mieux possible avec les moyens du bord. Si je démâte, j’ai comme tous les concurrents un gréement de fortune qui me permettra de rejoindre un port en toute autonomie. Je ne suis plus en mode course mais en mode convoyage en sécurité. Ce n’est pas la première fois que je tenterai de ramener à bon port un bateau blessé. Et si par miracle j’arrive aux Sables, peu m’importe le classement, tout au moins j’aurai essayé. Je croise les doigts et remercie tous ceux qui m’aident dans cette aventure.

Le message a été transmis grâce au réseau des radioamateurs et du Collectif Terre et Mer qui est notre seul moyen de communiquer avec la terre et qui fournit à tous les concurrents les situations météo. Je les en remercie
chaleureusement”.

Signé: JLVDH.

C’est une bien meilleure option pour le Néerlandais extrêmement compétitif que de gagner par défaut et que le résultat soit gâché comme pour Sir Robin Knox-Johnston injustement 50 ans auparavant avec les mots «mais il n’a gagné que parce que… (Dans le cas de RK-J Le Français Bernard Moitessier, qui avait 19 jours de retard sur l’Anglais au cap Horn, avait décidé de continuer son tour du monde pour sauver mon âme.)

Pénalité de temps
Van Den Heede a demandé une pénalité de temps à ajouter à son temps de course après avoir utilisé son téléphone satellite à deux reprises après que le mât ait été endommagé pour appeler sa femme. Les règles de la GGR ne permettent l’utilisation de téléphones comme mesure de sécurité que pour joindre la Direction Course. Toutes les autres communications doivent s’effectuer via HF, VHF ou réseau de radio-amateur, exactement comme lors de la première course du Golden Globe du Sunday Times de 1968/69.
Les organisateurs de la course annonceront leur décision demain, mais McIntyre a reconnu aujourd’hui que si Van Den Heede ne tirait aucun avantage matériel des deux appels, ils étaient soucieux d’imposer une pénalité de 18 heures, identique à celle infligée à l’Américain Istvan Kopar après s’être arrêté sur les îles du Cap-Vert pour réparer le mécanisme du régulateur d’allure de son voilier, Puffin.
Pendant ce temps-là, Tapio Lehtinen fait un arrêt prolongé à la porte de Hobart pour réparer son gréement. Le skipper finlandais Tapio Lehtinen a finalement atteint le point de dépose des films BoatShed Com à Hobart, à la 6e place, mardi après une lutte contre le sommeil de 54 heures, et contre des vents inconstants pour réussir à naviguer jusqu’au fin fond de la Tasmanie en remontant le fleuve Derwent à la voile. Son voiler Gaia 36 Asteria a subit une panne de moteur au début de la course et, le Finlandais n’a pas eu d’autre choix que d’attendre le vent. Le prochain bateau GGR à arriver à la porte de Hobart devrait être l’Australien Mark Sinclair sur son Lello 34 Coconut. Il a prévu un ETA pour le 15 décembre.

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Damien Seguin: Le bazar devant !

Damien Seguin, skipper de l'IMOCA Groupe APICIL à l'entrainement avant le départ de la Route du Rhum Destination Guadeloupe, le 7 octobre 2018, photo : Ronan Gladu / Groupe APICIL - jmliot.com

Content d’être toujours en course, le skipper du 60’ Groupe APICIL reconnait avoir vécu un baptême du feu en IMOCA depuis le départ avec des vents à 50 – 60 nœuds. Ces heures éreintantes ont laissé très peu de répit au skipper, qui réalise un superbe début de course.

Actuellement 9ème au classement, Groupe APICIL progresse vers Madère dans le sillage d’Alan Roura (La Fabrique). L’état de la mer et les conditions très complexes obligent Damien à constamment veiller au grain. Le but étant de ne prendre aucun risque et de préserver sa machine. « La nuit dernière a été compliquée avec le passage d’un front froid. J’avais encore 30 nœuds en deuxième partie de nuit. Ce n’est pas une partie de plaisir, c’est difficile de se reposer. Là il y a encore de la mer. J’avance au travers. L’essentiel dans de telles conditions, c’est surtout de faire attention au matériel. » confiait le skipper au téléphone ce matin. Et à en croire les fichiers météos et les dires de Damien, la délivrance n’est pas pour tout de suite. En effet, les prochaines heures de course s’annoncent encore très compliquées comme il nous l’explique : « Je pensais que ce serait plus simple mais la météo est complexe. C’est le bazar devant. La route n’est pas simple à choisir. Il va falloir composer avec l’ouest de l’anticyclone qui va pousser des coudes. Il nous oblige à aller assez sud, certainement vers les Canaries ». Il va donc falloir rester vigilant et concentré. Il faut aussi penser à se reposer pour aborder la suite de la course sous ses meilleurs auspices. L’anticyclone qui barre la route de la flotte semble vouloir laisser passer facilement le quatuor de tête composé de Hugo Boss, SMA, PRB et UCAR Saint-Michel… Pour le groupe de poursuivants dont Damien fait partie, il est possible que le chemin pour gagner les alizés soit plus complexe. Damien avait prévu de passer pas mal de temps aujourd’hui à la table à cartes pour essayer de toucher au plus vite le vent de nord est.

Damien Seguin, joint au téléphone :
« La nuit dernière a été compliquée avec le passage d’un front froid. J’avais encore 30 nœuds en deuxième partie de nuit. Ce n’est pas une partie de plaisir, c’est difficile de se reposer. Là il y a encore de la mer. J’avance au travers. L’essentiel dans de telles conditions, c’est surtout de faire attention au matériel. Les prochaines heures s’annoncent encore compliquées. Je pensais que ce serait plus simple mais la météo est complexe. C’est le bazar devant. La route n’est pas simple à choisir. Il va falloir composer avec l’ouest de l’anticyclone qui va pousser des coudes. Il nous oblige à aller assez sud, certainement vers les Canaries. Là, je ne suis pas encore en approche de Madère mais j’essaie surtout de faire avancer le bateau le mieux possible. Alan n’est pas très loin de moi. C’est intéressant d’avoir quelqu’un à ses côtés. »

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Troisième dépression: une leçon d’humidité

Le troisième round arrive sur les skippers qui n’ont pas encore dégolfer. Elle arrive en passant au Nord de l’archipel des Açores pour balayer le golfe de Gascogne la nuit prochaine et surtout vendredi ! Les solitaires de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe encore dans le septentrion du cap Finisterre vont devoir faire une nouvelle fois le dos rond tandis que ceux au Sud auront à gérer une phase de transition délicate vers les alizés.

Cette quatrième journée de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe a (presque) été une pause pour la plupart des solitaires en mer : seulement 20 à 30 nœuds de vent en moyenne et seulement trois à quatre mètres de creux, sauf sur certaines zones. Cette « accalmie » a permis à nombre d’entre eux de faire un check-up rapide de leur monture et pour certains, de décider d’effectuer une escale technique à l’image de Nicolas Troussel (Class40), de Louis Duc (Class40), de Romain Pilliard (ULTIME) ou d’Alain Delhumeau (Rhum Multi)… D’autres ont subi une avarie rédhibitoire tel Fabrice Payen (Rhum Multi) qui a vu le mât de son trimaran Team Vent Debout, s’écrouler suite à la rupture d’une cadène : le skipper avait pourtant remarquablement négocié le gros temps du golfe de Gascogne !

Replis stratégiques

Et hors des problèmes techniques qui ne peuvent être résolus en mer (et les navigateurs n’arrêtent pas de régler moult petits soucis à bord), plusieurs concurrents ont préféré se réfugier avant la troisième dépression qui arrive déjà sur les Açores. Or cette perturbation s’annonce tout de même puissante avec plus de quarante-cinq nœuds devant le cap Finisterre vendredi midi et plus de trente-cinq nœuds au cœur du golfe de Gascogne, avec un flux de secteur Sud-Ouest. Ce qui laisse entendre que l’état de la mer sera encore terrible, avec des houles croisées et des vagues pyramidales, particulièrement près des côtes ibériques et autour des Açores.

Plus vite à l’ouest

Or c’est vers cette zone que se dirigent plusieurs Multi50 dont les leaders Thibaut Vauchel-Camus et Erwan Le Roux : arriveront-ils à passer avant le front générant une bascule franche du Sud-Ouest à l’Ouest avec des grains violents ? Avec Boris Hermann (IMOCA) qui a choisi de repiquer à l’Ouest mercredi, ils seront les plus exposés. Pour autant, ceux qui n’ont pas pu encore s’extirper du golfe de Gascogne seront aussi cueillis par ce flux très musclé : une quinzaine de Class40 et cinq Rhum seront de nouveau face à une mer très dure. C’est aussi la raison pour laquelle les solitaires réfugiés dans les ports bretons patientent encore tel Jérémie Beyou ou Alexia Barrier (IMOCA) : une ouverture météorologique est prévue en fin de week-end et ils devraient être nombreux à reprendre le fil de la course après cette « troisième couche » !

Les alizés se structurent

Pour tous ceux qui ont franchi la ligne virtuelle qui relie les Açores au cap Saint-Vincent, les conditions de navigation seront totalement différentes : déjà la température ambiante a sensiblement grimpée même si le soleil n’est pas toujours au rendez-vous ; ensuite le vent a pris un régime de croisière plus raisonnable autour de 15 à 20 nœuds ; enfin la mer se lisse au fil des milles gagnés dans le Sud. Pour l’instant, seuls les deux trimarans ULTIME de François Gabart et Francis Joyon glissent vraiment dans des alizés (encore poussifs) tandis que les quatre premiers monocoques IMOCA bordurent les hautes pressions au large de Madère.
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Enfin entre le cap Finisterre et Madère, la configuration est intermédiaire et tous ceux qui naviguent dans cette zone savent qu’il faut cette nuit mettre du charbon pour éviter le plus fort du nouveau coup de vent. À l’image de Loïck Peyron, Yann Marilley, Gilles Buekenhout (Rhum Multi) qui glissent vers le Sud le long des côtes espagnoles ou de Romain Pilliard (ULTIME) qui est reparti de La Corogne ce jeudi après-midi. Thierry Bouchard (Multi50) le sait aussi, lui qui a vu ses chariots de grand-voile le lâcher, l’obligeant à faire route sous voilure réduite vers Lisbonne.

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Boris Hermann trace sa route

Boris Herrmann, skipper de l'IMOCA MALIZIA II, à l'entrainement au large de Belle-Ile avant le départ de la Route du Rhum Destination Guadeloupe 2018, le 7 octobre 2018, Photo : Jean-Marie LIOT - www.jmliot.com

Boris Herrmann réalise une belle course depuis le départ et parvient à avancer à son rythme sur Malizia, le monocoque à foils du Yacht Club de Monaco.

« Pour sa première transatlantique en solitaire, Boris réalise un très beau début de course. Il est très combatif dans des conditions particulièrement difficiles, il a touché cette nuit des vents allant jusqu’à 45 nœuds, occasionnant une petite casse, au niveau de l’amure du J3, qu’il a bien réparée. Les trois premiers jours de course étaient très sélectifs. De nombreux IMOCA ont été contraints à faire demi-tour, c’est une réelle satisfaction que Malizia tienne bon. Tout va bien à bord, nous sommes très fiers de Boris », confiait ce matin Pierre Casiraghi, vice-président du Y.C.M. et à l’initiative du projet Malizia-Yacht Club de Monaco. Rappelons que c’est la première fois que le Yacht Club monégasque inscrit un bateau dans cette course prestigieuse, organisée tous les quatre ans.

Après avoir coupé dimanche dernier la ligne de départ à Saint-Malo en 3e position, Boris Herrmann s’est toujours maintenu dans le peloton de tête des 20 IMOCA en lice. Face à des conditions météo qui se sont durcies mardi avec des rafales à plus de 45 nœuds et des creux de 5 à 10 m, occasionnant de nombreux dommages sur l’ensemble de la flotte des 123 bateaux (toutes classes confondues), Boris a continué sa progression, avec une option plus au nord, à l’instar de celle prise par le britannique Alex Thomson (Hugo Boss), le leader actuel. Rien n’est encore joué. Il reste près de 2500 milles nautiques à parcourir pour rejoindre Point-à-Pitre et avec l’approche des alizés, une nouvelle course débute, notamment face à Paul Meilhat (SMA), Vincent Riou (PRB) et Yann Eliès (UCAR-Saint-Michel).

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Francis Joyon: Tout donner, sans regret…

Francis Joyon, skipper de l'ultime IDEC Sport, à l'entrainement au large de Belle-Ile avant le départ de la Route du Rhum Destination Guadeloupe 2018, le 7 octobre 2018, Photo : Jean-Marie Liot / Alea

Francis Joyon est entré cette nuit dans l’alizé après 5 virements en rythme avec le trimaran Macif qu’il poursuit inlassablement depuis le départ. Au maximum de ses polaires, voire au-dessus, Joyon est, en ce 4ème jour de course, plus que jamais à son affaire, à l’attaque, à la quête entêtée de vitesse, avec toujours en filigrane ce sixième sens qui le relie à son navire, cet instinct qui lui indique sans même y penser les limites à ne pas dépasser, les lieux où ne pas aller.

Aile de mouette sous l’anticyclone.

Cas d’école pour les routeurs, Francis s’apprête dans l’après-midi à réaliser l’une des figures classiques des grandes traversées, l’aile de mouette, en approche du coeur des zones de haute pression. Il empannera ainsi au juste moment, ni trop tôt pour conserver vitesse et gain sur la route, ni trop tard, pour éviter l’engluement dans les zones déventées du coeur de l’anticyclone. La mer, toujours formée, viendrait alors s’additionner pour arrêter fatalement le bateau. Une fois en bâbord amure, IDEC SPORT va de nouveau avaler les milles efficaces en direction de la Guadeloupe, distante ce soir d’un peu plus de 1 800 milles, soit la mi-parcours théorique de cette Route du Rhum.

Tout donner, sans regret…

« J‘ai bien fait marcher cette nuit » raconte le colosse de 62 ans. « J’ai beaucoup changé de voiles pour m’adapter à ce début d’alizé qui était très irrégulier. La houle est toujours forte, résiduelle des dépressions passées. Je cherche en permanence l’angle de vent le plus efficace, dans cet alizé qui varie beaucoup, de 15 à 20 degrés. C’est un travail d’attention permanente qui laisse peu de place au sommeil. Je suis plutôt satisfait des foils posés cette années sur IDEC SPORT. Je les ai gardé en permanence y compris dans la tempête, et je crois qu’ils ont été pour moi un gage de sécurité, à défaut de faire voler le bateau. Je suis heureux de disposer d’un bateau au maximum de ses possibilités, avec 100% de ses moyens pour cette deuxième partie de course dans l’alizé vers Pointe-à-Pitre. Tout peut arriver dans cette course, et je ne veux avoir aucun regret à l’arrivée, quelle que soit l’issue finale ! »

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Romain Pilliard, un bol de céréales et ça repart !

Romain Pilliard est reparti à bord de son trimaran Remade-Use It Again. Il est pour l’instant 3è sur le podium de la Classe reine de la course. Il a quitté La Corogne en Espagne à 14h ce jeudi après un pit-stop de 8 heures pour réparer ses chariots de grand-voile. Devant les étraves , un océan à traverser, soit 3200 milles pour boucler cette Route du Rhum-Destination Guadeloupe.

Mercredi, Romain Pilliard signalait à son équipe technique qu’il déplorait la casse de plusieurs chariots de grand-voile alors qu’il naviguait sous 3 ris seuls. Dans l’incapacité de réparer en mer, le marin a choisi de se dérouter sur La Corogne, immédiatement rejoint par l’équipe de Remade-Use It Again. « C’est surréaliste, je suis sur La Route du Rhum et je viens de dormir 4 heures dans un hôtel. J’ai mangé un peu aussi, ce que je n’avais pas fait depuis le départ de Saint-Malo… Il va y avoir encore quelques heures difficiles pour me dégager des côtes portugaises, mais j’ai envie d’y aller. Je veux traverser, je veux vivre cette aventure jusqu’au bout. Je perds une journée mais si on voit le côté positif de la situation cela va me permettre d’être plus en forme pour attaquer la suite ! » Explique le skipper de Remade-Use It Again, qui a découvert à son arrivée à La Corogne, les différentes avaries et abandons des derniers jours sur La Route du Rhum. « Je suis vraiment triste pour eux, je n’imagine même pas ce qu’ils peuvent ressentir… Aujourd’hui, même si je suis très, très loin de François Gabart et Francis Joyon, j’aurai une toute autre histoire à raconter, ce sera mon histoire, et celle du trimaran de l’économie circulaire. » A la question du podium aujourd’hui accessible en Ultime, il répond : « je n’ose pas y croire, je pars pour la Guadeloupe en faisant de mon mieux pour emmener mon trimaran le plus vite possible là-bas, on y pensera plus tard », révèle Romain Pilliard au moment de quitter La Corogne.

« Suspendu à mon routeur »

Peu bavard pendant ces trois premiers jours de course, Romain ne cache pas qu’il a vécu un enfer. Il fait partie des bizuths de La Route du Rhum et après 12 jours à terre à Saint-Malo, la réalité a été quelque peu violente : « J’ai mis clairement la course entre parenthèses pendant deux jours. Se prendre trois dépressions aussi fortes, ce n’est pas anodin. La mer était terrible, ça allait dans tous les sens. Le bateau était d’un inconfort total, je faisais le minimum vital débout, j’étais malade, je vomissais pendant mes manœuvres, car sur ce bateau les manœuvres sont longues et demandent beaucoup d’énergie surtout dans ces conditions météo. Bref, à ce moment là, il n’existe plus rien d’autres sur terre… J’étais suspendu aux informations de Christian Dumard, mon routeur. J’allais puiser de l’énergie, je ne sais pas où, juste pour aller sur la route qu’il m’indiquait. Je suis heureux car je ne me suis pas senti en danger, je n’ai pas eu peur. Le bateau est hyper marin, je me sentais en sécurité donc je n’ai pas senti le stress de chavirer ou de démâter», ajoute Romain Pilliard.

Un océan à traverser

3 195 milles, c’est la distance théorique qui sépare le skipper de Remade-Use It Again à la Guadeloupe, pour réussir ce projet fou d’emmener l’économie circulaire et tous ses partenaires sur la ligne d’arrivée de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe. « Romain part cet après-midi avec du vent de Sud de 25 nœuds. Le vent va tourner à l’Ouest puis mollir ensuite. Il faudra profiter de la bascule derrière le front pour descendre dans le Sud le plus vite possible d’ici demain pour s’éloigner du centre de la dépression suivante qui est très active et qui va le concerner vendredi et samedi. A partir de dimanche, il touchera du vent portant et pourra aller chercher les alizés », précise Christian Dumard, météorologue et routeur de Romain Pilliard.

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Analyse de la course Imoca par Jean Le Cam

IMOCA 60' PRB - Skipper : Vincent RIOU - Vendée Globe 2016-17 - Au large de Belle-Ile le 28/03/2016

Ils sont 12 Imoca dans la course puisque Yannick Bestaven est reparti ce jour de Cascais. Si seulement deux concurrents ont officiellement abandonné (Louis Burton et Sam Davies), cinq autres sont en escale, tandis qu’Isabelle Joschke souhaite rallier la Bretagne suite à son démâtage. Un quatuor de tête se dégage, composé d’Alex Thomson, Paul Meilhat, Vincent Riou et Yann Eliès, tandis que Boris Herrmann tente une option plus extrême. Jean Le Cam nous livre sa chronique de la course en IMOCA.

« Pour Alex Thomson, Paul Meilhat, Vincent Riou et Yann Eliès, l’enjeu des prochaines heures est de négocier une dorsale anticyclonique avant de toucher les alizés. Ils devraient réussir à passer au Sud de cette dorsale sans trop de souci. Ce sera plus compliqué pour les poursuivants car la porte va se refermer…

« Peu d’écart à la sortie de la dorsale »

Alex Thomson tire encore profit de son option Ouest et caracole en tête. Il a toujours été extrême et il le confirme sur cette Route du Rhum en étant le seul à passer au Nord du DST d’Ouessant, quitte à faire face à des conditions de vent et de mer encore plus désagréables et exigeantes. Il a affiché des vitesses incroyables et réussi à faire du Sud au bon moment. Il s’est bien repositionné car maintenant il faut absolument passer sous l’anticyclone. C’est logique que l’écart latéral se réduise avec ses concurrents. Alex, Paul, Vincent et Yann vont avoir de la pression et profiter aujourd’hui de vents portants. Ca va adonner tranquillement et ceux qui sont le plus au Sud pourraient avoir un petit avantage. Mais je pense qu’au final il y aura peu d’écart à la sortie de la dorsale. Selon moi, trois de ces quatre marins composeront le tiercé à l’arrivée.

« Quatre skippers au top, un super match »

Une fois la dorsale passée, une course de vitesse va s’engager entre ces skippers au top. Yann Eliès est très constant, il est toujours rapide, il connaît bien son bateau. Idem pour Vincent Riou, même s’il a un peu moins de vécu sur son PRB en version foiler. Il a en tout cas une capacité à aller vite… Et Alex Thomson, n’en parlons pas ! Paul Meilhat se débrouille bien avec son bateau à dérives droites. Dans les alizés ce sera logiquement plus dur et il devrait perdre du terrain face aux IMOCA à foils. Mais vu ce qu’il a accompli jusqu’à présent, on n’est peut-être pas au bout de nos surprises. Cela dépendra aussi de l’état dans lequel sont les autres bateaux, s’ils sont en pleine possession de leurs moyens ou pas. Peut-être que certains ont des problèmes et ne le disent pas… En tout cas il va y avoir un super match !

En gagnant dans le Sud, les marins ont la vie plus belle. C’est une libération de naviguer dans des conditions plus maniables, avec des vents portants. On respire, on sèche, on se repose, on fait le tour du bateau, on répare ce qu’il y a à réparer. Sur ces machines, il y a toujours des petits soucis à régler. Après, il ne faut pas imaginer que les alizés sont des vents toujours constants, notamment en raison des grains. C’est plus cool mais ce n’est pas non plus un long fleuve tranquille.

« Fier de mon poulain Damien Seguin »

Pour le moment, Boris Herrmann est toujours 2e du classement car il est plus proche de la route directe, mais a priori ça ne devrait pas durer dans les prochaines 24 heures. A mon sens, repartir dans l’Ouest était une bonne option en début de course mais l’est moins maintenant. Boris est encore très Nord. Il va prendre du vent fort jusqu’au moment où il va buter dans la dorsale.

Dans les prochaine 24 heures, cette dorsale va s’installer et barrer la route. Les quatre premiers vont s’échapper et ce sera plus dur pour le petit groupe de poursuivants composé de Stéphane Le Diraison, Alan Roura et Damien Seguin. Ces trois marins font une très jolie course. Je suis particulièrement satisfait de la position de Damien Seguin qui est un peu mon poulain. Sa performance est remarquable surtout qu’il navigue avec des voiles qui ont fait le dernier Vendée Globe. A priori il n’a pas eu trop de soucis à bord et il s’en sort très bien pour sa première transat en IMOCA. Je suis fier de lui. »

Jean Le Cam

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François Gabart, admiratif de Francis Joyon

ultime MACIF at Cape Frehel during start of the Route du Rhum 2018, on November 4th, 2018 in St-Malo, north Brittany, France - Photo Benoit Stichelbaut / Alea

François Gabart va être à fond jusqu’à la ligne d’arrivée. Il fait déjà un petit bilan de sa course de son départ, de la suite avec l’avarie de Gitana puis Sodebo au chavirage d’Armel.

« Tout va bien à bord de MACIF ! », les premiers mots de François Gabart à la vacation commencent à sonner comme un jingle sur cette Route du Rhum-Destination Guadeloupe. Décalé dans le Nord d’IDEC Sport hier, François Gabart a encore une fois fait preuve de lucidité et d’agilité pour se replacer pile entre son concurrent et Pointe-à-Pitre. « Je suis hyper content de ce que j’ai fait cette nuit. J’ai bien glissé pour me replacer et ce n’est pas facile car on navigue toujours dans les restes du front avec un vent très irrégulier » expliquait-il ce midi. Les problèmes de lattes (deux ont cassé avant hier) sont résolus sur le trimaran volant : le nouveau réglage n’est pas optimum, le tissu plisse, « mais ça ira très bien au portant jusqu’en Guadeloupe ».

Des alizés poussifs
Même si le ciel gris et le portant poussif n’est pas conforme à l’image d’Épinal de l’alizé, la route est maintenant toute tracée jusqu’en Guadeloupe. « Il n’y a pas d’option très marquée, ni au Nord, ni au Sud. Je vais continuer sur un rythme soutenu sans faire n’importe quoi mais il faut rester très concentré » C’est sans doute le vrai danger de cette deuxième partie de course pour François Gabart et Francis Joyon également : ne pas se laisser aller dans des conditions devenues plus amicales après trois jours à foncer pour esquiver les systèmes dangereux où les organismes et le matériel ont été très sollicités.

Concentration au portant
L’alizé qui va se renforcer n’est pas un vent d’opérette : ses grains peuvent être aussi soudains que puissants et chaque léger changement de trajectoire suppose une bonne anticipation sur ces grands multicoques. On peut compter sur Francis Joyon pour ne jamais relâcher la pression mais les chiffres ont la tête dure. De 46 milles mercredi après-midi, l’avance de François Gabart est passée à 100 milles dans la nuit et 123 au classement de ce jeudi midi. La moyenne sur 24 heures est supérieure de trois nœuds à l’avantage du leader…

Pendant ce temps, Romain Pilliard a rallié la Corogne pour remettre de l’ordre dans le gréement de son Remade-Use it again ! Il y a retrouvé Sodebo Ultim’ où l’équipe technique meule le carbone et re-stratifie les carénages de bras blessés du grand trimaran. Thomas Coville a annoncé sa volonté hier de reprendre la mer pour « finir l’histoire ». Quelque soit le timing des réparations, il faudra sans doute attendre la fin du passage de la vilaine dépression de vendredi-samedi pour quitter la Galice. À ce moment-là, il se pourrait bien que les deux leaders ne soient pas très loin d’apercevoir la Soufrière sous les nuages antillais…

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