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Aymeric Chappellier et Phil Sharp complètent le podium

Le podium en Class40 est connu: après Yoann Richomme à 12h22 (heure locale), Aymeric Chappellier (Aïna Enfance & Avenir) a coupé la ligne en deuxième position à 20h16’15, remportant son palpitant mano a mano avec Phil Sharp (Imerys Clean Energy), arrivé troisième, 1h45 plus tard.

Ces deux-là sont décidément inséparables. Depuis deux ans, Phil Sharp et Aymeric Chappellier semblent avoir pris un malin plaisir à s’écharper sur le circuit de Class40. Et si le premier a devancé le second cette année sur la Normandy Channel Race, qu’il a remportée (Chappellier 3e), le Rochelais a dominé le Britannique… basé à La Rochelle, sur la Transat Jacques-Vabre 2017 (2e et 3e), mais aussi en ouverture de la saison 2018 sur les 1000 Milles des Sables (victoire, Sharp 3e). Bref, les deux marins, qui ont quasiment le même âge (38 ans pour Chappellier, 37 ans pour le skipper d’Imerys Clean Energy) et ont chacun une formation d’ingénieur, aiment se tirer la bourre et cette Route du Rhum-Destination Guadeloupe en aura été la preuve éclatante, avec un mano a mano qui aura duré 16 jours et demi.

Le duel a débuté dès la sortie de la Manche, les deux hommes choisissant la même option, plus Sud que le futur vainqueur, Yoann Richomme, parti dans l’Ouest, ce qui permettra à ce dernier de prendre les commandes et de creuser irrémédiablement l’écart, laissant ses deux poursuivants à leur duel de plans Manuard (2013 pour Imerys Clean Energy, 2017 pour Aïna Enfance & Avenir). Au quatrième jour de course, Chappellier raconte ainsi : “Avec Phil, on ne se voit pas, mais on a l’habitude d’être pas loin : depuis que j’ai mon Class40 Aïna Enfance & Avenir, à chaque fois, le hasard fait qu’on se retrouve tous les deux bord à bord”.

Ce bord à bord va le plus souvent être légèrement à l’avantage du Britannique, qui comptera jusqu’à 20 milles d’avance sur son rival, l’élastique se tendant et se détendant au gré des petits décalages et des soucis techniques : pilote automatique hors service pour Sharp, ce qui le contraindra à beaucoup barrer et à terminer cette transat dans un état d’épuisement avancé, son pilote de secours étant moins efficace, spi medium déchiré pour Chappellier, qui croira un moment la partie perdue, confiant à cinq jours de l’arrivée : “J’ai un peu décroché avec Phil, j’ai mis du temps à recoller mon spi parce qu’il était explosé en trois, du coup, je ne peux pas forcément attaquer, j’ai peur que le spi ne tienne pas”.

Jour après jour, voyant que la réparation tient et conscient des problèmes de pilote de son rival, le Rochelais, passé par la case Mini avant de se mettre au Class40, lâche les chevaux et l’approche de la Guadeloupe va finalement tourner en sa faveur, puisqu’il parviendra lors des 36 dernières heures à effacer une quinzaine de milles de retard pour attaquer le contournement de Basse-Terre à 13h45 (heure locale), avec 20 minutes d’avance sur le Britannique. Un tour qui, contrairement à bien d’autres, ne s’avèrera pas si piégeux, bouclé par Aymeric Chappellier en un peu moins de 7 heures, avec 1 heure et 45 minutes d’avance sur son rival. Qui se consolera, en partie, en remportant le titre de champion 2018 de la Class40, une belle récompense après sa dernière course sur son bateau actuel, Phil Sharp rêvant maintenant de Vendée Globe…

Le temps d’Aymeric Chappellier, arrivé mardi 20 novembre à 20h16’15 (heure locale, mercredi 21 novembre 1h16’15, heure de la métropole) : 16 jours 11 heures 16 minutes et 15 secondes, à 8,96 nœuds de moyenne théorique sur l’orthodromie (11,19 nœuds en vitesse réelle, 4425 milles parcourus). Ecart avec Yoann Richomme : 7 heures 53 minutes et 31 secondes..
Le temps de Phil Sharp (Imerys Clean Energy), arrivé mardi 20 novembre à 22h01’50 (heure locale, mercredi 21 novembre à 3h01’50, heure de la métropole) : 16 jours 13 heures 1 minute et 50 secondes, à 8,92 nœuds de moyenne théorique sur l’orthodromie (11,30 nœuds en vitesse réelle, 4487 milles parcourus). Ecart avec Yoann Richomme : 9 heures 39 minutes et 6 secondes..
Les réactions :

Aymeric Chappellier (Aïna Enfance & Avenir) : “Quel bonheur d’être là, c’est déjà une victoire ! Quand on est partis, il y avait de sacrées dépressions et je n’étais pas tranquille. Mon seul objectif, c’était de passer ces dépressions et j’y suis parvenu. Avec Phil, c’est toujours assez « collé-serré » depuis un an et là, ça a été le cas à nouveau. Ça a duré jusqu’à ce matin où on s’est croisés. J’ai vu son feu dans la nuit et à la Désirade, on a pris le plus gros grain de la semaine, avec 35 nœuds. Lui, il ne lâchait rien, les bateaux étaient incontrôlables. Finalement, j’ai choqué le premier, mais la bagarre a continué jusqu’au bout. Pour revenir sur lui, j’ai essayé une technique un peu différente, j’étais plus en VMG. La houle était très courte, changeait beaucoup d’une heure à l’autre et on avait du mal à passer les surfs. Il fallait parvenir à s’adapter à chaque fois pour glisser un peu plus. Je pense que j’ai bien joué les deux à trois dernières rotations, les derniers grains qui m’ont permis de le rattraper. Mais ce n’était pas gagné ! La dernière fois, c’était lui qui avait gagné, là c’est moi. C’est chacun son tour ! Yoann (Richomme) a lui aussi fait une très belle course. Il nous a lâchés un peu tôt, mais il a très bien navigué et mérite amplement sa victoire”.

© Alexis COURCOUX #RDR201

Phil Sharp (Imerys Clean Energy) : “C’est toujours comme ça avec Aymeric, on était déjà à côté le troisième jour et je savais que ça allait être une bagarre jusqu’à l’arrivée, que ça allait être très difficile de dormir, c’était un match dans la course et c’était la dimension la plus intéressante de cette Route du Rhum, j’étais content d’avoir quelqu’un pour jouer avec moi. Aymeric a fait du bon travail, son bateau va vite, c’est bien, parce que ça m’a poussé, c’est incroyable comment on repousse ses limites, c’est la course au large. C’était une course très mouillée, tous mes vêtements sont mouillés. Nous avons eu deux ou trois premiers jours très difficiles, c’était magnifique de passer ça et d’arriver dans le Sud, à l’Est des Açores, après toutes les difficultés de l’Atlantique Nord. Je suis très content d’être sur le podium, c’était mon objectif, je savais que ça allait être très difficile de gagner avec les bateaux neufs, le mien a déjà plus de 5 ans maintenant. Une Route du Rhum, ce n’est jamais comme prévu, il faut tous les jours trouver des solutions aux problèmes que tu rencontres, la deuxième partie était exceptionnelle, mais fatigante. J’ai eu du mal avec mes pilotes, mon premier pilote s’est arrêté le troisième jour, j’ai mis en place celui de spare, jusqu’à deux jours avant l’arrivée, ça a bien marché, ensuite j’ai perdu beaucoup de temps à cause de ça, le bateau partait en lof ou empannait, il l’a fait une fois quand j’étais aux toilettes… »

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Entretien avec Yoann Richomme

C’est avec 120 milles d’avance que Yoann Richomme s’est imposé sur ses poursuivants les plus proches, s’octroyant au passage le nouveau temps de référence de l’épreuve dans sa catégorie (16 heures, 3 jours, 22 minutes et 44 secondes). Entretien à chaud.

Que ressentez-vous dans l’immédiat ?
« Ce que l’on ressent dans ces moments-là, c’est toujours un peu bizarre mais évidemment, je suis très content que l’histoire se termine comme je l’espérais. A 24 heures de l’arrivée, j’ai pourtant eu un peu de casse. J’ai, en effet, pété mon bout dehors. Bien que ce ne soit pas une avarie très grave, ça m’a tout de même mis un petit coup de stress. Ca m’a clairement prouvé que j’avais bien fait de gérer ma course et de ne pas attaquer trop tôt car le bateau n’était quand même pas au top en termes de préparation. Il faut dire que le temps depuis juin est passé vite, surtout avec le démâtage qui j’ai subi dans la foulée de ma victoire dans la Drheam Cup. J’ai souvent senti que j’étais un peu limite à deux ou trois endroits, même si je n’avais pas anticipé le problème de bout dehors. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai constamment dosé. Constamment, constamment. En tous les cas, ce qui est certain, c’est que le Lift40 est une machine dotée d’un énorme potentiel et qu’il est très solide. A ce sujet, je tire d’ailleurs mon chapeau à l’architecte et au constructeur. Je ne regrette pas mon choix ».

Sur quoi avez-vous le sentiment d’avoir vraiment fait la différence ?
« C’est clairement avec la stratégie que j’ai mise en place lors de deux premiers jours de course, en me décalant dans l’ouest, c’est-à-dire en acceptant d’aller chercher le gros temps plutôt que d’essayer de le fuir. A partir de ce moment-là, je me suis toujours retrouvé dans une meilleure position que les autres car non seulement j’ai été le premier à bénéficier de la bascule du vent au nord-ouest mais en plus j’ai pu exploiter tout le potentiel du bateau au reaching jusqu’à ce que l’on passe sous l’anticyclone des Açores. Pendant quatre ou cinq jours, j’ai vraiment navigué en mode Figariste en étant à fond sur les veilles, les petits sommeils, les réglages… Cela m’a permis d’accélérer franchement. La preuve, lors de cette phase, j’ai réussi à toujours avancer entre un et deux nœuds plus vite que mes concurrents. Je me suis alors vraiment retrouvé dans le scénario que j’avais mis au point juste avant le départ avec Corentin Douguet et ça a vraiment le moment clé de ma course. »

Avez-vous trouvé cette transat très engagée ?
« Clairement. Au niveau de la météo, ça a été dur c’est vrai, mais en réalité, ce que j’ai trouvé le plus difficile, c’est la vie à bord. Avec mon timing un peu court de préparation, je n’ai pas pris le temps de soigner le confort et franchement, ça a été juste un enfer. Lorsque je suis arrivé sous le vent de la Guadeloupe, j’ai carrément ressenti du soulagement après deux semaines de bruit en permanence. Très souvent, j’ai navigué avec un casque anti-bruit mais j’ai aussi dû absorber les bonds à répétitions du bateau dans tous les sens. Ça a été hyper dur de dormir et par moment, j’ai trouvé que c’était à la limite de la torture. Je pense que j’ai été confronté à la même chose que ce que vivent les gars sur les derniers IMOCA. Le plaisir a, je dois l’avouer, été assez limité surtout que je n’ai pas beaucoup eu de bagarre avec les autres. Stratégiquement, ma course était intéressante parce qu’il fallait que je me place par rapport à eux mais je pense franchement que Phil Sharp et Aymeric Chappellier ont fait une régate plus intéressante que la mienne ».

Que ce soit dans vos choix techniques ou dans vos choix stratégiques, vous n’êtes pas loin du sans-faute…
« Ce n’est pas à moi de dire ça mais en tous les cas, je suis content de ce que j’ai fait, même si j’ai commis deux ou trois petites bourdes. J’ai vraiment senti que je pouvais me reposer sur l’expérience de mes précédentes transats et notamment sur celle réalisée en IMOCA. Mon année 2017 en 60 pieds m’a vachement aidé. Ce qui m’a toutefois le plus étonné, c’est d’avoir eu le sentiment d’être systématiquement bien en phase avec les systèmes, d’être serein dans mes choix… En fait, j’ai ressenti ce que j’avais ressenti lors de la Solitaire du Figaro 2016 que j’ai aussi gagnée et c’était top. »

Pour vous, on imagine que cette Route du Rhum peut servir de tremplin…
« En tous les cas, je l’espère. L’objectif, c’était de la gagner. A présent, je ne sais pas qui voudra bien me suivre dans une autre aventure, plus grande, plus grosse, plus longue… J’ai forcément envie qu’il sorte quelque chose de positif de cette expérience et de ce beau résultat, que ce soit en Class40, en IMOCA ou sur un autre support, mais dans l’immédiat, j’avoue que j’ai besoin de faire un bon break parce que je suis vraiment cramé. Ça a vraiment été intense. »

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Lorient-Les Bermudes-Lorient 2019 reportée

Route du Rhum @ Alexis Courcoux

Comme on pouvait s’y attendre malheureusement après les casses surevenues en Classe Ultim, la transat Lorient-Les Bermudes-Lorient est reportée. L’association Lorient Grand Large, organisatrice de l’épreuve, et ses principaux partenaires (Lorient Agglomération, le Département du Morbihan et la Région Bretagne), en lien avec la Classe Ultim 32/23, constatent que les conditions sportives ne sont pas réunies pour envisager la tenue de cette course dès le printemps 2019.
L’ambition de relancer cette course mythique reste intacte.

En 40 ans, les multicoques ont multiplié leur vitesse moyenne par 3. La voile est le seul sport à avoir connu de telles avancées en si peu de temps. La filière technologique et sportive de la voile de compétition basée dans la Bretagne Sailing Valley, dont l’épicentre est Lorient, a joué un rôle majeur dans ces conquêtes et ces innovations. Plus que jamais, elle mérite, compte tenu du poids économique de la filière, un événement à la hauteur de ses apports.

Le travail va donc se poursuivre, en lien avec les représentants des classes et les équipes, pour identifier, ensemble, la meilleure date, la plus rapprochée et compatible avec les calendriers, permettant à l’épreuve de se tenir. L’ambition est d’en faire un grand événement sportif, une vitrine technologique des savoir-faire de la course au large et une grande fête populaire.

D’ici là, Lorient Agglomération continuera d’accompagner fortement le développement de son pôle course au large, pour conforter Lorient-La Base comme premier port européen de la voile de compétition.

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Le podium pour Thomas Coville

Thomas Coville complète le podium en Ultime. Le skipper de Sodebo Ultim’ après une réparation à la Corogne est arrivé à Pointe-à-Pitre après 16 jours, 07 heures, 45 minutes et 36 secondes de course.

À Saint-Malo, une poignée de jours avant le départ, Thomas Coville assurait « avoir une carte à jouer » pendant cette 11e édition de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe. « Sur le papier, on va moins vite que Edmond de Rothschild , MACIF et Banque Populaire mais il y a des opportunités évidentes pour se mêler à la bataille finale. » L’un de ses arguments : son expérience à bord de Sodebo Ultim’, lui qui a déjà parcouru plus de 90 000 milles à son bord avant le départ.

Mais l’expérience et le talent pèsent peu face aux avaries, à ces cruelles fortunes des mers qui n’épargnent personne. Au lendemain du départ, peu après la destruction du flotteur droit de Sébastien Josse, Thomas Coville doit faire face à un problème de carénage sur le bras avant alors qu’il est deuxième de la course. Son équipe décide de le dérouter vers La Corogne en Espagne. Là, une autre course débute : remettre sur pied le bateau et repartir au plus vite. Ils sont neuf membres de l’équipe technique à se rendre sur place et à transformer les lieux en chantier à ciel ouvert. Ni la pluie, ni la fatigue ne va ralentir leur engagement de chaque instant. « La logique, c’est de finir, d’aller au bout d’un projet, confie alors le skipper. C’est important pour nous et pour l’histoire de la course ».

“Chanceux d’être à nouveau en mer”
Dimanche, moins de 24 heures avant l’arrivée de Francis Joyon et de François Gabart, Thomas Coville retrouve enfin la mer. Il assure ne « pas vouloir se mettre en danger » mais parvient rapidement à trouver son rythme de croisière. « Je suis chanceux d’être à nouveau en mer », soulignait-il au lendemain de son départ de La Corogne, durant les vacations. Chaque traversée est source d’enseignements, c’est aussi pour ça que je suis reparti. »

A bord, il y a une obsession qui le taraude : le bras de carénage. « Je vais le voir toutes les trois heures. Dehors, dedans, je l’inspecte régulièrement ». Thomas Coville a pris une route très Sud, longeant les côtes Ouest du Cap Vert avant de bénéficier des alizés et de filer vers la Guadeloupe. Pour la 3e fois de sa carrière, Thomas Coville termine à la 3e place de la Route du Rhum, lui qui était déjà monté sur le podium en 2006 et en 2010, toujours sous les couleurs de Sodebo qui le soutient depuis 20 ans.

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Victoire magistrale de Yoann Richomme

C’est une victoire magistrale en Class40 que signe Yoann Richomme, skipper de Veedol-AIC. S’il faisait parti des favoris au départ comme une dizaine d’autres concurrents, il avait un bateau tout neuf mais mis à l’eau tardivement. Il aura mené de bout en bout cette course.

Du grand art ! Considéré comme l’un des favoris de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, Yoann Richomme aura parfaitement assumé ce statut, lui qui confiait avant de s’élancer de Saint-Malo le 4 novembre : « Je ne peux le cacher : j’ai monté ce projet pour gagner ». Entre le dire et le faire, il y quand même une sacrée marge, en l’occurrence 3 542 milles d’une transat qui, en cette édition du quarantenaire, aura été particulièrement sélective, proposant du gros temps et de l’alizé musclé.

Des conditions taillées pour les gros bras et notamment pour Yoann Richomme qui, après avoir passé le cap Fréhel en 8e position, laissant à Antoine Carpentier les honneurs de quitter la baie de Saint-Malo en tête, a pris les commandes de la flotte après un peu plus de 24 heures grâce à une option Ouest qui lui a permis d’être le premier à toucher une rotation de Nord-Ouest avant d’attaquer un premier front qui sera fatal à certains de ses concurrents (Louis Duc et Nicolas Troussel). « Il y avait 35 nœuds établis, rafales à 45, j’étais en mode dégressif, deux ris-trinquette, ça tapait beaucoup avec une mer croisée dans tous les sens, c’était un vrai champ de mines, on avait toujours l’impression de casser le bateau », racontera-t-il à la sortie de ce premier front. Et s’il n’est pas épargné par des bleus un peu partout et des pépins techniques comme les autres, il en ressort solidement en tête, son choix de départ lui permettant, au moment d’attaquer un long bord tribord cap au Sud de croiser devant Phil Sharp, Aymeric Chappellier et Luke Berry.

Dès lors, dans des conditions de reaching idéales pour exploiter la puissance de son plan Lombard, le skipper de Veedol-AIC ne va cesser de creuser l’écart sur ses rivaux, attaquant l’autoroute des alizés avec un matelas de 100 milles d’avance sur le duo Sharp-Chappellier qui, jamais, n’aura entrevu un mince espoir de revenir sur les talons du leader. Passé à la Tête à l’Anglais mardi à 1h45 (heure locale), Yoann Richomme aura bouclé le tour de la Guadeloupe en un peu plus de 10 heures, coupant la ligne d’arrivée à 17 heures 22 minutes heure française, après 16 jours 03 heures 22 minutes et 44 secondes de mer, à la vitesse moyenne théorique sur l’orthodromie de 9,14 nœuds (11,12 nœuds de vitesse réelle, 4 309 milles parcourus). Il s’octroie chemin faisant, le nouveau temps référence de l’épreuve, détrônant le tenant du titre, l’espagnol  Alex Pella de plus de  14 heures.

Une victoire aussi magistrale qu’incontestable, deux ans après celle remportée sur la Solitaire du Figaro 2016, pour ce marin, passé par la filière Skipper Macif en Figaro – comme Paul Meilhat vainqueur de cette Route du Rhum-Destination Guadeloupe en IMOCA et François Gabart, deuxième en ULTIME – qui compte également à son palmarès une deuxième place avec Damien Seguin en Class40 sur la Transat Jacques-Vabre 2011 et avec Fabien Delahaye sur la Transat AG2R La Mondiale 2014. Ce succès récompense le talent mais aussi l’audace, puisque, avant même de trouver des partenaires, Yoann Richomme avait lancé en fin d’année dernière la construction de son Lift chez Gepeto Composite, une évolution de celui de Louis Duc, que cet ingénieur naval de formation féru de technique, passé par la Southampton Solent University, aura su personnaliser.

Avec à la clé, déjà, une victoire sur la Drheam Cup-Destination Cotentin seulement un mois après la mise à l’eau, suivie… d’un démâtage qui n’aura finalement pas entravé la dynamique positive de son projet commando. « C’était intense, dur, s’il y a la récompense ultime à l’arrivée, ce sera absolument génial et un succès pour tous ceux qui m’ont entouré toute cette année dans le montage de ce projet. Ça implique quand même beaucoup de personnes qui se sont battues pour moi, j’ai envie de leur offrir ça, donc je suis impatient que tout se passe bien et que ce soit le dénouement attendu », expliquait à 48 heures de l’arrivée un Yoann Richomme qui, à 35 ans, est le plus jeune vainqueur, toutes classes confondues, de cette Route du Rhum-Destination Guadeloupe. La suite ? L’intéressé, qui a déjà tâté de l’IMOCA (Transat Jacques-Vabre 2017 avec Pierre Lacaze), rêve de Vendée Globe, nul doute que sa performance majuscule entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre aura tapé dans l’œil de partenaires potentiels…

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Temps de course : 16 jours 3 heures 22 minutes 44 secondes

Vitesse sur la route directe (orthodromie) : 9,14 noeuds
Distance et moyenne réélle : 4 309 milles à 11,12 noeuds

Yoann RICHOMME (Fra) – 35 ans – Vit à Larmor-Plage (Morbihan)

Palmarès :

2016 : Vainqueur de la Solitaire du Figaro
2016 et 2013 : Vice-champion de France Elite de Course au Large en Solitaire
2014 : 2e de la Transat AG2R La Mondiale avec Fabien Delahaye
2011 : 2e de la Transat Jacques Vabre avec Damien Seguin en Class40

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Une belle victoire pour Pierre Antoine

Pierre Antoine s’est imposé largement en catégorie Rhum Multi sur son catamaran Olmix.
Il signe sa deuxième victoire dans la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, après son succès de 2006 en Class3, remporté sur le petit trimaran de 12,18 m Friends&Lovers (Aujourd’hui aux mains de François Corre. ndlr). Il apporte du même coup sa troisième étoile à son trimaran Rhum Multi de 50 pieds Olmix, vainqueur lui en 1998 et en 2002 en Multi50 sous la houlette de Franck-Yves Escoffier.

En 15 jours, 21 heures, 15 minutes et 5 secondes (avant jury) , à la vitesse moyenne de 9,29 noeuds sur la distance théorique de 3 542 milles, il améliore de près de plus d’une journée le temps établi par Franck-Yves lors de sa victoire d’il y a 16 ans. Au-delà des chiffres et des statistiques, Pierre a surtout impressionné tout au long de sa belle aventure longue de 4 473 milles, par une maîtrise et un sang-froid de tous les instants. Cette victoire est celle d’une harmonie, d’une symbiose réussie entre un homme et son bateau. Si tous les marins sont en quête de cette alchimie, peu l’atteigne, et Pierre, fort de déjà 6 ans d’expérience à bord de cet étonnant plan Browns et Gaudry de 1991, a navigué en mesure, dans le rythme, à l’instinct entre force des éléments et le potentiel d’un bateau en bois et époxy qu’il connait sur le bout des doigts.

Géologue de formation, ce natif de Douai signe peut-être le chef-d’oeuvre d’une carrière de skipper amateur longue de 30 ans. En tête au terme des premières 24 heures de course, il construit son succès dès la difficile négociation du premier front très virulent dans le golfe de Gascogne. Solidement épaulé depuis la terre par son routeur Dominique Vittet, il enchaine deux virements de bord d’école, déclenchés au passage du front au large du cap Finisterre pour se dégager de la flotte loin dans l’ouest, et descendre sur une trajectoire parfaitement optimisée en bordure de l’anticyclone des Açores. Premier à toucher l’alizé, et alors que nombre de ses principaux adversaires jettent l’éponge, à l’image de Fabrice Payen, Charlie Capelle ou Gilles Buekenhout, Pierre va, avec une belle régularité, augmenter son avance dans l’alizé sur ses plus dangereux protagonistes, Jean-François Lilti et Etienne Hochedé. « J’ai toujours eu du vent » admet-il avec humilité, « au-dessus de 20 nœuds, là où Olmix est vraiment performant ! »

Mais la Route du Rhum-Destination Guadeloupe demeure, particulièrement en catégorie Rhum Multi, la grande aventure rêvée depuis 1978, et l’imprévu est toujours au détour du prochain train de vagues. Pour Pierre Antoine, elle va prendre la forme d’un appel au secours de son camarade Lalou Roucayrol, dont le Multi50 Arkema vient de chavirer quelques 260 milles dans son Ouest. Pierre va mettre sa course entre parenthèses pour se porter sur le lieu du naufrage, et récupérer, d’acrobatique manière, le skipper Aquitain en difficulté. Les deux jours suivants, Pierre le solitaire comptera avec la présence amicale de Lalou, qu’il transbordera en haute mer vers le remorqueur venu de Martinique à la recherche d’Arkema.

Mais rien ne pourra décidément entraver la longue glissade d’Olmix dans l’alizé vers la Guadeloupe. Attentif aux crocs en jambe d’un vent imprévisible sous les grains, particulièrement de nuit, Pierre reprend vite ce rythme de vie si totalement lié aux contraintes du bateau. Il négocie de nuit le contournement de la Guadeloupe, sans jamais s’arrêter, et vient signer le plus éclectique des paris sportifs de cette Route du Rhum-Destination Guadeloupe, vainqueur de sa classe Rhum Multi, devançant le premier Rhum Mono, (Sidney Gavignet attendu en soirée), et damant le pion aux ultra véloces Class40, ainsi qu’à un certain nombre de monocoques de la Class IMOCA (7).

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1er Rhum Multi : Olmix – Pierre Antoine : Arrivée mardi 20 novembre à 11 heures 15 Françaises.

Temps de course : 15 jours, 21 heures, 15 minutes et 5 secondes, 9,29 noeuds de vitesse moyenne. (avant Jury) *

4 473 milles parcourus sur le fond à 11,73 nœuds de moyenne.

(*) Pierre Antoine devrait être notifié par le jury d’une compensation de temps pour le sauvetage de Lalou Roucayrol et son transbordement à bord du remorqueur

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Arrivées Class40, Rhum Multi et Rhum Mono à venir

Stephane Le Diraison, skipper de l Imoca Time For Oceans, 8eme de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe 2018 - Pointe a Pitre le 19/11/2018

Ils arrivent et par paquets. Si l’on connait depuis quelques jours le podium en Ultime, Multi50 et Imoca, celui des Class40, Rhum Multi et Rhum mono est en approche de la Guadeloupe. Sauf Surprise, c’est Yoann Richomme (Veedol) qui devrait l’emporter après une course exceptionnelle où il a mis tous ses concurrents d’accord. Derrière lui, Phil Sharp et Aymeric Chappellier vont batailler pour la deuxième place. En Rhum Multi, Pierre Antoine sur son Olmix est largement vainqueur tout comme Sydney Gavignet en Rhum Mono.

Entretemps, on a eu un très beau final entre Alan Roura (La Fabrique) et Stéphane Le Diraison (Time for Oceans) arrivés derrière Damien Seguin (Groupe APICIL) qui a fait une formidable course. Alan Roura qui avait pourtant atterri le premier sur la Tête à l’Anglais, voyait Stéphane Le Diraison le déborder avant d’embouquer le canal des Saintes. Mais le Suisse profitait d’un contre-bord difficile de son concurrent pour reprendre la direction des opérations à moins de douze milles de l’îlet à Cochons… Et l’Helvète empochait la mise sur la ligne d’arrivée avec quatre minutes quarante-trois secondes de marge sur le Français, le plus petit écart de cette onzième édition de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe !

Rafales d’arrivées
Et si jusqu’à présent, les solitaires se sont répartis les honneurs de l’arrivée avec des écarts suffisants entre chaque « grappe » et chaque groupe, les jours prochains s’annoncent plus animés ! Dès la nuit prochaine, Pierre Antoine (Olmix) doit en finir à Pointe-à-Pitre : le premier trimaran de la catégorie Rhum Multi aura bien des choses à narrer. Non seulement il a dominé ses concurrents (son plus proche adversaire lui rend au minimum une journée et demie), mais en sus il sera très certainement crédité d’un temps compensatoire pour avoir porté secours à Lalou Roucayrol. Ce dernier s’était retourné sur son Multi50 Arkema, 350 milles devant lui dans son Sud-Ouest, et le skipper avait dû se dérouter pour embarquer le solitaire chaviré, puis faire route vers le remorqueur parti de la Martinique pour y déposer le Médocien.

À suivre au milieu de la nuit antillaise, le premier Class40 devrait apparaître sur les écrans radars de la ligne d’arrivée : Yoann Richomme (Veedol-AIC) a non seulement largement dominé la catégorie la plus fournie de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe (53 partants !), mais en plus y a mis la manière avec un potentiel certes impressionnant aux allures débridées, mais surtout avec une trajectoire quasi parfaite depuis le départ de Saint-Malo ! C’est certainement la suprématie la plus magistrale de cette onzième édition avec plus de 120 milles de delta sur son dauphin, dont le nom n’est pas encore acquis entre Phil Sharp (Imerys Clean Energy) et Aymeric Chappellier (Aïna-Enfance & Avenir). Les deux solitaires ne sont espacés que d’une quinzaine de milles, une marge insuffisante pour aborder la Tête à l’Anglais sereinement !

Enfin mardi midi heure locale, c’est le troisième trimaran ULTIME qui est attendu à Pointe-à-Pitre : Thomas Coville (Sodebo Ultim’) qui avait dû patienter à La Corogne pour réparer son bras de liaison avant fissuré a pu appuyer sur l’accélérateur une fois l’archipel du Cap-Vert débordé. Le Trinitain va ainsi s’adjuger la troisième marche du podium, reléguant à plus de 1 000 milles le seul concurrent restant, Romain Pilliard (Remade – Use it Again). Et auparavant, à l’heure du petit déjeuner guadeloupéen, Sidney Gavignet (Café joyeux) aura enflammé le Mémorial ACTe par sa domination sans partage au sein de la catégorie Rhum Mono. À bord de son plan Finot-Conq de 52 pieds, le compétiteur qui doit tirer sa révérence à l’issue de cette transatlantique en solitaire, aura porté haut les couleurs d’une association pleine d’énergie, avec humilité et enthousiasme. Chapeau bas !

ROUTAGE – Les explications de Dumard

Christian Dumard est l’un des rouages-clés de la victoire de Francis Joyon. C’est le routeur principal qui partageait cette lourde tâche avec Gwénolé Gahinet pour le skipper d’IDEC Sport. L’œil constamment rivé sur les prévisions météorologiques et sur l’état de la mer, la main posée sur son smartphone, Christian était prêt à dégainer un message à son skipper.

ULTIME – Coville attendu mardi

À moins de 500 milles de l’arrivée, Thomas Coville devrait en finir avant mardi midi heure locale : le skipper de Sodebo Ultim’ aligne les journées à près de 600 milles dans un alizé relativement établi. Le solitaire devrait ainsi s’adjuger la troisième place parmi les trimarans ULTIME.

Class40 – Richomme proche du dénouement

Yoann Richomme, nouveau venu dans la Class40 et unanimement reconnu dès le départ comme un postulant potentiel à la victoire finale, n’aura guère fait mentir les pronostics. Il devrait aborder ce lundi soir (mardi dans la nuit métropolitaine) le contournement de l’île avec 120 milles d’avance sur une meute déchainée de poursuivants, au premier rang desquels le redoutable Britannique Phil Sharp.

Classes Rhum – Entre impatience et vague à l’âme

Leader « historique » et incontesté du groupe des Rhum Multi, Pierre Antoine, à bord de son solide et fidèle trimaran de 50 pieds Olmix, se prépare doucement à renouer avec son statut de terrien. Impatient d’en finir avec une Route du Rhum-Destination Guadeloupe particulièrement ardue, le solitaire redoute, plus que le délicat contournement de la Guadeloupe, ce « blues » du terrien, ce vague à l’âme qui pourrait le submerger au terme de seize jours d’une vie de marin trépidante, intense et dévorante.

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Boris Hermann 5e

Borris Herrmann, skipper de l Imoca Malizia II-Yacht Club de Monaco, 5eme de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe 2018 - Pointe a Pitre le 17/11/2018

Boris Hermann a franchi la ligne d’arrivée à Pointe-à-Pitre ce samedi à 12 heures, 47 minutes, 30 secondes (heure de Guadeloupe) après 13 jours, 3 heures et 47 minutes et 30 secondes de course, à 11,22 nœuds de moyenne (sur l’orthodromie). Au total, le skipper de Malizia 2 – Yacht Club de Monaco a parcouru 4437 milles à la moyenne de 14,05 nœuds (sur l’eau).

Boris Hermann, qui courrait sa première transat en solitaire en IMOCA à l’occasion de cette Route du Rhum-Destination Guadeloupe, termine donc cinquième dans cette catégorie et deuxième skipper étranger derrière Alex Thomson (3e). Son écart au vainqueur Paul Meilhat est de 16 heures, 24 minutes et 12 secondes.

Après 13 jours, 3 heures, 47 minutes et 30 secondes de course, Boris Herrmann a coupé la ligne d’arrivée de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe, transatlantique en solitaire, organisée tous les quatre ans. Au total, le skipper de Malizia 2 – Yacht Club de Monaco a parcouru 4437 milles à la moyenne de 14,05 nœuds.
« Je vise le top 5 » déclarait Boris Herrmann au départ du Havre le 4 novembre dernier. Objectif atteint pour le skipper du Yacht Club de Monaco et son monocoque à foils Malizia 2, qui arrive 5e dans la classe Imoca (20 inscrits). La victoire revient à Paul Meilhat, après la pénalité infligée à Alex Thomson (Hugo Boss), premier skipper en Imoca (monocoques de 18 m) à arriver à Pointe-à-Pitre, vendredi matin, mais pénalisé de 24 heures, pour avoir utilisé son moteur après s’être échoué à une soixantaine de milles de l’arrivée.

Boris Herrmann a démontré une belle combativité, isolé avec son option très au Nord, affrontant des conditions de vent et de mer exigeantes. Une belle performance pour ce marin de 37 ans, qui participait à sa première traversée transatlantique en solitaire et qui s’est même offert le plaisir de passer 24h en tête de la flotte pendant la course.
« Quel bonheur de me retrouver sur la terre ferme ! La route Nord a été très éreintante, j’ai pris une série de grains jusqu’à 43 nœuds. Naviguer au près, ce sont des enchaînements compliqués à gérer, des changements de voiles, des prises de ris. Initialement, j’avais prévu de rester avec le gros de la flotte mais, étant resté arrêté dans la seconde zone de basses pressions après le départ, je me suis retrouvé en queue de peloton et je voyais Paul (Meilhat) et Vincent (Riou) filer devant à 15 noeuds alors que je restais collé à 2 noeuds pendant de longues heures. Tout comme Yann (Eliès) qui a néanmoins fini par toucher de l’air alors que je continuais à être ballotté avec des voiles fasseillantes. Malizia II se retrouvait condamnée dès le premier jour de course. Quelques heures plus tard je sortais de ce trou d’air sans ne plus pouvoir joindre les concurrents échappés. Je me retrouvais alors dans une course contre moi-même ; seul ; alors que j’aurais bien sur préféré être en course contre des concurrents directs. Cela n’a pas été simple, j’ai dû m’accrocher, soutenu par de nombreux messages d’enfants d’école de Monaco, mais aussi d’Allemagne. Je tiens vraiment à les remercier pour leur soutien, ils m’ont vraiment porté dans les moments les plus difficiles… Et, au final, j’ai énormément appris. Objectif : le Vendée Globe 2020 ! » confiait à son arrivée le régatier du Y.C.M.

Grande satisfaction de Pierre Casiraghi, vice-président du Y.C.M., qui a créé et supervise le projet Malizia : « Nous sommes très fiers de lui ! Boris s’est accroché dans cette option très éprouvante qui lui a permis de doubler puis de distancer le groupe, composé de Damien Seguin, Alan Roura et Stéphane Le Diraison. Autre bonne nouvelle, la belle résistance de Malizia II, qui a tenu bon dans ces conditions. Autant de bonnes nouvelles dans la perspective du Vendée Globe 2020. Cette 40e édition aura été exceptionnelle, marquée par des conditions météorologiques particulièrement difficiles dans la première partie de course, occasionnant de nombreux abandons, toutes séries confondues, sans oublier le final d’anthologie entre Francis Joyon et François Gabart en Ultimes, des stratégies complètement divergentes en Multi50 avec le plus persévérant qui l’emporte, et en Imoca, un classement bouleversé à l’arrivée. Tous ces marins nous ont fait rêver et nous ont une nouvelle fois démontré que la Voile était un sport exigeant, riche en émotions ».

Rappelons que sur les 123 concurrents au départ, les Imoca étaient vingt dans cette classe très performante où l’on trouve des bateaux qui ont déjà un beau palmarès, Vendée Globe, Barcelona Race, Transat Jacques Vabre. Certains ont des foils, d’autres pas, et tous sont menés par des coureurs aguerris, qui ont en ligne de mire le prochaine Vendée Globe, « l’Everest de la Voile ».
Mais la mer a décidé que très peu d’entre eux parviendraient en Guadeloupe, et durant la première semaine, on les a retrouvés en train de réparer tout au long de la côte, de la Bretagne au Portugal, certains juste à l’abri, d’autres déjà fort endommagés. Ce soir, cinq d’entre eux sont arrivés, dix sont encore en course, certains naviguent encore de l’autre côté de l’Atlantique, et arriveront bien longtemps après que la fête soit finie.. Mais ils l’auront fait, ils auront rempli leur engagement, et pourront commencer, eux aussi à rêver à d’autres départs.

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Vincent Riou 4è

Vincent Riou, skipper de l Imoca PRB, 4eme de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe 2018 - Pointe a Pitre le 17/11/2018

Vincent Riou sur PRB a franchi la ligne d’arrivée à Pointe-à-Pitre ce samedi à 09 heures, 21 minutes et 8 secondes (heure de Guadeloupe) après 13 jours, 0 heure, 21 minutes et 8 secondes de course, à 11,34 nœuds de moyenne (sur l’orthodromie). Au total, le skipper de PRB a parcouru 4544 milles à la moyenne de 14,55 nœuds (sur l’eau).

Dans un ultime grain bien copieux, Vincent Riou achève donc sa quatrième Route du Rhum-Destination Guadeloupe à la quatrième place au classement IMOCA. Venu à Saint-Malo pour gagner cette épreuve qui ne lui a jamais vraiment souri, Vincent est parti très fort, a animé la tête de course tout le premier tiers du parcours, d’abord devant Paul Meilhat en leader du Sud puis dans sa roue jusqu’à l’entrée dans les alizés. Privé de girouette dès le début de course, Vincent ne pouvait tenir la cadence sous pilote qu’il devait utiliser en mode compas, ce qui est beaucoup moins performant notamment au portant.

S’il a pu rester dans le match en comptant sur le potentiel de ses foils et en s’imposant un rythme très élevé, le skipper de PRB a accumulé les problèmes dans les grains de la seconde partie de la traversée et a fini par se faire doubler par Yann Eliès. Encore dans le timing pour contester la troisième place à Alex Thomson à l’atterrissage sur la Guadeloupe, son contournement de nuit dans des vents poussifs le fait échouer au pied du podium.

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Yann Eliès : « Cette route du Rhum a été incroyable »

Yann Eliès a franchi la ligne d’arrivée à Pointe-à-Pitre ce vendredi à 22 h 38 min et 30 sec (heure de Guadeloupe) après 12 jours, 13 heures, 38 minutes et  30 secondes de course, à 11,74 nœuds de moyenne (sur l’orthodromie). Au total, il a parcouru 4 597 milles à la moyenne de 15,24 nœuds (sur l’eau).

La fatigue se lisait sur le visage de Yann Eliès cette nuit en Guadeloupe. Le skipper d’UCAR-StMichel a tout donné pour revenir sur Paul Meilhat, mais ce dernier n’a pas cédé ! Le finish de cette Route du Rhum – Destination Guadeloupe pour les Imoca a tenu ses promesses : intense et plein de suspens. Sur le visage du briochin transparaissait aussi de la joie et de la satisfaction d’avoir réussi à accrocher une belle deuxième place.

Yann Eliès :
« Cette Route du Rhum a été incroyable. Après les premiers jours, j’ai bien cru que c’était fini pour moi le podium ! Je me suis retrouvé bloqué dans une zone sans vent le lendemain du départ, j’ai vu Paul et Vincent s’échapper puis toute la flotte revenir sur moi. Quand je me suis enfin extirpé de ce piège, j’avais 80 milles de retard sur le trio de tête.
Je n’ai rien lâché dans le contournement de l’anticyclone des Açores. On s’est retrouvé à 4 bateaux dans les alizés, le couteau entre les dents. Vincent a craqué à cause de soucis techniques, pas Paul !
Finir deuxième et être revenu à 3 milles de Paul sur le Tour de l’île, c’était inespéré il y a dix jours, c’est une belle place !
J’ai une pensée pour Alex Thomson qui a maîtrisé la course de mains de maître. Le haut niveau c’est une multitude de petits détails à mettre en place. Il a fait une bêtise, c’est sûr, ça m’est déjà arrivé. Ça fait partie du jeu. Mais il a démontré que c’était lui le patron. Sur le prochain Vendée Globe il va être compliqué à aller chercher !
Je suis cassé. Les Imoca demandent une débauche d’énergie dingue. Il faut gérer son temps, son sommeil, sa stratégie, son mental et son effort physique. Ce sont des dizaines de petites tâches à négocier par jour, qui rendent le tout très difficile.
Je vais profiter de ma famille qui est là et puis rentrer tôt sur Paris. La course contre la montre pour le prochain Vendée Globe commence. Avec Paul, nous sommes dans la même situation, on a besoin de trouver des sponsors. Après cette course, j’espère vraiment que l’on pourra tous les deux se tirer la bourre au départ du Vendée Globe en 2020 
».

 

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