Stéphane Le Diraison et François Guiffant ont vécu 24 premières heures toniques, obligeant à vite se mettre dans le rythme. De l’aveu même de Stéphane, il y a eu du bon et du moins bon depuis le départ. Le duo de Time For Oceans, qui pointait en 18e position n’a rien l’intention de lâcher sur cette longue route qui mène à Salvador de Bahia.
C’est toute la difficulté du départ d’une grande course au large : Après une semaine havraise intense avec beaucoup de sollicitations, Stéphane Le Diraison et François Guiffant ont dû se mettre très rapidement dans le bain et vite reprendre leur marques à bord de Time For Oceans, dans ce début de Transat Jacques Vabre exigeant.
« Après le départ, il a fallu remonter au près jusqu’aux superbes falaises d’Étretat. Le paysage méritait le détour ! Nous sommes bien partis mais sur la fin quelques bords mal inspirés nous ont coûté cher. L’envoi du gennaker (voile creuse) a été laborieux, une écoute était montée à l’envers. Conclusion nous avons perdu de précieux milles dans la bataille, le groupe de devant s’est échappé avec un vent plus favorable. La traversée de la baie de Seine a été catastrophique, nous ne trouvions pas les bons réglages pour faire avancer le bateau. Nos concurrents vont vite, le niveau est relevé et les erreurs ne passent pas inaperçues. »
Heureusement, en approche du Cotentin les choses sont rentrées dans l’ordre comme l’explique Stéphane : « Nous avons tiré un joli bord en direction d’Ouessant et nous n’avons pas boudé notre plaisir de rattraper puis doubler certains rivaux ! Surtout après avoir été malmené la veille ! »
« Le bateau surfe de vagues en vagues à un rythme effréné »
Les conditions, bien que musclées ne déplaisent pas au duo de Time For Oceans, qui navigue sur un IMOCA costaud et bien fiabilisé. « La direction de course nous a concocté des conditions sur mesure : depuis la bouée d’Antifer nous sommes au portant. L’ambiance à bord est plutôt humide, le ciel gris et la mer agitée mais le bateau surfe de vagues en vagues à un rythme effréné », se réjouit Stéphane Le Diraison.
« Après cette nuit agitée, avec de nombreuses manœuvres, le rythme du large s’installe à bord de Time For Oceans, nous profitons du vent plus stable pour dormir un peu et nous sécher. Au lever du jour nous avons pu apprécier la beauté de la côte finistérienne accompagné de dauphins qui nous ont suivis pendant plusieurs milles. »
Depuis, Stéphane Le Diraison et François Guiffant progressent toujours à bonne vitesse (environ 18 nœuds).A 16h, le tandem de Time For Oceans pointait donc en 18e « Nous sommes dans un groupe avec lequel nous imaginions jouer mais il y a d’autres concurrents directs devant nous. Il y a plein de choses à faire ! », conclut Stéphane.
LE HAVRE, FRANCE - OCTOBER 27: Fleet is taking a good start during the Transat Jacques Vabre 2019, duo sailing race from Le Havre, France, to Salvador de Bahia, Brazil, on October 27, 2019 in Le Havre, France. (Photo by Jean-Marie Liot/Alea)
Moins d’une trentaine d’heures après le départ de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre, donné dimanche à 13h15 au Havre, le Class40 Edenred mené par Emmanuel Le Roch et Basile Bourgnon pointe à la 16ème place au classement de lundi 16h00 à 60 milles du leader de la Class40 Leyton (Sam Goodchild et Fabien Delahaye). « J’aime l’action », expliquait Basile Bourgnon avant le départ, il n’a pas été déçu avec une sortie de Manche tonique et rapide. Cette nuit, le vent s’est renforcé jusqu’à 35 nœuds et un peu plus de 24 heures après le départ, Emmanuel Le Roch et Basile Bourgnon entament déjà leur traversée du Golfe de Gascogne.
« Après le petit côtier d’hier, nous avons envoyé le spi puis nous avons barré tout le temps, nous n’avons encore jamais mis le pilote automatique. Ces premières heures de courses sont importantes, il ne faut pas lâcher ! Nous avons dormi par petites tranches de 45 minutes ou une heure. La nuit a été rapide et humide à bord d’Edenred mais nous avons joué la prudence. Dans les rafales à 35 nœuds, nous avons eu du mal à envoyer le petit spi, alors nous avons décidé de rester sous génois. L’objectif est bien d’arriver au Brésil ! Nous venons de passer Ouessant sous spi avec un temps typiquement breton : un ciel bas, de la grisaille et encore de jolis grains. Nous avons enfilé les gros cirés mais pas encore la combinaison sèche. Et surtout, nous avons attaqué le saucisson et le gâteau au chocolat ! » raconte Emmanuel Le Roch, joint par son équipe cet après-midi.
Le plein d’émotions pour une grande première
Mettre des mots sur ses émotions, un exercice difficile jusque-là pour Basile Bourgnon, benjamin de la course à seulement 17 ans et 5 mois. « C’était à la fois touchant et étrange de voir ma famille et mes amis émus aux larmes. J’ai essayé de rester fort mais j’ai eu une sacrée boule au ventre », avoue Basile Bourgnon, le co-skipper d’Edenred. « La Transat Jacques Vabre, c’est une première pour nous deux, mais contrairement à Basile, j’avais déjà vécu les émotions d’un départ de Route du Rhum, je savais à quoi m’attendre. Ce sont des sentiments forts mais une fois les amarres larguées, on passe tout de suite en mode course », conclut Emmanuel Le Roch.
Malgré les trois décennies qui séparent Emmanuel Le Roch de Basile Bourgnon, la force de ce duo, c’est sa complicité évidente. Une histoire de cœur et de compétiteurs, autant dire qu’ils n’ont pas fini de partager des émotions sur la longue route qui doit les mener jusqu’à Salvador de Bahia au Brésil d’ici une vingtaine de jours.
CONCARNEAU - SEPTEMBER 6: French skippers Maxime Sorel and Guillaume Le Brec are sailing on the Imoca V&B - Mayenne, training prior to the Transat Jacques Vabre, on September 6, 2019, off Concarneau, France. (Photo by Jean-Marie Liot/VandB)
Maxime Sorel et Guillaume Le Brec ont constaté cette nuit un souci technique important sur le tirant de l’outrigger* bâbord du plan VPLP – Verdier 2007. Après discussion avec son équipe technique, le duo a décidé de faire route vers Brest afin d’essayer de réparer le tirant. « C’est le truc qui n’arrive normalement jamais car c’est le tirant sous le vent qui s’est endommagé » précise le skipper originaire de Cancale. « Nous n’avons pas d’autres choix que de s’arrêter afin de réparer. Selon les fabricants, il y a trop de risque de démâtage. Toute mon équipe se mobilise pour trouver une solution afin de changer ce tirant. » V and B – Mayenne avait bien débuté sa Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre et était totalement dans sa course quand cette péripétie technique est arrivée. Maxime et Guillaume sont attendus vers 14h00 à Brest.
*L’Outrigger est un espar latéral perpendiculaire à l’axe du bateau. Il fait office de barres de flèche montées latéralement sur le pont au niveau du mât.
Les conditions sont devenues musclées avec plus 30 noeuds et une mer courte qui ont obligé l’ensemble de la flotte à se mettre directement dans le bain. Les bateaux les plus fiables sont à l’attaque et accélèrent à l’image de Thibaut Vauchel-Camus et Fred Duthill qui s’échappent en Multi50 et mènent devant toute la flotte et Charal avec Jérémie Beyou et Christopher Pratt qui ont accéléré d’un coup.
IMOCA : Place aux foiler ?
Ce début de course était assez trompeur pour tirer un quelconque enseignement sur le potentiel de vitesse des nouveaux foilers. Les prochaines 24h vont pouvoir nous en dire plus. Sans surprise, les Imoca à dérives droites s’en sont bien sortis jusqu’à Ouessant en faisant moins de route. Il était intéressant de voir Charal et Hugo Boss bord à bord. Reste à savoir quelles configurations de voiles chacun avait pris mais le bateau d’Alex Thomson a montré toute sa puissance.
Ce lundi matin, Jérémie Beyou et Christopher Pratt sont au charbon à plus de 26 nds devant un groupe de 9 Imoca dont l’Apicil de Damine Seguin et Yoann Richomme qui étonne comme sur la Fastnet par sa capacité à aller vite. ON retrouve aux avants-poste PRB, Initiatives-Coeurs mais également Bureau Vallée. La bonne nouvelle est que Thomas Ruyant sur son Advens est reparti. Tous les nouveaux foilers sont en course. Charlie Dalin sur son Apivia est dans la course et reste dans le groupe de tête. Arkea-Paprec avec son foil endommagé suit avec difficulté.
Hier soir, le tandem Cremer-Le Cléac’h (Banque Populaire IX) passait en tête au ras du cap de la Hague et ce matin, c’est Groupe Apicil (Damien Seguin,Yoann Richomme) qui avait pris la tête, juste devant… Nicolas Troussel et Jean Le Cam, embarqués eux aussi sur un IMOCA datant de 2007 qu’ils exploitent à merveille. « Ça bombardait fort sous grand spi tout à l’heure et on a préféré affaler pour sauvegarder cette voile qui nous serivra beaucoup dans les alizés. On est super content de notre position et la bonne nouvelle, c’est de voir que tout le monde converge vers le golfe de Gascogne. Les fichiers ont encore bougé et je crois que l’option ouest ne va pas tenter grand monde » analysait ce matin Yoann Richomme qui hésitait même à passer au Sud de l’île d’Ouessant pour gagner au maximum sur la route qui conduit à Salvador de Bahia.
A noter tout de même le petit décalage d’un groupe emmené par Hugo Boss dans lequel on retrouve Maître CoQ et Charal qui est allé chercher son point d’empannage plus près des côtes anglaises. Question d’angle pour trouver la meilleure vitesse ou amorce d’un choix tactique ? Toujours est-il que ce matin, ce groupe se réalignait sur la flotte, ce qui pourrait confirmer que la voie de l’Ouest n’a finalement pas été retenue après la réception du fichier météo du soir…
Dernier des foilers mis à l’eau en septembre, Advens for Cyberscurity a été obligé de s’arrêter à Cherbourg hier soir vers 23 h 00 pour réparer des problèmes de vérins de pilote automatique. Thomas Ruyant et Antoine Koch ont du attendre quatre heures comme le réglement l’impose pour repartir et ferment la marche à quelques 80 milles des leaders.
Multi50 : Vauchel-Camus- Duthil impriment le rythme
En tête sur la ligne de départ du Havre, Thibault Vauchel-Camus et Frédéric Duthil sont clairement au rendez-vous de cette 14ème Route du Café. Leur trimaran bleu est le premier à s’extraire de la Manche ce matin. Avec une vingtaine de milles d’avance sur Primonial et 30 sur Groupe GCA Mille et un sourires, Thibault et Frédéric impriment un rythme soutenu sous gennaker et n’ont pas hésité à multiplier les empannages cette nuit pour rester sur leur schéma tactique qui les fait passer au plus près de la pointe de la Bretagne. « Il y a une petite molle à l’approche de la première dépression et on va chercher à naviguer le plus Sud possible. Cette nuit, tout s’est bien passé mais on a eu des claques jusqu’à 30-35 noeuds et il falait être vigilant » racontait ce matin à la vacation Thibault Vauchel Camus.
Class40 : Les gros bras au rendez-vous
Après un très bon départ qui les plaçait en tête à Etretat, Kito de Pavant et Achille Nebout n’ont rien pu faire face aux derniers protos. « Sous spi Made in Midi n’a pas la vitesse des bateaux recents et nous n’avons que regressé au classement. Pas tres encourageant pour la suite !!! » soulignait Kito dans son message du matin.
En Class40, le conflit des générations dessine en effet la hiérarchie au classement ce matin. Au large des îles Anglo-Normandes, les favoris sont avant-postes avec dans un rayon de 5 milles, Lamotte-Module Création, Leyton, Crosscall Chamonix Mont Blanc, et Banque Du Léman, seul le Pogo de Charles-Louis Mourruau et Estelle Greck faisant de la résistance. Sous petit spi dans des conditions toniques, les meilleurs naviguent juste devant la queue de flotte des IMOCA, alors que le dernier des 27 Class40 pointe à plus de 50 milles.
SAINT-MALO - SEPTEMBER 23: French skippers Thibault Vauchel-Camus and Fred Duthil are sailing on the Multi 50 Solidaires en Peloton - Arsep, training prior to the Transat Jacques Vabre, on September 23, 2019, off Saint-Malo, France. (Photo by Easyride)
Après un départ assez cléments pour les 59 concurrents de cette Transat Jacques Vabre, la flotte rentre progressivement dans le dur avec les restes de la dépression tropicale Pablo qui vient à sa rencontre. Sa trajectoire nord et l’angle assez inhabituel de son front chaud vont changer brutalement les conditions dans l’après-midi pour les leaders. En attendant la seconde perturbation qui va commander toute la première semaine de course, la porte de l’ouest pourrait bien s’être refermée même si des décalages en longitude restent possibles.
Ce matin, on constate que l’essentiel des binomes suit une route assez classique en privilégiant le rapprochement vers le but vers l’est des Açores. Yoann Richomme à la vacation ce lundi matin expliquait que la route de l’ouest envisagée au départ, contournant tout le grand système dépressionnaire qui s’installe en ce moment sur l’Atlantique, était « sans doute assez risquée et casse bateau ». Elle rallonge aussi le chemin vers le Brésil de quelques 400 milles, près de 10% du parcours ce qui est sacrément risqué. Surtout, la position en latitude des systèmes a un peu évolué depuis le départ. A commencer par la petite perturbation Pedro qui pousse vers le nord et dont le front associé va commander la stratégie dans les prochaines heures. Le grand contournement parait dans ces conditions encore plus risqué et les skippers préfèrent engranger les milles vers Salvador de Bahia.
A l’approche du front, le vent va mollir ce qui devrait rendre la progression assez pénible dans le résidu de houle. La zone de vent faible s’étend au delà de l’axe Ouessant-cap Finisterre ce qui va obliger les skippers à maintenir une route abattue bâbord amures toute la journée. Le piège du golfe de Gascogne semble avoir été très bien identifié par le tandem Vauchel Camus-Duthil en Multi50. Les leaders franchiront le front à la mi-journée à la latitude de la Vendée, ce sera dans l’après-midi et la soirée pour les IMOCA
En arrière du front, le vent va tourner au Sud assez brutalement. L’heure sans doute de gagner dans l’ouest pour quelques heures, en prévision d’une rotation future du vent au sud-ouest. Car la brise va rester calée sur cet angle au moins 72 heures et c’est bien au louvoyage qu’il va faloir gagner mille après mille vers le soleil…
En débarquant dans le jeu dépressionnaire plus tard que les leaders, les Class40 pourraient-ils finalement être les plus aptes à tenter dans l’ouest avec un schéma mieux calé ? Pas sur du tout mais le sens de la trajectoire de Crédit Mutuel et Eärendil qui ont lâché la meute en fin de nuit au large de Jersey pour se recaler en milieu de Manche, interroge. Ian Lipinski et Adrien Hardy (Crédit Mutuel) ont réempanné ce matin pour passer juste à l’ouest du DST d’Ouessant où ils refouleront moins de courant qu’à la pointe de Bretagne. Mais Catherine Pourre et Pietro Luciani (Eärendil) ont continué vers l’ouest. La Cornouaille britannique va les obliger eux aussi à changer d’amure mais réempanneront-ils une fois la côte parée ? Assumer psychologiquement un bord solitaire au 290° quand toute la flotte a tourné les talons vers le sud réclame un sacré culot.
Voila en tous cas un début de course passionnant. Et même si le scenario très tranché annoncé au Havre ne se déroule pas vraiment comme prévu, chaque décalage ouest peut s’avérer intéressant lorsque toute la flotte sera coincée dans l’Est de la grande dépression stationnaire à partir de demain, obligée à louvoyer pour parer les côtes Portugaises.
LA TRINITE SUR MER, FRANCE - JULY 3: French skipper Luke Berry and co-skipper Tanguy Le Turquais are training onboard their Class 40 Lamotte - Module Creation prior to the Transat Jacques Vabre, off La Trinite sur Mer, France, on July 3, 2019. (Photo by Pierre Bouras)
Mauvaise nouvelle en Class40, à 7h50 ce matin, alors qu’ils menaient la flotte , Luke Berry et Tanguy Le Turquais ont joint la direction de course de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre pour signaler que le Class40 Lamotte – Module Création avait démâté. Les deux skippers vont bien et sont en sécurité à bord du bateau.
Le tout récent IMOCA Advens for Cybersecurity skippé par Thomas Ruyant va observer un arrêt à Cherbourg afin de procéder à une rapide intervention sur ses vérins de pilotes automatiques. Conformément au règlement de la Transat Jacques Vabre, le voilier devra néanmoins demeurer immobilisé 4 heures avant de pouvoir rejoindre la course. Thomas Ruyant et Antoine Koch sont attendus à 23h00 par leur équipe technique.
Rien d’étonnant quand on sait que le bateau a été mis à l’eau très récemment. Espérons que la bateau puisse repartir en course et que Thomas Ruyant et son équipe puisse tirer tous les enseignements de la course pour faire progresser leur bateau.
La 14ème Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre s’est élancée dans de parfaites conditions ce dimanche à 13h15 sans aucun incident. Les 59 bateaux font route vers la bouée située à Etretat avant de partrir vers le nord ouest et de faire un premier choix tactique : celui de passer au nord ou au sud de la DST des Casquets pour ensuite se positionner au mieux vers Ouesssant.
Ce sont les Multi50 qui ont logiquement emmené la flotte. Thibaut Vauchel-Camus et Fred Duthill sur Solidaires en Peleton – Arsep, grand favori de cette classe qui ne compte que 3 bateaux enroulaient les premiers la bouée suivi par Sébastien Rogues et Mathieu Souben sur Primonial. Le duel est lancé même si Gilles Lamiré et Antoine Carpentier sur Groupe CGA – 1001 sourires seront en embuscade.
En Imoca, on a pu voir pour la première foi bords à bords la première confrontation des nouveaux foilers avec Hugo Boss et Charal, les 2 plans VPLP mais aussi Apivia, Advens les plans Verdier et Arkea-Paprec le plan Kouyoudjian. Avec un long louvoyage vers la bouée, les bateaux à dérives droite s’en sortent encore bien avec notamment Banque Populaire bien placé. Le PRB de Kevin Escoffier et Nicolas Lunven est aux avants-postes. Il devrait pouvoir prendre rapidement la tête de la flotte et tenter de prendre un maximum d’avance devant les foilers qui d’ici 48h pourront accélérer.
En class40, la flotte reste bien groupée. On notera la bonne place de Crédit Mutuel, le nouveau Class40 dessiné par David Raison avec son étrave scow et skippé par Ian Lipinksi et Adrien Hardy. Un bateau à surveiller de près.
LE HAVRE, FRANCE - OCTOBER 19: Competitors boats are displayed in the Bassin Vatine during pre-start of the Transat Jacques Vabre 2019, duo sailing race from Le Havre, France, to Salvador de Bahia, Brazil, on October 19, 2019 in Le Havre, France. (Photo by Jean-Marie Liot/Alea)
C’est à 13 h 15 ce dimanche, que partira du Havre la Transat Jacques Vabre, direction le Brésil. 30 Imoca, 27 Class40 et 3 Multi50 feront cap d’abord vers Etretat avant de partir plein Ouest dans des conditions assez maniables avant de voir le vent se renforcer en sortie de Manche.
Les skippers virtuels qui participent à la course sur www.virtuelregatta.com pourront quant eux lancer leur bateau plein ouest.
Si la sortie de la Manche s’annonce rapide au portant, les premiers choix cornéliens attendent les marins au large d’Ouessant lundi matin. Une grande dépression stationnaire barre la route des alizés et en fonction de son évolution, il faudra choisir entre plusieurs routes possibles au Sud sud ou la contourner par l’ouest. « En Manche, les 24 premières heures vont être clémentes, c’est déjà pas mal » se réjouissait Fabien Delahaye (Leyton) au dernier briefing avant le départ. Le puissant anticyclone placé sur le nord des îles Britanniques canalise en effet un bon flux de nord-est sur la Manche. Avant d’en profiter pour foncer vers l’ouest, il faudra tirer quelques bords vers le nord entre la ligne de départ et la bouée spectacle Région Normandie, mouillée au pied des falaises d’Etretat. 15 milles de mise en jambes qui pourraient prendre pas mal de temps selon le havrais Havrais Charlie Dalin (Apivia) : « Nous serons au louvoyage à contre-courant avec un fort coefficient de marée,,… la remontée pourrait prendre environ 3 heures ». Les grandes voiles de portant ne sortiront donc des soutes qu’en fin d’après-midi de dimanche pour un premier bord tout droit vers la pointe du Cotentin que la tête de flotte devrait passer en début de nuit. De quoi emmagasiner un peu de repos après l’émotion de cette longue journée.
Les choses vont se compliquer dans la nuit de dimanche à lundi où le vent ne va pas cesser de forcir jusqu’à 25-30 nœuds. Plusieurs changements de voiles de portant et empannages sont à prévoir, manœuvres les plus consommatrices d’énergie pour les binômes qui vont connaître leurs premières suées sous les combinaisons sèches. Les IMOCA et Multi 50 de tête sont attendus au sortir de la Manche lundi au petit matin. Pour les Class 40, il faudra patienter jusque dans l’après-midi.
Le barrage de l’Atlantique Dans la soirée de lundi, il ne faudra pas relâcher son attention sur la cartographie (remise à jour toute les heures). En fonction du cap suivi, on saura ce qu’ont en tête les binômes et leur décision sera déterminante. La grande dépression qui barre l’Atlantique Nord est en effet un vrai « dispositif de séparation du trafic ». Richard Silvani de Météo France explique : « Traditionnellement à cette saison, les perturbations balaient l’Atlantique, permettant, au passage des fronts, de gagner vers l’ouest puis le sud pour les skippers. Cette année, la grosse dépression est stationnaire et forme une vraie situation de blocage ».
La première option conduit les concurrents vers l’Espagne puis les côtes africaines, en tirant des bords dans un vent plus ou moins soutenu mais toujours campé au sud-ouest. Alors pourquoi ne pas profiter de la position très méridionale de la dépression pour en faire le grand tour par l’ouest ? Un choix radical avec à la clef un tout autre menu météo : du portant très soutenu, une mer dure et croisée dans le nord- ouest de l’archipel des Açores… et 400 milles de plus à parcourir pour gagner Salvador de Bahia. Casse-bateau mais plus rapide aujourd’hui sur l’ordinateur, cette route sera-t-elle toujours favorable demain et lundi ? …
Quels seront les duos franc-tireurs ? Les conditions annoncées à l’ouest ne semblent pas très enviables pour les Multi50 qui risquent de chercher à esquiver le long de la Galice et du Portugal. Pour les Class 40, robustes mais moins véloces, rallonger autant la route, est aussi un jeu à haut risque.
Et chez les IMOCA ? Certains ne croient pas une seconde à cette descente par l’ouest comme Sébastien Audigane (La Fabrique) qui considère que la « porte s’est refermée depuis longtemps , trop longue et avec un mauvais angle d’atterrissage sur l’Equateur ». D’autres comme Antoine Koch pensent que « les modèles ne sont pas calés. C’est une route qu’il ne faut pas exclure et il faudra décider au dernier moment ». Sûrs de la fiabilité de leur IMOCA, Yoann Richomme et Damien Seguin prendront-ils ce risque ? « Après Ouessant, on a encore douze heures pour décider si on y va ou pas explique Yoann . C’est une question de prise de risque, on peut s’attendre à voir la flotte exploser en deux ! »
Pascal Bidegorry semble lui aussi partagé : « La flotte peut spliter ! Mais le problème de ces dépressions très basses en latitude, c’est surtout qu’elles tuent l’alizé. Normalement, il se reconstitue par l’est mais ce n’est pas terrible de traîner le long du Maroc pour rejoindre le Pot-au-noir… » grimaçait ce matin le co-skipper basque de 11th Hour pour conclure : « Ça ne sent pas le record tout ça, on voit plutôt 14 jours de course… »
Sur l’ensemble des déclarations, on sent que la route classique le long des côtes portugaises et africaines pourrait bien attirer le gros des troupes. Une option à l’intérieur de laquelle, il peut d’ailleurs subsister beaucoup de jeu et des décalages marqués pour attraper le premier l’alizé… Une fois aux latitudes plus ensoleillées, il restera plus de la moitié des 4 350 milles à couvrir et pas forcément les plus simples : grains, passage du Pot au Noir, alizés de l’hémisphère Sud à encaisser, la route est longue vers Salvador de Bahia. Le premier duo à entrer dans la Baie de tous les saints aura sans doute pris des risques mais aussi bien soupesé leurs conséquences.
Le nouveau monocoque de Sébastien Simon, Arkea-Paprec s’élancera avec un foil en moins mais cela n’attaque pas pour autant la détermination du duo Simon / Riou. Les deux hommes veulent traverser jusque Salvador de Bahia pour continuer d’apprendre et fiabiliser cet Imoca mis à l’eau il y a quelques mois seulement.
Le départ sera lancé à 13h15 dans un flux de Nord-Est et par temps clair. Les 29 Imoca devraient partir vite le long des côtes normandes jusqu’à Etretat avant de s’extraire de la Manche au portant. Ils rencontreront dès les premiers jours de course un important système dépressionnaire qui les poussera à faire rapidement un premier choix tranché. Les explications de Sébastien et Vincent.
Quelles sont les conditions qui s’annoncent pour le départ et les premiers jours de course ?
Sébastien : « Nous allons avoir une partie un peu technique pour rejoindre Etretat au louvoyage. Ensuite nous partirons au portant pour sortir de la Manche avec du vent qui forcira au fur et à mesure. Il faudra alors prendre une décision. Partir dans l’Ouest, une option super engagée qui nous impose de faire le tour d’une grande dépression avec beaucoup de vent et beaucoup de mer. Une route exigeante avec des vents portants. Ou une route plus directe, plus lente, au louvoyage avec moins de mer et moins de vent. Elle demandera de la maîtrise car il faudra slalomer avec les conditions de vent que l’on rencontrera. »
Vincent : « Avoir en tête les différents scénarios météo nous permet d’être prêts à tout. Il va pourtant falloir être patients et accepter d’attendre les fichiers de dimanche pour savoir quelle trajectoire nous devrons faire au milieu de l’Atlantique. Pour le moment, nous sommes sûrs de faire du portant et ça, c’est sympa ! »
Quelle est l’incidence d’un foil manquant sur le potentiel d’ARKEA PAPREC ?
Sébastien : « Descendre l’Atlantique, c’est à peu près 70% de bâbord amure et 30% de tribord amure. S’il y a une route qui devient vraiment évidente par rapport à l’autre, on ira, foil ou pas foil. Maintenant je ne vais pas mentir, ça nous arrangerait de faire plus de bâbord amure que de tribord amure ! »
Vincent : « Le potentiel d’ARKEA PAPREC est très bon mais c’est la 1re transatlantique du bateau. Même si l’on se veut un projet ambitieux, ce serait prétentieux de dire que l’on vient pour gagner avec un bateau neuf. Il y a un peu de mise au point sur ces machines-là. Nous partons avec un handicap au départ. Il y a un bord où nous serons déficitaires, c’est le jeu. Nous allons nous adapter. »
Un pronostic sur ce beau plateau en Imoca ?
Sébastien : « ce n’est pas forcément un bateau de nouvelle génération qui va arriver en tête au Brésil. Je pense qu’il y a des bons duos d’outsiders qui sont capables de gagner. Ce sont des bateaux fiables, déjà éprouvés. Nous, avec nos Imoca de nouvelle génération, nous devons encore faire nos preuves. Nous avons des monocoques très performants mais il faut maintenant montrer que nous pouvons aller jusqu’au bout d’une traversée de l’Atlantique et ce n’est pas forcément évident. »