OFF PENMARC'H - SEPTEMBER 5: French skippers Charlie Dalin and Yann Elies are sailing on the Imoca Apivia, training prior to the Transat Jacques Vabre, on September 5, 2019, off Penmarc'h, South Brittany, France. (Photo by Jean-Marie Liot/Alea/Disobey/Apivia)
Alors que deux des 3 multi50 sont à Bahia et que le troisième Primonial est attendu après une dernière nuit en mer, le regard se tourne vers les Imoca où le sprint final s’annonce magnifique.
Charlie Dalin et Yann Eliès avec 244 milles d’avance sur le second sont sur la voie royale pour remporter en Imoca cette Transat Jacques Vabre, défiant tous les pronostics avec un bateau Apivia si jeune mais déjà redoutable. Le pot-au-noir aura été cruel pour Jérémie Beyou et Christopher Pratt qui ont vu passer à quelques milles d’eux 5 bateaux alors qu’ils restaient encalminés de longues heures. Le plan VPLP Charal reste un super bateau mais il aura suffit d’un petit grain pour gripper la machine.
PRB, Banque Populaire en ont profité pour prétendre à une place sur le podium mais il faudra peut-être compter sur Thomas Ruyant et Antoine Koch qui sont en mode survitaminé depuis le départ et qui, après avoir dépassé Arkea-Paprec, compte bien ne rien lâcher, revenu à hauteur de Charal et avec 11th Eleven en ligne de mire.
Apivia devrait doubler le phare de Barra dans la nuit de samedi 9 au dimanche 10 novembre vers 3h du matin. 19h pour PRB et 20h pour Banque Populaire ! A confirmer bien sûr…
Ce sera ensuite un ballet rythmé d’arrivées qui se succéderont quasiment toutes les heures jusqu’au mardi soir 11 novembre…
A bord de leur Multi 50 Solidaires En Peloton – ARSEP, Thibaut Vauchel-Camus et Fred Duthil sont arrivés 2e de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre.
Thibaut Vauchel-Camus : “La fin de course a été un peu longue car il n’y avait plus d’enjeux au classement et cela fait un moment que nous avons digéré cette deuxième position en Multi50. Et elle est belle cette deuxième place car nous avons tout donné tout au long de cette Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre. A part, notre mauvais choix stratégique après une semaine de navigation, nous n’avons rien à nous reprocher techniquement, en termes de vitesse et d’implication à bord. Nous comptions sur un pot-au-noir un peu plus clément avec nous pour revenir mais cela n’a pas été le cas. Avec Fred, l’ambiance a été au beau fixe. Nous nous sommes bien marrés et nous avons même réussi à se moquer de nous-même. Fred a apporté une belle énergie à notre Défi Voile Solidaires En Peloton. Son expertise a été précieuse avant, pendant la Transat et pour l’avenir. Je me transpose d’ailleurs déjà sur la prochaine saison avec The Transat CIC qui sera une nouvelle grande étape en solitaire dans mon parcours. Nous sommes fatigués mais nos corps ne sont pas meurtris par la forte humidité que nous avons affrontés durant cette épreuve. Le match a été passionnant en Multi50 pendant plus d’une semaine. Comme je l’ai dit avant le départ, nous avions un plateau de grande qualité. Je félicite Gilles Lamiré et Antoine Carpentier pour leur victoire et Sébastien Rogues et Matthieu Souben. Je tiens à remercier l’ensemble des partenaires de Solidaires En Peloton – ARSEP sans qui on ne pourrait pas mettre en avant notre message d’espoir lié aux 115 000 patients atteints de la Sclérose En Plaques.”
Fred Duthil : « Nous sommes très contents de notre Transat. Nous nous sommes battus jusqu’au bout. Il y a un peu de frustration car nous venions pour la gagne mais nous avons fait au mieux et l’ambiance a été géniale avec Thibaut. Nous finissons tout de même sur les rotules ! Merci à tous pour vos encouragements ! »
Retour sur la Transat de Solidaires En Peloton – ARSEP
Tout avait bien débuté pour Solidaires En Peloton – ARSEP, le 27 octobre en baie de Seine, jour du grand départ de la 14ème édition de la Transat Jacques Vabre.
Thibaut Vauchel-Camus et Fred Duthil enroulent la bouée d’Etretat en tête et éclaboussent ensuite le début de compétition par leur facilité à mener leur belle machine à trois coques.
Au près, Solidaires En Peloton – ARSEP avale le golfe de Gascogne et compte 50 milles d’avance sur ses poursuivants au passage du cap Finisterre. Toujours au près, le long des côtes ibériques et portugaises, aidé par son routeur Erwan Tabarly, le tandem accentue même son avance jouant avec dextérité sur une mer chaotique avec les oscillations du vent.
C’est peu après Gibraltar, au large, que les choses se corsent pour le leader. En abordant par l’Est la dorsale plantée sur leur route vers Salvador, une “aile de mouette” dans le jargon vélique et stratégique, Solidaires En Peloton – ARSEP voit inexorablement ses concurrents, les duos Lamiré-Carpentier et Rogues-Souben, revenir, coupant la dorsale quasi dans son centre sans ralentir.
Le 31 octobre, Thibaut et Fred cèdent leur leadership, alors que la flotte des Multi50 est enfin poussée par le vent. Engagés dans cette trajectoire “Est”, Thibaut et Fred décident de se démarquer en s’éloignant de l’orthodromie et en espérant toucher plus de pression dans leurs voiles. Ce décalage ne paie pas malgré un passage engagé au milieu de l’archipel des Canaries.
Engrangeant les journées à grande vitesse, le voilier portant le message d’espoir : Vaincre ensemble la sclérose en plaques lutte pour refaire son retard. L’application continue des pilotes en proie à une vie extrême à bord : repos difficile, alimentation saccadée, longues heures collées à la barre, reste intacte…
Le passage du pot-au-noir, possible juge de paix au classement, ne profite pas à la doublette bleu. Groupe GCA – Mille et un Sourires accentue son avance avant de toucher les alizés menant au Brésil.
Si cette Transat Jacques Vabre aura été météorologiquement frustrante pour Thibaut et Fred, les regrets ne sont pas au menu tant ils se sont battus comme des lions jusqu’au bout, portés par une motivation plus grande que la dimension sportive. La deuxième position au classement est une belle récompense et la classe Multi50 aura démontré une nouvelle fois sa capacité à générer des courses passionnantes.
Les 115 000 patients atteints de la Sclérose En Plaques peuvent être fiers d’avoir un ambassadeur de ce calibre, prêt à relever de nouveaux défis, en 2020, sur son voilier volant soutenu par un pôle de partenaires particulièrement fidèles.
SALVADOR DE BAHIA, BRAZIL - NOVEMBER 8: Groupe GCA - Mille et Un Sourires skippers Gilles Lamire and Antoine Carpentier win the Multi 50 category in 11d 16h 34mn 41s of the Transat Jacques Vabre 2019, duo sailing race from Le Havre, France, to Salvador de Bahia, Brazil, on November 8, 2019 in Bahia, Brazil. (Photo by Jean-Marie Liot/Alea)
Gilles Lamiré et Antoine Carpentier ont franchi la ligne d’arrivée de cette Transat Jacques à 05h 49mn 41s (heure française) et terminent premier à l’issue d’une magnifique course.
« On essaie de faire la route la plus courte » tel était le credo de Groupe GCA – Mille et un sourires à la veille de prendre les commandes de la course le 1er novembre pour ne plus les lâcher jusqu’à la ligne d’arrivée. Routés par Christian Dumard, les deux hommes à l’expérience bien trempée sur la Route du café (4ème participation pour chacun d’eux dont deux victoires pour Antoine Carpentier) dessinent une trajectoire parfaite traversant chaque système météo avec brio et avalant le Pot-au-noir en quelques heures. Le premier tronçon de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre voyait pourtant Solidaires En Peloton – ARSEP mener largement la flotte des trois multicoques, lui qui partait du Havre en favori étant le bateau à foils le plus récent de la classe Multi50. Le décalage Est de ce dernier dans la descente vers les Canaries, fut une erreur fatale. Groupe GCA – Mille et un sourires et sa route plus directe ont rapidement récolté les fruits de leur excellente stratégie. Une première victoire pour Gilles Lamiré sur la Route du café à bord d’un multicoque désormais légendaire qui signe son sixième sacre sur une course transatlantique dont 4 sur la Route du café. A Salvador de Bahia cette nuit, sous les applaudissements et le feu d’artifice traditionnel, l’émotion était intense pour les deux skippers, heureux d’avoir navigué vite et bien !
Sébastien Destremau compte bien repartir sur le prochain Vendée Globe avec FaceOcean mais sur un nouveau bateau, le précédent ne passant plus la jauge. Il a racheté celui de Conrad Colman, l’ex-Foresight Natural Energy, un plan Lavranos de 2004 qui a été mis aux enchères en avril dernier dont la mise à prix offciele avait été fixée à 50 000 € mais qui aurait été vendu finalement 20 000 € avant d’être revendu ou loué à Sébastien Destremau. Lire ici : https://magazine.interencheres.com/vehicules/achetez-voilier-imoca-vendee-globe/
Un nouveau défi pour Sébastien Destremau
”Si le départ du prochain Vendée Globe était demain, je repartirais aussi sec” c’est pas ces mots que le skipper toulonnais avait annoncé ses intentions dès la ligne d’arrivée franchie il y a trois ans.
A exactement 365 jours du depart de la 9ème édition du Vendée Globe, Sébastien lance officiellement sa campagne de préparation avec un nouveau bateau. ”A un an du départ, Il y a évidement beaucoup à faire pour que faceOcéan soit prêts. Mais on a la chance d’être déjà qualifié, d’avoir acheté un très bon bateau et notre équipe a acquis une énorme expérience lors de la dernière édition.”
Le skipper toulonnais a fait l’acquisition d’un Imoca très performant en remplacement de son ancien voilier de l’édition 2016 rendu obsolète par le nouveau règlement de la course. ”Nous avons adapté le projet aux nouvelles règles et je suis heureux d’annoncer qu’un nouveau faceOcéan fera son entrée dans le port de Toulon d’ici quelques semaines. Notre préparation vers le départ du Vendée Globe 2020 est en marche et je suis très heureux d’avoir ce bateau avec lequel nous allons écrire une nouvelle histoire. ”
Un bateau très performant :
Construit au Brésil en 2005, faceOcéan est un voilier complet et très rapide à toutes les allures. Déjà considéré comme un des meilleurs Imoca de sa génération, l’équipe Toulonnaise étudie la possibilité d’intégrer des foils à la plate forme existante pour le rendre encore plus puissant. ‘Il faut être très prudent avec les modifications que l’on envisage. Pour le moment nous étudions la question et la décision n’est pas encore prise. Améliorer les performances d’un bateau est une chose passionnante, mais terminer le Vendée Globe en est une autre bien plus importante à mes yeux. Tout est une question d’équilibre entre la sécurité, la technique, la performance, les délais et les finances”.
Pour mémoire :
Le 11 mars 2017, au terme de 124 jours de navigation, Sébastien Destremau, 52 ans, clôture le huitième Vendée Globe, plus de cinquante jours après le vainqueur, Armel Le Cléac’h. Après quatre mois de solitude, il atteint son objectif : terminer la course coûte que coûte, avec la rage de vaincre des sans-grades et des fauchés. Dix-huitième et dernier à avoir franchi la ligne d’arrivée, celui qui n’avait jusque-là jamais fait de course en solitaire venait d’écrire une incroyable page d’histoire humaine.
”Je me réjouis de repartir à la conquête de cet inutile : Retourner seul, au pays des Albatross, retrouver l’immensité des mers du Sud, ses couleurs uniques et ses vagues gigantesques. A un an du départ, je n’ai qu’un seul souhait : que cette nouvelle aventure soit belle pour mes proches et pour le public”
A la suite de l’avarie survenue à la quille du bateau MACSF, Isabelle Joschke et Morgan Lagravière sont contraints d’abandonner la Transat Jacques Vabre. L’étendue des réparations nécessaires sur la quille rend impossible de repartir en course dans les temps impartis. Isabelle Joschke reprendra la navigation en solitaire sur l’IMOCA MACSF à la fin du mois. Un coup dur pour elle dont nous faisions le portrait dans notre dernier numéro de Course au Large et qui comptait bien engranger les milles en vue de sa qualification au Vendée Globe.
Déjà deux jours de mer et les quatre trimarans engagés sur Brest Atlantiques évoluent quasiment à la latitude des Canaries, cap au sud dans un alizé moyen et une mer qui s’est désormais bien aplanie. Et si l’irrégularité de l’alizé oblige les marins à rester vigilants, les conditions de vie à bord sont bien plus agréables.
Journée stratégique sur « Brest Atlantiques » ! Après un tout droit bosselé dans le Golfe de Gascogne et une joliment nommée « aile de mouette » pour passer au sud de l’anticyclone des Açores, le grand sujet du jour sur les quatre trimarans partis mardi de Brest était le choix du moment de l’empannage, le premier de la course, à effectuer pour incurver la trajectoire plein sud vers l’équateur puis le Brésil. Une manœuvre indispensable mais coûteuse en énergie, comme l’a expliqué Jean-Luc Nélias (Sodebo Ultim 3) dans une vidéo envoyée par le media man martin Keruzoré : « Un jibe (empannage), c’est environ une demi-heure, entre monter un foil, descendre l’autre, faire la manœuvre, reborder le gennaker, retrouver tous les réglages ».
C’est le Maxi Edmond de Rothschild, le plus à l’est de la flotte depuis son passage à l’intérieur du DST du Cap Finisterre, qui a dégainé le premier en milieu de nuit de mercredi à jeudi, Franck Cammas et Charles Caudrelier ayant eu le droit à deux autres empannages dans la matinée, perturbés par un grain qui a collé aux basques de leur trimaran. « Le premier empannage était bien placé, nous avons eu un super début de bord, mais ensuite, on a buté dans un grain qui avançait avec nous », a commenté Charles Caudrelier dans une vidéo envoyée par le media man Yann Riou, Franck Cammas ajoutant : « On a galéré toute la nuit, on a fait des bords à l’envers ».
Du côté des autres bateaux, le Trimaran Macif (François Gabart/Gwénolé Gahinet), le plus à l’ouest de la flotte, a empanné une fois, tout comme Sodebo Ultim 3 (Thomas Coville/Jean-Luc Nélias), tandis qu’Actual Leader (Yves Le Blevec/Alex Pella) a effectué la manœuvre à deux reprises. Jean-Luc Nélias résumant l’enjeu de cette bataille stratégique : « Il fallait essayer de trouver le meilleur moment possible en fonction de la force et de la direction du vent, c’était important de caler cet empannage le mieux possible, parce que normalement, c’est le dernier avant le Pot-au-noir qui est dans deux jours. On ne saura que dans deux jours si c’était le bon moment. »
D’ici là, une descente toujours rapide dans un alizé irrégulier d’une quinzaine de nœuds et dans une mer désormais bien praticable attend les huit marins. Elle nécessitera bon nombre de réglages pour adapter la trajectoire aux caprices en force et en direction de cet alizé, mais l’état de la mer va permettre à tous de recharger les batteries après une entame musclée. Au classement de 16h jeudi, le Maxi Edmond de Rothschild est toujours en tête, avec 25 milles d’avance sur le Trimaran Macif, 132 sur Sodebo Ultim 3 et 248 sur Actual Leader.
Le mot de la direction de course (Jacques Caraës) : « La matinée a été rythmée par les empannages des quatre trimarans, le Maxi Edmond de Rothschild a été le premier, il a sans doute voulu faire du sud rapidement. On a vu ensuite qu’il s’était recalé plus vers le Trimaran Macif, l’écart en latéral entre les deux est passé de 200 milles ce matin à 160 cet après-midi. L’avance des deux premiers sur Sodebo Ultim 3 s’est creusée dans la journée, c’est peut-être dû à l’irrégularité de l’alizé : quand le vent faiblit sous les 15 nœuds, Sodebo Ultim 3 a sans doute un peu plus de mal à redécoller que le Maxi Edmond de Rothschild et le Trimaran Macif qui volent plus tôt. Ils continuent tous à descendre vers le sud, on voit qu’une bulle anticyclonique risque de gêner dans les prochaines heures le bateau le plus à l’ouest, le Trimaran Macif, il faut voir s’il va être freiné ou s’il va tenter de se recaler, c’est un des enjeux de cette fin de journée. La suite ? Le point d’entrée dans le Pot-au-noir, sans doute le gros sujet du moment avec les routeurs. »
S’il y a bien deux marins heureux sur cette Transat Jacques Vabre. Ce sont bien eux. Charlie Dalin peut être rassuré sur les qualités de son nouveau foiler et sa construction. Il n’a eu aucun problème technique majeur et le Plan Verdier s’en sort très bien en vitesse moyenne par rapport à Charal. Avec du talent et de la réussite, Apivia a passé ce Pot-au-Noir au bon endroit et a pu s’extirper devant Charal et vole vers l’arrivée avec une victoire qui lui tend les bras. Il compte ce jeudi soir 210 milles d’avance sur Jérémie Beyou et Christopher Pratt bien malheureux sur cette Transat et qui voient défiler dans leur Est l’ensemble de la flotte les contourner dont Banque Populaire et PRB respectivement 2e et 3e.
Yann Eliès lui aussi a le sourire. Il doit se dire qu’il at bien fait d’embarquer Charlie il y a quelques années qui lui a rendu la pareille sur cette Transat. Yann se régale et en plus devrait annoncer à son arrivée une participation au Vendée Globe sur un nouveau bateau. Celui qu’on a connu bien malheureux sur la Solitaire Le Figaro peut aujourd’hui savourer ces moments. Comme quoi, en voile, rien n’est jamais perdu.
Ce que partageaient les deux skippers d’APIVIA ce jeudi.
Vous aviez juste devant vous les Multi50. Est-ce que leur trajectoire vous a confortés dans votre choix pour la traversée du Pot-au-Noir ?
Charlie Dalin : « On a regardé la trajectoire des Multi50, notamment celle de Sébastien Rogues et Mathieu Souben qui étaient proches de nous. Ils prenaient une route assez similaire devant nous et comme ils ont droit à un routage à terre, cela nous a confortés effectivement dans notre choix. Cela nous a également permis de voir le moment où ils sortaient du Pot-au-Noir, de regarder Leurs vitesses et les angles qu’ils arrivaient à tenir ».
Est-ce que la traversée du Pot-au-Noir propose souvent des scénarios aussi radicaux ?
Yann Eliès : « Il n’y a pas toujours un gagnant et un perdant dans le Pot-au-Noir. Parfois, les conditions sont les mêmes pour tout le monde. C’est un scénario assez rare que nous vivons parce que, généralement, les écarts se font et se défont dans ce moment. L’incertitude règne généralement ! On a des outils informatiques et d’information de plus en plus performants, : on arrive à s’appuyer sur des faits de plus en plus précis.. Cette zone reste complexe à traverser. Il peut, comme cette année, se créer des écarts extrêmes, en notre faveur cette fois-ci. Cela n’a pas toujours été le cas : pour une fois, c’est en notre faveur et c’est tant mieux. »
Dans les heures qui viennent, vous devriez trouver plus de vent et dans un meilleur angle. Est-ce une bonne nouvelle ? Est-ce que la navigation va changer ?
Yann Eliès : « On est sorti depuis plusieurs heures du Pot-au-Noir et on a trouvé des conditions plus favorables à la glisse d’APIVIA. On est à 70-80 degrés du vent, des conditions pour lesquelles APIVIA a été dessiné. On s’attend à atteindre des vitesses bien plus élevées ces derniers temps. On est tout de même stressé parce que ce bateau est très récent. C’est la première que nous passons autant de temps en mer à bord d’APIVIA. Avec la perspective d’une issue de Transat Jacques Vabre qui pourrait ne pas être mal du tout, on reste vigilant. On ne va pas tirer sur le bateau comme on l’aurait fait si on avait été à touche-touche avec d’autres concurrents. On en garde sous le pied, mais ce seront des conditions rapides et super sympa, et on va en profiter ».
Physiquement, comment vous sentez-vous ?
Charlie Dalin : « De manière globale, on sort très fatigué du Pot-au-Noir. Là, avec APIVIA, on a eu la chance d’avoir un pot-au-noir pas trop difficile, on ne s’est jamais complètement arrêté, on n’a jamais été « empétolé » dans un grain. Il y a bien eu quelques changements de voiles, mais rien de très engageant physiquement. En revanche, il fait très chaud dans le bateau, c’est très humide. En même temps on n’en attendait pas moins quand on navigue dans ces latitudes. On a fait attention à dormir suffisamment pour ne pas se mettre dans le rouge pour garder un certain niveau de vigilance et de forme. »
APIVIA est à l’épreuve d’une transatlantique depuis 10 jours pleins. Comment se porte le bateau ?
Yann Eliès. : « Cela fait onze jours que APIVIA est parti du Havre. On a eu quelques petits soucis techniques, mais on savait qu’en partant avec un bateau neuf, on en rencontrerait. Le délai de mise au point est toujours assez long, mais on est agréablement surpris du peu de problèmes qu’on a eu à gérer. C’est à mettre au crédit de toute l’équipe technique qui a très bien travaillé depuis la mise à l’eau. On a fait attention, on a choisi la bonne option (sud au départ, ndlr) et surtout, la course n’est pas finie, il faut faire attention, rester vigilant ! »
A terre, nous sommes épatés par l’ambiance qui règne à bord, et que vous partagez dans vos vidéos !
Charlie Dalin. : « Notre duo fonctionne ! on sait lorsque nous sommes fatigués pour prendre le relai et on arrive à rire tout en étant studieux, tout en s’occupant de la performance, des réglages… On a des beaux moments de partage, c’est notre deuxième transat ensemble, « ce n’est pas du faux ! ». On rigole autant hors caméra. »
— Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre Classement Intermédiaire de 09h en catégorie IMOCA
1er : APIVIA – Charlie Dalin & Yann Eliès
2ème : CHARAL – Jérémie Beyou & Christopher Pratt – distance au premier 130 milles.
3ème : PRB – Kevin Escoffier & Nicolas Lunven – distance au premier 133 milles.
Les leaders de la Mini-Transat sont à mi-parcours de cette deuxième étape avec en tête François Jambou (865 – Team BFR Marée Haute Jaune), Ambrogio Beccaria (943 – Geomag) et Benjamin Ferré (902 – Imago Incubateur D’aventures) qui se détachent en ayant pris la bonne option au sud. A noter que ces deux derniers sont en série. Au Nord, une quinzaine de marins sont embourbés dans une cellule pluvieuse et orageuse.
Le trio Jambou, Beccaria, Ferré se suit à la trace et ne laisse que très peu de place aux erreurs tactiques, le tout à un rythme effréné (autour des 10 nœuds de moyenne sur les dernières 24h). Dans un bel Alizé (Est Nord-Est, 15-20 nœuds), peu stable en position, la moindre erreur peut se payer cash. Il est primordial d’anticiper au mieux les variations de vent afin de choisir le bon moment pour empanner, ce que font à la perfection ces trois leaders de cette 22ème édition. On imagine alors facilement que “concentration” et “rigueur” sont les maîtres-mots à bord…
Proto : Bouroullec en proie à des soucis techniques, Kremer modèle d’efficacité, Gendron le sud sinon rien
Au vu des caps très différents au sein de la flotte Proto, même pour des bateaux assez proches, on en déduit assez facilement un vent instable en force et en direction sur zone. Sur le podium, la vitesse de Tanguy Bouroullec par rapport à ses concurrents directs (seulement 6 nœuds sur les dernières 24h) et sa trajectoire peu agressive, laissaient peu de doutes quant à l’hypothèse de soucis rencontrés à bord. Effectivement celui qui réalisait jusqu’à hier une belle partition, est en proie à des difficultés techniques. Par l’intermédiaire d’un bateau accompagnateur, la direction de course a été informée que sa cadène d’étai est enfoncée et que la rotule de bout dehors est HS. Le skipper originaire du Finistère va bien et navigue tranquillement, les voiles en ciseaux, le temps de voir comment il peut réparer. David Kremer (260 – Bon Pied Bon Œil) est de son côté un modèle d’efficacité depuis son faux départ de Las Palmas de Gran Canaria. Après son retour au port d’une heure trente pour soucis de pilote, il est remonté 14ème en seulement deux empannages… propre ! Marie Gendron (930 – Cassiopée-SNCF), quant à elle, mise tout sur une option très Sud pour espérer revenir dans le match suite à son pit-stop pour réparer son carénage de quille et une pièce du tangon.
Série : La tempête Amélie continue de faire des ravages
La tempête Amélie continue de faire des ravages au sein de la flotte Série. Repartie bonne dernière de Las Palmas de Gran Canaria suite, elle aussi, à un retour au port de deux heures pour remplacer sa ferrure d’étai, Amélie Grassi (944 – Action Enfance) ne cesse de remonter la flotte, place après place, pour pointer à la 23ème position sur 61 en un petit peu moins de cinq jours de course… Dans le peloton de tête, Félix De Navacelle (916 – Youkounkoun) et Lauris Noslier (893 – Avoriaz 1800) se recalent dans l’axe des leaders après une option sud bien jouée. Seuls 77 milles en distance au but séparent celui qui a grandi dans les Alpes, le 3ème Félix De Navacelle, du 11ème Guillaume L’hostis (868 – Alternative Sailing-Constructions Du Belon). La bagarre pour la troisième marche du podium risque de faire rage jusqu’au bout. Comme lors de la première étape, les deux skippers sur Séries Ofcets, Anne Beaugé (890 – Ellesaimentlamer) et Adrien Bernard (896 – Mini Yak) ne se lâchent pas d’une semelle. Enfin à l’arrière de la flotte, le vent plus Nord-Est permet une route quasi directe tribord pour les retardataires.
Au fin fond de la bulle…
Plus au Nord, une belle cellule pluvieuse et orageuse sans vent, qui se décale d’Est en Ouest, s’est installée en plein sur l’orthodromie (chemin le plus court) depuis maintenant quelques jours, barrant la route directe pour les Antilles et obligeant les Minis à la contourner par le sud. Un groupe d’une quinzaine de marins, emmené par le 3ème de la première étape en Série, Matthieu Vincent (947 – L’occitane En Provence), avait misé sur une option Nord mais s’y retrouve embourbé jusqu’au cou. Ils n’ont plus qu’à espérer ne pas en payer trop cher les pots cassés au retour d’ici deux jours de l’Alizé sur zone.
Classement du jeudi 7 novembre à 17h (heure française)
PROTO
1- François Jambou (865 – Team BFR Marée Haute Jaune) à 1488,1 milles de l’arrivée
2- Axel Trehin (945 – Project Rescue Ocean) à 99,7 milles du premier
3- Tanguy Bouroullec (969 – Cerfrance) à 146,8 milles du premier
SERIE
1- Ambrogio Beccaria (943 – Geomag) à 1518,6 milles de l’arrivée
2- Benjamin Ferré (902 – Imago Incubateur D’aventures) à 45,2 milles du premier
3- Félix De Navacelle (916 – Youkounkoun) à 76,8 milles du premier
UNSPECIFIED : French skippers Jeremie Beyou and Christopher Pratt are sailing on the Imoca Charal, prior to the Transat Jacques Vabre, in 2019. (Photo by Gauthier Lebec/Charal)
Ce Pot au noir aura été cruel pour Jérémie Beyou et Christopher Pratt sur Charal. Ils se disaient sonnés hier à la vacation. Ce jeudi après-midi l’addition est tombée. De 100 milles d’avance sur Apivia, il y a 48h, ils accusent dorénavant un retard de 136 milles qui risque encore d’augmenter. A 10 milles plus à l’est, PRB et Banque Populaires ont trouvé la bonne route et menace leur place sur le podium.
Il reste encore 980 milles à parcourir, l’arrivée s’annonce passionnante. Charal arrivera-t-il à revenir sur Apivia ? Il a encore des chances mais Charlie Dalin et Yann Eliès ne sont pas loin de faire le casse du siècle. Reste la 3e place à se départager où Armel Le Cleac’h et Clarisse Crémer sur Banque Populaires vont se retrouver également au coude à coude avec Kevin Escoffier et Nicols Lunven sur PRB à moins que Thomas Ruyant et Antoine Koch revenu de la dernière place à la 7e place pointent l’étrave de leur nouveau foiler Advens en signant un retour spectaculaire. Rien n’est joué.
En Multi50, Gilles Lamiré et Antoine Carpentier devraient savourer leur victoire ce vendredi après une magnifique course. Si c’est une première victoire sur la Jacques Vabre pour Gilles Lamiré, c’est un doublé pour Antoine Carpentier qui l’avait remporté en Class40 avec Maxime Sorel. L’occasion pour le neveu de Patrice Carpentier, notre rédacteur à Course Au Large, d’être à nouveau sous les projecteurs. Marin discret, plus régatier que coureur en solitaire au large, il prouve qu’il a du talent à revendre avec déjà un beau palmarès au large. Il avait été étonnant sur la dernière Route du Rhum. Il signé là une belle victoire en duo avec Gilles Lamiré.
En Class40, Ian Lipinski et Adrien Hardy après avoir fait fumer l’étrave de leur plan Raison abordent le Pot au noir avec 58 milles d’avance sur Leyton et Aina Enfance et Partage. Avertis par la mésaventure de Charal, ils vont essayer de faire en sorte que cela ne leur arrivent pas à leur tour.
Le Trimaran Macif mène la flotte après 30 heures de course et les quatre trimarans évoluent déjà au large de Madère, alignant pour la plupart des moyennes aux alentours de 30 nœuds et des pointes au-delà des 40. Le mode régate est désormais activé après un début prudent dans des conditions difficiles. Thomas Coville s’est d’ailleurs blessé à l’oeil.
Ils ne traînent pas en route ! Partis prudemment mardi dans une Mer d’Iroise très agitée, les quatre trimarans engagés sur « Brest Atlantiques » ont peu à peu allongé la foulée en même temps qu’ils lâchaient des ris dans leur grand-voile et déployaient les voiles d’avant, profitant d’angles de vent favorables (nord-ouest) et d’une mer peu à peu aplanie, propices à de la très haute vitesse. Les vidéos du bord envoyées par des media men bien secoués par cette entrée en matière plus que tonique sont assez impressionnantes, entre sifflements incessants, gerbes d’écumes et pointes au-delà des 40 nœuds !
Et si les premières heures ont été plutôt prudentes, au point que deux des quatre bateaux, le Maxi Edmond de Rothschild (Franck Cammas/Charles Caudrelier) et Actual Leader (Yves Le Blevec/Alex Pella), ont choisi une route plus abattue dans le Golfe de Gascogne et un passage à l’est du DST (zone de séparation du trafic) du Cap Finisterre, ils sont désormais tous passés en mode régate, notamment en tête de flotte où le Trimaran Macif (François Gabart/Gwénolé Gahinet) et le Maxi Edmond de Rothschild ne se sont pas lâchés de l’après-midi de mercredi, avec quasiment la même distance parcourue et une moyenne très proche (28-29 nœuds).
Derrière, alors qu’ils évoluent tous au large de Gibraltar (908 milles parcourus en tout par le Trimaran Macif au classement de 16h), Sodebo Ultim 3 (Thomas Coville/Jean-Luc Nélias) ne lâche pas de terrain, pointé à 54 milles du leader, tandis qu’Actual Leader, ralenti au passage du Cap Finisterre dans une petite zone de molle, est pointé à 162 milles. « On a commencé à voler depuis hier soir, là, on glisse à 40 nœuds, nous sommes en tête, c’est cool. On a réussi à ne rien casser dans le Golfe de Gascogne, à trouver le bon compromis entre vitesse et préservation du bateau », s’est félicité mercredi dans la journée François Gabart dans une vidéo envoyée par son media man Jérémie Eloy.
La suite du programme ? Le spécialiste du routage Christian Dumard, qui travaille avec la direction de course explique : « Ils finissent actuellement de contourner l’anticyclone des Açores par le sud dans une mer qui s’est bien lissée, c’est ce qu’on appelle faire une aile de mouette, ensuite, ils vont empanner, sans doute dans la nuit, entre Madère et les Açores, et faire route plein sud vers Rio. » Où les premiers sont attendus en à peu près 7 jours de mer…
Le mot de la direction de course (Jacques Caraës) : « Ce matin, le vent était encore assez irrégulier en force et en direction, on a vu qu’Actual Leader était tombé dans une grosse molle, mais depuis, c’est assez, voire très rapide, ils font un cap au 220, à environ 30 nœuds de moyenne. Nous n’avons reçu aucun appel, preuve que les bateaux et les bonhommes vont bien. Le prochain enjeu pour eux est le déclenchement de l’empannage avant de faire route au sud. A bord, même si la mer est mieux rangée que la nuit dernière, ça doit secouer, ils sont souvent pas loin des 40 nœuds, le media man doit bien s’accrocher dans ces conditions. Et il y a sans doute pas mal de fatigue, car ils n’ont probablement pas beaucoup dormi la nuit dernière et c’est difficile de trouver son sommeil quand ça secoue comme ça. »