La flotte progresse dans les mers du sud avec des conditions variées.
Vendée Globe. Images du bord – Jour 23
Vendée Globe. Comment l’IMOCA PRB a-t-il pu couler ?
Kevin Escoffier est sain et sauf. C’est un énorme soulagement pour ses proches, son équipe, la direction de course et tous les autres skippers en mer. Après une nuit compliquée, stressante et le récit de Kevin Escoffier qui fait froid dans le dos, se pose la question de la jauge IMOCA et la sécurité à bord de ces foilers au moment même où la flotte aborde les mers du sud.
Kevin raconte, alors que l’eau submerge une partie de son bateau en moins de 2 minutes, qu’il s’est dit que non un IMOCA cela ne pouvait pas couler avant de sauter in-extremis dans son radeau de survie et voir son bateau quasiment couler devant lui. Un accident rare et qui n’aurait jamais du arriver normalement. C’est toute l’histoire des bateaux du Vendée Globe où les architectes et les marins ont toujours cherché après chaque édition à améliorer la sécurité des marins.
Jean Sans qui a été longtemps en charge de la jauge IMOCA écrit dans le numéro Hors Série n°1 de Course Au Large que nous avons publié juste avant le départ de la course que l’apparition des foils remet d’actualité la problématique de la stabilité débattue à la fin du siècle dernier sur les IMOCA archimédiens. ” Quels doivent être les critères de stabilité à prendre en compte lors des phases de vol ou de transitions brutales entre le mode vol et le mode archimédien (dans un sens ou dans l’autre) ? Pas facile d’écrire un protocole. Mais il me parait évident qu’un crash à 25/30 nœuds du mode vol au mode archimédien avec un enfournement jusqu’au mât, qui se traduit par un centre carène très avancé, une assiette en piqué et une décélération sur quelques secondes sera difficile à sécuriser.”
Et il ajoute : ” Ajoutons que l’envergure et son corollaire, l’augmentation de la surface sustentatrice des foils (donc du lift possible) actuellement non encadrés par la jauge, ressemblent comme deux gouttes d’eau à la problématique des années passées avec la hauteur des mâts ou la raideur à la toile excessive entraînant la diminution de l’Avs. On voit que transformer un voilier qui doit son équilibre aux lois archimédiennes en un engin volant au ras de l’eau dont l’équilibre est régi par des lois physiques totalement différentes, demandera des études approfondies. Les prescriptions imposées par l’IMOCA, notamment en 2015 pour limiter le mode archimédien, devront aussi s’appliquer aux surfaces sustentatrices de ces bateaux afin de réguler le mode Vol.“
Kevin Escoffier à bord de Yes We Cam, le lendemain de son accident évoque les pistes suivantes : “D’un côté à l’étrave il y a l’hydrodynamique, les forces d’Archimède qui poussaient, à l’arrière du bateau comme le bateau plante, il y a tout l’effort du gréement qui passe par la bastaque qui tire et avec ces nouveaux bateaux à foils, il y a quelque chose qui peut se passer c’est que les foils au lieu de pousser, – ce qui diminue la flexion dans la coque – ils peuvent s’inverser et se mettre à tirer vers le bas en arrivant en fin de vagues, et là, cela peut faire fléchir le bateau et le casser en flexion. Je pense que c’est ce qui a pu arriver. Maintenant, il va falloir en discuter avec les architectes.“
Suite à l’accident de Kevin survenu sur son IMOCA, Jean Sans nous a donné également des explications :
Comment PRB a t-il pu couler ?
Le bateau s’est comporté comme un portefeuille que l’on plie avec la charnière au milieu au niveau du bas où sur un IMOCA, a cet endroit il y a moins de résistance. L’avant est rentré dans une vague. Cela fait une force verticale. L’arrière s’appuie et cela casse à l’endroit le plus fragile d’un IMOCA, là où est le puit de quille et où il n’y a pas de matière. Toute la partie avant est béton parce que les marins n’y vont quasiment jamais. Elle est bien structurée, il y a une coque, pas beaucoup de trous. La zone la plus fragile est la partie centrale. Comme une règle, si on appuie au milieu, elle va casser. C’est l’endroit fléchissant maximum. Comme il faut pouvoir vivre dans les bateaux, il faut de l’espace pour y mettre la table à carte, les bannettes, le cockpit. Le roof, c’est une ouverture dans le pont. Et entre le toit et le pont, il y a des vitres. Il y a moins de résistance à cet endroit.
On pensait que la jauge IMOCA empêchait un bateau de couler ?
La jauge IMOCA ne fait pas de calcul. Elle ne s’occupe pas de cela. Le dynamique n’est jamais pris en compte.
Un IMOCA ne peut pas couler si son intégrité n’est pas atteinte. S’il est cassé en deux, la quille a du tomber. Je pense que l’on retrouvera le nez aux Kerguelen. L’IMOCA ne coulera pas par lui-même. La quille va s’arracher et la partie avant et arrière vont flotter entre deux eaux et réapparaitre. La jauge IMOCA est une jauge à restriction.
Faut-il craindre pour les autres bateaux ?
Les nouveaux bateaux ont surement été étudiés en globalité. On a tenu compte des trous pour passer les foils, des efforts générés par les foils. Par contre, quand on modifie un bateau en lui ajoutant des foils. Cela change. Kevin est un ingénieur. Le bateau est de 2008. Cela fait 12 ans. Les moyens de calculs ont changé tout comme la modélisation. La fabrication a évolué. Quand on refait les calculs sur une coque existante, on ne peut pas intégrer le vieillissement des structures qui ont été construites.
Après la course, il y aura certainement une grosse réflexion entre architectes et la classe IMOCA.
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Vendée Globe. Yannick Bestaven sur l’autoroute du Sud : Du pur bonheur !
Yannick Bestaven pointe à la 8e place du Vendée Globe après avoir participé aux recherches pour retrouver Kevin Escoffier. Il a pu se remettre de ses émotions et profite des mers du Sud sur Maître CoQ IV.
Comme chaque mardi, un temps d’échanges entre Yannick et son partenaire Maître CoQ s’est tenu. Les encouragements chantés par les services commercial et communication ont fait chaud au cœur du skipper Rochelais qui a même esquissé un sourire…
Christophe Guyony, directeur général : « On ne le lâche jamais ; cette nuit, nous étions nombreux en veille derrière nos écrans et whatsapp. Ce matin, lors de notre visio hebdo, nombre de nos éleveurs et de nos salariés Maître CoQ étaient là aussi pour soutenir moralement Yannick. C’est important d’être présent dans les coups durs. Ce que Yannick, Boris, Jean et Seb ont fait spontanément et naturellement cette nuit pour retrouver Kevin, ça fait écho à nos valeurs. Cet esprit de solidarité des marins, on le retrouve chez nous avec des collaborateurs qui acceptent de changer de site pour prêter mains fortes à des collègues dont la charge de travail est forte au moment des fêtes de fin d’année ou encore avec nos éleveurs qui vont s’entraider au moment de l’enlèvement de nuit, des volailles en élevage. Un grand coup de chapeau à tous.
Place à une nouvelle course désormais. Yannick va se requinquer, se remettre dans un rythme de compétition. Il va avoir des jours plus souriants. Je sais qu’il ne lâchera rien. »
Questions & réponses avec Yannick ce mardi 1er décembre
Le sauvetage de Kevin ?
J’ai passé la nuit sur le pont à scruter les flashlights. La mer était désordonnée. On était balloté dans tous les sens. Je ne sais pas comment Kevin a pu vivre ça dans son radeau. Il a dû souffrir.
Soulagé de le savoir entre de bonnes mains avec Jean. Mais quand il raconte la perte de son bateau qui s’est coupé en deux dans un grand surf et qu’il a vu l’avant à 90° alors qu’il était sur le pont, de l’eau partout à l’intérieur et qu’il a juste pris sa combi et son radeau… Franchement, ça fait froid dans le dos. Quand tu entends ça, wouahhah (silence)
Je tiens à saluer l’équipe de la Direction de course. Ils étaient tous sereins. Tout le monde a gardé son sang-froid. Très rassurant.
Quand la DC m’a joint pour savoir si je pouvais me dérouter, je n’ai pas eu une hésitation. Je suis remonté dans le Nord. C’est normal et Kevin aurait fait pareil pour nous. C’est l’esprit de la course au large, l’esprit marin.
Cet épisode restera dans les belles histoires du Vendée Globe, d’autant qu’il y a ce clin d’œil de la vie : Jean a été secouru par Vincent Riou, skipper PRB sur un précédent Vendée Globe. Et là, c’est Jean qui sauve un skipper PRB, Kevin…
Où en es-tu actuellement ? Ton environnement ?
J’ai l’impression d’être dans un 4×4. Le bateau se fracasse dans une mer chaotique, avec une houle de 5 mètres. Je suis sous toilé : 1 ris dans la grand-voile et J2. Tu passes de 20 à 12 nœuds. Je ne suis pas à l’aise car je ne sais pas comment bien toilé mon Maître CoQ afin de ne pas le faire souffrir.
J’aimerai trouver le bon réglage pour être serein et bien caler.
Ton bateau justement, comment va-t-il ?
Ce matin, j’ai entendu un grand bruit, je ne sais pas d’où ça vient. Le temps que j’aille sur le pont pour voir, les safrans se sont relevés et suis parti à l’abattée… le bateau à l’horizontal.
Tout ça m’a refroidi… Je dois reprendre confiance. Ça va le faire… Il me faut évacuer tout ça très vite et remettre du charbon !
Ta course ?
Elle va être un peu différente.
Le front froid part par l’avant et on se fait rattraper par derrière. Louis est plus au sud dans un système météo différent. Ca va être compliqué de se recaler.
25% seulement du chemin est fait. La route est longue. Il reste encore plein de monde derrière. C’est un deuxième départ !
A venir mercredi une autre dépression. Comme je suis plus nord désormais, je pense que j’aurai moins d’air que prévu à l’origine.
Avec Boris depuis Sainte-Hélène, on communique beaucoup sur tous nos réglages. C’est d’ailleurs grâce à ça qu’on a pu revenir sur Kevin. Sympa ce fonctionnement à deux.
Le skipper ?
Je n’ai pas réussi à manger à part des encas que je grignote depuis hier. Il va falloir penser à manger un plat chaud… Mais ce sera après le changement de voile que je vais opérer car le vent mollit un peu.
Vendée Globe. Charlie Dalin : “C’est un champs de bosses, des vents à 50 nds !”
Charlie Dalin a affronté sa première tempête australe. Un premier face-à-face de 36 heures avec des vents de 40 nœuds (74 km/h), des rafales à 45 (83 km/h) et des creux de 6 à 7 mètres. Charlie a courbé l’échine tout en veillant à garder un cap et de la vitesse. Un court répit l’attend avant la suivante.
Cette entrée dans l’Océan Indien sera à marquer dans les annales du Vendée Globe 2020. Entre l’incroyable sauvetage de Kevin Escoffier (PRB) réalisé par le non moins incroyable Jean Le Cam (Yes We Cam) dans la nuit de lundi à mardi et cette première dépression qui a balayé la tête de la flotte pendant 36 heures, l’actualité a été intense et a marqué les esprits ! Mais, malgré les coups de boutoir d’un vent de Sud-Ouest de 40 nœuds avec des rafales à plus de 45 le tout dans des vagues de 6 à 7 mètres, APIVIA et Charlie ont réussi à progresser sur la route, affichant hier fin de journée 16,88 nœuds de vitesse pour un VMG (Velocity Made Good) de… 16,27 nœuds. En décodé et en français compréhensible pour tous, cela signifie que Charlie a progressé à 0,61 nœud près sur la route idéale par rapport au but à atteindre. Une progression d’APIVIA que l’on peut qualifier d’exemplaire, compte-tenu des conditions difficiles.
Rappelons que cette dépression qu’il était impossible d’éviter ou de contourner a cueilli APIVIA dès lundi après-midi, avant le passage de la longitude du Cap de Bonne-Espérance pour se terminer hier, fin d’après-midi. Une dépression qui s’est renforcée et creusée à l’approche du continent africain, tout en se déplaçant d’Ouest en Est, « offrant » si l’on peut dire, à APIVIA toute la panoplie de vent associée. Le but : progresser dans l’Est coûte que coûte en faisant le dos rond et en adaptant la progression du foiler aux conditions rencontrées. Car, si on peut imaginer, pour le néophyte, que mettre un bateau à sec de voile dans le coup de vent est la solution, il n’y a rien de plus terrible que de le laisser à la merci des vagues et des déferlantes.
En effet, c’est ce fameux bon sens marin qui doit prendre le relais en adaptant le mieux possible la voilure à la force du vent, à la puissance de la mer, tout en calmant les ardeurs du puissant monocoque. « Charlie n’avait pas de possibilité de contourner ou d’éviter cette dépression, il fallait y aller explique Antoine Carraz, Directeur Technique d’APIVIA. Il y est allé safe et cela s’est plutôt bien passé. Il s’en sort bien et le fait d’avoir un peu d’avance, lui a permis de lever le pied. Je pense que Thomas (Ruyant sur LinkedOut) a également levé le pied… Le vent est monté petit à petit, et Charlie a progressivement réduit sa surface de voile. Il a oscillé entre grand-voile seule à trois ris et J3 (petite voile d’avant prévue pour le gros temps) devant pour reprendre de la vitesse quand il le pouvait. En fait, il faut arriver à trouver le bon rythme avec les bonnes voiles. Et cela, ce n’est pas évident car sur ce type de bateau, le plus dur, c’est justement de ne pas aller trop vite dans des conditions qui ne le permettent pas… ».
Aussi, force est de constater, à la vue des pointages et des trajectoires suivies, que Charlie a géré la situation en bon marin, puisqu’il maintient son avance sur Thomas Ruyant (LinkedOut) à plus de 232,56 milles (430,7 km) ce matin, 9 heures.
Le mot à retenir
Antoine Carraz (Directeur Technique d’APIVIA) : « Les événements (le sauvetage de Kevin Escoffier sur PRB par Jean Le Cam sur Yes We Cam !) ont fait prendre aussi conscience à tout le monde que le plus dur finalement, ce n’est pas de gagner la course, mais avant tout de la terminer. Aussi, dans ce type de moment-là, ce qui est important c’est de préserver le bateau et de faire attention à toi. »
« Cela s’enchaine beaucoup au niveau des dépressions… »
Dépressions, dans ces contrées, ne devraient s’écrire systématiquement qu’avec un S… En effet, lorsqu’une première se termine, c’est pour mieux laisser la place à une seconde. « Cela s’enchaine beaucoup au niveau des dépressions à venir… poursuit Antoine. Il y en a beaucoup et la visibilité à quinze jours, même si cela va évoluer, montre que les conditions ne vont pas être faciles. Dans deux, trois jours cela va revenir… Peut-être un peu moins fort pour APIVIA si Charlie arrive à reprendre un rythme plus élevé en vitesse. Il est vrai que là, il y avait jusqu’à 45 nœuds… C’est beaucoup par rapport à ce que l’on connaît de par chez nous. Après, c’est un peu la moyenne des vents dans les dépressions d’ici et, ce n’est que le début ! ».
Ambiance et bienvenue dans cet Océan Indien, qui est aussi surtout mal pavée comme le rappelle le Directeur Technique d’APIVIA : « L’océan Indien est souvent plus casse-bateaux que l’océan Pacifique car il y a beaucoup de courants qui se rencontrent. Et c’était le cas pour APIVIA hier et avant-hier avec ce courant des Aiguilles à négocier. Charlie s’est retrouvé dans une zone où c’était une sacrée marmite ! Il s’en est très bien tiré et je suis sûr qu’il a beaucoup appris au contact de cette première dépression. Il sait ce qu’il faut faire et cela lui sera fortement utile pour les autres à venir ».
Trophée Jules Verne. Le calme avant les mers du sud + 165 nm
Sodebo Ultim 3 poursuit toujours sa route et compte 167 nm d’avance au large du Brésil. Une bonne nouvelle après un pot au noir difficile. Les prochaines heures vont être marquées par une transition compliquée à négocier.
Depuis mardi matin, Sodebo Ultim 3 longe les côtes du Brésil dans un régime d’alizés de sud-est plutôt agréable, comme l’explique Sam Goodchild, l’un des huit équipiers de l’Ultim :
« C’est plutôt calme, la mer est assez plate, le vent pas trop fort, même pas assez de temps en temps, mais on arrive quand même à garder des vitesses entre 20 et 30 nœuds. C’est un bon moment pour se reposer parce qu’il n’y a pas trop de changements de voiles et de conditions, c’est aussi l’occasion de « checker » le bateau avait d’aller dans les mers du Sud, où il fera plus froid et où on trouvera plus de vent et de mer. »
Le Brésil rappelle d’ailleurs de bons souvenirs au seul Britannique du bord, qui a fêté ses 31 ans quelques jours avant le départ :
« Il y a un an pile, j’étais à peu près au même endroit pour l’arrivée de la Transat Jacques Vabre, nous avions terminé deuxièmes avec Fabien Delahaye en Class40. Et juste avant Salvador de Bahia, nous avions été doublés par Sodebo Ultim 3, qui disputait la Brest Atlantiques. C’est un super souvenir et c’est chouette de revenir le long du Brésil un an plus tard avec ce beau bateau et un super équipage. »
A bord de Sodebo Ultim 3, les quarts s’enchaînent pour les sept équipiers (Thomas Coville est hors quart) :
« On fait chacun une heure de stand-by, deux heures sur le pont, puis une autre heure de stand-by, avant d’aller deux heures au lit, poursuit Sam Goodchild. Il n’y a jamais de changement de quart complet, une personne change toutes les heures. Cela permet d’avoir toujours sur le pont quelqu’un qui a suivi ce qui s’est passé depuis une heure, mais aussi de tous se croiser au moins une fois dans la journée, c’est sympa. »
Ces conditions d’alizés vont continuer dans la journée de mercredi, avant un prochain changement de système météo assez incertain si l’on en croit l’Anglais :
« La transition entre les alizés et les mers du Sud risque d’être un peu compliquée, mais ça a l’air de pouvoir bien se passer. On va en tout cas tout donner pour négocier cette transition efficacement et rapidement avant de se retrouver dans les mers du Sud où les conditions seront plus dures et où il faudra faire plus attention, parce qu’on sera loin de tout. »

Trophée Jules Verne a bord de Sodebo Photo Martin Keruzore 
Trophée Jules Verne a bord de Sodebo Photo Martin Keruzore 
Trophée Jules Verne a bord de Sodebo Photo Martin Keruzore 
Trophée Jules Verne a bord de Sodebo Photo Martin Keruzore 
Trophée Jules Verne a bord de Sodebo Photo Martin Keruzore
Vendée Globe. Emmanuel Macron en visio avec Jean Le Cam et Kevin Escoffier : Yes We Cam
Jean et Kevin ont eu la surprise d’avoir le Président de la République Emmanuel Macron au téléphone admirateur de Jean Le Cam. Un bel échange entre les 3 hommes avec la course au large à l’Elysée.
“On déroge un peu aux règles de confinement” ont lancé les deux marins. Avec humour et une certaine émotion, Kevin Escoffier et Jean Le Cam ont échangé mardi 1er décembre avec Emmanuel Macron en visio à l’Elysée et relayé sur son compte Twitter. “Chapeau l’artiste !” a lancé Emmanuel Macron. ” On est heureux et hyper fiers ! la solidarité avant la compétition, c’est cela le Vendée Globe.”
Vendée Globe. La course continue, Dalin, Ruyant et Burton ont passé le cap de Bonne Espérance

Le course continue après l’émotion suscitée la nuit dernière par l’accident de Kevin Escoffier où l’inquiétude qui a duré de longues heures a cédé la place au soulagement de le savoir sain et sauf.
La course continue mais peut-être avec un peu de gravité à entendre les réactions des autres skippers. Il y a eu un rappel à l’ordre pour tous. Sur la sécurité, sur la préservation des bateaux. La course continue avec un Jean Le Cam qui ne cesse de devenir le Super Héros de ce Vendée Globe. Le scénario était déjà assez dingue de le voir devant depuis le départ. Lui-même s’en étonnait avec malice. Le scénario où il sauve Kevin skipper du bateau PRB qui l’avait sauvé il y a 8 ans est un nouveau rebondissement sur ce Vendée Globe qui reste incroyable et ne cesse de nous surprendre. Il n’y a rien d’écrit.
Toujours en tête, Charlie Dalin conserve plus de 200 milles d’avance sur Thomas Ruyant et peut souffler un peu avant la prochaine dépression. Louis Burton est le 3e a passé le cap de Bonne Espérance. L’homme et le bateau sont en forme. Il comptait 18h et 40min de retard sur le leader, Charlie Dalin. Dans 70 milles, Louis Burton entrera dans l’océan Indien, tout en poursuivant sa trajectoire audacieuse le long de la zone d’exclusion Antarctique. Il devra cependant faire attention aux prochaines heures qui l’attendent avec des vents violents.
Pour les solitaires qui ont participé à la récupération du skipper de PRB la nuit dernière, le Jury International se réunira prochainement pour statuer sur les temps attribués à chacun des participants. Sont concernés : Jean Le Cam (Yes We Cam!), Yannick Bestaven (Maître CoQ IV), Boris Herrmann (SeaExplorer – Yacht Club de Monaco) et Sébastien Simon (ARKEA PAPREC) à des degrés divers en fonction de leur détournement et du temps passé au sauvetage. Pas d’impatience : il faut du temps pour statuer au plus juste.
Quant à Kevin Escoffier à bord du monocoque de Jean Le Cam, il devrait être transféré au plus tôt, mais à cette heure, la décision de se détourner n’a pas été prise. Ce sauvetage périlleux dans une dépression plutôt active avec 30 nœuds de vent et des rafales à 40 nœuds sur une mer forte avec des creux de plus de cinq mètres, n’a pas été simple et la Direction de Course en collaboration avec le CROSS Gris Nez et le MRCC Cape Town, a parfaitement réussi à coordonner tous les intervenants.
Derrière la flotte s’étire. Benjamin Dutreux et Damien Séguin ont réussi a bien recoller aux foilers de tête devant le grouep de Sam Davies. On est plus inquiet pour Alan Roura qui a eu une énorme fuite d’huile à bord de la Fabrique. Armel Tripon reste toujours à 2000 nm des leaders. Jérémie Beyou continue de revenir sur la flotte.
Vendée Globe. Images du bord – Jour 23

Les skippers réagissent au sauvetage de Kevin Escoffier.
Vendée Globe. Jean Le Cam et Kevin Escoffier en direct
En direct de l’émission Vendée Live, Kevin Escoffier livre son récit complet qui fait froid dans le dos et force le respect par sa maitrise et son sang-froid.
La direction de course travaille avec la Marine Nationale qui s’est proposée avec le bâtiment Le Nivôse de récupérer Kevin Escoffier au passage des Kerguelen et qui donne une ETA au 7 décembre.
Jean Le Cam : “On n’arrête pas de répondre au téléphone. On a dormi 1 à 2 heures chacun. Cela n’était pas gagné d’avance cette histoire.“
Kevin :” J’ai encore du mal à réaliser. On était tous à peur près au même endroit. j’avais roulé mon genaker. Je me préparais à prendre du vent. Je suis parti dans un surf avec le bateau. Le bateau a planté dans la vague et n’est jamais ressorti. Il était cassé en deux. L’eau montait très très vite. J’ai juste eu le temps d’attraper ma TPS. J’ai eu peu de temps pour réfléchir. Un IMOCA ne peut pas couler normalement. Comme le bateau coulait. Je le voyais plein d’eau.
J’ai sécuriser mon radeau. Une vague m’a emporté avec le radeau. Je n’ai pas eu le choix. Pendant 1 quart d’heure j’ai vu l’étrave de PRB pointé en haut. J’ai réussi à percuter mon radeau. Dans le radeau, j’ai mis ma TPS sur mon ciré. J’ai déclenché mes balises.
Je me suis dit de ne pas paniquer. J’ai vu Jean. Il m’a jeté une frite, comme celle que l’on a à la piscine. Chacun on tirait pour raccourcir la distance jusqu’à se rapprocher. J’ai réussi à m’accrocher. J’avais peur de l’hélice du bateau de Jean que je voyais face à moi. Mais j’ai réussi à monter avec l’aide de Jean. C’était un grand ouf de soulagement.“
Jean Le Cam à propos de 2008 : “J’étais le sauvé en 2008. Là je suis le sauveur. Je n’avais jamais fait ça avant. Dnc là c’est fait. Avec un scénario que personne n’avait imaginé. Il y avait déjà le début de course que personne n’avait imaginé. Et là c’est le rebondissement.”
Vendée Globe. Yannick Bestaven, Boris Hermann et Sébastien Simon racontent leur nuit de recherche
Yannick Bestaven raconte sa nuit de recherche. Il reprend ses esprits lui aussi. On le sent marqué et fatigué par une nuit sans dormir. Il a eu Kevin Escoffier à la VHF qui lui a raconté son accident. “Cela fait froid dans le dos”. Sébastien Simon également posté un idéo de sa nuit. Pour tous les autres skippers, cet accident est une violente piqûre de rappel des dangers de la course que bons nombre avaient un peu oubliés après avoir été bloqués des jours sans vent dans l’anticyclone de Sainte-Hélène.
Les marins ont envoyé des messages de soutien à l’ensemble des acteurs mobilisés sur le sauvetage de Kevin Escoffier (PRB) dans la nuit.
Benjamin Dutreux – OMIA – Water Family
« Je suis tellement rassuré pour Kevin, punaise ! La nuit a été à la fois longue et courte… Angoissante quoi ! Trop content qu’il l’ait retrouvé. Je m’imaginais le pire ! Clairement, je n’ai pas dormi de la nuit. J’ai tellement pensé à lui, à son équipe, à sa famille… Enfin bon, tout finit bien. Mais je me dis que c’est peut-être un rappel à l’ordre ! Ce n’est pas anodin d’être ici dans le Sud… »
Miranda Merron – Campagne de France
« Quel bonheur de savoir que Jean (Le Cam) a trouvé Kevin dans son radeau dans des conditions si difficiles, et qu’il est à présent en sécurité. Travail phénoménal de la part de Jean et de tous ceux qui ont participé aux recherches et aux opérations de sauvetage. »
« C’est avec reconnaissance et soulagement que j’ai lu le message au petit matin annonçant que Kevin Escoffier avait été retrouvé et qu’il était à bord en toute sécurité avec Jean Le Cam.
Nous participons tous à cette course en sachant qu’il y a un risque. Chaque fois que vous traversez un océan à la voile, en équipage ou en solitaire, il y a un risque. Vous sortez d’un environnement où les moyens de sauvetage sont à portée de main et vous vous rendez dans certaines des régions les plus reculées du monde. Nous comprenons tous ce risque, ce qui ne veut pas dire que nous le prenons à la légère.
Beaucoup d’entraînement, de planification et de préparation ont été nécessaires pour chacun des participants, mais aussi par la Direction de Course (DC) qui nous gère sur l’eau. Entre autres, nous nous entraînons aux techniques de survie personnelle, nous transportons du matériel spécifique pour aider à notre localisation et à notre récupération. La Direction de Course est également très bien formée et possède une grande expérience dans la coordination du sauvetage.
C’est grâce à cette formation et à cette expérience que Kevin a été récupéré. Je suis humble et reconnaissante pour les actions de la Direction de course et de ces skippers dans ce sauvetage.
J’ai reçu de nombreux messages de mes amis et de ma famille au cours de la nuit, me souhaitant de rester en sécurité. Ces quelques heures ont été horribles pour tout le monde. Je ne dirais pas que je ne suis pas ébranlée, mais chaque fois que je traverse un océan, je sais que je n’ai plus ce filet de sécurité du sauvetage rapide que l’on connaît près des côtes, c’est un risque que je connais bien.
Medallia est un bateau solide et nous avons passé beaucoup de temps à le préparer aux pires conditions. J’ai d’excellentes communications par satellite à bord pour m’aider à surveiller la météo et à rester en contact avec mon équipe à terre et la Direction de Course. J’aime ce sport parce qu’il nous apprend à repousser nos limites en tant qu’êtres humains. Aucun d’entre nous ne se lance dans ce genre de course en s’attendant à finir dans un radeau de sauvetage, mais si cela devait arriver, nous sommes prêts.
Je regarde la flotte qui m’entoure dans cette partie de l’Atlantique Sud et je sais qu’ils seront là pour moi et moi pour eux si nous en avions besoin. Je vais prendre soin de moi, Medallia va prendre soin de moi. J’ai un immense respect pour Jean Le Cam, Jacques Caraës (directeur de course), Boris Herrmann, Yannick Bestaven et Sébastien Simon, qui ont tous travaillé sans relâche pour sauver Kevin. Je les remercie. »
Armel Tripon – L’Occitane en Provence
« J’avais des nouvelles de ce qui est arrivé à Kevin (Escoffier) et des opérations de recherche. J’avoue que tant que le sauvetage n’était pas fait, je n’étais pas serein. C’est un énorme soulagement d’apprendre ce matin que Jean (Le Cam) a réussi à récupérer Kevin dans son radeau de survie !
C’est très dur de chercher quelqu’un comme ça, on est tout petits sur l’océan, même dans un radeau de survie comme l’était Kevin. Pour avoir déjà participé à des recherches de nuit d’un homme à la mer, je sais à quel point c’est très difficile. C’était en Figaro il y a quelques années, le sauvetage de Christophe Bouvet, et on était 25 bateaux à tourner et tourner sans cesse pour chercher Christophe dans la nuit. C’était différent car lui était carrément tombé à l’eau, sans radeau donc… et nous étions 25 dans la nuit à tenter de repérer quelque chose à la lumière de nos lampes frontales, espérant un énorme coup de chance. C’est très angoissant. Christophe avait été sauvé miraculeusement par Paul Meilhat, à l’époque. C’était en Méditerranée, ce n’était pas du tout les mêmes conditions de mer et de température de l’eau, mais c’est pour dire à quel point ces recherches sont compliquées. Et là ils n’étaient que quatre (Jean Le Cam, Yannick Bestaven, Boris Herrmann, Sébastien Simon) avec des bateaux de 60 pieds forcément difficiles à faire virer de bord dans la grosse mer – il y avait près de 5 mètres de creux – et sous voilure réduite.
Quand j’apprends que Jean Le Cam a dû revenir 5 ou 6 fois sur zone et qu’il ne trouvait plus le radeau après son premier passage, je ne sais pas s’ils avaient un contact radio entre eux, mais c’est forcément très flippant. Heureusement, l’histoire finit bien et tout le monde est soulagé. C’est ce même bateau, PRB, qui avait sauvé Jean Le Cam quand il avait chaviré au Cap Horn et aujourd’hui c’est Jean Le Cam qui va sauver le skipper de PRB… Au final c’est un sacré clin d’œil de l’histoire ! L’essentiel est là : Kevin est à bord du bateau de Jean. C’est tout ce qui compte. »
« Voir un camarade quitter la course sur une avarie est toujours un crève-cœur. C’était déjà le cas pour Alex (Thomson) ou Nicolas (Troussel) mais dans les conditions que Kevin (Escoffier) a dû vivre, c’est terrible.
Je dois avouer que ça m’a fait un sacré froid dans le dos quand j’ai appris cette grosse galère… J’en profite donc pour lui dire tout mon soutien à lui bien sûr et à toute son équipe. À bientôt pour de meilleures nouvelles. »










