Bruno Peyron : « Certains scientifiques les connaissent certainement mieux que nous, on les appelle “kelp”” ! Ce sont les algues géantes des Kerguelen et il y en a partout à la dérive autour de l´archipel. Il y en a aussi en Patagonie et c´est dans ces algues géantes que plongeaient nus les Indiens Alakaluf pour se nourrir. C´est moins dangereux qu´un iceberg, mais ça peut arrêter un voilier et l´emprisonner pendant des heures. Roger (Nilson) nous racontait avoir été stoppé pendant la dernière Whitbread*. Bloqué dans une masse d´algues. Sous spi lourd, par 35 noeuds de vent, bateau arrêté, voiles affalées, impossible de s´en dégager puisqu´elles étaient enroulées autour de la quille… Impossible de plonger avec l’état de la mer… Il leur aura fallu deux jours pour se libérer de ce piège naturel insensé! Devant cette menace réelle et puisque nous passions de nuit au nord de l´archipel, sans aucune visibilité, nous avons décidé de prendre un peu de marge en rallongeant un peu la route, mais en diminuant le risque de se coincer dans un pack de plusieurs tonnes de “”kelp””. Bien nous en a pris puisqu´au lever du jour, nous arrivons en bordure d´une zone entièrement prise par les algues et qui semble ne pas s´interrompre entre les Kerguelen et notre position. Le reste de la matinée se passe à zigzaguer à la barre entre ces paquets d´algues de plusieurs dizaines de m2, en priant pour ne pas se faire coincer par ces algues perverses. »
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