Neal McDonald : « Trouver l´équilibre »

Neal McDonald
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« Je n’ai pas arrêté d’être au téléphone ou en réunion pendant une semaine. Je n’ai rien vu de la ville » explique McDonald. L’homme a plus de raisons que quiconque de ne pas apprécier l’introduction de la quille pendulaire dans la Volvo.

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S’il n’y avait pas ces quilles pendulaires, il serait en mer, en train de faire ce qu’il préfère : se battre contre les conditions et les autres concurrents dans la course qui a construit sa réputation. À l’inverse, à cause de la rupture des vérins d’Ericsson au deuxième jour de course, il a dû rejoindre la terre. De nombreux coups de téléphone et des réunions ont remplacé les déferlantes du Grand Sud.

Il garde l’esprit de compétition; Il admet quand même avoir gardé un œil sur les évènements de la course. Avoir perdu des points durant la dernière manche l’ennuie fortement. Si quelqu’un dans la flotte devait affronter « la si detestée quille pendulaire et la société Volvo Open », il serait un candidat idéal !

Mais, il ne les hait pas, au contraire. Il partage les vues du skipper d’ABN AMRO one, Mike Sanderson, et de tous les skippers et architectes qui se sont réunis la semaine dernière pour discuter du problème. Conclusion : ce nouveau type de bateau est bénéfique pour l’événement, et plus important encore, pour le sport.

Il soutient la thèse suivante : par l’apparition de la classe VO 70, les organisateurs de la course n’ont pas mis en danger les marins. C’est une nouveauté qui a engendré un bateau plus grand, plus rapide mené par moins d’hommes, ce qui rend la course plus attractive. Neal pense que ce sont les hommes qui, en poussant à la construction de bateaux plus légers et rapides (pour fusionner avec leur esprit de compétition), gardent le contrôle du bateau et non la technique.

« Admettons que les bateaux ne cassent pas ; Ils sont très puissants, potentiellement dangereux, mais tout dépend de l’utilisation qu’on en fait. Si on met des voiles de tempête, on fera le tour du monde facilement et en sécurité. En eux-mêmes, les bateaux n’ont rien de dangereux, c’est juste qu’on cherche à aller le plus vite possible. On se met donc dans des situations qui peuvent s’avérer périlleuses. Je suis certain que les architectes peuvent  concevoir des bateaux sûrs à 98 % mais, avec ce type d’engins, vous ne gagnerez aucune course. Il faut trouver l’équilibre. »

Là où l’opinion de Neal a une réelle profondeur, c’est que contrairement à Sanderson (ABN one), il a été fortement impliqué dans les problèmes techniques.

« Regardez les vitesses qu’ont atteintes les gars de Sanderson ! Ils ont explosé le record des 24 heures, qui a ensuite été battu par ABN two. Les bateaux ont atteint des vitesses que personne ne croyait pouvoir approcher. »

La quille pendulaire a permis d’établir ces records de vitesse. C’est la première fois que cette course adopte cette technologie, bien qu’elle ait été utilisée dans d’autres courses depuis presque 15 ans, beaucoup  de personnes pensent qu’elle engendre des risques importants pour des bateaux océaniques.

« Si je trouvais cela imprudent, j’arrêterais demain. La plupart des programmes que j’ai vu dans les média attaquent la Volvo. Il y a eu des articles plutôt violents, mais je ne pense pas que les journalistes possèdent toutes les données. Ces avancées technologiques sont nécessaires pour le progrès. Ainsi, on traverse le temps et l’histoire. Je crois que les gens ont la mémoire courte. Si vous regardez la dernière course, c’était il y a juste quatre ans et les bateaux (VO 60) avaient 12 ans. Ils étaient menés par des gars, considérés comme les meilleurs, et ils connaissaient quand même des problèmes. C’est la même chose pour toute nouvelle classe. Pour la prochaine course, on aura beaucoup appris des erreurs passées et le monde de la voile en bénéficiera. »

Source : Volvo Ocean Race – Traduction : Matthieu Cotinat