Lobato s’impose à nouveau à Horta

Arrivee a Horta de Francisco Lobato
DR

A l’heure de l’apéritif açorien ! Le jeune Portugais a bien fait les choses en arrivant en plein pendant la Semaine de la Mer à Horta, en vainqueur après douze jours et huit heures de mer dans des conditions météorologiques inhabituelles pour un été. Un grand calme pour partir des Sables d’Olonne, une première dépression dans le golfe de Gascogne, puis une deuxième, toujours du vent de Sud-Ouest pour passer le cap Finisterre, une bascule à l’Ouest au passage d’une troisième perturbation, une dorsale à éviter, une quatrième dépression, une journée de glisse, et des calmes pour finir. Le cocktail était pour le moins épicé et varié afin d’avaler (à un pas de sénateur !), les 1 270 milles du parcours en route directe… Et Francisco Lobato, qui cumulait l’expérience de cet aller-retour et d’une Mini Transat l’an passé, pouvait exprimer son talent de régatier malgré l’absence de partenaires financiers et donc de matériel neuf pour cette épreuve. Mais il connaissait parfaitement son Pogo-2 et avait l’avantage d’une victoire sur cette
même première étape en 2006.

Les prototypes en ballottage

La surprise des arrivées à Horta vint de la nette domination des voiliers de série mais cela s’explique par le moins grand nombre de partants dans cette catégorie (22 aux Sables d’Olonne) et par le nombre d’abandons (10) pour des raisons techniques de manque de préparation ou d’avarie dans le mauvais temps. Ne restait que le récent plan Manuard de Stéphane Le Diraison (Cultisol-Institut Curie) qui, parti sur une option très Nord, s’est vite retrouvé face à des problèmes de barre et de pilote qui ont plombé sa course… Et les autres prototypes sont essentiellement des bateaux d’ancienne génération qui comptent
jusqu’à plus de quinze années de services ! Reste que les voiliers de série font très fort sur cette étape difficile puisque le Mini de Pierre Rolland (D2-Marée Haute) est pour l’instant considéré comme un prototype puisqu’il n’y a pas encore dix exemplaires construits… « Je suis assez surpris d’être arrivé avant les prototypes ! C’était un rêve parce que logiquement, c’est impossible… Mais j’ai surtout beaucoup aimé la course parce que les conditions météo étaient difficiles et qu’il y avait toujours du contact. J’ai tout le temps eu des bateaux à un ou deux milles de moi ! Et c’était très long, plus long que prévu et à la fin du parcours, il y avait beaucoup de stress parce que, avec Pierre Rolland et Jérôme Lecuna, nous étions très proches les uns des autres… A 130 milles de l’arrivée, nous nous sommes bagarrés jusqu’à Horta ! Ce matin par exemple, nous avons passé des heures devant l’île de Sao Jorge côte à côte, à se croiser mais pas très rapidement à cause du courant de marée. Et quand le vent est rentré un peu, j’ai réussi à m’échapper et à lâcher Jérôme puis Pierre… » indiquait le vainqueur à l’arrivée.

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Onze solitaires au port
Après le vainqueur, les arrivées se succédaient par vagues puisque Pierre Rolland ne concédait que trois quarts d’heure et que Jérôme Lecuna (I feel good), pour sa première expérience en solitaire au grand large, réalisait un très beau parcours à moins de deux heures du premier alors que le vent était totalement tombé la nuit précédente et toute la matinée autour des îles açoriennes : « Je n’ai mon Mini que depuis trois mois et je suis super content, malgré les conditions météo qui ont privilégié le près, car je n’aime pas du tout cette allure ! J’espère que le retour sera au portant ou au débridé… Je ne m’attendais pas à faire aussi bien et quand j’ai appris à la radio que j’étais en tête pendant trois jours, ça m’a fait un choc ! Mais je ne sentais pas l’option de mes concurrents quand ils ont insisté vers le Sud…

C’est une très bonne expérience ! »
Le vent de Sud ne facilitait pas l’atterrissage sur Faïal et les écarts s’aggravaient au fil des heures alors que les écarts en distance étaient plutôt modérés au vu des conditions de navigation depuis douze jours. Et ce n’est qu’au petit matin que Stéphane Le Diraison en finissait et expliquait son calvaire sur la route Nord : « Au Nord, ça a été terrible ! Evidemment, c’était une bonne option… pour un 60 pieds ! Mais pas pour un Mini car par plus de trente-cinq noeuds au près avec des rafales à cinquante noeuds et des creux de plus de six mètres déferlants, ce n’est pas gérable pour un voilier de 6,50 mètres de progresser comme les routages… J’y suis resté autant que je pouvais, mais j’ai craqué quand une pièce de fixation de la barre s’est arrachée : je n’avais donc plus de pilote et dans ces conditions dantesques, ce n’était plus jouable ! Je me suis mis plusieurs fois à contre sur une méchante vague avec le ballast rempli et la quille sous le vent : ce n’était pas folichon… J’ai d’ailleurs cassé un ballast en me retrouvant en vrac,
travers à la lame : c’était hyper dangereux. » Le vent de Sud-Ouest s’est installé sur les Açores depuis ce vendredi midi d’une quinzaine de noeuds et les Mini encore en mer vont se succéder toute la soirée et la nuit prochaine. En tous cas, si les solitaires ont été sérieusement brassés et copieusement sollicités entre coups de vent et calmes, ils sont tous arrivés dans un état de santé finalement excellent et sans avoir connu de problèmes d’avitaillement. Douze jours de mer parfaitement gérés en termes de rythme et d’alimentation…

Arrivées des voiliers de série de la première étape à Horta
1- Francisco Lobato (Looking for…) jeudi à 22h08’49 en 12j 08h 35’ 49’’
2- Jérôme Lecuna (I feel good) jeudi à 23h55’29 en 12j 10h 22’ 29’’ à 1h46’40 du premier
3- Charlie Dalin (Antalis) vendredi à 6h02’05’’ en 12j 16h 29’ 05’’ à 7h53’16 du premier
4- Fabien Sellier (Yemaya) vendredi à 6h03’11’’ en 12j 16h 30’ 11’’ à 7h54’22 du premier
5- Oliver Bond (Base Camp) vendredi à 6h44’30’’ en 12j 17h 11’ 30’’ à 8h35’41 du premier
6- Benoît Sineau (Cachaca) vendredi à 7h17’35’’ en 12j 17h 44’ 35’’ à 9h08’46 du premier
7- Damien Guillou (Demi-Clé) vendredi à 8h21’29’’ en 12j 18h 48’ 29’’ à 10h12’40 du premier
8- Pierre-Yves Lautrou (Altaïde Moovement) vendredi à 10h56’58’’ en 12j 21h 23’ 58’’ à 12h48’09 du premier

Arrivées des prototypes de la première étape à Horta

1- Pierre Rolland (D2-Marée Haute) jeudi à 22h53’45 en 12j 09h 20’ 45’’
2- Stéphane Le Diraison (Cultisol-Institut Curie) vendredi à 9h32’32 en 12j 19h 59’ 32’’ à 10h38’47 du
premier
3- Sébastien Stéphant (Déphémèrides) vendredi à 10h40’36’’ en 12j 21h 07’ 36’’ à 11h46’51 du premier