« Ça va, ça vient, » confie Franck Cammas, le skipper de Groupama sailing team. « Nous sommes quatre bateaux à 500 ou 600 mètres les uns des autres. On se voit et on régate comme si on était en inshore. » Seuls Abu Dhabi Ocean Racing, cinquième, sept milles au large, et Telefónica, dernier, 20 milles, tentent un décalage.
« Je passe plus de temps que d’habitude sur le pont, » assure Will Oxley, navigateur pour Camper. « En ce moment, on a la chance d’avoir trois bateaux à vue et ce sont de bons indicateurs de ce qui se passe en termes de vent. On les voit aussi sur le radar de temps en temps. On compare constamment nos positions et nos performances. Il pourrait bien y avoir une séparation dans les prochaines 24 heures. Mais de toute manière, c’est très compliqué et inhabituel de virer comme ça le long de la côte sud-africaine – je n’ai jamais fait ça ! »
La configuration météorologique est assez complexe au large de Port-Elizabeth, plusieurs minima barométriques fluctuent dans cette entrée de l’océan Indien. Il faut souligner que le temps peut changer très rapidement dans cette zone car les contrastes thermiques sont très importants avec le courant des Aiguilles, eau chaude qui vient du canal du Mozambique, l’anticyclone des Mascareignes au Nord des Kerguelen, les reliefs glacés du Lesotho et les bouffées de chaleur des zones subtropicales du Swaziland ! Il s’en suit qu’une multitude de bulles de chaleur se combinent avec des cellules froides sur un océan Indien chaud à l’Est et un Atlantique froid à l’Ouest… Mini-dépressions et cieux chargés de nuages orageux vont ainsi s’égrainer au fil de la progression de la flotte vers Madagascar.
Et si la situation va s’éclaircir d’ici la fin de la semaine, les choix tactiques ne vont pas être aisés ces prochaines heures avec l’arrivée d’un vent d’Ouest de plus de vingt nœuds lié au passage d’une dépression sur les Quarantièmes qui va compresser l’anticyclone sous la grande île africaine. La zone de transition entre ce nouveau régime portant et les alizés de secteur Nord-Est des hautes pressions va être très délicate à négocier dans une mer très dure à cause du courant des Aiguilles… C’est toute la difficulté du moment : quelle trajectoire prendre pour franchir cette barrière à hauts risques ? Mais pour le moment, l’important est de rester au contact de la flotte en longeant le plus possible les côtes sud-africaines afin d’éviter le courant contraire.
Positions à 14h
1. Camper (Chris Nicholson)
2. Puma (Ken Read), + 0,50 mille
3. Groupama (Franck Cammas), + 0,80 mille
4. Team Sanya (Mike Sanderson), + 0,90 mille
5. Abu Dhabi Ocean Racing (Ian Walker), + 6,10 milles
6. Team Telefónica (Iker Martínez), + 18,70 milles



















