Sentiment d’isolement
Pas de routine lorsqu’on navigue dans les 50e hurlants. Les seuls automatismes envisageables sont justement de demeurer en état d’alerte permanent et de prendre toutes les précautions qui s’imposent lorsqu’on déboule à 20 nœuds dans un vent glacial, une mer formée, à 2000 milles de toute terre habitée. C’est ce qu’expérimente depuis plusieurs jours la tête de course, rejointe dans les basses latitudes par Temenos II. A bord d’Hugo Boss, Alex Thomson insistait sur son sentiment d’isolement, sur la tristesse et l’hostilité de cet endroit et sur le jeu de roulette russe, la nuit, avec les glaces alentours. On comprend mieux pourquoi l’archipel des Kerguelen fut surnommé les Iles de la Désolation…
Dick et Foxall à la barre, sur le pont
Dans cette course de vitesse au portant, où l’équilibre délicat entre performance et sécurité doit être respecté, les écarts entre les leaders demeurent stables. Pourtant, même avec 136 milles d’avance sur Veolia Environnement, Jean Pierre Dick et Damian Foxall ne cessent de mettre du charbon. Le secret de leur moyenne (presque 19 nœuds sur 4 heures) a été élucidé à la visio conférence du jour par Jean Pierre Dick lui-même : « nous sommes sous spi et nous nous relayons à la barre toutes les quatre heures. Il fait froid, la mer est croisée. C’est dur, mais on prend sur soi, on n’est pas venu là pour ramasser des fraises ! ». Quatre heures de barre, seul sur le pont, alors que la température de l’air et de l’eau est proche de zéro… la performance force le respect. Mais pourront-ils tenir longtemps à ce rythme ?
En attendant, nos trois chefs de file ont du empanner la nuit dernière pour remonter en latitude, et respecter la deuxième porte de sécurité glace. Les voici obligés de grimper encore vers le nord pour parer une autre porte, appelée ‘sécurité Australie’, située au 47e Sud. Sur leur chemin, dès cette nuit, ils pourraient trouver un peu de répit avec des vents plus faibles, à l’arrière d’une petite dépression. Veolia Environnement et Hugo Boss pourraient alors revenir légèrement sur Paprec-Virbac 2, sans pour autant modifier l’ordre établi.
Plusieurs courses dans la course
Désormais cette Barcelona World Race est le théâtre de plusieurs courses dans la course. Derrière le triumvirat au pouvoir, Temenos II fait son chemin, dans un système météo relativement similaire. 700 milles plus loin, Javier Sanso et Pachi Rivero, à bord de Mutua Madriliña, ont franchit ce matin (vers 06h00) la porte 4 du parcours. Ils auront mis plus de 14 jours entre Fernando de Noronha et le Cap de Bonne Espérance, soit 4 jours de plus que l’équipage le plus rapide sur cette portion de parcours (Hugo Boss).Educacion sin Fronteras n’est pas encore en vue de Bonne Espérance mais vient de passer la porte de sécurité glaces A.
Estrella Damm à Cape Town, Delta Dore bientôt assisté
Guillermo Altadill et Jonathan Mc Kee sont arrivés mercredi vers minuit dans le port sud-africain et s’attèlent depuis à la réparation de leurs safrans. Contacté à la vacation cet après-midi, le skipper espagnol confiait procéder à une vérification complète du bateau (électronique en panne, voiles à renouveler) avant de prendre la décision de repartir en course.
Toujours de Cape Town, le trimaran à moteur Ocean 7 est parti à 10h00 TU ce matin, à la rencontre de Delta Dore. Jérémy Beyou et Sidney Gavignet progressaient alors vers le nord sous gréement de fortune, à 4 nœuds de moyenne, à 935 milles de la pointe sud-africaine. Le bateau assistance affrété par l’équipe de Delta Dore devrait être sur zone samedi après midi.