Très attentifs à la moindre bascule de vent depuis ce week-end, Franck Cammas et le navigateur Stan Honey sont concentrés pour exploiter ces rotations. En effet, l’équipage de Groupama 3 doit être très réactif, ce qui n’est pas toujours facile de nuit, sous un ciel couvert et une lune en décroissance. La progression vers le Nord s’effectue donc en escalier.
« Il y a toujours, dans ces conditions anticycloniques, un décalage entre les fichiers météo et la réalité sur l’eau : en ce moment, on est tombé dans une zone de vent faible, probablement à cause d’un gros grain sur notre droite… La brise devrait rentrer fort au coucher du soleil avec 30-40 nœuds d’Est, vent de travers : il va falloir réduire la toile, voire même installer le foc de brise ! On a du boulot parce que le vent n’est pas si régulier que cela… Mais on a bien récupéré de la fatigue accumulée dans le Grand Sud. » indiquait Franck Cammas à la vacation radio ce midi.
Vers 10h00 (heure française), Groupama 3 avait effectué son dernier virement de bord de la journée. Le vent était en effet passé au secteur Nord et tournait progressivement vers le Nord-Est en début d’après-midi : la vitesse moyenne redevenait supérieure à vingt nœuds et l’écart vis-à-vis de Orange 2 commençait à se stabiliser à 325 milles.
« Le bateau est vraiment léger et très réactif, facile pour virer de bord puisque nous n’avons pas besoin de matosser (déplacer les poids). En plus, Groupama 3 est moins lourd qu’au départ de Ouessant et ça se sent car on a tout de même consommé une bonne centaine de kilos, en gasoil et en nourriture… C’est la première fois que nous faisons du louvoyage depuis le 31 janvier. On retrouve une route proche du plein Nord jusqu’à mardi matin où il faudra de nouveau tirer des bords pour atteindre les alizés de l’anticyclone de Sainte-Hélène qui sont encore à 700 milles devant nos étraves. »
Franck Cammas estimait qu’il ne lui faudrait pas plus d’une journée de retard au passage de l’équateur. Le challenge est donc important sur cette phase de parcours car Orange 2 n’avait commencé à ralentir qu’à l’approche de la latitude de Rio de Janeiro. Il devient de plus en plus acquis que le record sur ce Trophée Jules Verne reste encore incertain. Groupama 3 va devoir se rapprocher des côtes sud-américaines, mais sans longer de trop près le Brésil où des dépressions orageuses et donc générant des vents variables sont en train de se former.
« Groupama 3 sort de l’anticyclone dans des vents d’une vingtaine de nœuds qui se renforcent en tournant à droite : cela va lui permettre d’incurver sa trace dès cet après-midi, en accélérant le rythme. Mais à partir de mardi soir et jusqu’à jeudi, l’équipage va devoir négocier une zone orageuse le long du Brésil… » analysait Sylvain Mondon de Météo France.
Retard de Groupama 3 sur la progression d’Orange 2 = 326 milles




















