Sous deux ris dans la grand-voile et trinquette, le trimaran géant file à grande vitesse vers l’Est-Nord Est pour éviter la zone la plus violente d’une perturbation qui se déplace à 45 nœuds vers le cap Horn. Des vents de 80 nœuds (145 km/h) soufflaient ce lundi midi dans le détroit de Drake.
« Nous naviguons dans du vent soutenu, avec des pointes jusqu’à 37 nœuds, et la mer est assez chaotique, bien formée. Ce n’est pas très facile à négocier… C’est très humide sur le pont et les barreurs tentent de se protéger derrière le pare-brise qui est en très mauvais état, tenu par des cordages. Il y a de la houle croisée avec quelques talus assez hauts (2-3 mètres) et le bateau s’arrête de temps en temps dans une vague. Cela secoue pas mal, c’est très inconfortable, la fatigue s’installe et les manœuvres sont beaucoup plus laborieuses. Il faut rester prudent, » indiquait Jacques Caraës à la vacation radio de 12h30.
Sous des grains mais avec une visibilité acceptable, Groupama 3 s’éloigne aussi du champ de glaces qui a été repéré dans le Sud-Ouest du cap Horn. Certes, la trajectoire n’est pas optimale pour en terminer avec un Pacifique plutôt agressif, et le trimaran géant perd des milles puisqu’il navigue à 25° de la route la plus courte. Un peu plus de 250 milles de marge ce lundi midi, mais cette avance va encore fondre jusqu’à l’heure de l’empannage. Surtout que Orange 2 avait été très rapide sur cette partie du tour du monde avec des vitesses de rapprochement de trente nœuds pendant trois jours.
« Nous sommes amenés à faire de la route en plus en partant dans l’Est-Nord Est et l’empannage n’est pas prévu avant demain mardi, quand le vent va basculer au Nord-Ouest : cela fait un grand détour par le Nord, mais nous n’avons pas le choix… Nous ne sommes pas aidés pour rallier le cap Horn ! La dépression dans notre Sud va plus vite que nous : elle va nous passer dessus et après l’empannage, il faudra faire attention car la mer va être encore très formée. Cette perturbation va passer dans le passage de Drake et va laisser un Pacifique très agité ! Nous perdons du terrain mais il faut l’accepter. Il nous restera tout l’Atlantique pour faire de l’écart. On sait que cela va être tendu, alors il ne faut pas faire les malins dans une situation comme celle que nous subissons, qui n’est pas la plus facile. »
Un cap Dur qui mérite son nom…
Le cap Horn est donc programmé pour jeudi entre le début du jour et le milieu de la journée : la difficulté pour le routeur à terre Sylvain Mondon, et pour le navigateur à bord Stan Honey, est de savoir quel sera l’état de la mer et donc comment Groupama 3 va pouvoir aborder cette borne capitale du Trophée Jules Verne. La façon d’y accéder par le Nord ne va pas être simple car le retour du vent au secteur Nord-Ouest mardi soir, rendra le bord rapprochant très proche du vent arrière…
« 40 nœuds de vent, ça reste gérable et nous avons la possibilité de réduire encore, jusqu’au mât seul mais j’espère que nous n’aurons pas à en arriver là… A l’intérieur de Groupama 3, c’est plutôt bruyant : on part en survitesse et on s’arrête dans la vague devant. Il faut se tenir en permanence car les accélérations et les décélérations sont brutales. On essaye de faire sécher les cirés, mais ça ne marche pas vraiment… L’ambiance a un peu changé : il faut récupérer et priorité est donnée aux temps de repos. On ne traîne pas à discuter ! Chacun se sauvegarde comme il peut… » conclut Jacques.



















