Erwan Tabarly (Nacarat)
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"Hier soir dans un grain, le dernier de la soirée, j’ai gardé le spi volontairement assez longtemps. Ca m’a éloigné un peu de la route mais ça m’a permis de gagner un peu dans l’Ouest. Thomas Rouxel par exemple était obligé d’affaler. Il était dessous et est remonté sous génois. Du coup on s’est un peu retrouvé, j’étais quand même un peu devant mais on était à vue hier. A un moment donné, on avait les trois bateaux dans un cercle de 4-5 milles nautiques. On se voyait, on discutait, c’était sympa. On a parlé un peu la course, de ce qui nous était arrivé, comment on avait vécu la course chacun de notre côté. (…) Là, on bataille pour la première place donc il y a quand même un peu de tension. On fait tout pour que le bateau avance vite, on est très concentré quand ça s’arrête, on est content d’être un peu au calme".
Thomas Rouxel (Bretagne – Crédit Mutuel Performance)
"Il fait beau, le soleil s’est levé, on a eu quelques grains ce matin qui nous ont emmenés plutôt de la molle. Ils sont entrain de se dissiper plus ou moins, mais on n’est pas à l’abri d’en toucher encore. Il fait chaud, nous sommes au portant, on n’a pas trop de vent, environ 10 /12 nœuds. Je suis à côté de Fabien et pas très loin d’Erwan. Nous sommes très proches, mais je n’ai pas trop le choix, la situation est telle qu’on doit faire avec. J’aurai préféré être 15 milles devant tout le monde, mais je préfère être là au contact, plutôt que 15 milles derrière. Ca va nous donner un finish intéressant, les positions évoluent pas mal, chacun a ses temps forts. On ne va pas rester très loin les uns des autres jusqu’à l’arrivée. On verra si des écarts se creusent. Sinon autour de l’île, on pourra essayer des petits coups pour l’emporter.
On a regardé avant le départ ce tour de l’île pas le Sud, mais j’ai aussi regardé hier : l’heure à laquelle on arrive, la force du vent … C’est un parcours rapide, à peine 25 milles, mais on sera sous le vent de la Martinique et donc sujets aux dévents. Avec l’expérience, on sait que le pire de tout serait de ne pas dormir et de craquer au final.
Nicolas Lunven (Generali)
"Après avoir eu des conditions musclées, c’est vraiment cool. Il y a entre 10 et 15 nœuds de vent. Le vent est très variable. Je suis sous spi, au portant, vent arrière au bâbord amures, bateau à plat. Le pilote arrive à peu près à s’en sortir pour barrer dans les vagues, ce qui me permet de lâcher la barre. J’ai pu bien me reposer. Cette nuit a été récupératrice. Il n’y a pas eu de grains et ça fait du bien. Hier, c’était journée noire. J’ai eu un grain. On pense que le grain, c’est super, qu’il va y avoir du vent mais ça dépend de la direction. En l’occurrence, ce n’était pas la direction que je souhaitais. Et après le grain, il y a souvent la traine ; c’est une zone où il n’ y a pas beaucoup de vent. Et je suis resté planté hier dans la traine pendant 1h30, j’ai perdu 5 milles. Et hier après midi, je sais pas pourquoi, le vent est passé de 18 nœuds à 4 nœuds de vent, et ça a duré 1 heure et demie 2 heures. J’étais quasiment à l’arrêt. Je ne suis pas content de la journée d’hier. Hier matin, j’étais à 5 milles des premiers. Après, J’ai perdu 5 milles hier matin, 5 milles hier soir ; ça fait 15 miles par rapport aux premiers maintenant. Je suis pas content de ma performance. Il n’ y a pas de souci particulier, ce sont juste des trous de vent."
Eric Péron (Macif 2009)
"Je galère un peu. Il y a des grains, il y a beaucoup de changements de voile, de changement d’intensité. Il faut affaler. Du coup, c’est pénible. Je suis un peu fatigué, mais ça va. J’arrive à me reposer, mais je ne peux pas faire confiance à mon pilote qui est déjà malade. Je n’ai plus de speedo donc c’est galère. Du coup, je suis nerveusement tendu. Je n’ai pas bien dormi la nuit dernière. Encore ce matin, il y avait pas mal de grains à gérer. Je viens juste de finir un changement de voiles. Je voulais dormir un petit peu et du coup ça s’intensifie… Ca passe du simple au double. Les réglages changent tout le temps. On fait avec. C’est comme ça. Il y a des moments de plaisir. On est content d’être là, en course. Je commence à regarder sur ma carte avec impatience l’arrivée à la Martinique. Quand on dé-zoom un peu, on la voit rapidement. Je regarde le temps d’arrivée ; plus que trois jours, c’est cool !"
Yannig Livory (One Network Energies)
"Il n’y a pas beaucoup, beaucoup de vent, 16 nœuds environ. Grand soleil et une mer hachée. Il fait très chaud à la mi-journée. C’est un peu long depuis 2- 3 jours. L’arrivée est encore un peu trop loin, donc je n’imagine pas grand chose. Je me suis couché et levé tôt, je pense que les cloches sont passées à côté. J’ai cherché partout, je n’ai rien trouvé. C’est catastrophique ! Pour moi, la course est en demie teinte, j’ai eu des soucis de captation de météo avant et après les Açores".
Amaiur Alfaro (EDM Pays Basque Entreprises)
"C’est la joie et la bonne humeur à bord. Je suis heureux. Je prends beaucoup de plaisir. C’est une grande expérience. Le bonheur c’est le fruit de beaucoup de sentiments mélangés autant les grands plaisirs qu’on a sur l’eau à surfer, avec beaucoup de vent, sous spi et avec des dauphins à côté, que des moments de solitude, difficiles, physiquement difficiles car les conditions sont rudes. Une fois que l’on passe tout ça, c’est génial. Je pense que c’est tout qu’à la fin on est heureux et que l’on a du plaisir. Il n’ya pas que du plaisir pur. Comme tous les skippers, on passe par tous les états. C’est bien pour se connaître de pouvoir voir comment on réagit par rapport à des émotions, des situations différentes. Plus on approche de l’arrivée plus tout ça est magnifique. Je retiens plusieurs moments, le passage du cap Finisterre, où on avançait comme des avions et, après un passage musclé, quand on a pris la dépression au sud des Açores. On s’est pris le vent pleine balle. C’est d’un côté hyper difficile physiquement et pour le bateau, parce que il saute beaucoup, mais avec beaucoup de sensations de vitesse et de sensations fortes. Il faut être physiquement au top. J’ai du travail à ce niveau. Pour les prochaines courses, il faudra que je prépare mieux mon côté physique pour aller de l’avant, affaler le spi moins souvent".