Au près, si loin…

    Il existe plusieurs manières de voir les choses quand on est à la moitié d’un tour du monde… La vision optimiste est de se dire que tout mille engrangé diminue la distance qui vous sépare des Sables d’Olonne. La pessimiste est de se dire qu’on n’a jamais été aussi éloigné de la maison. Et quand on est face au vent par 50° sud entre Nouvelle Zélande et Antarctique, il faut une bonne dose d’humour pour ne voir que le bon côté des choses.

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    Ambiance combat ce matin à bord de Bonduelle. Au près, dans plus de trente nœuds de vent établis, le monocoque jaune de Jean Le Cam progresse vers l’est dans la douleur. Car s’il est une allure que n’aiment pas ces bateaux conçus avant tout pour glisser, c’est bien de progresser face au vent et aux vagues. Dans ces coques de carbone, le moindre mouvement du bateau résonne dans tout l’habitacle, les vibrations se transmettent de l’étrave au tableau arrière… Le bateau souffre et son skipper aussi par la même occasion. Jen Le Cam : « Et dire que certains veulent nous faire croire que les voyages forment la jeunesse… » s’amusait Jean Le Cam, joint ce matin à la vacation. Visiblement, le skipper de Bonduelle, qui en d’autres jours, n’aurait laissé sa place à personne pour tout l’or du monde, commençait à trouver légèrement monotone la plaisanterie que réserve le Pacifique à la tête de flotte de ce Vendée Globe. Entre deux vagues, projeté de la table à carte au meuble de cuisine, il s’agit de trouver le bon équilibre. Se faire un café relève de l’exploit, préparer sa navigation demande des ressources mentales insoupçonnées, calculer quand cessera le calvaire peut provoquer des sautes d’humeur incontrôlables. Dans ce genre de cas, on fait le dos rond, on soigne la navigation parce que c’est souvent dans ce type de situation qu’il y a des milles à prendre. La route commanderait de descendre vers le sud… Mais plus on gagne en latitude, plus le risque devient fort de croiser quelques icebergs dont la fréquentation reste, malgré tout, peu recommandable. Entre choix de la meilleure route, évaluation des risques acceptables et volonté de sortir au plus vite de ces allures particulièrement inconfortables, les prochaines heures vont être déterminantes.
    (Source : Service de Presse Jean Le Cam)