A vouloir suivre trop tôt la route directe, on prend le risque de se faire engluer dans les petits airs générés par l’anticyclone des Açores. En cherchant à assurer en montant très nord, on peut aussi faire de la route en trop et prendre un retard que les gains de vitesse espérés ne combleront pas. Autant dire que les premières journées de course risquent d’être cruciales. De même l’arrivée sur les côtes de France ne sera pas des plus simples à négocier. Entre deux systèmes dépressionnaires, le golfe de Gascogne peut réserver des surprises. Certaines projections de route donnent ainsi une arrivée par le nord-ouest, avec un atterrage sur les côtes à hauteur de Belle-Île. Ce qui implique ensuite, près de cent milles de navigation côtière, avec la gestion des obstacles, des courants et des brises thermiques, sans oublier le trafic maritime forcément plus dense près des côtes. Pas l’idéal quand on arrive de sept jours de mer et que l’on manque de sommeil.
Pour les leaders, la pression risque d’être forte. Il va falloir s’appliquer à s’extirper des griffes de l’anticyclone et savoir négocier au mieux le virage stratégique vers l’est. En prototype comme en série, les écarts entre les deux premiers sont suffisamment faibles pour impliquer quelques heures d’angoisse à bord. Jörg Riechers (Mare.de) comme Bertrand Delesne (Prati’Buches) savent qu’ils disposent d’un petit matelas d’avance sur leurs deux poursuivants Sébastien Rogues (Eole Génération GDF Suez) et Andrea Caracci (Speedy Maltese). Mais dans les conditions attendues, tout peut encore basculer. En série, le duel entre Davy Beaudart (Innovea Environnement) et Xavier Macaire (Starter) mobilisera toutes les attentions d’autant que Jean-Marc Allaire (Baker Tilly AG2R La Mondiale) reste sous la menace de Robert Rosenjacobson (NED 602) et Jean-Marie Oger (JMO Sailing).
Pour d’autres, cette étape aura l’allure d’une revanche sur le sort. Ce sera bien évidemment le cas pour Thomas Normand (Financière de l’Echiquier) ou Nicolas Boidevezi (GDE) qui voudront démontrer qu’ils avaient leur place dans le haut du classement de cette course, hormis leurs avatars techniques. Enfin, pour d’autres, cette deuxième étape sera l’occasion de tourner la page d’une première étape pas toujours négociée au mieux. Entre erreurs stratégiques, difficultés à entrer dans le match, petites galères techniques ne permettant pas d’utiliser au mieux le potentiel du bateau, ils sont nombreux à attendre de cette étape une rédemption. Véronique Loisel (De l’espace pour la mer) souhaitera montrer que son caractère de battante mérite mieux qu’une étape pourrie par des soucis récurrents de pilote automatique. Amaury François (amauryfrancois.com), en tête du classement national provisoire des bateaux de série, voudra démontrer que cette première place ne doit rien au hasard, quand Jérôme Lecuna (I feel good), fort de la réparation effectuée sur son mât et des quelques jours d’escales à Horta, souhaitera faire la preuve que, débarrassé des problèmes de mise au point tardive de son bateau, il a la capacité d’aller titiller les ténors du classement.