Débats sur l’avenir du Spi Ouest France

Le Spi Ouest France s’est terminé ce week-end. Jean-Philippe Cau, Président de l’UNCL a souhaité partager avec nous ses réflexions sur l’épreuve.

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Le SOF a cette année subi un double revers : un nombre de participants encore en légère baisse et une météo très défavorable. Au-delà de ce constat, le temps est à l’analyse et aux suggestions. L’alchimie pour que des événements soient réussis est complexe et la mesure du succès variable selon l’angle sous lequel on regarde. Regardez la route du Rhum : Quelles que soient les vicissitudes traversées, notamment concernant la flotte ou l’image de la Voile, 1 million de personnes s’y précipitent à chaque édition. Comme le Tour de France et le Vendée, elle fait partie du patrimoine national, au-delà même du sport concerné.

Pendant ce temps-là, le SOF s’essouffle et pour prendre contre-pied de l’article du Monde. Quelques pistes explicatives selon moi et quelques amis de l’UNCL :
– Cette désaffection des courses touche toute la côte Atlantique, dans un climat général lourd (économie, terrorisme) mais également les problèmes de disponibilité, de coûts, de recrutement d’équipages , …et peut-être aussi d’une certaine routine. Ce n’est pas le cas en Méditerranée, bon terrain de comparaison (la météo n’a guère été plus favorable cette année), j’y reviens plus loin.
– Trop de classes : à vouloir ratisser large avec 12 séries, en comptant l’IRC et ses classes pour une seule, cela complique l’organisation, les jurys, les comités et in fine les résultats.
En outre, le mélange entre des quillards taillés pour les longues distances et les sport boats et petits multis (DIAM 24 OD, Mach …) taillés pour la vitesse, le mélange n’est pas des plus opportuns car ce n’est ni la même culture, ni les mêmes aspirations ni les mêmes récits.

Le format de Evènement SOF correspond-il encore aux envies des coureurs ?
Au fil du temps, la partie sportive est devenue une sorte de prétexte à l’organisation d’un événement censé attirer le grand public et qui tient tout autant du salon commercial que d’une compétition. Organisé par un média, Ouest France, qu’on ne remerciera jamais assez de son soutien, on peut comprendre que les objectifs économiques – du SOF mais aussi du journal – induisent ce profil Evènement : le village commercial impose des horaires de retour au port et de présence des « équipiers-consommateurs» rarement compatibles avec l’intérêt des courses.

Le fait que Ouest France en soit l’organisateur professionnel a progressivement fait d’un rassemblement de passionnés, un événement semi-pro pour être médiatiquement porteur.
On ne peut plus y venir en purs amateurs pour s’amuser : les navigateurs timides ou sûrs de ne pas être compétitifs sont découragés. Il faut reconnaître qu’entre notre niveau d’amateurs éclairés et l’acheteur d’un bateau au salon nautique, il y a un gouffre.

Pendant ce temps-là, à Marseille, à la SNIM, c’est vraiment un autre esprit, où on parle des amateurs, de l’IRC donc des courses à handicap,
Tous les équipages ont droit au « café croissants » débout sur le bord du quai avant de partir et au « pâté cornichons et rosé en rentrant, toujours sur le bord du quai …La navigation est peut-être plus simple (et encore), mais l’organisation est simplifiée car il n’y a que les IRC (1 à 4) ainsi que les Grand Surprise et Surprise. Marseille est un bel exemple de convivialité.

Quelques suggestions pour l’avenir :
La SNT doit reprendre l’initiative et proposer à Ouest France, un format qui soit attractif pour les coureurs : C’est le rôle d’un club et donc de la SNT de faire cette enquête après de coureurs.
Il faut que la SNT retrouve une dynamique et redevienne un acteur accueillant et chaleureux, rejouant ce rôle de locomotive qu’elle avait.
La SNT doit s’appuyer sur OF pour organiser le Spi à Pâques à La Trinité et non l’inverse.
La SNT doit s’installer pendant le SOF sous une grande tente (au même endroit que celle qui est montée chaque année), y rencontrer les coureurs, y afficher en grand format les résultats et en fasse le cœur du SOF.
Il faut que les coureurs prennent du plaisir , en mer comme à terre et que l’organisation le permette. À ce prix, ceux qui n’ont rien à gagner en mer mais aiment s’amuser à terre reviendront ! Les anglais en tête d’ailleurs…

Le SOF doit revenir aux fondamentaux du Spi d’Or. Les idées existent :
– Les croiseurs à handicap et une ou deux classes de monotype comme les Grand Surprise qui peuvent être loués et offrir une opportunité de régater ainsi que les J80.
– Un côtier avec final nocturne, sans pour autant passer l’intégralité de la nuit en mer, ni aller faire le tour de Belle-Île, ce ne sont pas les parcours qui manquent.

Comme la SNIM, le SPI est par essence une régate d’amateurs et ce sont eux qu’il faut mettre en vedette, car pour beaucoup c’est l’épreuve phare de leur saison et une citation dans la presse vaut souvent une victoire. Les pros viendront bien sûr , mais la communication ne doit pas être majoritairement centrée sur eux.

Si le SOF veut revenir à la religion qu’il était, il faut remettre l’église au milieu du village et écarter un peu les marchands du temple … La course d’abord, le fun ensuite, le commerce enfin !